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Le modèle IS-LM est un classique du cours d’ESH et sa variante en économie ouverte IS-LM-BP l’est tout autant ! Si tu n’as pas compris le modèle qui se cache derrière ce graphique, qui peut être utile dans plus d’un sujet, pas de souci, voici un article qui en explique les tenants et aboutissants. Précisons que tous les graphiques présents dans cet article seront organisés avec le taux d’intérêt r en ordonnée et la production Y en abscisse. Étudions maintenant quelques exemples d’utilisation du modèle IS-LM, qui peuvent être réutilisés dans tes copies d’ESH.

La situation de l’Europe après la crise des dettes souveraines

Après la crise des dettes souveraines, l’UE a pratiqué la rigueur budgétaire tout en menant une politique monétaire accommodante. Ici, la droite LM se déplace à droite au gré des injections de liquidité, et la droite IS se déplace à gauche puisque les gouvernements pratiquent la rigueur.

Cependant, ce choix est incohérent puisqu’à cette période, l’Europe était en situation de trappe à liquidité, les taux d’intérêt restent donc quasi constants et proches de zéro. On ne peut pas plus baisser le taux d’intérêt à cause du zero lower bound.

Comme il y a trappe à liquidité, avec la pratique de l’austérité budgétaire, au final, la droite IS coupe la droite LM dans la zone de trappe à liquidité. La situation n’est donc pas optimale. En effet, s’il n’y avait pas eu de politique d’austérité budgétaire, un optimum au croisement de IS1 et LM2 serait apparu, que l’on pourrait nommer Y3. Étant donné que Y3 est supérieur à Y2, on comprend vite en quoi la situation n’est pas optimale. On peut donc utiliser ce schéma pour critiquer les politiques menées dans la zone euro après la crise des dettes souveraines.

Graphique pour critiquer les politiques menées dans la zone euro après la crise des dettes souveraines

La relance Mauroy en 1981

Dès 1981, Mitterrand arrive au pouvoir en France et son gouvernement envisage un plan de relance afin de dynamiser l’économie française. C’est au Premier ministre Pierre Mauroy qu’il revient de mettre en place le Plan Mauroy. Ce dernier engage une relance budgétaire avec des créations d’emplois publics (plus de 50 000 fonctionnaires sont employés), une hausse des prestations sociales et du SMIC. D’après Mitterrand et Mauroy, ce plan va dynamiser l’économie française en relançant la demande et en se rapprochant du plein-emploi. Il est ainsi d’inspiration keynésienne. C’est donc la droite IS qui se déplace vers la droite et la droite LM, quant à elle, reste fixe.

Cependant le plan se heurte à plusieurs contraintes.

Premièrement, certes, les exportations augmentent un peu mais la relance accroît fortement les importations japonaises, ce qui dégrade la balance commerciale. En effet, la concurrence japonaise frappe de plein fouet les marchés européens. Par conséquent, la droite BP qui représente la balance des paiements évolue en fonction de la relance.

Deuxièmement, une hausse des taux d’intérêt chez les partenaires commerciaux de la France provoque la dépréciation du franc qui s’écarte de la parité requise par le SME. Par la suite, la France s’est retrouvée seule avec une devise qui se déprécie, alors que tous les autres pays stabilisent leur monnaie via la désinflation. S’en est donc suivi un phénomène de fuite des capitaux.

Ces deux phénomènes vont donc faire baisser la droite BP, car la balance commerciale se dégrade, elle devient même fortement déficitaire. Cela a une répercussion sur la droite IS car les dépenses budgétaires vont se contracter en constatant l’échec du plan de relance.

Graphique pour illustrer la relance Mauroy en 1981

En ce qui concerne le graphique

La droite LM reste constante. IS augmente dans un premier temps et passe de IS1 à IS2 grâce aux politiques de relance budgétaire. La droite BP augmente aussi et passe de BP1 à BP2, car dans un premier temps la balance commerciale s’améliore. Puis, on passe de BP2 à BP3 suite à la dégradation de la balance commerciale. Ce qui entraîne la fin du plan de relance et donc le déplacement de IS2 à IS3.

Le plan Mauroy illustre parfaitement l’échec d’une relance isolée en économie ouverte. Cela laisse sous-entendre que tout plan de relance est toujours voué à l’échec en économie ouverte s’il n’est pas coordonné. Par conséquent, en économie ouverte, une politique budgétaire de relance solitaire ne fonctionne pas. 

Le policy-mix Clinton-Greenspan

La règle de Taylor, que ce dernier présente dans Discretion Versus Policy Rules in Practice (1993), a été utilisée par la Fed avec Alan Greenspan à sa tête afin de définir son taux d’intérêt lors de la présidence de Clinton. Avec cette règle, la Fed arbitre entre lutte contre l’inflation et soutien à l’activité économique. Pour mieux comprendre cette règle, voici un article spécifique concernant la règle de Taylor.

Une banque centrale doit choisir son taux d’intérêt directeur en fonction de son taux de croissance potentiel et de son inflation ciblée. En période de récession ou de ralentissement fort de l’économie, le taux directeur baisse même si l’inflation peut dans certains cas augmenter, ce qui permet une réhabilitation de la croissance. Cependant, en cas de reprise, le taux directeur augmente et on lutte contre l’inflation.

Lors de sa présidence, Clinton devait réduire rapidement les dépenses publiques à cause des finances américaines en grande difficulté après la fin de la guerre froide, ce qui a fait se déplacer IS vers la gauche. Cependant, Greenspan a maintenu une politique monétaire pragmatique qui a permis de conserver un bon équilibre et d’éviter un désastre, qui se serait situé à l’intersection de LM1 et IS2.

Graphique pour illustrer le policy-mix Clinton-Greenspan

Te voilà désormais pleinement capable de mobiliser des exemples avec le modèle IS-LM ! J’espère que tu pourras réutiliser à bon escient ces graphiques lors des concours.