Cette année est la deuxième édition du concours où HEC favorise les carrés et les cubes boursiers en leur attribuant un point supplémentaire à l’écrit et à l’oral. Cette mesure est la véritable bête noire des cubes, qui doivent travailler deux fois plus pour compenser et espérer l’admission à l’école jovacienne. Difficile, mais pas impossible ! Nous avons rencontré Anthony, étudiant cube non boursier en prépa ECG, qui a réalisé l’exploit de passer de 619 aux écrits à… 29e aux oraux ! 

Hello Anthony ! Tu peux te présenter ?

Salut ! Moi c’est Anthony, j’ai 19 ans, je viens du Sud de la région parisienne et j’ai effectué 3 ans de prépa au lycée Lakanal, à Sceaux.

 

Pourquoi avoir fait le choix de la prépa ?

J’avais besoin de conserver un certain encadrement et de continuer à apprendre beaucoup de choses. La prépa était un peu une évidence, d’autant que mon lycée nous préparait à ce type de voie. J’ai choisi ECS (après avoir hésité avec MPSI au début du lycée) parce que je voulais continuer un maximum les matières littéraires (géopo, philo, langues), mais que je ne savais pas exactement vers quoi me diriger. La prépa me permettait donc de ne pas me spécialiser.

 

Comment se sont passées tes deux premières années de prépa et les concours de 2e année ?

J’ai pas mal trimé tout au long des deux années, mais je prenais aussi beaucoup de plaisir parce que tout m’intéressait et parce que j’adore apprendre. Ma première année s’est passée sans embuches. J’étais dans la tête de classe, j’ai adoré cette année. Mon niveau a toutefois un peu décroché en deuxième année. Je travaillais encore plus, mais je n’étais pas forcément super efficace (parce que je me dispersais, multipliais les supports). J’ai tout de même réussi à conserver de bonnes notes et un classement solide, mais pas excellent.

 

Quelle a été l’issue de tes concours de 2e année et pourquoi as-tu fais le choix de cuber ?

J’étais admissible jusqu’à l’ESCP, classé 981 à HEC (ce détail a une importance). Je n’ai pu passer que les oraux de l’EDHEC, parce que j’ai eu le covid pendant ceux de l’ESCP. Je savais dès les résultats d’admissibilité que je voulais cuber. Je pense que pendant la deuxième année je m’étais déjà préparé mentalement à cuber, parce que je voulais intégrer HEC. J’avais le sentiment que j’en étais capable, mais qu’il fallait juste que j’y aille à mon rythme, en prenant le temps de prendre du plaisir dans ce que je travaillais, aux dépens de ma productivité. Donc le choix du cubage était une évidence et je l’ai fait sans problème. 

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Tu n’as pas eu le point bonus à HEC. Comment as-tu bossé pendant l’année de cube pour surmonter cette pénalité ?

Je ne réfléchissais pas trop au point en moins. Je me suis dit qu’il fallait juste que je fasse du mieux que je pouvais. Le but n’était pas de rattraper un point, mais d’en gagner le plus possible. Pour ma part, mes points faibles étaient les langues, donc elles étaient ma priorité. Aux concours, j’avais eu des notes satisfaisantes en géopo/philo, mais il fallait encore que je m’améliore et que j’optimise mon point fort qui était les maths. De plus, on a pas mal d’autonomie en tant que cubes à Lakanal, donc je fonctionnais en volume horaire pour être sûr de travailler toutes les matières comme il le fallait.

Dans le détail, je travaillais : 2h de chaque langue, 2h de CG, 3h de géopo, 4h de maths. Tout cela en comptant les cours qu’on avait bien évidemment. J’étais bien organisé, j’ai essayé de ne pas me disperser, et j’étais surtout très motivé. Le rythme était plus tranquille de septembre à décembre, puis ensuite j’ai repris le travail à fond pour la période janvier-concours. 

 

Après avoir passé tes concours écrits en cube, tu étais confiant pour HEC ?

J’étais confiant pour l’admissibilité. Je m’étais donné à fond, j’avais plutôt bien aimé les sujets tombés et j’avais l’impression d’avoir rendu des choses propres. Pendant l’année j’avais bien ressenti mes progrès, je n’ai rien laissé au hasard pour les concours, et je n’ai vraiment fait aucune impasse. Je pense que ça m’a permis d’avoir confiance.  

 

Quelle a été ta réaction après les résultats d’admissibilité ? Quel était ton rang à HEC ?

La découverte de mes résultats a été forte en émotion. À l’heure des résultats, j’entre mes identifiants etc, et là je vois : 981. Je tombe alors de très haut. Je préviens mes proches, dégoûté, puis là je me dit : quand même, 981, ça me dit quelque chose. Je pense alors être dans le déni, je me dis que je suis juste en train d’essayer de m’inventer des excuses pour ne pas accepter que c’est fini. Puis 15 à 20 looooongues minutes plus tard, un intégré membre du BDE d’HEC nous informe qu’ils se sont trompés : ils ont mis les classements de l’an dernier à tous les cubes. Alors c’était ça ! 981, c’était mon rang de l’année de carré ! Je reprends espoir, puis, le site finissant par fonctionner, je découvre que je suis finalement 619 ! Je suis alors rassuré, mais très vite, 619, ça me fait peur, car ça fait beaucoup de places à rattraper.

 

Comment as-tu appréhendé les oraux en sachant que tu avais à nouveau un point malus ?

Au début de ma préparation, je n’avais pas beaucoup d’espoirs pour HEC. J’allais faire de mon mieux, mais cela me paraissait impossible de rattraper autant de places, d’autant plus avec le point malus. Cependant, j’ai réussi à regagner espoir. Par-ci et par-là, des amis m’expliquent qu’ils connaissent untel qui est remonté de telle à telle place, etc. Les remontada à l’oral ça existe. Le témoignage d’Alice, passée de 620 à 50, que vous aviez interviewé sur Major-Prépa, m’a vraiment motivé. Je prends alors les notes d’Alice en exemple, et je me dis : ok, tu dois avoir les mêmes. À partir de ce moment-là, je n’ai préparé presque que les oraux HEC : j’ai vraiment énormément bossé pendant la préparation, c’était ma dernière ligne droite, je n’avais plus rien à perdre.

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Tes oraux se sont bien passés ? Tu pensais que l’admission sentait bon ou non ?

J’ai vraiment bien aimé mes oraux. Le campus de HEC était incroyable et j’ai adoré l’ambiance. L’oral, c’est mon terrain de jeu favori, et je ne suis tombé que sur des examinateurs (relativement) sympas, et sur des sujets intéressants. J’y ai pris du plaisir, et j’avais eu une bonne impression de tous mes oraux, sauf peut être celui de maths, pour lequel je n’étais pas sûr d’avoir fait quelque chose de bien. Cependant, même si je sentais que je n’aurais pas de note éliminatoire, je ne pensais pas avoir de telles notes. Je pensais simplement pouvoir passer tout juste sous la barre des 400.

 

Quelle a été ta réaction quand tu as vu que tu as été admis à HEC et le nombre de places que tu as remontées aux oraux ?

Apprendre mon admission a été une délivrance, j’étais super content de voir que tout ce travail avait payé. Quand j’ai vu mon classement, c’était la stupéfaction ! Je voulais juste être admis, je me moquais de mon classement, tant que j’étais dans les 400. Mais finir 29e, c’était vraiment la grosse surprise. Je ne m’étais jamais imaginé ça, et j’avais hâte de découvrir mes notes.

 

Selon toi, qu’est-ce qui a fait que tu as eu de telles notes à l’oral ?

D’abord, je pense m’être vraiment bien préparé à ces oraux, en ne laissant rien au hasard. Je les avais vraiment bien bossés, non seulement pendant la période de révision, mais pendant mes trois années.

En philo/géopo j’ai toujours eu tendance à me disperser : j’écoutais tous les jours des podcasts (Les enjeux internationaux de France Culture en géopo, et Philosophy is sexy de Marie Robert pour la philo)*. Celui de géopo ne m’a pas forcément servi le jour J mais il me tenait informé de l’actualité géopolitique et donc des grands enjeux. Celui de philo m’a vraiment aidé je pense. Marie Robert vulgarise super bien le savoir philosophique et aide à comprendre comment penser en philosophie. Pour la philo, j’ai aussi découvert une mine d’or qui est la chaine de « philo man » sur YouYube, et qui traite des thèmes de philo de terminale.

Toute l’année, quand je révisais, j’aimais parler à l’oral : quand je lis une fiche de géopo, j’essayais généralement de la reformuler comme si j’étais à un oral, et partir dans des explications plus longues. En fait je pense que ça m’a beaucoup aidé de faire ce travail tout au long de l’année car j’avais l’habitude d’expliquer clairement mes idées etc.

Pour la géopo, ce qui m’a beaucoup aidé c’était aussi de faire des plans, beaucoup de plans. J’en avais fait pas mal pendant l’année en tant que cube. Pendant la révision des oraux, j’ai lu tous les sujets des années précédentes et ai relevé tous ceux qui ne me disaient trop rien, sur lesquels je sentais que je n’avais pas grand-chose à dire. J’ai ensuite fait des recherches sur ces derniers (type : l’arctique, l’espace, le numérique, la santé,…).

Pour le triptyque, on a un super encadrement à Lakanal. Ce qui m’a aidé c’était d’abord de bien comprendre le but de l’exercice, de beaucoup beaucoup m’entrainer sur des sujets divers, avec des amis. De faire des recherches de mon côté. Mon but c’était vraiment de ne rien laisser au hasard.

Pour les langues, le fait de m’entrainer tous les jours à l’oral m’a vraiment aidé à gagner un bon niveau. Je révisais ma civi à l’oral, toujours avec le même principe de reformulation des idées. Le but est de pas lire quelque chose mais expliquer par soit même une idée pour être sûr qu’on l’a bien comprise.

Je pense aussi avoir eu de la chance sur les sujets que j’ai eu. Je ne suis pas tombé sur des sujets impossibles à traiter comme certains avant moi. Je sais que je n’aurais pas eu grand-chose à dire sur « la géopolitique des risques industriels » par exemple. Ça, on ne le contrôle pas, même si on peut vraiment minimiser les risques en se préparant à un maximum de sujets.

Tu as aussi l’avantage d’aimer t’exprimer à l’oral…

C’est sûr… j’avais hâte de les passer car j’adore les épreuves orales et je pense que le fait d’aborder les oraux positivement m’a aidé. J’étais bien évidemment stressé, mais je ne le faisais pas ressentir au jury. Mon but était vraiment de créer un dialogue avec le jury, de les faire se sentir à l’aise avec moi. Durant mes oraux, je présentais mon exposé en essayant de vraiment les y inclure, dans le sens où je faisais attention à leurs expressions faciales, pour expliquer davantage une idée s’ils bronchaient un peu, et pour vraiment dialoguer avec eux. Le but est que tout soit super clair pour eux (notre problématique, notre plans, notre progression doit vraiment être très très très claire).

En CSH plus qu’ailleurs, j’ai vraiment essayé de réfléchir avec eux. Je voulais leur montrer que j’étais vraiment dans une démarche de dialogue, notamment pendant l’entretien, en osant penser par moi-même et en montrant que j’étais là pour réfléchir avec eux. J’ouvrais des débats, en assumant de dire que je n’avais pas forcément la réponse. Par exemple, sur mon sujet « le monde », j’ai remarqué que la seule chose dont il semblait être positif de “manquer” dans nos sociétés contemporaines était le temps. C’est une idée qui leur a plu et dont on a discuté durant l’entretien. Je leur ai dit que je ne me l’expliquais pas trop, mais que c’était une réflexion que j’avais eue donc que c’est pour cela que j’ouvrais le débat. C’est une anecdote, mais c’est pour expliciter cette idée qu’il faut s’ouvrir vraiment au dialogue, ouvrir les débats, pour que le jury ne soit pas juste là à nous écouter, mais vraiment à apprendre des choses avec nous, réfléchir avec nous, etc.

Par ailleurs, en CSH, j’ai aussi vraiment essayé de diversifier mes références (de la philo autant que de la littérature, un sociologue, un film bien analysé, une œuvre picturale si possible [perso je n’ai pas réussi à la caser]). Et vraiment, la clé en CSH, c’était de bien bien développer les références qu’on utilise, je pense. Il n’y a pas besoin d’être un pro de chaque philosophe qu’on utilise, simplement d’avoir un exemple précis, et après de savoir “baratiner” un peu pour revenir à ce que l’on sait et faire mine de connaitre super bien les thèses des gens qu’on utilise.

 

Quels sont tes conseils pour les futurs cubes non boursiers qui subissent la pénalité ?

Il faut vraiment croire en soi : tout est possible. L’important est de donner le meilleur de soi-même pour n’avoir aucun regret. En un an, on a vraiment l’occasion de s’améliorer énormément. Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, on n’est jamais trop prêt(e). On ne peut rien laisser au hasard, il ne faut pas faire d’impasse, sinon, on ne se le pardonnera pas.

Pour ceux qui préparent HEC et qui ont le point en moins, sachez que c’est un handicap pour l’écrit (mais il est loin d’être disqualifiant), mais qu’à l’oral, il se voit moins, car les notes sont beaucoup plus étalées. L’année de cube peut d’ailleurs être l’occasion de réviser les écrits tout en révisant les oraux, c’est-à-dire de s’entrainer à parler à l’oral, à être plus dialectique, apporter de la clarté à son expression orale, etc. Les oraux comptent pour 36 coef contre 30 pour l’écrit, donc toutes les cartes sont redistribuées !

Identifiez bien vos point forts/points faibles, pour ensuite être bien régulier et corriger tout ça. L’année de cube sert à ça. Dites vous que si vous avez un point de pénalité, vous devez être trois points au-dessus des autres !

Comme je l’ai dit, je pense que bien travailler la CG peut être un bon pari, car les carrés ont moins de temps pour la travailler donc c’est plus simple pour se démarquer. En géopo, il ne sert pas à grand-chose de se disperser, il faut consolider tout ce qu’on sait déjà et faire des plans. Les maths sont toujours un excellent investissement. Quant aux langues l’important est de s’imposer de la régularité, les travailler vraiment souvent, ce qui est plus possible en cube selon moi. 

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* On se permet d’ajouter la mention du Podcast Major-Prépa sur le thème de CG qui a servi à des milliers d’entre vous cette année sur le thème du Monde ! On remet ça l’an prochain pour te parler de la Violence ! Et en géopo, the famous Pause géopolitique est une excellente ressource pour préparer les concours !