esh ecricome analyse 2024

Dès la fin de l’épreuve, Major Prépa te propose une analyse des sujets d’ESH ! On continue avec l’analyse du sujet 2 d’ESH ECRICOME 2024, pour mettre en lumière les points-clefs, les mots en lien avec le sujet et les outils de compréhension nécessaires pour bien le traiter. La moitié du concours ECRICOME est enfin derrière toi !

Cette année, Major-Prépa t’accompagne tous les jours pendant les concours ! Retrouve le Live Inside Concours à 18h tout au long des concours ECRICOME.

Pour les sujets, c’est par ici.

Tu peux consulter les coefficients détaillés de cette épreuve et voir pour quelles écoles elle compte !

Analyse sujet 2

Le deuxième sujet, “La consommation, moteur principal de la croissance depuis le 19e siècle”, exige, contrairement au premier, une analyse beaucoup plus historique et théorique, classique pour un sujet de type ECRICOME. Le sujet présente déjà des indices importants à mentionner en introduction.

 

Tout d’abord, il est important de donner l’une des nombreuses définitions de la croissance, celle qui semble la plus utile au sujet. Celle de François Perroux est une possibilité : “La croissance économique correspond à l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global brut ou net en termes réels”. Ensuite, on parle ici de la consommation, il convient alors d’en donner une définition simple. C’est l’utilisation d’un bien ou d’un service entraînant à plus ou moins long terme sa destruction.

 

Par ailleurs, la période couverte est celle de l’ensemble du programme d’ESH, il faut alors, dans l’introduction, retracer rapidement les travaux sur la croissance, en mentionnant les premiers pas réalisés par Smith, et les autres économistes classiques. Il est important de voir que la recherche des sources de la croissance a été un mystère pendant des siècles, et le sujet prend un parti en annonçant que c’est la consommation qui l’explique. Si certains de ces économistes sont d’accord avec cette idée (Smith), les travaux ultérieurs, comme ceux de Schumpeter, ou ensuite les économistes de la croissance endogène, ont proposé une vision qui s’appuie sur l’offre. Et d’autres, comme Keynes, insistent sur le rôle de la demande. Là se dresse alors le problème. Est-ce réellement la consommation qui a été le facteur principal de la croissance, sur ces trois siècles ? À quel moment cela a été le cas, et dans quelle mesure ? Elle a aidé à stimuler la croissance, ou à la relancer ? Beaucoup de questionnements qu’il convient de mentionner dans l’introduction pour en faire une problématique cohérente. On peut se poser la question suivante :

 

La consommation a-t-elle toujours été la source majeure de la croissance économique, depuis le XIXème siècle ?

Voici une proposition de plan :

I- La consommation, un élément important de la croissance

A- La demande est un des facteurs majeurs de la croissance depuis le XIXème siècle : 

  • Les théories classiques fondatrices du XVIIIème en parlaient déjà. 
  • Smith, par exemple, dans La Richesse des nations (1776), explique bien que la division du travail n’est pas possible sans une extension des marchés et donc une augmentation de la demande (ici extérieure). Il est crucial d’étendre les marchés, car accroître la production est bénéfique, mais il est tout aussi important d’avoir une demande adéquate. La division du travail ne peut pleinement s’épanouir que si la taille du marché, c’est-à-dire la demande, est suffisante pour absorber le surplus de production. L’expansion des marchés permet alors de convertir les progrès techniques en véritable création de richesse.
  • Une idée largement vérifiée lors de la deuxième Révolution industrielle 
  • P Verley dans L’échelle du monde. Essai sur l’industrialisation de l’Occident (1997), démontre le rôle stimulant de la demande sur la croissance économique, lors de la deuxième Révolution industrielle. L’exemple britannique met en lumière le rôle dynamisant de la demande : dès la fin du 17e siècle, on observe une augmentation significative de la consommation de produits manufacturés parmi de larges segments de la population, avant même le décollage technologique. Cette expansion du marché intérieur et la diffusion de nouveaux produits et modèles de consommation sont rendues possibles grâce au développement des moyens de transport et à l’invention de nouveaux circuits de distribution.
  • La demande extérieure a  également joué un rôle crucial dans la croissance économique, même si les marchés extérieurs demeurent relativement limités au 18e siècle en raison de la faiblesse des taux d’ouverture économique. Vers 1750, Verley estime que les exportations ne représentaient que 10 % du Produit National Brut (PNB) de la Grande-Bretagne, mais ce chiffre atteignait 16 % à la fin du siècle. Le pays avait orienté son commerce vers les colonies d’Amérique du Nord, une tendance qui n’a pas été interrompue malgré l’indépendance politique de ces colonies. Résultat: une augmentation du taux de croissance annuel moyen en Angleterre de 0,3% entre 1700 et 1820 à 1,3% entre 1820 et 1870.
  • On pourra aussi parler du rôle de la demande lors des Trente Glorieuses, période particulière de l’histoire avec un taux de croissance très élevé en Occident.

B- La demande a été un outil de retour de la croissance particulièrement efficace

  • La théorie keynésienne et les politiques de la demande
  • Il est crucial de mentionner Keynes et ses travaux qui réhabilitent le rôle de la demande, pour relancer la croissance. Il critique la théorie classique selon laquelle l’économie s’autorégule naturellement, comme observé lors de la crise de 1929. Pour Keynes, l’équilibre de sous-emploi résulte d’une insuffisance persistante de la demande effective, nécessitant une intervention de l’État pour stimuler la demande et restaurer des anticipations plus positives. Cette intervention peut prendre la forme de politiques monétaires et budgétaires. Ici l’effet multiplicateur peut être évoqué pour montrer les bienfaits de l’intervention publique et l’impact sur la demande. La relance du New Deal, bien que trop tardive et trop tôt interrompue, a bien montré l’intérêt des politiques de la demande.
  • Le retour à la croissance est bien souvent le résultat d’une stimulation à la consommation 
  • Plus récemment, les crises de 2008 et du Covid ont aussi été fortement soutenues par les gouvernements via des politiques budgétaires de relance via la consommation, pour assurer un retour à la croissance. Par exemple, les 140 milliards d’euros dépensés par la France dans le cadre de la lutte contre la crise du Covid a permis l’un d’un retours à la croissance les plus rapides par rapport aux autres pays européens n’ayant pas pris de telles mesures.

II- Une explication qui est loin d’être suffisante, voire contestable

  • Les travaux sur les sources de la croissance montrent en réalité un rôle important de l’offre

  • Schumpeter et le rôle de l’offre sur la croissance.

Ici, il est important de montrer que vous maîtrisez les références classiques. Une explication développée de ses théories sur l’importance de l’innovation est disponible ici : https://major-prepa.com/economie/auteurs-incontournables-joseph-alois-schumpeter/

  • Les travaux économétriques des économistes sur les sources de la croissance et leur “résidu” démontrent bien le rôle prépondérant de l’offre sur la croissance

Ici, beaucoup de travaux peuvent être développés. On peut commencer par parler des travaux de Solow et du progrès technique, qui expliquerait 7/8 ème de la croissance entre 1909 et 1949. On peut aussi y intégrer son graphique, disponible ici.

D’autres travaux peuvent être mentionnés, comme ceux de JJ. Carré, P. Dubois, et E. Malinvaud. Ils ont utilisé une méthodologie complexe pour analyser la croissance économique française d’après-guerre dans leur ouvrage “La croissance française : un essai d’analyse économique causale de l’après-guerre” (1972). Leur objectif était de distinguer entre l’effet quantitatif et l’effet qualitatif dans la croissance.

Pendant la période 1951 à 1969, la croissance annuelle moyenne du PIB était de 5% en moyenne par an. Pour expliquer cette croissance, ils ont analysé le facteur travail (qui inclut l’emploi dans les différents secteurs jusqu’à la migration professionnelle) ainsi que le facteur capital (les trois éléments suivants), en plus du résidu. Le facteur travail expliquait 0,9 points de croissance en totalité, en prenant en compte notamment les migrations professionnelles qui mesuraient les transferts de main-d’œuvre entre les secteurs. Ils ont constaté que la qualité du travail jouait un rôle plus important que la quantité.

Le facteur capital, quant à lui, expliquait 1,6 points de croissance, mettant en évidence l’importance de la quantité de capital ainsi que l’intensité de la demande, mesurée par le taux d’utilisation du capital en raison de la demande.

Le résidu, donc, était de 2,5 points, représentant environ 50% de la croissance totale qui ne pouvait pas être expliquée par les facteurs de production, que ce soit en termes de quantité ou de qualité attribuable au progrès technique (mais qui ne se traduisait pas nécessairement par des améliorations dans les machines).

  • Les théories de la croissance endogène grâce au progrès technique 

Là aussi, il est possible de montrer l’importance du facteur offre dans la croissance via les théories de la croissance endogène. Par exemple, l’analyse de Aghion et Howitt (1992) peut être développée ici.

B- Le lien entre croissance et consommation a aussi été remis en cause par l’histoire économique 

  • Les politiques de relance de la consommation ont parfois été inefficaces, montrant les limites du rôle la consommation sur la croissance
  • Dans son ouvrage “The Role of Monetary Policy” publié en 1968, Milton Friedman élabore sa théorie avant l’avènement des chocs pétroliers. Il prévoit une diminution de l’efficacité des politiques keynésiennes. Selon lui, à mesure que les autorités publiques mettent en œuvre des politiques de relance, notamment par le biais de la stimulation monétaire, le taux d’inflation augmentera continuellement, sans effet durable sur le chômage autre qu’une réduction temporaire.
  • Pour Friedman, l’utilisation de politiques conjoncturelles pour réduire le chômage de manière permanente est impossible. Il soutient que la lutte contre le chômage doit principalement passer par des réformes structurelles du marché du travail. Selon lui, les politiques keynésiennes sont inefficaces dans ce contexte.

L’un des exemples marquants est celui de la relance Chirac. en 1975, pour faire face au choc pétrolier, Chirac a impulsé une politique de relance budgétaire via une augmentation substantielle des dépenses publiques (2,1% du PIB, avec des dépenses sociales, des réductions d’impôts, des investissements publics), qui n’a eu un impact que très limité sur la croissance (-1% en 1975), et une augmentation du chômage, malgré une hausse de la consommation. En effet, la relance s’est surtout traduite par une hausse des exportations.

Il est aussi possible de faire une troisième partie, plus ambitieuse, sur la remise en question de la consommation sur la croissance et le lien avec l’environnement. Un plan en deux parties reste tout à fait envisageable pour ce sujet, si les sous-parties sont suffisamment développées et étoffées. Pour une réflexion plus actuelle, certains auraient pu citer ce chapitre de l’Economie Mondiale : http://cepii.fr/CEPII/fr/publications/em/abstract.asp?NoDoc=12935

(III – La consommation, une source de la croissance désormais remise en question)

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