RGPD

De toutes les épreuves propres à la filière ECT, L’épreuve d’économie-droit est probablement la plus stressante et exigeante. En effet, d’une part, la masse de connaissance que les candidats doivent acquérir pour pouvoir venir à bout de l’épreuve est conséquente. D’autre part, la simple assimilation du savoir n’est absolument pas suffisante. Il faudra savoir faire preuve de rigueur, de méthodologie, d’esprit critique, de réflexion, d’analyse et surtout, d’efficacité car jamais 4h ne vont vous semblez aussi courtes de votre vie. D’ailleurs, soyons honnête : réussir parfaitement les 4 exercices de l’épreuve, c’est-à-dire la synthèse de documents, la question de réflexion argumentée, les cas pratiques et la veille juridique, est tout bonnement utopique, mais les correcteurs en ont parfaitement conscience et n’exigeront pas de vous de trouver comment relancer la croissance en France et de connaître le code civil par cœur pour vous accorder la note maximale. Pour autant, les attentes restent malgré tout très élevées et nous allons donc d’abord voir comment réussir les deux exercices de la partie économie de l’épreuve, c’est-à-dire non seulement les connaissances indispensables pour être serein le jour J mais également quelle méthodologie utilisée pour être efficace, pertinent, clair, précis dans la rédaction et l’organisation de sa réponse.

La Synthèse de documents

L’exercice préféré des branleurs ! En effet, pourquoi s’embêter pendant 2 ans à apprendre des tonnes de chiffres qu’il faut sans cesse actualiser et des centaines de théorie économiques qui se contredisent les unes les autres quand, au final, ce que l’on nous demandera au concours, ce sera simplement de faire un résumé de quelques documents ? Autant réviser le management non ? En plus cela représente un coefficient plus élevé pour toutes les écoles et c’est moins abstrait et barbant à réviser ! D’un côté, c’est vrai… Mais en fait non ! Outre le fait que, avec très peu de connaissance, vous vous tirez une balle dans le pied pour la question de réflexion argumentée, il faut également ne pas oublier que les documents porteront forcément sur un point clé du programme qu’il sera d’ailleurs en lien avec l’exercice suivant. De fait, si vous découvrez ou ne maîtrisez pas suffisamment tout ce que l’on vous raconte le jour de l’épreuve, vous allez perdre un temps fou à essayer de comprendre le sujet, à trier ce qui est important ou anecdotique, vous prenez même le risque de ne rien comprendre aux documents et donc écrire des contresens encore plus gros que votre fainéantise qui rendront fou votre correcteur. Or, comme on l’a précisé précédemment, le temps, c’est tout ce que vous n’aurez pas donc avoir un bon aperçu du thème de la synthèse avant même d’avoir lu les documents se révèle être un facteur beaucoup plus discriminant qu’il n’y paraît. Ceci étant-dit, nous allons maintenant surtout nous attarder sur les attentes méthodologiques car en ce qui concerne les connaissances, nous allons les lister après, dans la partie consacrée à la question de réflexion argumentée, puisque ce sont les mêmes.

1) L’introduction :

Réussir une bonne introduction, tout le monde sait que c’est indispensable car cela permet aux correcteurs de distinguer rapidement les bons candidats, méthodiques et rigoureux, qui font preuve de réflexion et d’analyse, des autres, qui ont paraphrasé un élément random du texte. Généralement, ils sauront même, à la fin de la lecture de votre introduction, s’ils vous mettront une bonne note ou pas. Mais que doit il y avoir dans une introduction pour qu’elle soit digne ce nom ?

a) Une accroche chiffrée :

Cela permet d’introduire subtilement un constat de façon concrète avec des données en guise de preuve. En effet, pourquoi se contenter d’un « Le chômage des jeunes ne cessent d’augmenter en France » vague et dont aucune preuve n’est fournie pour appuyer une telle affirmation lorsque l’on peut déclarer, de façon tout à fait légitime puisque mentionner dans un des textes, un graphique ou un document « En 2015, le chômage des 18-25ans a augmenté de 5% par rapport à 2014 ». Puis, en plus, vous n’avez même pas besoin de le connaître ce chiffre pour une fois donc profitez-en.

b) Une entrée matière :

En effet, vous ne pouvez pas dresser un constat et ensuite balancer directement une problématique, ce n’est pas très subtile. Faîtes une petite phrase (pas plus, vous n’avez pas crédit illimité en mot je vous rappelle) de transition qui explique les enjeux qui peuvent découler de ce constat (ex : « Malgré de nombreuses mesures du gouvernement, cette nouvelle hausse semble confirmer la fragilité des jeunes sur le marché de l’emploi »).

c) La problématique :

Pour qu’une phrase devienne une problématique, il ne suffit pas d’ajouter un point d’interrogation à la fin ! Tout d’abord, introduisez une nuance dans votre problématique. Cela met en évidence pourquoi se poser cette question est intéressant, en quoi y apporter une réponse peut être difficile, pourquoi ce n’est pas une question fermée ou l’on répond seulement par oui ou par non. Cela paraît casse-tête à faire mais dans les faits, vous n’avez qu’à commencer votre phrase par « Dans quelle mesure » et c’est bon le tour est joué. Après cela, posez le contexte, c’est-à-dire où et/ou quand, quel est l’environnement économique ? ensuite il doit obligatoirement avoir les mots clés du sujet, sinon vous êtes clairement hors-sujet (si, dans votre problématique, on retrouve les mots croissance, justice sociale, IDE alors que la synthèse a pour thème le chômage, posez-vous des questions). Enfin, Trouvez le fil directeur des documents et mentionnez-le dans votre problématique.

Voilà un exemple de bonne problématique rédigée, ce vers quoi les vôtres doivent tendre :

« Dans quelle mesure (nuance), dans un contexte de crise où les Etats ne se font plus confiances (contexte), ceux-ci peuvent-ils agir pour faire remonter le prix du cours du baril (mots clés) et ainsi éviter les conséquences néfastes d’un prix trop bas (fil directeur) ? »

Bien qu’elle ne paraisse pas très élaborée, une problématique rédigée de la sorte vous rapportera un maximum de point car reprenant tous les éléments attendus par le correcteur, et ce, en un minimum de mots utilisés.

d) L’annonce du plan :

Ne vous prenez pas la tête ! Soyez clair et concis. Contentez-vous de reformulez un peu les titres de vos I et II, cela sera amplement suffisant.

« Les opportunités d’un prix bas ne sont pas viables (I), c’est pourquoi les Etats doivent agir pour les faire remonter (II) ». Par contre, ce qui sera évalué, ce sera bien votre aptitude à construire un plan cohérent autour de la problématique que vous avez dégagé, et même sur vos titres en eux-mêmes. En effet, ceux-ci ne doivent pas être des titres scolaires tout droit sortie de votre cours du type « Les effets négatifs d’un prix bas du cours du pétrole » mais doivent, au contraire, contenir une idée, ne pas simplement être descriptif (exemple : « Les mesures mises en place par le gouvernement pour relancer la croissance sont inefficaces »). De plus, le lien entre vos deux parties doit être logique et pertinent. Je vous conseille d’ailleurs d’utiliser « c’est pourquoi » car cela permet de montrer que, du constat établi dans la partie I, quelque chose est proposé pour y remédier dans la partie II, le lien logique est clair et peut s’appliquer dans à peu près toutes les synthèses de documents (« Les mesures mises en place par le gouvernement pour relancer la croissance sont inefficaces, c’est pourquoi seul l’innovation semble pouvoir être une solution en France. »).

2) Le contenu :

Après avoir écrit l’introduction, vous avez fait la moitié du boulot. C’est bien mais il faut maintenant s’attaquer à l’autre moitié, ce qui est loin d’être le plus difficile en réalité. Cependant, quelques règles d’or sont à respecter.

a) Utiliser TOUS les documents :

Si les concepteurs les ont mis dans le sujet, ce n’est pas pour faire joli ni pour votre culture personnelle. Chaque texte, chaque graphique, chaque tableau a été introduit pour apporter une idée précise qu’il faudra restituer sur votre copie. Si vous ne faîtes pas cela, vous passerez forcément à côté de certaines idées principales.

b) Reformuler :

Ne paraphrasez surtout pas. Efforcez-vous de reformulez. Mais cela ne veut pas simplement dire trouver d’autres mots qui veulent dire la même chose, c’est montrer surtout, à travers une phrase différente que l’on a bien compris l’idée principale du paragraphe ou la thèse principale du document. Typiquement, lorsqu’un document liste les causes d’un phénomène ou les solutions à un problème, le correcteur repérera rapidement, dans la manière dont vous rédigez, si vous comprenez ce que vous dîtes ou si vous vous contentez de changer trois mots par-ci par-là mais que vous avez tenu, malgré votre incompréhension du propos, à recopier le passage car vous savez que c’est un passage important.

c) Lisibilité de la synthèse sans le document :

Une bonne synthèse doit permettre de faire comprendre à son lecteur la même chose que celui qui aura lu tous les documents. Avec la contrainte de l’utilisation d’un nombre limité de mots, la structure de votre synthèse sera ce qui va permettre, non seulement d’isoler les idées principales, mais surtout de créer les liens pertinents entre elles. Pour cela, tout comme pour l’introduction, mobilisez une méthode rigoureuse de rédaction pour tout le reste de la synthèse. Reprenez le format I)a)b) transition II)a)b) conclusion. D’une part, toutes les synthèses se prêtent à ce type de plan. D’autre part, un plan en trois parties serait assez complexe à mettre en œuvre, surtout lorsqu’il s’agira de créer des liens entre les parties. De plus, divisez chaque partie avec un a) et un b) permet d’éviter des parties trop binaires (par exemple, les avantages du protectionnisme (I) puis les défauts du protectionnisme (II) le meilleur moyen de rater sa synthèse).

En ce qui concerne la rédaction de votre transition, en deux lignes vous devez résumer votre première partie, annoncez votre deuxième et rappeler votre fil conducteur.

Enfin, s’il vous reste des mots pour la conclusion, faîtes un bref résumé de tout le raisonnement et tentez une petite ouverture (si les documents le font bien évidement, ne commencez pas à partir dans tous les sens à la fin, ce serait dommage).

3) La forme

Comme dans toutes les autres épreuves, la forme aura également une importance capitale sur votre note finale. Si, contrairement au management, elle ne vous permettra pas forcément de vous valoriser ou de vous distinguer des autres, la négliger pourra cependant rapidement vous coûter très cher donc un petit rappel des bases s’impose :

–          Tout d’abord, le grand classique, l’orthographe, ou le meilleur moyen de gâcher une bonne synthèse. Sachez que face à la dégradation croissante du niveau en orthographe des candidats, les correcteurs sont de plus en plus sévères donc faîtes très attention ! Les points partent vite.

–          On peut rajouter à cela toutes les fautes de français en général, c’est-à-dire grammaire, syntaxe, vocabulaire, langage employé… Même combat

–          La propreté et la lisibilité de votre copie est également importante. Votre correcteur va voir passer des centaines de copies. Si vous n’avez pas de pitié pour lui, il n’en aura pas pour vous.

–          N’oubliez pas les règles propres à l’exercice de la synthèse : surtout pas d’ajout d’idées personnelles. Si vous avez des connaissances, c’est très bien, mais attendez l’exercice suivant pour les sortir. De même, une synthèse est une SYNTHESE ! On vous impose une fourchette de mots donc respectez la et ne commencez pas à essayer de tricher en marquant un décompte bidon ou en grattant les 3-4 mots en trop sur la façon de compter pour passer sous la barre. Si le correcteur s’en aperçoit (ce qui est très probable) c’est deux ans voire trois ans de travail qui sont jetés par la fenêtre.

–          Personnellement, je vous conseille de faire la synthèse en premier. En effet, c’est le seul exercice sur les quatre qui possède des exigences au niveau du formalisme. De fait, si vous n’avez pas le temps de la finir, tout ce que vous aurez écrit ne sera pas pris en compte, contrairement aux autres exercices. Ensuite, je vous conseille de ne pas passer plus de 1h30 dessus pour pouvoir traiter tous les exercices dans leur intégralité, essayez même de tendre vers les 1h. C’est à ce moment précis que vos connaissances seront vraiment déterminantes. En effet, si vous comprenez directement là où les documents veulent en venir, si vous connaissez déjà les théories et les phénomènes économiques expliquées, une seule lecture sera suffisante et vous n’aurez plus qu’à formuler la problématique et articuler un plan autour. Dans le cas contraire, vous perdrez de précieuses minutes à relire encore et encore pour pouvoir enfin comprendre les informations présentes dans le document. Enfin, petite technique personnelle pour gagner encore plus de temps à la lecture des documents : Lisez un paragraphe puis résumez-le en une phrase maximum. Personnellement, j’étais incapable de lire un document en entier d’un seul coup sans oublier ce qui était dit au début une fois la lecture terminée. Pour pallier à ce problème, je résumais donc en une phrase chaque paragraphe ce qui me permettait de n’avoir à relire que quelques phrases au final au lieu de relire des passages entiers pour me rappeler de quoi cela parle et ainsi gagner énormément de temps.

La Question de Réflexion Argumentée

C’est le moment de montrer à votre correcteur que vous avez quand même appris quelque chose pendant 2 ans et que vous n’avez pas tout misé sur la synthèse. Mais attention, ce n’est pas pour autant qu’il faut commencer à recracher tout son cours seulement pour essayer d’impressionner votre correcteur. Vos connaissances seront simplement des arguments qui viendront nourrir votre réflexion sur le sujet donné (d’où le titre de l’épreuve). De même, si l’épreuve ne s’appelle pas « dissertation », c’est parce que ce n’en est tout simplement pas une. De fait, et puisque votre crédit en temps est très limité, ne passez pas 3h dessus. Et sans fournir un plan évident, ne cherchez pas non plus à révolutionner l’économie en 1h. Soyez simple mais efficace et pertinent dans votre analyse du sujet. Comme vous allez le constater, la partie consacrée à la QRA sera assez brève. Même si les rapports du jury mentionne clairement le fait que la synthèse compte plus que la QRA dans le barème (environ 6 points sur 10 pour la synthèse et 4 points sur 10 pour la QRA), ce n’est clairement pas un exercice a délaissé et ce n’est pas pour cela que nous allons si peu nous y attarder. En réalité, lorsque vous maîtrisez la méthodologie pour rédiger une très bonne synthèse, bien organisée et structurée, vous avez déjà toutes les bases pour bien structurer également votre QRA. Quelques détails méritent tout de même d’être mentionné et nous allons maintenant les aborder.

1) L’introduction :

Reprenez le modèle de la synthèse, il est simple et efficace (accroche chiffrée, phrase de transition dans laquelle vous rajouterez en plus la définition des mots clés du sujet plus éventuellement une théorie d’auteur, la problématique avec les 4 étapes que nous avons détaillé précédemment, et l’annonce du plan avec les mêmes règles à respecter en ce qui concerne les titres et l’organisation du plan donc toujours I)a)b) transition II)a)b) conclusion avec ouverture sinon c’est trop long ou trop court).

2) L’argumentation :

Afin de montrer de façon efficiente vos connaissances, c’est-à-dire en montrez le plus possible sans jamais devenir lourd et transformer votre QRA en simple liste d’auteur et de chiffres, je vous conseille le modèle suivant : 1 théorie d’auteur et 1 chiffre dans l’introduction et la conclusion et 1 théorie d’auteur et 1 chiffre par sous-partie. Cela fait donc 6 théories et chiffres mobilisés ce qui n’est pas mal sans non plus être excessif. Après vous pouvez toujours en mobilisez plus mais faîtes attention à ce que cela reste toujours utile et serve votre argumentation, en parachuter le plus possible ne servira à rien et pourrait même jouer contre vous.

3) Quelques conseils :

Même combat que pour la synthèse, faîtes extrêmement attention aux fautes d’orthographes, de grammaire, de syntaxe, à la lisibilité, la propreté… Attention aussi à ne pas reprendre ce qui a été mentionné dans les documents pour la synthèse. Les rapports des jurys mentionnent clairement le fait que cette pratique est sévèrement sanctionnée. Enfin, faîtes la directement après votre synthèse car cela vous évitera une gymnastique intellectuelle trop importante qu’impliquerait de revenir à de l’économie après avoir fait des cas pratiques de droit par exemple. Ne passez pas plus d’une heure dessus car l’idéal serait d’avoir fini la partie économique au bout de 02h15 d’épreuve pour aborder sereinement la partie juridique.