Dans les redoutées épreuves de géopolitique, un exercice en particulier divise les candidats : la cartographie. Comment l’aborder,  y a-t-il une méthode efficace pour s’y préparer, quels sont les critères de notation ? Major-Prépa répond à tes questions et te prodigue ses meilleurs conseils pour cartonner ! 

La cartographie aux concours

Il existe deux types d’exercices de cartographie : le commentaire de carte, et la réalisation de carte. Les deux tombent aux concours des écoles de commerce :

– À l’HGGMC Ecricome, vous aurez le choix entre deux sujets de dissertation, dont l’un comprendra un commentaire préliminaire de carte.

– À l’HGGMC ESCP-HEC, vous aurez un seul sujet de dissertation, pour lequel on vous demandera aussi de réaliser une carte.

En ce qui concerne le commentaire de carte à Ecricome, rien de bien nouveau. Il s’agit de répondre par l’analyse de la carte à une problématique, donnée en en-tête. Appuyez-vous sur la carte pour exploiter votre cours, c’est l’idée de l’exercice ! En revanche, veillez bien à ne pas dépasser la longueur maximum exigée, d’une page et demie.

Pour la réalisation de carte à la BCE par contre, tout est à faire. Vous recevez une carte entièrement vierge, que vous devrez :

– Remplir à l’aide de toponymes.

– Légender par des figurés assortis d’une clé de légende.

– Titrer par une problématique différente de celle fournie par les concepteurs du sujet.

D’après les rapports de jurys, la carte est théoriquement notée sur 5 points, ce qui laisse 15 points sur la dissertation. Néanmoins, les choses ne sont pas aussi simples. La carte et la dissertation se complètent et se répondent. Fatalement, votre carte devra reprendre certaines idées de votre copie, et il est conseillé de faire référence à votre carte dans votre copie. En conséquence, aucun barème exact ne s’applique, et en réalité on considère que l’essentiel de votre note finale repose sur la dissertation, qui pourra le cas échéant être assortie d’un bonus (ou d’un malus…) si votre carte est particulièrement bonne (ou mauvaise…). Il n’est donc pas pensable de négliger la cartographie, qui peut constituer une véritable prime aux écrits. Voici quelques conseils pour bien réussir cette partie de l’épreuve.

Avoir les bons outils 

Être cartographe, cela ne s’improvise pas ! La carte à blanc (et la feuille où figurera sa légende) sont incluses dans la liasse de feuilles du sujet. Vous n’aurez donc pas le luxe de pouvoir recommencer votre carte. Même si vos professeurs vous ont sans doute conseillé sur le matériel à se procurer en début de première année, voici un petit rappel :

– Un critérium, ou crayon à papier très bien taillé.

– Des crayons de couleur très bien taillés : une grosse dizaine peut suffire, l’idée est d’avoir un panel de couleurs et de disposer de plusieurs teintes pour certaines de ces couleurs, afin de pouvoir créer un petit nuancier pour certains figurés (exemple : mesure de l’IDH, du PIB, de l’aridité, …). Prenez des crayons de couleur de bonne qualité.

– Des feutres à pointe extra fine, type Faber Castell ou Stabilo : ils vous permettront d’écrire les toponymes et de tracer certains figurés. La pointe extra fine permettra d’être précis, vous travaillerez très probablement sur un planisphère où certains pays seront (très) petits. Ici encore, prenez plusieurs couleurs dont impérativement du noir (pour les noms de pays) et du bleu (pour les noms d’océans et de mers, par convention).

– Un normographe : une large règle proposant des découpes de formes et de tailles variées, que vous pourrez reporter sur votre carte et votre légende (exemple : des cercles de taille croissante pour représenter la population, ou encore la consommation énergétique).

– Du matériel de propreté : une gomme type Staedtler (très efficace), dont vous vous serez assurés qu’elle gomme aussi vos crayons de couleur, et un taille crayon à réservoir. Passez en revue et préparez (comprendre taillez) votre matériel la veille de l’épreuve, pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

S’organiser pendant l’épreuve

Vous ne le savez que trop bien, l’épreuve de géopolitique ESCP est une course contre la montre : vous avez 4 heures pour composer une dissertation et réaliser une carte, il n’y a donc pas de temps à perdre. Pour le moment de réalisation de la carte, deux possibilités : soit entre la réflexion au brouillon et la rédaction de la dissertation, soit après la rédaction de la dissertation. Choisissez ce qui vous convient le mieux, mais gardez bien à l’esprit que la carte et la dissertation traitant du même sujet, votre réflexion au brouillon peut (et doit) nourrir les deux.

Pour la durée de réalisation de la carte : au prorata du barème théorique, donc pas plus d’un quart de l’épreuve c’est à dire une heure. Essayez de finir la carte en 45 minutes, de manière à vous ménager du temps de relecture.

Ensuite, travaillez vite mais bien. Ne vous lancez pas tout de suite sur la carte à blanc, réfléchissez d’abord à votre titre (problématique) de carte, à votre plan en 3 parties et à vos figurés (pas moins de 10 et pas plus de 20 items). Choisissez des figurés pertinents. Exploitez les documents fournis dans la liasse du sujet, ils peuvent vous donner des idées d’éléments de légende. Quand la légende est prête, passez au propre sans oublier les toponymes. Le correcteur s’attend à en lire, évidemment privilégiez ceux qui se rapportent au sujet. Pour le travail sur la carte, soyez stratégique : il faut obtenir un rendu élégant et agréable à lire, sans y passer beaucoup de temps. Exit donc les coloriages, contentez-vous d’entourer ou souligner un nom de pays d’une couleur associée à l’un de vos items.

Inclure la carte dans la copie

Il est souhaitable (et valorisé à la notation) de faire référence à votre carte au fil de la copie. L’avantage de réaliser la carte juste après la réflexion au brouillon est qu’il sera plus facile de vous y référer lors de la rédaction. Chaque sujet est différent, et il est certain que vous ne tomberez pas sur un sujet de cours. Il est donc inutile et dangereux d’essayer de plaquer une carte toute faire et passe-partout, ce n’est pas ce que le correcteur attend. Inversement, une carte bien adaptée constitue un réel avantage, car certains candidats continuent à la négliger.

Connaître son « cours » 

Pour créer LA carte appropriée à votre sujet, vous aurez aussi besoin de données générales, dont l’exercice évalue la maîtrise. En particulier :

– Les noms et localisations de pays : entraînez-vous sur jeux-geographiques.com !

– Certains éléments de géographie physique : pour un sujet sur l’eau dans le monde, bien connaître ses fleuves ! Pour un sujet sur l’environnement, savoir placer les grands déserts. Pour un sujet sur le tourisme, maîtriser les massifs montagneux et les littoraux balnéaires.

– Les grands indicateurs, comme le PIB, l’IDH, la croissance démographique, les routes commerciales, …

– Les structures supranationales : les groupe de pays (OPEP, Groupe de Cairns, …), les grands accords commerciaux de libre-échange (UE, ACEUM, ASEAN, …), les zones d’intégration régionales par continents.

– Certaines données propres à un pays, mais considérées comme classiques. Par exemple, pour un sujet sur la puissance américaine : la localisation des flottes, les commandements de combat unifiés et leurs sièges, les bases militaires extérieures, …

Chercher l’inspiration au bon endroit 

Pour vous préparer et progresser, vous pouvez consulter des ouvrages spécialisés. Voici une liste non-exhaustive de publications conseillées :

– Les rapports RAMSES et L’année Stratégique publiés chaque année respectivement par l’IFRI et l’IRIS

– Il est toujours bon d’avoir un atlas chez soi quand on est en ECS. Les presses de Sciences Po Paris en éditent un chaque année. L’historien et géographe Christian Grataloup en a récemment publié plusieurs aux éditions Les Arènes. Les éditions Autrement proposent une collection d’atlas régionaux de grande qualité. Dans ces publications, vous trouverez en plus des cartes physiques et politiques des cartes thématiques, desquelles vous inspirer.

– L’ouvrage Cartes en main – Méthodologie de la cartographie qui contient des rappels généraux de méthodologie et des cartes thématiques regroupées par sous-ensembles régionaux.

– Les épisodes de l’émission Le Dessous des Cartes, dont les cartes sont toujours de grande qualité !

L’exercice de carto est très exigeant et différent de ce que vous avez connaître voir au lycée. Toutefois, il est tout à fait possible de progresser rapidement et d’en tirer pleinement parti aux écrits. On espère que nos conseils vous y aideront, et on vous souhaite une année 2021 pleine de réussite ! 😉