Amérique latine

Entre influence et émancipation, l’Amérique latine a toujours eu une relation complexe avec son voisin américain. Voici une liste de thèses à utiliser pour approfondir le cours.

 

Joel Garreau

Dans Les Neuf nations de l’Amérique du Nord (1981), il définit la Mexamerica comme une région formée par les échanges transfrontaliers, regroupant les populations situées de part et d’autre du Rio Grande. Ces populations sont unies par des liens linguistiques (espagnol), économiques (flux, industries) et culturels (religion, musique…).

Ce vaste espace s’étend sur tous les États du Nord mexicain ainsi que sur d’anciennes provinces perdues par le Mexique (Texas, Californie, Arizona…). Certains voient alors dans cette Mexamerica l’idée d’une reconquête.

 

Samuel Huntington

Dans Who Are We? The Challenges to America’s National Identity (2004), il développe l’idée selon laquelle la culture anglo-protestante est centrale dans l’identité américaine. L’auteur ne fustige pas l’immigration, mais plutôt les groupes d’immigrés qui refusent l’intégration, cherchant seulement à profiter des avantages sociaux (welfare) ou de l’action affirmative sans réelle volonté de devenir Américains.

Certains voient donc l’immigration mexicaine et hispanique en général, empreinte d’une culture latine forte et d’une réticence à l’anglais, comme une menace pour l’identité américaine.

 

Denise Artaud

Dans Les États-Unis et leur arrière-cour (1995), elle qualifie l’Amérique centrale-Caraïbes d’arrière-cour des États-Unis.

Au-delà d’avoir longtemps joué le rôle de réservoir en matières premières pour les États-Unis, la région a également souffert de dépendances économiques et géopolitiques : régimes politiques dictatoriaux soutenus par les États-Unis (Chili, Argentine…), projets d’intégration régionale fortement poussés par les États-Unis (ZLEA), embargo de Cuba…

 

Peter Hakim

Dans Is Washington Losing Latin America?, Foreign Affairs (2006) : « Depuis le 11 septembre, l’Amérique latine a perdu tout intérêt aux yeux de Washington. »

 

Porfirio Diaz

Ce dictateur mexicain, de 1876 à 1911, déclarait : « Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si proche des États-Unis. »

Cette citation résume la situation géographique du Mexique dans un contexte de proximité pesante avec les États-Unis, nation pleine d’ambitions depuis l’énoncé de la doctrine Monroe (1823).

 

Christophe Ventura

Dans L’Éveil d’un continent (2014), il considère que l’Amérique latine, longtemps considérée comme « l’extrême Occident », est désormais un pôle de puissance incontournable dans le monde. La région se libère progressivement de son ancrage occidental et connaît un éveil, renforçant son intégration régionale pour peser davantage dans les affaires du monde.

Riche d’immenses ressources naturelles et énergétiques, elle contribue à la diversification des flux d’échanges commerciaux, financiers et humains. Cette dynamique inédite sert le développement d’un projet géopolitique de coopération Sud-Sud, qui consacre l’avènement progressif d’un monde multipolaire, dont l’Asie sera le principal moteur et où la Chine disputera la prééminence aux États-Unis.

 

Henry Kissinger

En 1966, il déclarait : « Vous venez parler de l’Amérique latine, mais cela n’a pas d’importance. Rien d’important ne peut venir du Sud. L’Histoire ne s’est jamais faite dans le Sud. L’axe de l’Histoire part de Moscou, passe par Bonn, arrive à Washington, puis va à Tokyo. Ce qui se passe dans le Sud n’a aucune importance. »

 

Bernard Bret

En 1999 : l’intégration en Amérique latine, plus particulièrement le Mercosur, est une « chimère géographique ».

La mer des Caraïbes est considérée comme Méditerranée américaine (Humboldt et Reclus) ou lac étatsunien (Mahan).

 

Carlos Fortin, Jorge Heine, Carlos Ominami

Dans Le Non-alignement actif et l’Amérique latine : une doctrine pour le nouveau siècle (2021), ils plaident en faveur d’une politique de non-alignement actif de la part des pays d’Amérique latine. Dans la compétition actuelle pour la primauté entre les États-Unis et la Chine, ces pays ne devraient pas prendre parti pour Washington ou Pékin, mais plutôt mettre leurs propres intérêts au premier plan.

Cela est particulièrement urgent dans les circonstances actuelles, où l’Amérique latine traverse sa pire crise depuis 120 ans, selon la Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Ce non-alignement permettrait d’inverser le déclin de la région, déjà en train de passer de la périphérie à la marge. Enfin, la guerre en Ukraine et les luttes incessantes pour se remettre des difficultés économiques engendrées par la pandémie ont donné un nouveau souffle au mouvement de non-alignement dans la région.

 

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