Le 23 juin 2016, 51,89% des Britanniques votent pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Le 29 mars 2017, Theresa May, qui a succédé à David Cameron à la suite du vote, déclenche la clause de retrait (l’article 50) du traité de Lisbonne. Le processus de négociation entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni pour fixer les conditions du divorce est alors enclenché et il doit durer 2 ans. Les discussions sont depuis lentes et laborieuses entre le négociateur en chef de l’Union européenne, Michel Barnier et le secrétaire d’Etat à la sortie de l’Union Européenne dans le gouvernement de Theresa May, David Davis.

Un premier accord sur une période de transition entre mars 2019 et décembre 2020 a cependant été trouvé. Durant cette période, le Royaume-Uni conservera les bénéfices et obligations de l’Union Européenne, mais ne participera plus aux décisions de l’UE. Les négociateurs ont également trouvé une entente sur le montant du Brexit, que le Royaume-Uni devra régler à l’UE, ainsi que sur la question des droits des expatriés au Royaume-Uni. Cependant, la question de l’Irlande, et de la frontière nord-irlandaise, pose un problème épineux pour les deux parties, qui ne souhaitent pas raviver les tensions issues du conflit nord-irlandais (1968-1998).

En effet, si le Royaume-Uni et l’Union Européenne ne souhaitent pas le rétablissement d’une frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, des points de discorde demeurent.

L’Union Européenne propose que l’Irlande du Nord reste dans une « union douanière » avec l’UE. Cette idée ne plaît pas à Theresa May, qui considère cette hypothèse comme une atteinte portée à l’intégrité constitutionnelle du Royaume-Uni. En outre, la première Ministre britannique ne souhaite pas créer de tensions avec son allié conservateur nord-irlandais (le DUP, allié des Tories au Parlement britannique), lequel est totalement opposé au projet de l’Union Européenne.

La position britannique est pour le moins difficile à tenir : la ligne du « hard Brexit » exige une sortie de l’Union Européenne et de son marché unique, ce qui signifie la réintroduction de frontières et de barrières douanières, notamment entre l’Irlande du Nord, et la République d’Irlande. Or, les accords du Vendredi Saint qui ont mis fin au conflit nord-irlandais en 1998, prévoyaient qu’il n’y aurait plus de frontières terrestres entre les deux Irlande.

Les discussions concernant la question irlandaise sont actuellement au point mort. Theresa May, dont le gouvernement est fragilisé par les départs successifs de ses ministres, préfère éviter la question pour le moment, pour ne pas perdre le soutien de son parti conservateur.

Si le Royaume-Uni et l’Union Européenne sont dans l’incertitude, à moins d’un an de la fin des négociations du Brexit, c’est aussi le cas pour l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. En effet, l’instauration d’une nouvelle frontière viendrait non seulement raviver les tensions éteintes il y a tout juste vingt ans (avec un risque de reprise des conflits), mais également déstabiliser économiquement les deux pays, puisque 57% des exportations de l’Irlande du Nord sont dirigées vers l’Union Européenne (dont 21% directement vers l’Irlande), et que près de 30 000 travailleurs transfrontaliers verraient leur emploi menacé.