Ce sont bien les écoles qui décident de leur barre d’admissibilité chaque année, sauf en 2020 où celle-ci sera une barre d’admission ! Les administrations reçoivent les notes des candidats avec moyenne et rang pour ensuite définir, selon différents critères indissociables, le dernier admissible dont la moyenne sera de facto la barre d’admissibilité annuelle. Seule HEC fait exception à la règle et choisit constamment comme barre la moyenne du 700ème à ses épreuves. Tour d’horizon de ce sujet technique et méconnu.

Les critères

La dynamique d’évolution des barres. L’objectif des écoles est de maintenir, année après année, une dynamique positive d’augmentation de la barre. Une école dont la barre baisse sera logiquement considérée comme de moins en moins attractive et ne fera pas partie des premiers choix des candidats au SIGEM.

La concurrence directe. Dans l’opacité régnante des divers classements des écoles de commerce, le classement SIGEM post-admissions est le seul objectif, juste et impartial. Il n’y a pas de possibilité de se tromper avec ce classement qui reflète fidèlement les préférences des candidats année après année. La barre est donc fixée en fonction des concurrents directs, pour éventuellement prendre le dessus à terme (Audencia et GEM) ou conforter son avance (HEC et ESSEC).

En prévision de la sélectivité de l’oral. C’est un véritable défi que de fixer une barre admissibilité, car elle doit s’améliorer chaque année pour garantir à votre école une certaine attractivité, mais rester suffisamment modérée pour que le taux de sélection aux oraux reste constant ou ne s’approche pas trop des 100% -ce qui ôterait tout crédibilité aux oraux-.

Les diverses épreuves des écoles. Les barres dépendent bien évidemment des épreuves propres à chaque école (synthèse ESCP, dissertation EDHEC/ESSEC, …). Bien que d’une importance mineure, les notes des ces épreuves spécifiques offrent aux écoles conceptrices une petite marge de manœuvre grâce à la notation.

Interrogé sur la question « Comment choisissez-vous votre barre d’admissibilité BCE ? », Jean-François Fiorina, directeur adjoint de la GEM nous a répondu : « Etre sélectif tout en nous permettant d’avoir suffisamment d’admissibles pour que notre oral soit discriminant et serve à quelques chose (et non pas une simple formalité). Nous faisons attention aussi à ce que le dernier admissible ait une chance d’intégrer GEM ».

Les critères temporaires

L’attractivité et la visibilité de l’école. L’administration de l’école prend aussi en compte son panel d’offres ou ses nouvelles propositions pour parier sur une meilleure attractivité auprès des candidats, et donc être plus ambitieux au moment du choix de la barre. C’est par exemple le pari gagnant de la BSB à Dijon : un accueil admissibles d’excellence, un label EQUIS obtenu en 2016, un campus modernisé et de nouvelles offres ont permis à l’école d’améliorer fortement sa sélectivité (le rang du dernier intégré était 1220 en 2013 contre 878 en 2016). La barre de BSB à 7/20 stagne notamment du fait des notes des candidats, mais cette sélectivité accrue laisse de la marge de manœuvre pour le choix de la barre.

Les nouvelles places. Selon les stratégies des écoles, il se peut que ces dernières ouvrent de nouvelles places aux préparationnaires. Mais le défi est de taille pour les écoles qui doivent s’assurer une barre stable et un critère de sélection correct. Si vous voulez vous assurer une sélection exigeante aux oraux, il vous faut augmenter votre nombre d’admissibles, donc aller chercher plus bas dans le classement. À l’inverse, si vous refusez de baisser votre barre d’admissibilité, vous gardez le même nombre de candidats aux oraux mais plus seront pris, d’où une sélectivité dégradée.

L’évolution du nombre de candidats inscrits. Un plus grand nombre de candidats vous permettra logiquement de viser plus haut, car parmi ces nouveaux candidats, certains viendront se placer « au-dessus » de votre barre habituelle. Le dernier admissible aura donc une moyenne supérieure. Pour la BSB, l’augmentation de 15% du nombre de candidats en 2017 permettra très probablement de compenser l’impact des 40 nouvelles places ouvertes aux préparationnaires cette année.

Un exemple concret : le cas HEC/ESSEC

Malgré la flexibilité et les opportunités qu’offre l’ESSEC, l’école reste l’éternelle deuxième derrière HEC Paris. La principale explication est que le classement revêt une importance majeure dans le choix des double-admis intéressés par l’étiquette « HEC » qui convainc les derniers indécis (seuls 5 double-admis sur 272 ont opté pour l’ESSEC en 2016). L’importance du classement se fait moins sentir lorsque l’on descend dans le classement, et permet à certaines écoles de faire valoir leurs programmes et offres. ESSEC reconnaît cette domination en incluant dans ses calculs de barre les proportions de candidats qui iront à Jouy plutôt qu’à Cergy.

Et il faudrait un coup de maître pour que l’école passe devant : l’ESSEC devrait d’abord réduire drastiquement son nombre d’admissibles à environ 700 et en même temps trouver l’astuce pour inverser la tendance des choix SIGEM, pour que les double-admis préfèrent en majorité l’ESSEC. Et ça en un an. Seule une amélioration constante de la réputation de l’ESSEC comparée à HEC, sur le long terme, permettra d’inverser la vapeur. Mais au vue des résultats actuels, c’est pas demain la veille.

Notons enfin que HEC ne fait pas l’erreur de se reposer sur ses lauriers et se distingue par des programmes en constante évolution et un accueil admissibles de qualité malgré de longs oraux très académiques.

Un grand merci à Jean-François Fiorina, directeur adjoint de GEM, et à Stéphane Bourcieu, Dean de la BSB, pour leur aide et leur contribution à cet article.