Que tu vises l’école de tes rêves, que tu n’aies pas su satisfaire tes ambitions en carré, ou que tu te sentes simplement bien en prépa, tu as fait preuve d’abnégation. Après deux années sans doute riches et éprouvantes, tu continues en khûbe. Pari audacieux ou plan d’attaque précis, le choix d’une khûbe peut s’avérer payant, en particulier en B/L. La filière généraliste par excellence se prête remarquablement bien à l’approfondissement d’une troisième année. À condition cependant d’en profiter pour faire le point et de prendre la mesure des enjeux d’une khûbe.

Les débuts

Te voici en khûbe. Il n’est déjà plus temps de s’appesantir sur ton choix alors que tes anciens camarades découvrent chacun à leur tour leurs nouvelles écoles. Une bonne nouvelle néanmoins : en B/L, tu pars déjà avec une longueur d’avance. Les programmes restent pour la plupart inchangés aux ENS comme à la BCE et tu les as déjà couverts. Cela se voit d’autant plus en mathématiques, en histoire ou encore en latin, où la khûbe est incontestablement rémunératrice. Tu sais d’ores et déjà comment travailler et tu as vécu les épreuves. Si tu es là, c’est que tes professeurs croient en tes chances.

Approfondissement

Tu disposes d’un bagage de connaissances important qu’il te faut à la fois conserver et approfondir. La particularité de la khûbe B/L est, qu’étant donné la largeur des programmes, il existe toujours de nouvelles références à explorer et de nouvelles choses à lire et à apprendre. Tu peux ainsi t’attaquer à de nouvelles problématiques en histoire ou à la lecture d’un sociologue ou d’un économiste jusqu’ici inconnus. L’élargissement de l’horizon intellectuel fait la force des khûbes B/L. L’expérience des concours t’a enseigné l’importance de la pluridisciplinarité et de la culture générale. Là réside l’avantage des khûbes.

Se recentrer sur l’essentiel

Il s’agit cependant de ne pas s’éparpiller. Une bonne khûbe se traduit par une bonne analyse de tes forces et de tes faiblesses. La reprise des copies de concours, que tu peux éventuellement donner à lire à tes professeurs, constitue par exemple un bon moyen de faire le bilan. Il est nécessaire de cerner les points à travailler tout en laissant à chaque matière sa place. Une pratique intensive de la philo afin de couvrir l’entièreté des sujets possibles alors que tu as déjà eu une très bonne note l’année précédente relève de l’aventure hasardeuse.

Plus que d’exiger l’impossible, c’est-à-dire une connaissance précise et infinie de tous les points de détails propres à chaque discipline, un bon élève khûbe sait se ménager et surtout rechercher l’équilibre. Il a à présent l’habitude des dissertations et a compris que leur mise en forme, leur fluidité et la qualité de la réflexion valent tout autant, si ce n’est plus, qu’une référence bien placée. La khûbe peut ainsi se révéler être l’objet d’un très grand progrès. Fort des connaissances accumulées, il est temps de s’exprimer et de développer des traits personnels ! Tu peux stratégiquement t’appuyer sur les deux grandes forces que sont l’histoire et les mathématiques, dont tu as déjà parcouru les programmes. Si les sujets proprement littéraires peuvent en effet varier davantage, ces deux matières sont stables en B/L et laissent un net avantage aux khûbes qui les pratiquent à nouveau. Il faut ensuite procéder à un travail méthodique concernant les autres matières. Dresser dès la rentrée un tableau des points à parfaire et de ceux déjà acquis peut te donner une direction précise à suivre.

N’oublie jamais que tu es riche de ton expérience de khâgne, tu connais déjà les attentes, les conditions mentales et physiques des concours. Réfléchis-y et agis en conséquence !

Le piège mental

Tu es au fait des enjeux académiques de la prépa. Attention toutefois aux aspects psychologiques et extrêmement importants d’une troisième année. Le plus grand piège serait de te décourager. La réussite d’une khûbe est avant tout mentale, il s’agit plus que jamais d’une course d’endurance ! La difficulté consiste à rester mobilisé alors que tu subiras ou assisteras aux mêmes cours. Si le programme de B/L, ou plutôt l’absence de programme dans le cas de matières telles que la philosophie ou la littérature, permet aux professeurs de s’attaquer à de nouveaux textes et de nouvelles problématiques, il faut garder à l’esprit que tôt ou tard l’impression de répétition se fera sentir.

La pénibilité de ce revival est d’autant plus importante si tu as choisi de khûber dans le même lycée. Le fait de côtoyer la classe des anciens hypokhâgnes peut te donner le sentiment d’un échec. C’est contre ce dernier qu’il te faut lutter et te rappeler durant les déprimes hivernales que la khûbe n’est jamais un échec. Les amis sont incontournables. Intégrer un groupe de travail permet notamment de rester pleinement dans l’univers de la prépa. Rester en course est un défi tout aussi stimulant que l’entrée en école.

Les deux années précédentes t’auront laissé le temps d’analyser tes forces et tes faiblesses et d’affirmer ton goût pour certaines disciplines. Or, tu travailleras en priorité les faiblesses et les matières les plus désagréables. Une khûbe réussie exige donc un effort de volonté. Un planning de travail ou une organisation claire et anticipée deviennent primordiaux. Laisse-toi des temps de repos afin de ne pas craquer. Les khûbes en surchauffe qui finissent par décrocher peuvent être légion. Il faut faire la paix avec un éventuel échec au concours et poursuivre sereinement. Le sommeil, les amis, les loisirs sont la clé d’une khûbe réussie. Plus question de passer une nuit entière à réviser la veille d’un devoir.

Nouvelles opportunités

Cette troisième année est enfin le lieu de nombreuses opportunités qu’il te faudra envisager ou saisir. C’est entre autres le temps des dossiers pour une ENS, Dauphine ou encore les IEP et des choix universitaires délicats. La possibilité d’entrer parfois directement en master ou le choix d’une L3 sont des contraintes administratives, mais aussi des débouchés enthousiasmants qu’il te faudra gérer seul. Les équivalences de L3 sont en effet loin d’être acquises ! Il est conseillé de s’intéresser le plus tôt possible aux démarches nécessaires et de discuter avec tes professeurs mais aussi avec des interlocuteurs venus des établissements que tu souhaites intégrer. La préparation des dossiers est une activité à la fois excitante mais aussi extrêmement chronophage. Il est conseillé de la compter dès le début dans ton planning de travail.

La khûbe doit donc se traduire par une diversification des objectifs. Cette année de plus te permettra de réfléchir. Prends garde toutefois à ne pas trop tarder et à bien vérifier les dates limites de candidatures. Les candidatures à l’étranger par exemple, et même dans certains établissements en France, débutent en général particulièrement tôt.

Conclusion

Tu l’auras compris, la khûbe n’est pas un long fleuve tranquille. Au contraire, c’est un nouveau défi, radicalement différent de la khâgne, et qu’il te faudra envisager comme tel pour rester motivé. Elle offre par ailleurs une foule d’opportunités. Il faut éviter les deux extrêmes que constitueraient un excès de stress ou au contraire un trop grand relâchement, voire un désengagement. De la même manière qu’une première année en école ou en faculté, la khûbe requiert davantage d’autonomie. Il te faut rester curieux, mobilisé et apprendre à développer un parcours personnel et réfléchi. En dehors de l’objectif des concours, c’est l’occasion de mieux te connaître et de t’affirmer. Quels que puissent être les résultats finaux, une khûbe sérieuse n’est jamais sans intérêt. Elle fait mûrir.