Le 1er décembre 2016, lors d’une allocution depuis l’Elysée, François Hollande marquait l’histoire de la Vème République en annonçant qu’il ne se représenterait pas aux élections présidentielles de 2017. Une telle décision laisse supposer une incapacité à prendre des décisions pour la France et donc un mandat catastrophique. Néanmoins, nous avons voulu aller plus loin que ce simple constat et vous proposons donc une analyse détaillée du bilan de François Hollande entre 2012 et 2017.

Economie et fiscalité : une croissance sans envol

 Après trois trimestres de récession et deux trimestres de stagnation en 2012 et 2013, nos espoirs d’une croissance plus fulgurante portaient sur 2014 et 2015. La réalité fut finalement loin de nos espérances puisqu’en 2014, la France enregistrait une croissance annuelle de seulement 0.6% puis de 1.2% en 2015. Malgré cette amélioration la France n’échappa pas à un nouveau trimestre de récession en 2016 avant de réussir à ré-augmenter son PIB 0.2% au dernier trimestre. En somme, un bilan économique loin de pouvoir être vanté.

François Hollande mettait aussi un point d’honneur au fait de ramener le déficit public à moins de 3% du PIB comme le veut le Traité de Maastricht. Initialement prévue pour 2013 et tous les ans repoussée, l’application de cette promesse sera finalement probablement atteinte fin 2017. Le gouvernement prévoit un déficit de 2.7% du PIB tandis que la Commission Européenne est plus prudente avec une prévision de 2.9%. La réalisation tardive de cette promesse se fait néanmoins aux dépens de la dette publique qui, elle, devrait dépasser les 100% du PIB d’ici 2018.

Soucieux de relancer l’activité, Hollande avait promis de diminuer l’imposition pesant sur les entreprises et surtout sur les ménages. Encore une fois, ces intentions ne se sont traduits en actes que tardivement. Il a fallu attendre 2014 pour voir diminuer les impôts des ménages modestes et les charges pesant sur les entreprises. Ces dernières ont pu augmenter leurs marges et l’économie a pu être un tant soit peu relancée mais nous sommes loin de pouvoir placer que le quinquennat d’Hollande sous le signe de la baisse de l’imposition.

Travail et chômage : objets de discorde

 Alors qu’il n’était pas au cœur du programme de François Hollande en 2012, 5 ans plus tard, le marché du travail est un des marchés ayant subi le plus de réformes. Deux grandes lois ont particulièrement marqué les esprits. La première est, en 2013, la loi sur la sécurisation de l’emploi qui, comme son nom l’indique, vise à garantir plus de droits et de sécurité pour les salariés (pas de temps partiel inférieur à 24h, renforcement de la participation des salariés dans les conseils d’administration…). Néanmoins, cette loi est vivement critiquée par la CGT et la FO car elle cache aussi une flexibilité grandissante pour les entreprises (plus de pouvoir pour les directions en matière de mobilité interne, autorisation des sacrifices salariaux en cas de graves difficultés économiques…).

Le dernier changement brutal que le marché du travail ait subi est intervenu à l’été 2016 après 5 mois de manifestations et de grèves nationales. La loi travail « El Kohmri » comprend de nombreux volets (dont l’étendue des droits des jeunes travailleurs) mais est à nouveau jugée « trop flexible » pour ne pas être contestée. Le principal objet de discorde est l’inversion de la hiérarchie qui ferait primer les accords d’entreprises sur les accords de branche en matière de temps de travail. Manuel Valls a été obligé d’engager une nouvelle fois le 49-3 pour faire adopter cette loi.

Quant à la courbe du chômage, elle a toujours été un point de repère pour François Hollande. Il avait d’ailleurs promis d’inverser sa courbe ascendante en 2013. Après 4 ans d’augmentation, les résultats sont finalement apparus 3 ans plus tard, en 2016, avec une baisse du taux de chômeurs de 0.4 points.

Malgré les moyens mis en place (primes aux TPE, contrats aidés, baisse du coût du travail avec le Pacte de Responsabilité…) et la récente légère baisse de la courbe, le chômage touche actuellement 97% de la population active et reste un problème sociétal majeur.

Hollande peut néanmoins se vanter d’avoir respecté ses engagements en ce qui concerne la retraite. Comme il l’avait promis, il a en effet, dès le début de son mandat, ramené l’âge de la retraite à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans et ayant une carrière complète. La retraite a de nouveau était réformée un an plus tard en 2013 avec l’allongement de la durée de cotisation de 41,5 ans à 43 ans et avec la création d’un compte de pénibilité.

Société : un des tournants du mandat

 Grande réforme promise par François Hollande et qui anime encore aujourd’hui la France : la loi Taubira du 17 mai 2013 dite du « Mariage pour Tous ». Depuis la ratification de cette loi, les couples de même sexe ont désormais droit au mariage, à l’adoption et à la succession.

Mesure symbolique pour la gauche, elle a pourtant divisé la France, notamment lors des « Manifs pour tous » et est probablement responsable du succès de François Fillon lors de la primaire de droite.

Hollande n’est cependant pas allé jusqu’au bout de ses promesses puisqu’il n’a pas étendu la loi au droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples LGBT

Autre mesure ayant, elle fait l’unanimité : la loi sur la fin de vie qui promeut un droit à la « sédation profonde et continue ». Cette mesure est très certainement un premier pas vers la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Encore une fois, une vraie intention gauchiste, mais loin d’être aboutie.

 

Education : des améliorations mais toujours des inégalités

 Deux grands changements ont affecté ce domaine : la loi pour la refondation de l’école en 2013 et la réforme des collèges à la rentrée 2016. Ces deux réformes, vivement critiquées ont bousculé les habitudes mais ont aussi permis un meilleur équilibre de l’emploi du temps de enfants et un accompagnement plus personnalisé dans leurs devoirs.

Concernant la création de postes et le budget alloué au premier degré, Hollande a respecté ses engagements et a ainsi créé 60.000 postes d’enseignants pour combler la suppression de 80.000 postes sous Sarkozy. Les salaires des enseignants du premier degré ont aussi été revalorisés.

Du côté des quartiers populaires et prioritaires, 3200 postes ont été créés dans le cadre du dispositif « plus de maîtres que de classes ». Néanmoins les inégalités persistent puisque la réallocation des moyens entre les établissements favorisés et défavorisés est loin d’être terminée.

Environnement : une priorité vite oubliée

 Sur le papier, nous pourrions féliciter le respect des engagements de François Hollande en matière d’écologie. En effet, le président a d’abord réussi à rassembler l’ONU lors de la conférence sur le climat (la COP 21), en 2015 à Paris et à obtenir l’engagement des Etats présents de réduire de 2°C le réchauffement climatique grâce à une diminution de leurs émissions de gaz à effet de serre. Cet accord a d’ailleurs rapidement été ratifié. Néanmoins, malgré ces bonnes intentions nous constatons en creusant que le texte adopté est très peu contraignant et que le prix du carbone, enjeu majeur, n’y est pas abordé.

D’autre part, l’engagement de la loi sur la transition écologique de passer de plus de 75% d’énergies nucléaires à 50% d’ici 2025 semble lui aussi utopique au vu de l’endettement d’EDF (et donc de son hostilité à fermer des centrales) et du retard de la France en matière d’énergies renouvelables. Les preuves de l’abandon des intérêts écologistes par Hollande ont été couronnées par le « oui » du gouvernement à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes.

 Immigration et sécurité : Hollande peut avoir des regrets

Lors de son allocution le 1er décembre 2016, Hollande avouait n’avoir qu’un seul regret : avoir proposé la déchéance de nationalité. En effet, suite aux attentats de novembre 2015, Hollande divisait son clan et s’écartait un peu plus des valeurs de la gauche en proposant la déchéance de nationalité non plus seulement pour les binationaux nés étrangers mais aussi pour les binationaux « nés français » condamnés pour « acte de terrorisme » ou pour « atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Vivement critiquée pour son inefficacité et son côté discriminant, cette réforme constitutionnelle avait finalement été abandonnée par le président le 30 mars 2016.

Néanmoins, ce ne sont pas les seules mesures proposées par le gouvernement pour faire face aux attaques terroristes sans précédent. Beaucoup de moyens ont été mis en œuvre pour tenter de renforcer la lutte contre le terrorisme. Les deux périodes d’état d’urgence (après les attentats du 13 novembre et après ceux du 14 juillet) en sont la preuve même. Nous pouvons aussi citer la loi sur le renseignement ou celle permettant d’assigner à résidence une personne ayant consulté des sites internet djihadistes. Ces mesures divisent à nouveau le clan de Hollande puisqu’elles se font souvent aux dépens des libertés individuelles, valeur fondamentale de la gauche.

En bref, si nous pouvions résumer le quinquennat de François Hollande nous dirions qu’il a été maladroit. Là où le gouvernement a pris de vraies initiatives (mariage pour tous, mesures contre le terrorisme, loi travail), les foudres de la gauche voire de la France toute entière s’en sont suivies. Hormis ces réelles mesures, le reste des lois mises en place sous Hollande ont été beaucoup trop tardives ou beaucoup trop timides et n’ont donc pas eu l’effet escompté.