Cet article ne traite pas de la parole directement mais d’un domaine d’étude particulier : la synergologie. Cette discipline vise à décrypter l’esprit humain à partir du langage corporel. La parole est donc mise à l’écart et c’est justement cette complémentarité entre les deux domaines qui est intéressante à analyser (dans une partie qui controverse le pouvoir de la parole par exemple).

Le synergologue devrait ainsi être en mesure de prédire l’issue d’un discours, avant même qu’un seul mot ne soit prononcé. C’est ce qu’a tenté de prouver Philipe Turchet dans l’article de son blog intitulé : Clinton-Trump : peut-on prédire la victoire avant le début du débat ?

Voici un résumé de son article : il y fait une analyse des différents débats télévisés des trois dernières élections présidentielles américaines (à savoir, les débats opposant Obama-McCain, Obama-Romney puis Clinton-Trump)

Pour chacun de ces 8 débats, l’issue était prévisible dès l’arrivée des candidats, bien avant qu’il y ait un quelconque échange de parole. Dès l’entrée des candidats, en fait. Selon P. Turchet, la poignée de main a une importance primordiale : celui qui en prend l’initiative est d’emblée considéré comme dominant. Ensuite, c’est celui qui desserre la main en dernier qui garde cette position dominante. Le seul débat qu’Obama a perdu est le premier des six qu’il a tenu. Lors de l’échange de poignée de main, il fut le premier à desserrer la main de son adversaire : McCain. Lors des cinq suivant, il garde un contact physique avec l’autre candidat même après avoir desserré la main de ce dernier et il sort vainqueur.

Le contexte particulier des élections Clinton-Trump, et notamment les propos de Trump envers les femmes, ont changé la donne quant à cette poignée de main : la synergologie estime que les contacts physique hommes-hommes et hommes-femmes n’ont pas la même signification. De plus, lors du deuxième débat, Clinton et Trump ne se sont même pas serré la main : l’analyse précédente est à compléter. Ce qui va être déterminant, c’est l’occupation de l’espace observable et à ce propos, Hillary, elle est très forte. Elle déploie son bras pour saluer la foule et oblige Trump à s’effacer derrière elle et sait jouer avec les caméras. Dans ce billet, P. Turchet confie que les critères synergologiques ont permis, à chaque fois, de prédire l’issue du débat. Il ne fait pas l’analyse du dernier débat Clinton-Trump, c’est là tout l’intérêt de son article : peut-on en prédire le résultat ? (sur ce, je vous laisse analyser ce dernier débat et en tirer vos propres conclusions)

En somme : La parole est source de pouvoir, ceci est indéniable (cf. Austin et les énoncés performatifs). Mais vous pouvez approfondir, et contester cette idée : est-ce que le langage corporel a autant voire plus d’influence que la parole ? Est-ce qu’il appuie les propos prononcés ? Est-ce qu’au contraire, il permet de décrédibiliser la parole et de prouver un mensonge ?

Cet exemple est la parfaite illustration du pouvoir du langage corporel et amène une dimension supplémentaire à une dissertation sur la parole. A traiter subtilement cependant, afin d’éviter un hors sujet !

Et pour finir, petite citation qui fait toujours classe : « Les mots ne sont pas tout et le langage non verbal n’est pas rien » – P. Turchet