Dans cet article, Major-Prépa te propose une analyse du sujet de géopo ESCP 2023. Cette épreuve est cruciale pour tous les étudiants effectuant l’option géopolitique ou HGGMC (histoire géographie et géopolitique du monde contemporain). Elle est aussi  redoutée concernant la gestion du temps, puisque le candidat dispose de 4h pour produire une dissertation et une carte (sur laquelle il ne faut pas faire l’impasse, car celle-ci compte en théorie pour 25% de la note finale !). Toute la team de Major-Prépa est avec toi pour tes semaines de concours, courage !

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Analyse du sujet géopo ESCP 2023

Réflexion initiale

Un sujet sur l’Amérique latine était attendu depuis longtemps à la BCE. La découverte du libellé a pu surprendre certains candidats mais dès l’analyse du sujet, on se rend compte qu’il est bien ancré dans le programme qui consacre tout un chapitre à l’Amérique latine, permettant d’étudier à la fois les enjeux économiques et géopolitiques qui concernent ce sous-continent. Les documents accompagnant le sujet aident le candidat à en cerner les contours et la nécessité de changer d’échelle dans la dissertation. La présence d’un certain nombre de cartes peut aussi aider le candidat à réaliser l’exercice cartographique noté sur 5 points, même s’il est bien évidemment impossible de se limiter aux informations des documents.

Analyse des termes du sujet / enjeux

La délimitation de l’Amérique latine ne pose pas de problème : du Mexique jusqu’à l’extrémité méridionale du continent américain (Terre de Feu). Les termes « instabilités » et « violences » ne sont pas des termes techniques mais nécessitent quand même une analyse. On remarque d’abord une gradation. L’« instabilité » se caractérise par le manque d’équilibre, le fait de changer fréquemment voire continuellement. La « violence » consiste, elle, à utiliser la force de façon abusive, même si l’on parle parfois de « violences légitimes ». La violence physique peut bien évidemment être létale.

On remarque également que les deux termes sont utilisés au pluriel. Il y aura donc différentes formes d’instabilités à prendre en compte (politique, économique et sociale …) et différentes formes de violence (soulèvements contre le pouvoir en place, violences exercées par le pouvoir en place, affrontements entre groupes sociaux, entre groupes ethniques, entre gangs dans le cadre d’activités et de flux illicites…).

Se pose également la question de la profondeur historique à donner au sujet. Quand bien même le sujet n’est pas fondamentalement historique, il est pertinent de mobiliser des exemples passés au service de l’argumentation. D’ailleurs certains documents y invitent explicitement le candidat. L’instabilité et la violence ne sont absolument pas nouvelles en Amérique latine, au point que leurs facteurs et leurs conséquences ont parfois tendance à former un cercle vicieux.

Problématiser et organiser l’argumentation

Dans quelle mesure les Etats d’Amérique latine peinent-ils à dépasser une instabilité structurelle, assortie de nombreuses formes de violence, qui gênent l’émergence et les maintiennent dans une importante dépendance à l’égard de puissances extérieures ?

Un plan relativement classique du type aspects – facteurs – défis semble tout à fait envisageable. Une première partie relativement descriptive permettrait de mettre en avant une instabilité politique chronique et la violence comme moyen de contestation pour des populations opprimées, sans oublier la violence exercée par un certain nombre de régimes dictatoriaux (Cuba, Venezuela…), même si l’alternance (gauche-droite) dans certains Etats peut aussi être un signe de vitalité démocratique.

Les affrontements entre groupes sociaux dans les villes (bidonvilles) comme dans les campagnes (Mouvement des Sans Terres au Brésil) devaient être décrits. Les guérillas et les règlements de compte, notamment dans le cadre des trafics (drogue…) étaient à mentionner.

Une deuxième partie dédiée aux facteurs explicatifs permettrait de mettre en évidence d’importantes défaillances dans les institutions, ainsi que les effets déstabilisateurs joués par des puissances extérieures (Etats-Unis depuis le « big stick », pendant la guerre froide… ; mais aussi et de plus en plus des puissances émergentes ou réémergentes). L’instabilité économique (la « décennie perdue » des années 1980, les effets négatifs de la volatilité des cours des matières premières dans un contexte de reprimarisation des économies…), le caractère structurel des inégalités entre les groupes sociaux (qui marquent particulièrement les peuples indigènes),
l’importance des activités productives illicites, des flux illégaux et des zones grises… sont d’autres facteurs d’instabilité et de violences qu’il fallait souligner.

Enfin, on pouvait envisager une troisième partie sur les défis à relever, en montrant leur ampleur : capacité à s’insérer dans la mondialisation légale en évitant le piège de la désindustrialisation, développement et défi de sa durabilité, réduction des inégalités autrement que par des mesures ponctuelles relevant parfois du clientélisme électoral, intégration régionale permettant de faire jouer les solidarités et les complémentarités (actuellement elle est davantage le reflet de l’instabilité et des tensions qu’un facteur de progrès : PROSUR vs. UNASUR…).

Retrouve ici le sujet de géopo ESCP 2023.