Depuis la mi-novembre 2023 et l’annonce de la fermeture de 4 CPGE par le rectorat de Paris, les manifestations d’incompréhension pour les classes concernées et d’inquiétude pour la filière se sont multipliées, jusqu’à la mobilisation nationale du 15 janvier dernier. À la veille d’une nouvelle journée de grève dans l’Éducation, le Ministère annule les fermetures prévues.

L’annonce a été faite directement par la ministre de l’Education nationale aux représentants de la FNEC FP-FO avec lesquels elle participait, ce mercredi 31 janvier, à une réunion du CSE (Conseil Supérieur de l’Éducation) : les CPGE dont la fermeture était programmée par le rectorat de Paris pour la rentrée 2024 restent ouvertes.

Amélie Oudéa-Castéra a également assuré au syndicat que le service des professeurs agrégés enseignant dans le second degré ne serait pas alourdi de 3 heures, contrairement à ce que préconisait un rapport remis en 2022. De même, la suppression du corps des professeurs de chaires supérieures, recommandée par ce même rapport, ne serait pas suivie.

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Des fermetures reconnues “non légitimes”

Dans le communiqué publié à la suite de ce rendez-vous, la FNEC FP-FO indique rester vigilante notamment en veillant à la réintégration des classes préparatoires concernées sur la plateforme Parcoursup. Rappelons que les inscriptions sont ouvertes depuis le 17 janvier dernier et que les lycéens de terminale disposent de quelques semaines encore pour valider leurs voeux d’accès à l’enseignement supérieur avant de passer à la phase suivante de la procédure, le 3 avril prochain.

Le maintien des CPGE des lycées Jacques Decour, Pierre-Gilles de Gennes, Chaptal et Lamartine est une “reconnaissance par le gouvernement que les fermetures programmées n’étaient pas légitimes”. Toujours selon le syndicat, cette décision est à envisager comme “un point d’appui pour la défense du droit égal d’accès pour tous les élèves à des formations d’excellence dans le cadre de l’école publique”.

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Le recteur de Paris démissionne

Au surlendemain de l’annonce par Amélie Oudéa-Castéra du maintien des 4 CPGE qu’il avait décidé de fermer, le recteur de Paris, Christophe Kerrero, publie sur X (ex-Twitter) un courrier dans lequel il fait part de sa démission. Sa lettre de deux pages, adressée aux personnels de l’Académie de Paris, s’achève sur une référence à l’épisode des classes préparatoires finalement maintenues ouvertes, qui aura certainement conduit à sa décision de quitter ses fonctions.

Même si je n’ai pu conduire ce projet préfigurateur d’une évolution ambitieuse de notre modèle des classes préparatoires à son terme, je sais qu’il a ouvert la voie à une réflexion sur l’égalité des chances qui se poursuivra”, prévoit Christophe Kerrero. Le désormais ex-Recteur de Paris assume son choix en soulignant que l’offre en matière de prépas dans l’académie qu’il pilotait depuis juillet 2020 “dépasse largement les besoins“.

Il écrit précisément : “Cet élan en faveur de l’élargissement des élites au service d’un pacte républicain renforcé, c’était le sens de la transformation, à la rentrée 2024, de trois classes préparatoires aux grandes écoles. Ouvrir ces formations aux bacheliers professionnels afin qu’ils accèdent, en trois ans, aux plus grandes écoles d’ingénieurs et de management. Créer de nouvelles classes préparatoires au professorat des écoles pour aller chercher des bacheliers pour qui l’enseignement constitue une voie de promotion sociale et pour former des professeurs dont nous manquons cruellement. Et pour cela, fermer en effet, quelques classes au sein d’une carte parisienne dont l’offre dépasse largement les besoins.”

Ouvertures, fermetures… qui décide pour les prépas ?

Le 1er février, dans un communiqué se félicitant de la décision ministérielle, la Conférence des Classes Préparatoires (réunion de 6 associations de professeurs, dont l’APHEC) et les syndicats associés à la mobilisation, soulignent qu’il était “indispensable, pour toutes les CPGE de France, d’obtenir gain de cause sur le dossier parisien”.

Deux questions essentielles, soulevées par la situation, semblent désormais avoir trouvé réponse :

  1. Qui a la main sur la fermeture des prépa ?
    La carte des CPGE est sous “pilotage national”
    , ce qui signifie que seuls les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur sont habilités à décider des fermetures et des ouvertes de classes “après étude des projets rectoraux”, précise le communiqué de l’intersyndicale et de la Conférence des Classes Préparatoires ;
  2. Quel est l’effectif minimum en deçà duquel une classe risque de fermer ?
    L’effectif de 48 constitue un maximum
    et non un chiffre plancher en deçà duquel l’administration comptabilise des places vacantes en prépa. “La question des fermetures de classes peut éventuellement se poser, mais pour des effectifs très faibles pendant plusieurs années”.