football

Plus que n’importe où dans le monde, l’Amérique latine est le lieu de tous les enjeux footballistiques. Né en Angleterre, ce sport s’exporte rapidement vers le continent latino-américain, si bien qu’on le qualifie parfois de « véritable continent du football ». Enjeux politiques, socioéconomiques et géopolitiques : le football est un véritable outil d’influence et de puissance.

Point historique : la diffusion du football en Amérique latine

Les migrations européennes du XIXᵉ siècle ont propagé le foot jusqu’en Amérique latine, où ce sport a été très rapidement apprécié et intégré à la culture. En effet, de simples règles couplées à un moindre coût et un aspect ludique en font rapidement un sport très populaire. Les premiers clubs sont ainsi créés et contribuent à diffuser le football. Par exemple en Argentine, avec la création du Buenos Aires Football Club en 1867.

En réalité, même si le football est regardé partout, ce sont surtout quatre pays qui incarnent cette passion et cette obsession pour ce sport : Argentine, Brésil, Chili et Uruguay. Pour ces pays, le foot est à la fois une arme de soft power, un loisir cathartique des peuples et un moyen de faire passer un message sur la scène internationale.

Le football, un enjeu politique

Le football a la particularité d’incarner une puissance politique et socioéconomique. En effet, il est le fruit de rapprochements – et surtout de tensions entre divers pays –, puisqu’utilisé comme un moyen d’affirmer sa puissance.

La guerre du Football – autrement appelée guerre de Cent Heures –, est un exemple souvent utilisé pour témoigner de l’importance du sport dans les mentalités latino-américaines. Des différences démographiques et économiques, couplées à des pressions migratoires salvadoriennes, ont installé un socle de tensions entre le Honduras et le Salvador, aggravées par une montée de nationalisme.

C’est au cours des qualifications pour la Coupe du Monde en 1969 que les supporters honduriens font le siège de l’hôtel des joueurs salvadoriens, afin de les empêcher de dormir. Le Salvador perd. Le match retour est l’élément déclencheur de la guerre. Cette fois, c’est le Honduras qui perd, mais les troubles continuent et des émeutes secouent les rues de Mexico. Ces tensions gagnent alors les gouvernements, et c’est le début de la guerre.

Le football n’est ici pas la réelle source de la guerre, elle s’inscrit toujours dans un contexte plus profond et historique, mais il en est l’élément déclencheur. En effet, les supporters défendent leur pays à travers une équipe. De même, après la défaite argentine contre l’Uruguay en finale de la Coupe du Monde 1930, des heurts ont éclaté à Buenos Aires, obligeant la police à intervenir pour empêcher les supporters de prendre d’assaut l’ambassade d’Uruguay. Les deux pays mirent alors un terme à leurs relations amicales.

Un enjeu socioéconomique

En ce qui concerne les enjeux socioéconomiques, il existe une véritable culture du « foot à tout prix ». En effet, les gouvernements n’hésitent pas à endetter leur pays et leur population pour assurer la pérennité du sport. Par exemple, la Coupe du Monde 2014, qui a eu lieu au Brésil, a engendré une véritable fracture sociale, car le gouvernement a fait de nombreux sacrifices pour construire des infrastructures, aujourd’hui inutilisées.

Il s’agit désormais d’un gouffre financier et qui a d’ailleurs provoqué des manifestations. Le Brésil aurait dépensé 11 milliards de dollars pour cet événement sportif, sans compter le coût de l’organisation des Jeux olympiques deux ans plus tard, en 2016. De même, le Maracaña, à Rio de Janeiro, est resté pendant longtemps le plus grand stade au monde et constitue ainsi un outil de rayonnement et de puissance. Néanmoins, sa rénovation en vue de l’accueil de la Coupe du Monde a coûté 268 millions d’euros au Brésil.

Cependant, même si certains investissements peuvent être décriés, il est aussi important de souligner la lucrativité du football, notamment grâce à la vente de maillots et produits dérivés. En 2021, c’est Lionel Messi, star argentine, qui se trouve en tête du classement, avec 1,2 million de pièces vendues.

L’Amérique latine contre l’Europe

Le football est un enjeu majeur de rivalités entre l’Europe et l’Amérique latine, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, il existe une différence de jeu et d’importance de ce sport dans les mentalités. Le Brésil invente en effet le « beau jeu » (joga bonito), lié à l’image que l’on peut avoir du jeu sur la plage, des jongles et de la technique. Le foot est pratiqué pour le plaisir, dans les favelas, par les franges les plus modestes de la population. Il y a tout de même des vraies infrastructures et une véritable institutionnalisation du foot en Amérique latine, car il est un moyen de sortir de la pauvreté. Même si le sport du ballon rond est aussi un sport populaire en Europe, il est plus professionnel, implique plus d’argent et repose essentiellement sur le culte de la victoire.

Par ailleurs, l’Amérique latine est une réserve de pépites pour l’Europe, qui attire toujours les meilleurs joueurs dans ses clubs. On peut évoquer l’exemple de Neymar, joueur brésilien qui a joué au FC Barcelone et joue actuellement au PSG. On peut aussi parler de Lionel Messi, joueur argentin, issu d’un milieu défavorisé : atteint d’un problème de croissance, le FC Barcelone est le seul club à lui avoir dispensé une formation, ainsi qu’un suivi médical. Les perspectives de salaire et l’argent dépensé dans les clubs européens constituent une source d’attractivité conséquente pour les joueurs latino-américains et participent d’une volonté de revanche sur la vie.

La rivalité s’exprime aussi beaucoup sur le terrain, au travers de rencontres sportives

Pendant de nombreuses années, ce sont les clubs latino-américains qui ont gagné les Coupes du Monde, avant que la victoire passe aux mains des Européens, avec notamment la victoire de la France (2018), de l’Allemagne (contre l’Argentine – 2014), de l’Espagne (2010) et de l’Italie (2006).

La dernière victoire latino-américaine remonte à 2002, il y a 20 ans, avec celle du Brésil, quintuple champion du monde au XXᵉ siècle. On peut aussi évoquer le match Brésil-Allemagne lors de la Coupe du Monde 2014, où le Brésil a perdu 7 à 1, constituant une véritable humiliation pour le pays. D’ailleurs, la Coupe intercontinentale est une compétition, ayant été organisée de 1960 à 2004 (remplacée par la Coupe du Monde des clubs de la FIFA), qui opposait les vainqueurs de la Ligue des champions et de la Copa Libertadores, c’est-à-dire les deux meilleurs clubs d’Europe et d’Amérique du Sud.

Le football est un outil de rayonnement

Enfin, le football est un outil important du soft power latino-américain. En effet, cette puissance et cette reconnaissance reposent sur certains grands noms, extrêmement connus en Europe et dans le monde. Maradona, Pelé, Messi, Ronaldinho et Neymar sont autant de noms qui ont marqué l’histoire du football sur la scène internationale.

La Confédération sud-américaine de football, plus connue sous le nom de CONMEBOL, est un organisme qui regroupe les fédérations de football de l’Amérique du Sud. Fondée en 1916 par l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil et le Chili, elle comprend aujourd’hui dix membres et assure des compétitions entre clubs et entre sélections nationales, à l’échelle de l’Amérique du Sud, à l’instar de la Copa América, plus vieux tournoi continental de l’histoire du football. Cette compétition est l’un des événements mondiaux les plus suivis, avec une audience mondiale cumulée de quatre milliards de personnes, dans 185 pays. Le CONMEBOL est la deuxième confédération du monde juste après l’UEFA (Union des associations européennes de football).

Tu l’auras compris, le football est un élément prépondérant dans l’histoire et l’actualité de l’Amérique latine, regroupant à la fois des enjeux sociaux, économiques, politiques et géopolitiques.

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