Chaque année, les écoles de commerce attendent avec impatience la fin de la deuxième décade de juillet et la publication des résultats SIGEM. L’occasion pour elles de déterminer si leurs efforts en termes d’attractivité ont payé ou non. Pour les étudiants, c’est aussi l’occasion de voir quelles sont les grandes dynamiques à l’œuvre au sein des écoles de management. Alors, quid du SIGEM 2017 ?

Globalement, du positif…

Dans l’ensemble, les écoles offraient 7847 places. 7540 ont été pourvues. Le taux de remplissage atteint donc les 96,1%. La plupart des candidats ont obtenu leur premier vœu : c’est le cas de 81,6%. 14,4% ont finalement obtenu leur deuxième vœu.

Jean-Christophe Hauguel, président du SIGEM, nous indique également que “le contexte démographique de hausse du nombre de candidats, porté notamment par la filière ECT, a permis aux écoles d’être légèrement plus sélectives”.

… et du négatif

Du côté des déceptions, on retiendra le nombre de 10. C’est le nombre d’écoles qui ne parviennent pas à remplir la totalité de leurs effectifs, soit une de plus qu’en 2016. Seules les 17 premières du classement SIGEM 2017 parviennent à remplir leur promotion de futurs ex-préparationnaires, à l’exception d’HEC qui ne produit pas de liste complémentaire. Dernière de cette liste, l’ICN a réussi son pari de remplir sa promo, après son départ d’Ecricome, en ouvrant ses portes à 97% de ses présents aux oraux, contre 77% à l’EM Strasbourg, 75% à Montpellier BS, 73% à BSB et seulement 68% à Rennes SB.

Derrière, c’est plus compliqué pour Brest BS, l’ESC Clermont, l’ESC Pau, l’ESC Troyes, l’INSEEC, l’ISC Paris, l’ISG, qui ne remplissent pas pour la deuxième année consécutive. Pour l’ESC La Rochelle et l’EM Normandie, les années se suivent mais ne se ressemblent pas car elles ne remplissent plus cette année, après pourtant une bonne année 2016. Télécom EM, qui n’avait pas rempli en 2016 à la surprise générale à cause d’une barre d’admissibilité trop élevée, retrouve un recrutement conforme à ses habitudes.

Les écoles qui ne remplissent pas

Au sein de ces écoles, chaque situation est différente. Si HEC fait volontairement le choix de ne pas ouvrir l’admission aux candidats classés au-delà de la 381ème place, ce n’est pas le cas des neuf autres écoles de ce groupe.

Au-delà du fait de remplir ou non, la question sous-jacente est celle de la sélectivité aux oraux. Pour ces écoles qui ne remplissent pas, la sélectivité aux oraux est quasi nulle et ce n’est plus le préparationnaire qui désire intégrer l’école, mais l’inverse.

A l’instar d’HEC, l’ESC La Rochelle remplit à 98% et échoue à deux candidats du carton plein. Pour l’EM Normandie, tout comme pour l’école rochelaise, la performance de 2016 n’est pas rééditée, mais le recrutement demeure solide.

Pour l’INSEEC, on note une légère progression, l’école gagne 11 candidats par rapport à l’année dernière, ce qui reste néanmoins une déception au vu d’incroyable croissance du nombre de candidats et de présents aux oraux. L’ESC Pau met, quant à elle, fin au trou d’air vécu en 2015 et 2016, où les places ouvertes par les écoles mieux classées avaient eu un fort impact et l’empêchaient de recruter plus de 50 préparationnaires. Cela marque peut-être le succès d’une réorientation de leur communication, avec une mise en avant plus poussée de ses diplômés à travers la CVthèque déployée sur son site.

En revanche, l’année fut difficile pour l’ISC Paris, qui a recruté moins de 100 candidats, contre 164 en 2016 et 237 en 2015. Pour l’ESC Troyes, l’addition est également très salée, car ce sont seulement 24 étudiants qui rejoindront ses rangs, soit 20 de moins que l’année dernière. Enfin, du côté des écoles ayant récemment fait leur entrée à la BCE, le bilan est mitigé. L’ESC Clermont continue de se reconstruire peu à peu, en recrutant 5 préparationnaires de plus que l’an passé, tout comme Brest BS, où le seul affecté issu de prépa n’avait finalement mis les pieds. Pour l’ISG, la situation est plus tendue, avec 28 recrutements, contre 47 l’année dernière et 38 en 2015, année de son entrée comme membre à part entière dans la BCE.

Pour espérer à nouveau remplir leurs promos de talentueux préparationnaires, ces écoles ne sont pas totalement maîtres de leurs destins. Il en dépend avant tout du nombre de places ouvertes par les écoles plus attractive ainsi que de la démographie des prépas, une filière dont le nombre d’étudiants croît mais trop lentement…

On refait le match !

Du côté des duels, il y a beaucoup à dire.

La quiétude des écoles parisiennes n’est pas menacée. HEC perd sept étudiants allant à l’ESSEC (+2) et un allant à l’ESCP, ce qui a été très rare ces dernières années. Cette année, seul un étudiant a préféré Lyon à Paris, contre quatre l’année dernière.

Cela bouge beaucoup plus derrière ! En effet, l’EDHEC réussit à attirer pas moins de 41 étudiants qui auraient pu aller à emlyon. Il n’y en avait que 11 l’année dernière, et 16 en 2015. De là à imaginer un futur duel entre l’école roubaisiennes et l’école lyonnaise ? On scrutera les résultats 2018 avec attention.

Audencia, toujours 6ème !

Du côté des duels classiques, celui d’Audencia contre GEM fait figure de marronnier. Sa simple évocation a excité des dizaines de générations d’étudiants. Et si cette année allait être la bonne ? Eh bien c’est encore raté, Audencia se maintient devant sa consœur grenobloise, contre toute attente, alors que les étudiants des deux écoles anticipaient un changement de position.

NEOMA & SKEMA, toujours plus proches

Si NEOMA concède encore 0,2% de double-admis en plus à TBS, elle voit également SKEMA se rapprocher. TBS s’en détache donc encore un petit peu plus, et SKEMA continue de grapiller quelques points. Néanmoins, la vacance du pouvoir suite au départ de Frank Bostyn a récemment pris fin avec la nomination de Delphine Manceau, de quoi inverser la courbe en 2018 ?

Les deux écoles ont un peu creusé l’écart sur KEDGE, qui voit désormais RSB lui prendre près d’un quart des double-intégrables.

Rennes SB se détache de son groupe historique

En équilibrant son duel face à KEDGE BS, Rennes SB se détache un peu plus de sa grappe d’écoles de l’inscription (avec Montpellier BS et l’EM Strasbourg). Contre Montpellier BS, RSB l’emporte à 80,6%, contre 69,9% en 2016. Face à l’EM Strasbourg, la domination rennaise passe de 83,5% à 93,1% ! De quoi remettre en cause le système d’inscriptions communes ?

Naissance d’un groupe homogène de Télécom EM à BSB

Avec la marche en avant entreprise par Rennes SB et le décrochage de l’ICN apparaît un nouveau groupe assez homogène, contenant 4 écoles : Télécom EM, Montpellier BS, EM Strasbourg et BSB. Montpellier BS et TEM se neutralisent en double-intégrables, l’EM Strasbourg se stabilise vis-à-bis de Montpellier BS, BSB opère un rapprochement inédit avec l’EM Strasbourg (défaite à 54%-46%), et fait même mieux que sa consœur alsacienne face à Montpellier BS (ne perd “que” 65% des double-intégrables contre 68% pour l’EMS).

BSB distance quant à elle définitivement l’ICN BS, en prenant 78% des double-intégrables. C’était 64% l’an passé.

Convergence en fin de peloton

Pour les écoles de fin de peloton, les jeux se resserrent ! C’est d’ailleurs le seul groupe où des changements de places s’opèrent au SIGEM.

On notera que La Rochelle BS, 18ème, fait mieux face à BSB que l’ICN BS, avec 25,7% des double-intégrables ESC LR-BSB qui la choisissent contre 22% de ceux ICN-BSB. Elle accroît également son avance sur l’INSEEC, sa poursuivante (58,0% contre 55,8% en 2016).

Derrière, l’ESC Pau, l’EM Normandie et l’ISC Paris se neutralisent, et permettent ainsi à 22 écoles de figurer au sein de ce top 20.

Au-delà de ces écoles, le nombre de double-duels devient anecdotique, et les problématiques majeures des écoles sont davantage leur capacité à remplir leurs promos de préparationnaires, dans la mesure où le nombre de prépas ne permet pas à ces écoles de remplir leurs promos…