esh ecricome analyse 2024

Dès la fin de l’épreuve, Major Prépa te propose une analyse des sujets d’ESH ! On commence avec l’analyse du sujet 1 d’ESH ECRICOME 2024, pour mettre en lumière les points-clefs, les mots en lien avec le sujet et les outils de compréhension nécessaires pour bien le traiter.

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Pour les sujets, c’est par ici.

Tu peux consulter les coefficients détaillés de cette épreuve et voir pour quelles écoles elle compte !

Retrouve aussi l’analyse de Christophe Viscogliosi, professeur d’ESH en classe préparatoire ECG.

Analyse sujet 1

Le premier sujet Ecricome de cette année est tombé sur un thème assez récurrent aux concours : “Faut-il lutter contre les délocalisations?”. La formulation du sujet exige dans un premier temps une étude des délocalisations; de comment elles prennent place, des mécanismes sous-jacents (théorème HOS, par exemple) qui poussent les firmes à délocaliser; et il est très important de donner des ordres de grandeur : nombre d’emplois perdus à cause des délocalisations et évolution de la part du secteur industriel en France (des points de comparaison intéressants seraient l’Allemagne et les USA). Un autre aspect fondamental du bilan des délocalisations est leur empreinte écologique : en effet, la délocalisation permet aux entreprises de passer outre les réglementations environnementales (et celles des conditions de travail !), pour produire des biens qui seront de nouveau importés et souvent consommés dans le pays d’origine . Une fois ce bilan dressé, d’autres questions se posent; notamment les déterminants précis des vagues de délocalisation et leurs importances respectives. On peut suggérer que la délocalisation peut simplement être comprise comme une allocation plus optimale des facteurs de production : avec la division internationale du processus de production, les entreprises peuvent choisir pour chaque étape de la confection d’un produit l’endroit le plus efficace. On peut aussi l’expliquer partiellement par la théorie du déversement (d’Alfred Sauvy). Mais le plus important pour ce sujet est de comprendre dans quelles mesures les délocalisations ont été poussées par des hétérogénéités dans les politiques publiques des différents Etats en défaveur de l’industrie française. Certains PED arrivent à maintenir des tarifs douaniers; le “protectionnisme gris” déforme la libre concurrence que devraient se livrer les entreprises; d’autres pays ont une fiscalité largement plus attractive que la notre; et les différentiels de demande interne entre les pays ont des effets “désindustrialisants” (voir: Economie Mondiale 2022, chapitre III : Désindustrialisation : le rôle des politiques macroéconomiques – François Geerolf et Thomas Grjebine).

Raisonner dans ce sens précis permet de ne faire aucun raccourci en traitant le sujet épineux que sont les délocalisations. En comprenant la logique dans laquelle les entreprises délocalisent, et en ayant posé antérieurement les effets néfastes de la désindustrialisation, on répond par la positive tout en préparant un troisième axe sur comment lutter correctement contre les délocalisations.

Niveau définition : le sens strict, selon Aubert et Sillard, d’une délocalisation est : une situation où l’un des établissements du groupe perd un nombre non négligeable d’emplois alors que le groupe réimporte de façon significative les biens produits précédemment sur le territoire national.

Pour compléter cette définition : la délocalisation est un phénomène qui exige 3 étapes. Dans un premier temps, la firme décide de délocaliser la production d’un produit de sa gamme ou l’intégralité de sa chaîne de valeur vers un pays où les coûts de production sont plus bas et/ou la demande est plus forte. Dans un deuxième temps, la délocalisation entraîne, selon un délai variable, la fermeture de certains ateliers dans le pays d’origine de la firme, ou, dans le pire des cas, la fermeture totale de l’usine. Dans un dernier temps, les produits intermédiaires ou finis, dont la fabrication a été délocalisée, sont exportés vers le pays d’origine. Une délocalisation suppose alors un transfert de facteurs de production.

 

En vrac, voici les idées importantes à mobiliser et/ou qui auraient plu à un correcteur :

Théories de base à utiliser : le modèle de Ricardo (comme une théorie explicative), et le théorème HOS qui permet de modéliser le lien entre les dotations factorielles et les lieux de production. Un théorème d’autant plus important qu’il est complété par le théorème de Stolper-Samuelson, qui trouve que les pays comparativement plus dotés en facteur capital (i.e. les pays riches) devraient connaitre un accroissement des inégalités internes si les facteurs de production deviennent plus mobiles.

Lutte contre délocalisations : 

2007 : création en France du Fonds d’ajustement à la mondialisation pour venir en aide aux bassins d’emplois touchés par la délocalisations; mais limité par des moyens trop faibles.

Pierre Dockès, L’enfer, ce n’est pas les autres, 2007

L’idée est que l’enfer, ce n’est pas la mondialisation, ce n’est pas la concurrence, ce ne sont pas les délocalisations dans les pays à bas salaires. Il nous rappelle ainsi que depuis 1985, deux cents millions d’êtres humains sont sortis, en partie grâce à la mondialisation, de l’extrême pauvreté.

Analyse de la DIPP => Les firmes délocalisent leurs activités intensives en main-d’œuvre non qualifiée dans PED. Mais le risque de délocalisation concerne de plus en plus des tâches relativement qualifiées mais répétitives (comptabilité, services informatiques, SAV, ingénierie). Ainsi, BLINDER et KRUGER trouvent, dans « Alternative Measures of Offshorability : A Survey Approach » (2009) que 25 % des emplois aux USA la part des emplois sont théoriquement délocalisables (car les salaires des professions “intermédiaires” n’ont pas encore considérablement progressé dans les PED).

Les délocalisations représentent néanmoins une opportunité pour l’emploi et la productivité : les firmes qui délocalisent augmentent en effet leur rentabilité, ce qui permet de financer des activités nouvelles et d’embaucher par la suite. De même, la baisse des prix permise par la spécialisation internationale libère du pouvoir d’achat aux consommateurs et permet aux entreprises de baisser leurs prix ; dans les deux cas, la demande en sera stimulée, donc la production également, et in fine l’emploi. C’est un résumé de la vision libérale du sujet.

Nombre de pertes d’emploi par an en France de 95 à 99 du fait des délocalisations : 13000 par an, selon Aubert et Sillard (2005). Aujourd’hui, on compte plus de 10 000 emplois délocalisés chaque année de 2011 à 2017, en baisse par rapport à la décennie antérieure

Depuis 1980, l’industrie française a perdu la moitié de ses effectifs et ne représente plus aujourd’hui que 10,3% du total des emplois. La part de l’industrie dans le PIB s’établissait à 13,4% en 2018, contre 25,5% en Allemagne, 19,7% en Italie ou 16,1% en Espagne.

Quels seraient les objectifs d’une relocalisation ? 

-> Améliorer le solde de la balance des transactions courantes en limitant les importations sans pour autant pratiquer du protectionnisme. Le secteur industriel est le secteur qui souffre le plus de la concurrence internationale. Cependant, la France bien qu’elle enregistre un déficit commercial sur les biens, ce déficit est compensé par des excédents qui représentent les rapatriements de bénéfices des entreprises multinationales françaises implantées à l’étranger.

Préserver l’autonomie industrielle dans des secteurs jugés stratégiques (défense, santé…).

Tirer parti des externalités positives des créations d’emplois industriels. La structure de l’emploi dans le secteur secondaire est particulière. Il y a davantage d’emplois intermédiaires que dans le secteur tertiaire. Les emplois industriels sont mieux payés que les emplois tertiaires. Les emplois industriels sont implantés dans des bassins d’emplois souvent de villes de taille moyenne, comme Oyonnax, ville leader européenne du plastique (Plastics Vallée). L’emploi tertiaire par comparaison est concentré dans des grandes métropoles et dans des zones touristiques. L’emploi industriel a tendance à être moins précaire à qualifications égales (Frocrain et Giraud, The evolution of tradable and non-tradable employment : evidence from France 2018).

Enjeux de la relocalisation : 

-La relocalisation au sens étroit évoque un retour d’activité en France (ou dans le pays d’origine) d’une entreprise qui avait déplacé auparavant ses activités à l’étranger.

Depuis 2010, il y a eu moins de 150 relocalisations sur le territoire national en France, selon ce type de définition. Ce phénomène semble donc très marginal : une vague de “relocalisation” reste donc lointaine.

-La relocalisation c’est aussi inciter les entreprises françaises à conserver sur le territoire national leurs activités.

En 2019, le secteur industriel en Allemagne hors BTP représentait environ 24% du PIB allemand. En France, 13% à la même date. La France est l’un des pays de l’UE qui s’est le plus désindustrialisé. En France, le niveau d’emploi industriel est encore plus faible qu’en GB (malgré la désindustrialisation de Thatcher).

AUTOR, DORN HANSON, « The China Shock: Learning from Labor-Market Adjustment to Large Changes in Trade », 2014 ont trouvé que 1 million de pertes d’emplois industriels entre 1999 et 2011 à cause du commerce avec la Chine = 1/4 des pertes d’emploi

-> Entre 1991 et 2013, la part de la Chine dans les exportations industrielles mondiales est passée de 2,3% à 18,8%.

Selon Autor, Dorn et Hanson, aux USA, ce sont dans les « zones de mobilités pendulaires » (regroupement de territoires qui forment un marché du travail) les plus soumises au choc chinois que les baisses de l’emploi ont été les plus fortes. + pas de réallocation de la M.O vers d’autres emplois.

  •   Les salaires ont diminué dans ces zones en particulier pour les moins qualifiés

Proposition de plan :

I- La délocalisation représente un risque économique (A), social (B) et écologique (C) pour les pays initiateurs

A- La délocalisation représente un risque majeur pour les économies qui en sont les initiatrices 

  • La dépendance créé par la délocalisation est synonyme de fragilité face aux chocs macroéconomiques
  • Les entreprises ont été fortement affectées par leurs efforts de délocalisation lors de la crise du Covid. Dans le secteur automobile, le manque de semi-conducteurs a réduit la production globale de 25% en 2020 du fait d’une DIPP exacerbée. En prenant un exemple précis, l’usine Toyota à Onnaing (France) a vu sa production baisser de 50% lors de la crise du Covid du fait d’une impossibilité de se ravitailler en matières premières, ayant des conséquences importantes au niveau local et du manufacturier.
  • Ces délocalisations peuvent ainsi accroître les incertitudes sur la croissance économique.
  • Cette fragilité est aggravée par la dégradation de la balance courante des États
  • Au cours des deux dernières décennies, les délocalisations effectuées par les multinationales ont exacerbé le déficit commercial de la France, d’après une note du Cepii. Bien que les grands groupes français aient continué à contribuer positivement à la balance commerciale en exportant plus qu’ils n’importent, cette contribution est passée de quatre à deux points de PIB entre 2000 et 2018. Cette diminution, évaluée à environ 50 milliards d’euros par an à la fin de la période, est principalement due à la baisse du surplus d’exportations des multinationales françaises.
  • Cette dépendance en devient même un enjeu de souveraineté
  • L’analyse des flux commerciaux internationaux révèle des situations où la dépendance du marché mondial à l’égard d’un seul pays fournisseur est particulièrement préoccupante. En 2018, environ 6% des importations françaises étaient composées de produits pour lesquels un seul pays représentait plus de 50% des exportations mondiales, et dans près de deux tiers de ces cas, ce fournisseur principal était la Chine. Les produits concernés incluent notamment les produits chimiques spéciaux, certains principes actifs, les produits finaux de l’industrie électronique et les produits intermédiaires de l’industrie automobile et électronique. Cette concentration de l’approvisionnement, surtout pour des produits d’importance critique, soulève des préoccupations.

B- Le risque social qui en résulte est tout aussi significatif

  • D’un point de vue de l’emploi, l’impact des délocalisation n’est plus à démontrer 
  • Selon AUTOR, DORN HANSON, « The China Shock: Learning from Labor-Market Adjustment to Large Changes in Trade » (2014), un million de pertes d’emplois industriels ont eu lieu entre 1999 et 2011 à cause du commerce avec la Chine, représentant un quart des pertes d’emplois sur la période. Ceci est dû à une augmentation de la part de la Chine dans les exportations industrielles mondiales, qui est passée de 2,3% à 18,8%. Cette main d’œuvre perdue n’a par ailleurs bien souvent pas été réallouée dans d’autres secteurs du fait d’une mobilité intersectorielle réduite (les emplois perdus étant souvent des emplois peu qualifiés). De plus, les entreprises déplacent des emplois peu qualifiés vers les pays en développement, mais maintenant même des tâches plus qualifiées mais répétitives (comme la comptabilité et l’ingénierie sont sujettes à la délocalisation). Selon Blinder et Kruger (2009), environ un quart des emplois aux États-Unis sont délocalisables, ce qui impacte les salaires des professions intermédiaires dans les pays en développement.
  • Les pays européens ne sont pas en reste. En France, bien qu’en baisse par rapport à la décennie précédente, plus de 10 000 emplois sont délocalisés chaque année de 2011 à 2017 (Insee).
  • Ces impacts sont décuplés par des effets d’entraînement négatifs
  • L’effet multiplicateur sur le reste de l’économie, grâce aux consommations intermédiaires, est significatif. En France, par exemple, le secteur aéronautique/automobile créé quatre unités de valeur en consommations intermédiaires pour chaque unité de valeur produite, tandis que ce multiplicateur tombe à 1,5 pour les services.
  • De plus, les délocalisations concernent surtout les secteurs les moins précaires. Dans le secteur secondaire, le taux de contrats à durée indéterminée (CDI) est de 44%, comparativement à seulement 28% dans le secteur tertiaire en 2017. Cela peut être interprété comme une indication de moins de précarité dans le secteur secondaire. Cette observation est étayée par l’étude menée par Autor, Dorn et Hanson.

C- Il ne faut pas oublier les conséquences environnementales d’une telle pratique

  • Les importations en provenance des PED représentent une très grande part des émissions des pays développés : La part de l’empreinte carbone associée aux importations varie de 26 % à 85 % dans les pays de l’UE (avec un moyenne de 51 %). Il est possible de mentionner les notions de découplage relatif et absolu.
  • D’autant plus que les importations proviennent souvent de pays aux réglementations environnementales limitées : Les délocalisations peuvent avoir des impacts néfastes sur l’environnement lorsque les entreprises se relocalisent dans des pays avec des réglementations environnementales moins strictes. Cette situation peut entraîner une augmentation de la production et des émissions polluantes. (cf.  études telles que celle de Taylor (2015) et la littérature sur les “havres de pollution”).

II- Toutefois, ces conséquences sont à relativiser : la délocalisation s’est faite dans une logique libérale de compétitivité, soutenant le développement global des économies

  • Les théories économiques libérales fondamentales sont les premières à montrer les bienfaits de la délocalisation, surtout pour le consommateur.

Ici, évoquer les théories qui soutiennent la libéralisation des échanges (et a fortiori la délocalisation, bien souvent implicitement évoquée) : Ricardo, HOS… qui mettent en avant une sorte de système qui produit tout moins cher avec pour seul centre le consommateur. Le libre-échange est un jeu à somme positive.

Il est important d’y ajouter des données précises : par exemple, selon Carluccio et al. (2018), l’augmentation des importations en provenance des pays à bas salaires (passées en France de 2,4 % de la consommation totale en 1994 à 6,9 % en 2014) a contribué à faire baisser l’inflation de 0,13 à 0,17 point de pourcentage par an. Cette baisse a ainsi permis de diminuer les prix d’environ 3 points sur la période, par rapport à une situation où ces importations n’auraient pas augmenté proportionnellement à la consommation. Cette situation a permis de conserver une demande soutenue et ainsi stimuler la croissance.

Il est aussi possible d’ajouter qu’empêcher la délocalisation se traduirait par une mise en place de politiques protectionnistes (car la délocalisation permet souvent une meilleure productivité), qui ne sont pas efficaces. Il est possible ici d’y mentionner les réponses protectionnistes au choc chinois aux USA, qui ont aggravé la situation sur l’emploi et la consommation des ménages (cf. Duflo, Bannerjee : Économie utile pour des temps difficiles).

B- Les délocalisations sont surtout le signe d’un secteur des services plus porteur

  • Dans Dix Idées qui coulent la France, Landier et Thesmar s’attaquent au dogme pro-industrie qui marque chaque campagne politique française. En effet, malgré des programmes de subventions lourds et multiples en faveur de l’industrie, c’est bel et bien le secteur tertiaire qui est responsable de 98% de la croissance économique Française depuis 2000.

C- La délocalisation a aussi bien souvent été un outil de développement pour les pays d’accueil

  • Les pays en développement ont beaucoup bénéficié d’une stimulation de l’activité économique  sur leur territoire via les délocalisations 

Selon la Banque Mondiale (2020), une augmentation de la participation à la DIPP de 10% (calculée par le rapport des importations incorporées dans les exportations), permet une hausse de la productivité de 1,6% et une augmentation du niveau de vie de plus de 10% dans les pays en développement. En effet, cela est dû au fait que la délocalisation permet une formation des employés locaux, ainsi qu’un effet de diffusion de connaissance sur les entreprises locales, soutenant ainsi l’innovation.

III- La lutte contre les délocalisations doit donc choisir ses combats et repenser ses outils

A- Une intervention locale, ciblée et modérée, semble nécessaire.

  • Mise en place de mesures sur les produits stratégiques, c’est par ailleurs ce qui est en train d’être réalisé par le gouvernement français
  • En juin 2023, le gouvernement a dévoilé un plan visant à relocaliser la production de produits de santé en France afin de remédier aux pénuries de médicaments importés. Ce plan comprend l’élaboration d’une liste de 300 médicaments jugés essentiels qui seront prioritaires dans ce processus de relocalisation.
  • L’objectif est surtout de faire limiter l’impact social de futurs chocs macroéconomiques et limiter les risques de dépendance face à la production étrangères
  • Soutenir l’économie nationale non pas par protectionnisme, mais pour inciter la création de nouvelles entreprises locales. 
  • Il est important ici d’insister sur les possibles mesures pour lutter contre les racines de la délocalisation (régime fiscal désincitatif, main d’oeuvre limitée dans certains secteurs, particulièrement industriel…)

B- Une refonte de l’action européenne est elle aussi nécessaire

  • L’Europe est par construction, peu favorable à la relocalisation
  • Il semble nécessaire d’aider les entreprises françaises à se relocaliser via des subventions, mais la réglementation européenne interdit généralement les aides aux entreprises sous forme de subventions, conformément à l’article 107 du traité sur le fonctionnement de l’UE (TFUE).
  • Cependant, il existe des exceptions prévues dans le règlement européen, notamment en cas de crise grave. Dans de telles situations, il est envisageable de mettre en place des subventions en faveur des entreprises françaises, notamment celles qui favorisent la production nationale, plutôt que d’opter pour des mesures protectionnistes telles que l’imposition de droits de douane sur les produits étrangers. Cette approche pourrait permettre de répondre aux besoins des entreprises tout en respectant les principes et les réglementations de l’Union européenne.
  • Toutefois, les mesures européennes prises pour lutter contre le Covid peuvent servir de modèle à la lutte contre la délocalisation
  • L’Union européenne a développé des outils pour mobiliser des financements privés, maximisant ainsi l’impact de ses contributions budgétaires limitées. Le programme Invest EU, successeur du plan Juncker pour la période 2021-2027, prévoit une garantie budgétaire de l’UE pour soutenir l’investissement et mobiliser au moins 650 milliards d’euros d’investissements supplémentaires. Ses quatre priorités, axées sur les infrastructures durables, la recherche et l’innovation, les PME et ETI, ainsi que les investissements sociaux et les compétences, favorisent la (re)localisation en France et en Europe.
  • De même, depuis plusieurs années, la Commission européenne encourage tous les États membres à se doter de régimes légaux d’autorisation préalable d’investissements étrangers, notamment après la mise en place du “mécanisme européen de filtrage” en mars 2019. En réponse à la crise du Covid-19, la Commission a publié des lignes directrices incitant les États membres à mettre en place un tel filtrage dans des secteurs clés tels que la recherche médicale, les biotechnologies et les infrastructures de recherche. De telles mesures peuvent être transposables aux délocalisations de secteurs stratégiques et cruciaux pour la souveraineté européennes.

C- À une échelle mondiale, lutter contre la précarité liée à la délocalisation est indispensable

  • Les mesures mises en place dans les pays touchés par la délocalisation ont bien souvent été limitées

Le Trade Adjustment Assistance (TAA) est le programme principal d’aide destiné aux travailleurs qui ont perdu leur emploi en raison du commerce international. On peut ici citer Esther Duflo & Abhijit Banerjee, qui étudient ces programmes dans Economie Utile pour des Temps Difficiles. Il fournit des fonds pour la formation professionnelle ainsi qu’une assurance chômage pendant la durée de la formation. Cependant, certains secteurs bénéficient de peu de subventions en raison du lobbying.

Dans certains cas, après avoir perdu leur emploi en raison de la concurrence chinoise, certains travailleurs choisissent de demander une invalidité pour pouvoir payer leurs factures, ce qui les expose au risque d’exclusion du marché du travail.

  • L’objectif est aussi de mettre en place des mesures pour lutter contre les conséquences de la précarité économique et sociale qui résulte de la délocalisation

L’État peut favoriser le développement régional en créant des pôles de compétitivité, selon les principes de Romer, impliquant une collaboration entre différents acteurs comme les universités, les entreprises et les institutions financières. Cependant, selon Moretti, l’investissement des entreprises doit être durable pour avoir un effet à long terme. De plus, le développement d’un cluster peut attirer les capacités productives des régions environnantes, risquant de nuire à la croissance nationale. En outre, les clusters sont sensibles aux chocs économiques, et la concentration des richesses peut être un problème. Par exemple, dans la Silicon Valley, les salaires sont en moyenne deux fois plus élevés qu’en Californie, exacerbant les inégalités régionales.

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