Major Prépa > Actualité > Suppression des oraux 2020 : les Grandes Ecoles s’expliquent !
La décision du Chapitre des Écoles de Management de la CGE d’annuler les oraux d’écoles post-prépa pour les concours 2020 a fait grand bruit auprès de la communauté des Grandes Écoles, tant du côté des préparationnaires que des étudiants. Alice Guilhon et Christophe Germain, respectivement DG de SKEMA et Présidente du Chapitre des Écoles de Management et DG d’Audencia et VP de cette même instance, répondent à vos questions.
Comment a été prise la décision de supprimer les oraux ?
Alice Guilhon : Cette réflexion a débuté il y a plusieurs semaines, quand le ministère a commencé à voir venir la possibilité d’un confinement. Nous nous sommes réunis régulièrement avec les autres instances du supérieur comme la CGE ou la CPU [Conférence des Présidents d’Université, NDLR]. Dès que nous avons compris que la période de confinement serait prolongée au moins jusqu’à fin avril, il nous paraissait évident de repousser les écrits. Nous avons compris que la période suivant le confinement serait incertaine, surtout pour les familles.
En réfléchissant sur le déroulé même des concours, nous avons compris que cette situation nous obligeait à décaler les oraux au mois d’août et, ainsi, potentiellement repousser la rentrée. Mais c’est impossible car nous sommes tous très connectés à nos partenaires internationaux : reporter la rentrée signifie qu’il serait difficile pour nous de proposer à nos futurs étudiants l’expérience d’échanges à l’étranger. Il a fallu faire des choix.
Cette crise va avoir des conséquences énormes et il faut s’adapter pour sécuriser les étudiants.
De son côté, le ministère nous a fortement conseillé de ne pas faire des oraux qui pourraient provoquer des problématiques en termes d’équité, notamment sur le plan économique pour les familles, qui devront se serrer la ceinture après cette crise sanitaire. Nous avons beaucoup échangé avec les écoles du Chapitre et les banques de concours et nous avons décidé à l’unanimité d’annuler les oraux cette année. Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était. Cette crise va avoir des conséquences énormes et il faut s’adapter pour sécuriser les étudiants. Nous avons ensuite été très clairs et transparents sur cette décision que nous avons communiquée très tôt à toutes les parties prenantes.
Christophe Germain : C’est une décision difficile pour nous qui a été débattue et discutée au sein du conseil du Chapitre, puis en assemblée générale avec toutes les écoles membres. Beaucoup de personnes font abstraction de cette crise, mais la situation est grave et le réveil va être très dur.
Comment expliquez-vous les imbroglios autour de cette décision ?
AG : J’ai participé à toutes les réunions avec Frédérique Vidal et la ministre a été extrêmement claire. Les deux dernières semaines, son message était : je vous recommande vivement d’annuler les oraux. C’est la position du ministère. Après, il était de notre ressort de prendre la meilleure décision avec les recommandations du MESRI. Mais il était intenable de faire des oraux dans ces conditions. Il serait également compliqué de convaincre les entreprises de venir faire des oraux juste après un confinement.
Il est difficile de demander aux étudiants de faire un tour de France en août pour trouver ensuite un appartement avant la rentrée de septembre. Encore une fois, ce n’est pas de gaité de cœur que nous prenons cette décision.
CG : Si le ministère n’impose pas cette décision, il est difficile de ne pas suivre et de ne pas respecter les consignes délivrées par le gouvernement.
Que répondre à ceux qui ne comprennent pas pourquoi les écoles d’ingénieurs vont potentiellement organiser des oraux contrairement aux écoles de commerce ?
AG : Il est tout d’abord important de préciser que ce n’est pas sûr que ces établissements organisent des oraux. De plus, d’autres contraintes pèsent sur les écoles d’ingénieurs, ce qui explique pourquoi ils ne se sont pas encore mis d’accord. CentraleSupélec a déjà statué sur la question, précisant avoir annulé les oraux. Les autres écoles se posent la question et devraient apporter une réponse mardi. Mais il est important de ne pas comparer les business schools et les écoles d’ingénieurs qui n’ont pas les mêmes structures, les mêmes gouvernances et les mêmes business models.
Que pensez-vous des pétitions pour le maintien des oraux ?
AG : Si nous avons pris cette décision, c’est pour eux. Les confronter à un concours tronqué, leur demander de faire un tour de France devant des jurys où il y aura seulement la moitié des intervenants, ça ne peut pas marcher. Nous sommes dans un contexte où nous avons très peu de visibilité et notre objectif est de proposer des solutions qui permettent à tout le monde s’y retrouver.
CG : Les gens ne saisissent pas toujours la gravité de la situation dans laquelle nous sommes. Dire, aujourd’hui, que nous pourrions organiser des oraux, ce serait mentir. Dans l’état actuel des choses, ce n’est pas possible !
Vos questions sur les concours 2020 suite à l’annulation des oraux :
Avez-vous anticipé la possibilité d’un futur report ?
AG : C’est une hypothèse que l’on a en tête. Pour l’instant, le scenario sur lequel nous travaillons est le plus probable. Mais si le confinement se poursuit au-delà du 30 avril, le problème ne concernera plus uniquement les écoles, il s’agira d’une véritable catastrophe pour l’économie française. Si nous repoussons à nouveau les écrits, les prépas passeront les concours en septembre et nous ne pourrons pas leur offrir la même expérience qu’aux étudiants des promotions précédentes.
Avez-vous pensé à une double-correction ?
AG : C’est une idée intéressante sur laquelle nous allons discuter pour voir si cela est possible.
CG : Toute décision qui permettra au système d’être le plus équitable possible sera mis en place.
Y a-t-il une alternative aux oraux ou l’admission définitive se basera uniquement sur les écrits ?
AG : Nous nous baserons uniquement sur les notes aux écrits. Il serait problématique de mettre en place une étude du dossier qui repousserait la sélection à fin août, ce qui ne serait pas tenable pour les familles.
Les coefficients des épreuves vont-ils être modifiés ?
AG : Cette année, ce sera un statu quo, nous restons sur 30 coefficients.
Les correcteurs seront-ils plus cléments ?
AG : Le message que nous faisons passer est un message de bienveillance. La situation est déjà suffisamment dure pour les étudiants.
CG : Nous tenons à mettre les prépas dans les meilleures dispositions pour que, demain, ils puissent suivre un cursus classique comme celles et ceux qui les ont précédés.
Tous les candidats auront-ils une école comme l’an dernier ?
AG : Le système de redistribution fonctionne très bien. Chacun trouvera une école qui lui correspond.
CG : Il est important qu’un candidat ne se bloque pas en visant des écoles au-dessus de son niveau. Mais le SIGEM permettra à tous d’obtenir une école.
AG : Il faudra bien travailler les écrits et se donner une chance en ayant un éventail d’écoles large pour être sûr d’avoir une école.
Quand aurons-nous les nouvelles dates des concours ?
AG : Nous traitons ce dossier avec le ministère qui devrait revenir vers nous avant la fin du confinement. Nous devrions avoir plus d’informations d’ici mi-avril.
Pour les AST, le TAGE-MAGE et le TOEIC seront-ils pris en compte ?
CG : À l’heure actuelle, rien n’a encore été fixé ou défini dans le cadre de l’examen des dossiers.
Comment cela va-t-il se passer pour les listes d’attente des AST ?
CG : Tout devrait se dérouler comme d’habitude. Nous communiquerons sur les dates clés de façon claire. La seule différence pour les AST, comme pour les prépas, c’est qu’au lieu d’avoir deux jurys, il n’y aura qu’un jury d’admission.
La suppression des oraux ne provoquera-t-elle pas un manque de diversité dans les promotions ?
AG : La diversité est présente dans le début des concours. Il n’y a pas de tri de diversité par les écrits et il n’y aura pas de manque d’hétérogénéité.