I – La COP21, qu’est-ce que c’est ?

La COP21 se déroule à Paris du 30 novembre au 11 décembre. Elle est le théâtre de négociations multilatérales sur les enjeux climatiques contemporains. Certes, mais une fois qu’on a dit ça ? Un préparationnaire averti se doit de connaître les COP pour en parler en dissertation. Surtout lorsque celle de cette année se déroule en France et revêt une importance particulière… On ne sait jamais, des fois que cela donne des idées aux compositeurs des sujets de concours !

Reprenons depuis le début. La COP21 est la 21ème “Conference Of the Parties” qui rassemble 196 entités en 2015 (195 pays + l’Union européenne). Tous ces pays sont signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), adoptée à l’origine en 1992 au sommet de la Terre à Rio par 154 Etats (+ l’UE) et qui a depuis été ratifiée par 41 autres pays. Cette convention-cadre est entrée en vigueur en 1994 et depuis 1995, chaque fin d’année, ces Etats se retrouvent aux côtés de représentants de la société civile et d’ONG afin d’aboutir à un consensus visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

La CCNUCC reconnait trois grand principes:

  1. le principe de précaution (grossièrement, l’absence de certitudes scientifiques quant à l’impact de l’homme sur le changement climatique ne peut être un prétexte pour repousser l’adoption de mesures concrètes en faveur de la préservation de notre environnement).
  2. le principe de responsabilités communes mais différenciées.
  3. la reconnaissance du droit au développement.

II- Le déroulement de la COP21

La COP21 est le plus grand événement diplomatique jamais organisé à Paris : ce sont pas moins de 40 000 personnes qui vont se réunir. La COP21 va commencer par une assemblée plénière, où chaque pays expose ses bonnes intentions. Cette cérémonie d’ouverture est l’occasion d’une passation de présidence entre le pays qui a organisé la précédente COP et le pays hôte de cette année.  Il s’ensuit des débats où les Etats se rassemblent par groupe d’intérêts en coalition. La coalition AOSIS par exemple regroupe les petits Etats insulaires, qui subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Parmi les coalitions les plus influentes, on retrouve le G77, qui rassemble les pays en développement (y compris la Chine, premier pollueur mondial), ou bien encore l’UE.

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En octobre 2009, le gouvernement des Maldives tient un conseil des ministres des plus atypiques. Objectif: sensibiliser l’opinion sur la catastrophe que représente la montée des eaux pour les Etats insulaires.

L’importance de la communauté européenne au sein des négociations climatiques s’est estompée ces dernières années : l’UE était responsable de 23% des émissions de CO2 au moment de la signature de Kyoto en 1997, 12% aujourd’hui. Cette baisse est due à la montée en puissance des émergents bien sûr (la Chine en tête: 30% des émissions aujourd’hui) mais aussi aux efforts engagés et …à la panne de croissance qui limite la consommation. Par ailleurs, on impute en grande partie à l’Union Européenne le fiasco de la COP15 de Copenhague, dans lequel l’institution européenne s’était engagée fermement en faveur d’un accord qui n’a jamais abouti.

Parallèlement à ces négociations clivées, il existe les “contact groups” qui abordent multilatéralement les fondamentaux de ces négociations (réductions des émissions polluantes, politique d’adaptation, transfert de technologie, impératifs de financement…) ainsi que les “spin-off groups” traitant de sujets spécifiques et plus pointus. Enfin, il y a les négociations bilatérales, informelles. La plupart de ces négociations ne sont pas ouvertes au public, à la presse et aux ONG. Ces dernières se réunissent donc à part mais leur poids dans les négociations. n’est pas négligeable pour autant.

III- L’heure des décisions

A mi parcours, les deux vice-présidents remettront à Laurent Fabius le résultat des pourparlers. C’est sur ce document que les ministres vont se baser pour se mettre d’accord en vue de la clôture des négociations le 11 décembre. Ce soir là, chaque Etat pourra prendre la parole par le biais de son représentant afin de faire une remarque ou de s’opposer à un ou plusieurs points. Il faut alors reprendre les négociations car une décision prise lors d’une COP doit impérativement être consensuelle (comme à l’OMC). La soirée s’annonce donc longue… Et l’aboutissement à un accord crédible reste lui hypothétique.

Quoiqu’il en soit, les négociations reprendront en décembre 2016 à l’occasion de la COP22 à Marrakech

Quelques COP importantes:

  • Le sommet de la Terre (1992), Rio de Janeiro : Ce n’est pas une COP… mais le sommet de la Terre est à l’origine de ces conférences. A noter que le sommet de la Terre est un rassemblement qui a lieu tous les dix ans , le dernier en date s’est déroulé en 2012 à Rio (d’où son nom “Rio +20“).
  • La conférence de Berlin : c’est la COP1. Elle s’est déroulée en 1995.
  • La conférence de Kyoto : la COP3 est sans doute la plus connue: elle s’est achevée la signature de protocole de Kyoto. Cet accord est le premier à poser des objectifs concrets de réductions des émissions de gaz à effet de serre. Ces objectifs étaient cependant peu ambitieux, et le traité fut décrédibilisé par le refus des Etats-Unis de la ratifier. Les pays du G77 n’avait par ailleurs pris aucun engagement.
  • La conférence de Copenhague, 2009 : la COP 15 restera dans la postérité comme un fiasco: les Etats ne sont pas parvenus à atteindre leur objectif, donner une suite au protocole de Kyoto qui prenait fin le 31 décembre 2012. Par la suite, quelques motifs de satisfaction:
  • La conférence de Cancun, 2010 : la création d’un fond vert pour aider les pays du Sud dans leurs objectifs environnementaux est actée.
  • La conférence de Durban, 2011 : les Etats se mettent d’accord sur un compte-à-rebours pour la mise en place d’un accord majeur lors de la COP 21 en 2015. Cet accord futur sera effectif en 2020
  • La conférence de Varsovie, 2013 : les pays exposent leur stratégie pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
  • La conférence de Lima, 2014 : Au Pérou, les pays lancent un appel pour l’action sur le climat, annonciateur de la COP 21, c’est dire tous l’enjeu des douze prochains jours quant à l’avenir du multilatéralisme, de la gouvernance mondiale et… de notre planète naturellement.

IV – Le changement climatique, quelles conséquences possibles pour les hommes?

Si le sommet de Copenhague n’a abouti à aucune décision concrète, il a néanmoins posé un objectif : la température terrestre ne doit pas excéder deux degrés de plus que celle de l’ère préindustrielle (XIXème siècle).

Actuellement, nous avons gagné 0,85°C. En poursuivant ce rythme, la température devrait encore augmenter de 3,8 degrés à l’horizon 2100. On estime que ce bouleversement climatique accéléré pourrait causer la disparition de 30% de la biodiversité terrestre. Les hommes se trouveraient également affectés : la dilatation thermique et la fonte des glaces entraînera une montée du niveau des mers d’environs un mètre. Or aujourd’hui, 400 millions d’hommes vivent à moins d’un mètre d’altitude, et dix des vingt plus grandes villes du monde sont portuaires. Enfin, les rendements agricoles serait plus modestes et précaires, ce qui pourrait compromettre la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions du monde.
Les spécialistes estiment que nous devrions réduire nos émissions de carbone de 40% pour éviter cette catastrophe annoncée.

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Les grandes agglomérations mondiales sont bien souvent des villes portuaires. Vers une planète de réfugiés climatiques ?