TBS, l’inexplicable. L’école a perdu deux places au SIGEM et n’affecte que 323 places sur les 415 qu’elle proposait. L’école ne remplit donc pas, et il s’agit là d’une première pour une école du top 10 depuis 2002, année où TBS avait rejoint Ecricome… et n’avait pas rempli 76 places à cause d’une barre d’admissibilité (déjà) trop élevée.

Nous avons donc demandé des explications, que son directeur général François Bonvalet nous a fournies volontiers, sans langue de bois.

Les statistiques :

Classement SIGEM depuis 2015 : 10ème (2018) – 8ème (2017) – 8ème (2016) – 8ème (2015)

Rang dernier intégré : 1969 (2018) • 1755 (2017) • 1876 (2016) • 1734 (2015) • 1732 (2014) • 1864 (2013) • 2037 (2012) • 1897 (2011)

Où vont les étudiants qui n’ont pas choisi TBS ?

Les duels opposant Toulouse BS et les autres écoles :

Toulouse BS / NEOMA BS

Toulouse BS – SKEMA BS

Toulouse BS – Grenoble EM

Cette année, Toulouse BS réalise des contreperformances dans l’ensemble de ses duels. Si le duel contre Grenoble EM voit un léger recul par rapport à 2017, qui n’est pas très important, c’est l’incroyable évolution des duels contre NEOMA BS et SKEMA BS qui pénalisent fortement l’école de la Ville Rose.

Alors que l’an passé, l’enrayement de la dynamique de croissance du nombre de double-admis entre NEOMA et Toulouse BS nous laissait dire que ce duel n’était pas encore achevé, un tel retournement était difficilement prévisible.

Nos enquêtes d’opinion nous avaient pourtant alerté il y a quelques jours, alors que notre sondage sur Instagram nous indiquait une victoire de SKEMA face à TBS et que nous avons croisé des étudiants aux oraux nous disent « Je suis admissible jusque SKEMA » alors qu’ils étaient passé par TBS. Cette hypothèse a pris corps peu à peu… et s’est donc réalisée.

Mais au-delà de cette perte de deux places au SIGEM, c’est le fait que TBS ne remplisse pas qui envoie un signal très négatif. L’école se prive donc de 92 étudiants, ce qui a profité, par effet cascade, aux écoles du bas de tableau SIGEM, qui affichent de meilleurs taux de remplissage.

L’analyse de François Bonvalet

François Bonvalet, directeur de l’institution toulousaine depuis 2014 nous a livré son analyse. S’il s’attendait avant la procédure d’affectation « à la possibilité de ne pas remplir 10 à 20 places« , le résultat l’a néanmoins « surpris« . Il livre une analyse en trois points majeurs.

Une barre d’admissibilité restée stable

Si TBS n’a pas rempli, et a donc accepté l’ensemble des étudiants qui se sont présentés lors de ses oraux et qui ont été classés, c’est qu’elle n’a pas eu assez de candidats admis la choisissant par rapport à d’autres écoles. En 2017, 2147 candidats étaient classés à l’issue des oraux, tandis qu’en 2018, ce chiffre s’élève seulement à 1976 ; cette perte est supérieure à la réduction de 3181 à 3102 du nombre d’admissibles. C’est pourtant en fin de liste que se trouvent les candidats non-admis aux meilleures écoles, et qui auraient choisi in fine TBS.

François Bonvalet explique ce choix de ne pas bouger la barre (passée de 10,70 à 10,65 entre 2017 et 2018), alors que les écoles mieux classées au SIGEM ouvraient 65 places supplémentaires, par la volonté « d’envoyer un signal d’excellence académique« . S’il ose tenter la métaphore avec HEC qui ne remplit pas, il refuse le choix d’abaisser la sélectivité des profils qu’il recrute, mettant en avant « le maintien du degré de qualité de ceux que l’on voulait garder« . Il inscrit cet effort d’excellence académique dans la continuité de l’augmentation de la taille du corps professoral (de 80 à 100 professeurs permanents ces dernières années) et du volume de recherche produit par l’institution toulousaine.

Le manque de grandes annonces… et donc d’attractivité

Si TBS ne remplit pas, ce n’est pas seulement à cause de ce nombre de candidats moins important : l’an passé, seuls 1755 candidats avaient pu intégrer TBS à l’issue des oraux alors que cette année, la liste complémentaire (qui s’arrêtait à 1976) n’a même pas pu permettre à TBS de remplir. C’est donc le manque criant d’attractivité, observé par les duels ci-dessus, qui est la cause majeure de ce non-remplissage.

A l’heure où SKEMA annonce son programme 6×6 (six semestres sur six campus différents), où NEOMA s’entoure d’une nouvelle direction, notamment composée de Michel-Edouard Leclerc, François Bonvalet ne se défausse pas et concède « un manque d’annonce majeure sur le plan stratégique depuis deux ans » mais aussi le fait que TBS « joue la guerre de la communication en mode mezzo« , point qu’il « ne regrette absolument pas« .

Il annonce néanmoins la finalisation en cours d’un « process de révision stratégique mobilisant de nombreuses personnes en interne ainsi qu’un advisory board en externe« . De grandes annonces sont prévues pour l’automne.

Les Admisseurs 2017, qui avaient fini dans le top 10 des meilleurs oraux

Ce manque d’attractivité a été renforcé par des oraux de qualité très moyenne par rapport au niveau constaté les années précédentes. Dans notre classement des meilleurs oraux, Toulouse BS concède la plus forte chute, toutes écoles confondues, elle qui était pourtant habituée à courir en tête. De quoi permettre un réel électrochoc ? « C’est une prise de conscience de l’institution. Nous avions la considération que l’accueil admissible, c’était de l’académique, des jurys… alors qu’il s’agit aussi de la promotion de l’école, de donner envie aux étudiants d’intégrer l’école.[…] Nous sommes une école présente sur tous les fronts, l’une de celles qui a le plus de duels au SIGEM. Cela permettra de mettre l’école en mouvement avec plus de virulence. »

L’impact des grèves ?

L’accessibilité à Toulouse n’est pas évidente, surtout en cette période de grève. François Bonvalet estime avoir subi les grèves, plus que d’autres écoles : « de nombreux candidats n’ont pas réussi à reprogrammer leurs entretiens« . Plus d’une centaine de candidats auraient donc manqué à l’appel.

Mais étaient-ce ceux motivés par l’école ou bien d’autres qui auraient pu avoir de meilleures écoles et qui ont donc sacrifié une école parachute ? Difficile de savoir !

Quel impact à long-terme ?

La perte de 92 étudiants, au-delà d’une image à redorer auprès des prochaines promotions, aura un impact financier non-négligeable. Sur les trois années, avec des frais de scolarité totaux à 35 700€, le manque à gagner se chiffre à 3,3 millions d’euros. S’il ne nie pas l’impact financier, François Bonvalet rappelle qu’avec une telle perte, il pourra aussi diminuer ses coûts fixes par la fermeture de classes ainsi que l’application de techniques de cost-killing.

Il précise également que l’école dispose d’importantes provisions et d’un endettement zéro. Avec un chiffre d’affaires de 56 millions d’euros, l’école a diversifié ses sources de revenus et affirme que l’attractivité du bachelor ainsi que les campus de Barcelone, Casablanca et Londres permettent une diversification des sources de revenus.