Grippe espagnole de 1918

C’est la pandémie la plus meurtrière de l’Histoire, qui fit plus de victimes que la première guerre mondiale elle-même. Aujourd’hui (parce que ça change du coronavirus), revenons sur la grippe espagnole de 1918, exemple parfait dans une dissertation ou dans une colle.

Une origine incertaine

Si son origine fait encore l’objet de débats entre épidémiologistes et historiens, le virus apparaît probablement dans un camps militaire du Kansas en mars 1918. Elle se diffuse aux Etats-Unis puis s’étend rapidement en Europe avec la progression des troupes américaines.

La plus grande pandémie de l’Histoire

Elle ne devient mortelle qu’à partir de septembre 1918, sûrement après une mutation du virus. Particulièrement contagieuse, elle décime 2% de la population américaine avant de commencer à faire ses premières victimes européennes. Elle touche la France (surtout dans les tranchées, où la promiscuité et le manque d’hygiène sont flagrants), l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

La pandémie continue à contaminer le reste du monde, principalement par le biais des colonies et des comptoirs européens. Si l’Australie met en place une quarantaine rigoureuse qui limite le nombre de cas, les Indes, l’Afrique, la Chine et l’Amérique latine sont fortement touchées. On considère que 30 à 50% de la population mondiale aurait été infectée.

Les conséquences de cette pandémie

La pandémie prend fin en 1919, avec un nombre total de victimes évalué à 25 millions de personnes à l’époque, mais réévalué à 50 millions par les historiens contemporains. En comparaison, la première guerre mondiale a fait 20 millions de victimes.

Cette pandémie est remarquable non seulement par le nombre de victimes qu’elle a fait, mais aussi par sa vitesse de propagation (moins de 3 mois). Cela permet aussi à certains Européens de prendre conscience du danger potentiel d’une pandémie. Ainsi, la Charte de la SDN contient un projet de création d’un Comité d’Hygiène international, qui deviendra finalement l’Organisation mondiale de la santé en 1948. Cependant, comme le souligne l’historien français Freddy Vinet dans son ouvrage de 2018 La Grande Grippe. 1918. La pire épidémie du siècle, une omerta se forme autour de cette grippe, qui vient entacher l’optimisme post-guerre.

Pourquoi ce nom ?

Pourquoi cette grippe, qui ne vient pas du tout d’Espagne, porte le nom de grippe espagnole ? La réponse est simple : la presse espagnole a été la première à en parler dans les journaux de l’époque. N’étant pas en guerre, les autorités de l’époque ne censuraient pas la presse. Au contraire, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis contrôlaient les médias pour ne pas démotiver la population.  Le nom de « grippe espagnole » est donc resté, alors que les Espagnols la surnommeront le « Soldat napolitain ».

Grippe espagnole, coronavirus, même combat?

Comparer la grippe espagnole et le coronavirus peut être compliqué, la première pandémie étant finie tandis que la seconde se déroule toujours. Cependant, certains points les séparent et nous permettent de mieux comprendre les évolutions du système sanitaire mondial.

Tout d’abord, le virus de la grippe espagnole de 1918 n’est identifiée qu’en … 1933.  Avant cette date, envisager de créer un vaccin est tout bonnement impossible. Au contraire, l’identification du covid-19 n’a pris que quelques jours, ce qui pourrait nous permettre d’envisager la création d’un vaccin dans les mois à venir. En attendant un traitement, les recommandations sanitaires de l’époque sont les mêmes qu’aujourd’hui: se laver les mains, porter un masque, se mettre en quarantaine…

La létalité du virus est également très différente. Certes, il est difficile de mesurer dès aujourd’hui la mortalité du coronavirus. Cependant, la grippe espagnole a été particulièrement mortelle car les individus étaient affaiblis par la guerre et les privations. Les populations ne disposaient également pas des équipements médicaux modernes. Une autre différence concerne la population touchée par le virus: si on considère que le coronavirus tue majoritairement les personnes âgées, ce sont les jeunes adultes de 20 à 40 ans qui étaient le plus victimes de la grippe espagnole.

En fait, il faut comprendre que notre système sanitaire est un héritage de la grippe espagnole de 1918. La pandémie, laissant dans les mémoires un réel traumatisme, a permis aux populations du début XXème de prendre conscience de l’importance du développement de la médecine.