géopolitique

Si tu as décroché un peu de l’actualité géopolitique, je t’ai rédigé ci-après un article dédié à l’actualité brûlante de la géopolitique des câbles et des tubes. Des enjeux mondialisés dont tu peux facilement parler dans une dissertation de géopolitique en prépa ECG !

L’essentiel à retenir sur la géopolitique des câbles en prépa ECG

La globalisation des échanges mondiaux a provoqué une explosion nette du trafic de l’Internet mobile (la bande passante internationale a été multipliée par dix en 10 ans !), qu’il s’agisse d’infrastructures dans le ciel, de satellites sur mer et sous la mer. En effet, on ignore aujourd’hui qu’il existe des kilomètres de câbles enfouis sous la mer et la terre que nous foulons chaque jour. Le monde est entré dans une véritable géopolitique des câbles, entre velléités d’une multitude d’acteurs et guerres d’influence.

Retour sur l’avènement de la géopolitique des câbles sous-marins

Le premier câble sous-marin posé par bateau est installé en 1851 entre Douvres en Angleterre et le cap Gris-Nez en France. Il s’agit d’une ligne télégraphique permettant de relier les Bourses de Londres et Paris pour une meilleure transmission des données.

Puis, de nouveaux câbles se développent, entre l’Irlande et Terre-Neuve au Canada, entre Londres et Bombay en Inde, etc. À tel point qu’en 1900, on dénombre environ 200 000 km de câbles.

L’Union télégraphique internationale est créée en 1865 à Paris. Elle permet une interconnexion de ces réseaux et des révolutions dans le domaine de la technologie. Par exemple, TAT 1 est le premier câble téléphonique en 1958, puis TAT 8 est le premier câble à fibre optique qui relie la France aux États-Unis et au Royaume-Uni en 1988.

Marea est le premier câble déployé par Microsoft et Facebook entre Virginia Beach aux États-Unis et Bilbao en Espagne ! Long de 6 400 km, ce monstre permet le transfert de 160 térabits de données par seconde, soit le plus puissant des 430 câbles sous-marins mondiaux, en fibre optique, laquelle représente les ¾ du trafic Internet de nos jours.

Marea
Marea

Le marché est considérable

Il représente deux milliards de $ et mobilise des acteurs privés majeurs tels que Alcatel Submarine Network (France), TE Subcom (États-Unis) et NEC (Japon). À tel point que 99 % des données sont aujourd’hui numériques et uniquement 0,4 % sont transmises par satellite.

De véritables hubs se sont ainsi formés. New York, les Cornouailles, Marseille, les EAU, Bombay, Singapour, Hong Kong, alors qu’au contraire des pays comme le Mozambique ou le Bangladesh demeurent des zones blanches isolées et déconnectées. Malgré ces disparités sociospatiales criantes, on dénombre 1,3 million de km de câbles sous-marins aujourd’hui qui permettent l’échange de 27 000 Go de données par seconde dans le monde.

Cependant, on peut déjà constater certaines limites

Les tremblements de terre, qui sectionnent les câbles, perturbent les liaisons et bloquent notamment les échanges bancaires. Par ailleurs, Orange Marine a dû développer des navires de réparation pour lutter contre l’obsolescence des câbles.

Mais les câbles sont surtout un enjeu de puissance. Les EU disposent de 10 des 13 serveurs racines, de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) à Los Angeles par exemple. 80 % des données transitent par les EU, lesquels disposent des géants GAFAM et sont membres des Five Eyes, l’alliance des services de renseignement de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis.

On est ainsi entré dans une ère de l’écoute et du « capitalisme de surveillance » selon l’expression de Shoshana Zuboff. Edward Snowden dénonce les renseignements collectés par les services secrets américains et britanniques (informations en ligne, le programme GENIE d’espionnage d’équipements informatiques à l’étranger, l’espionnage de câbles sous-marins de télécommunications intercontinentales et d’institutions internationales comme le siège des Nations unies).

De même en France, les données sont écoutées à Marseille par la DGSE en provenance du Maghreb et du Moyen-Orient par exemple. Dans ce contexte d’espionnage massif, le Brésil a construit son propre câble jusqu’à l’Europe, même s’il lui a coûté très cher, Moscou a développé Yandex et VKontakte pour contrôler ses câbles, la Chine développe SEA-ME-WE 5 dans le cadre des nouvelles routes de la soie par Huawei Marine et construit même au Groenland ! L’Australie a alors refusé un câble la reliant aux îles Salomon par peur d’espionnage et perte de souveraineté numérique.

Aujourd’hui, Facebook, Google et Microsoft disposent même de leurs propres câbles, ce qui fait d’eux des acteurs souverains et indépendants.

L’essentiel à retenir sur la géopolitique des tubes en prépa ECG

Projet Nabucco vs South Stream

Les Européens voulaient prendre leur indépendance par rapport au gaz russe avec le projet Nabucco. Mais cet espoir s’envole. Le projet concurrent, South Stream, financé par le Français EDF (15 %), l’Italien ENI (20 %), l’Allemand BASF (15 %) et le Russe Gazprom (50 %), l’emporte en 2012. Bien que le projet de Nabucco était prévu depuis 2004, la volonté s’était renforcée depuis janvier 2009 avec la crise d’approvisionnement russo-ukrainienne.

À son origine, le projet Nabucco, porté par des compagnies gazières d’Europe centrale, avait des visées très politiques. Soutenu par Washington et Bruxelles, il visait à contourner le Russe Gazprom. Il s’agissait d’importer en Europe le gaz de la Caspienne (Azerbaïdjan et Turkménistan), voire du Kurdistan irakien ou d’Iran. Nabucco souffrait dès l’origine de deux faiblesses.

Projets Nabucco vs South Stream
Projets Nabucco vs South Stream

La première faiblesse

Il n’était pas porté par un pays producteur de gaz mais par les consommateurs. Difficile dans ces conditions de sécuriser les volumes de gaz à livrer.

La seconde faiblesse

Aucune des grandes compagnies gazières européennes ne participait au tour de table. Le projet devait se greffer à un gazoduc turc et ne démarrer qu’à la frontière entre la Turquie et la Bulgarie, direction l’Autriche. Pour évacuer son gaz, l’Azerbaïdjan cherchait une route alternative, plus courte et moins chère. L’un des partenaires du gisement Shah Deniz, le norvégien Statoil, s’est mis à la tête d’un projet alternatif, le TAP, avec le groupe suisse Axpo et l’allemand E.ON. Le choix du TAP qui achemine 10 milliards de mètres cubes par an jusqu’au sud de l’Italie sonna comme le glas pour Nabucco.

Dès lors, une véritable « géopolitique des tubes » s’est mise en place en Eurasie. Il fallait contrôler à tout prix les gazoducs. Le projet Nabucco, pourtant soutenu par l’UE et les États-Unis, pour relier l’Europe à l’Iran, a été avorté au profit du projet South Stream soutenu par la Russie pour relier l’Europe à la Turquie.

Projet Keystone XL

La construction de Keystone XL fait l’objet d’une controverse d’envergure nationale. Le nouveau tronçon vise à accroître les capacités de transport de ce dernier et à acheminer le pétrole brut américain extrait de la formation de Bakken, dans le Montana et le Dakota du Nord jusqu’au golfe du Mexique. Le projet est vivement contesté par les principales associations environnementales américaines, par de nombreux propriétaires fonciers dont les terres se trouvent sur son tracé, par des Amérindiens et par une partie des élus démocrates américains.

Ses opposants y voient un risque de pollution des sols et de l’eau en cas de fuite d’hydrocarbures, ainsi qu’une contribution supplémentaire au réchauffement climatique. À l’inverse, l’industrie pétrolière, le gouvernement conservateur canadien et le Parti républicain américain soutiennent vivement le projet en arguant qu’il créera de nombreux emplois, consolidera l’indépendance énergétique des États-Unis et fera baisser les prix de l’essence dans le pays, voire qu’il permettrait un acheminement des hydrocarbures plus sûr que via le transport ferroviaire.

Sur le plan légal, la construction de Keystone XL requiert une autorisation du président américain

En 2012, Barack Obama refuse de l’octroyer après que les républicains au Congrès ont tenté d’accélérer l’approbation du projet. En 2015, Barack Obama annonce qu’il n’autorise pas le projet, signant la fin de plusieurs années de controverse. Toutefois, en 2017, son successeur Donald Trump délivre un permis de construction à TransCanada. En dépit d’obstacles juridiques, sa construction commence en 2020 dans l’État américain du Montana et dans la province canadienne de l’Alberta. Elle est cependant rapidement freinée par des décisions de justice américaines.

En 2021, le nouveau président Joe Biden signe un décret interdisant la construction de l’oléoduc. Le 9 juin de la même année, TC Énergie annonce l’abandon définitif de Keystone XL.

Te voilà désormais davantage au fait de l’actualité des câbles et des tubes (oléoducs et gazoducs) ! Si tu souhaites approfondir tes connaissances sur ces sujets très en vogue en prépa ECG, n’hésite pas à lire notre article qui traite plus précisément de la guerre des câbles sous-marins, ou plus largement de la géopolitique des tubes en Europe.