Le 20 janvier 2017, Donald J.Trump est devenu le 45e président des Etats-Unis. Homme d’affaire, personnalité publique, le milliardaire entretient une relation étrange avec les médias,  notamment avec les journaux et chaînes TV. Il serait réducteur de voir Trump comme un impulsif qui ne fait que diaboliser les médias, et naïf de penser que cette diabolisation n’est pas savamment entretenue. Aussi, cette relation ne date pas d’hier et Trump n’a pas attendu d’accéder à la présidence pour largement critiquer les médias américains.

Le sujet de Trump fait partie des “fils rouges” en classe prépa, autant en anglais qu’en géopo et parfois même en espagnol. Il est donc important d’en avoir une vision globale sans tomber dans la caricature pour montrer à votre correcteur/colleur/prof que vous êtes capable de prendre du recul sur l’actualité récente.

Ainsi, entre haine et manipulation, comment la relation entre Donald Trump et les médias s’est-elle construite au fil des années et dans quelle mesure a-t-elle pu jouer un rôle dans l’élection américaine de 2018?

Trump, une personnalité publique avant d’être un président

Voir “seulement” Trump comme le président de la première nation mondiale c’est manquer de recul chronologique. Un américain définirait d’ailleurs Trump avant tout comme un homme d’affaire et une personnalité publique. En effet, Trump a toujours tenu à son image et tenu à construire son image. En surfant sur la vague du “self made man” Trump a réussi à faire croire que sa réussite est partie de zéro et de montrer un destin à la Steve Jobs. Ne vous y trompez pas, il est avant tout quelqu’un qui est né dans le chic quartier de Jamaica Estates, a fait de brillantes études à la Wharton School et qui a ensuite été embauché par l’entreprise de son père la Elizabeth Trump and son. Pour tromper sur son passé et montrer une réelle image entrepreneuriale, Donald Trump a usé de stratagèmes médiatiques et notamment de son amitié avec Niki Haskell, une animatrice de télévision américaine. Un exemple particulièrement pertinent est celui de son rachat de la patinoire Wollman à New York en 1986 car cette rénovation était bien plus une affaire médiatique que financière. Trump a fait les gros titres pendant des mois et son nom était désormais associé à une image de bienfaiteur de la ville.

D’ailleurs, son nom est devenu une réelle marque de fabrique avec la Trump Tower inaugurée en 1983. Il n’est, en fait, jamais resté dans l’ombre et sa communication est extrêmement planifiée toute en pouvant être parfois impulsive. Sa relation avec les médias n’a jamais été toute blanche ou toute noire, elle dépendait en réalité de la conjoncture et, assez largement, de l’état de ses affaires. Très ouvert lorsqu’il s’agissait de faire la promotion de son Trump Plaza ou du Trump Taj Mahal, ses deux casinos, il pouvait devenir extrêmement sensible voir acerbe par exemple durant la période de son divorce avec Ivana Zelnickova (sa première compagne). Quoi qu’il en soit, en multipliant ensuite les interviews et en ayant même eu sa propre émission de TV, The Apprentice, Trump était devenu une réelle personnalité publique.

De personnalité à président

Trump ne s’est jamais caché d’avoir beaucoup d’admiration pour Ronald Reagan, l’acteur devenu par la suite président. S’il a réussi à accéder à la présidence, c’est également grâce au médias et à sa critique de ceux-ci. En effet, durant la campagne et encore aujourd’hui, Trump n’a cessé de fustiger ce qu’il appelle les “fake news”. Il s’appuie en réalité sur un désamour global du peuple américain avec leurs médias. Frapper les médias, surtout les journaux et chaînes TV, permet à Trump de se poser en défenseur de la liberté d’expression et de se revendiquer “plus proche du peuple” en communiquant via des médias plus récent comme Twitter. Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, cette “haine” des médias est en réalité une stratégie électorale. En diabolisant ceux qui le présentaient comme un candidat ridicule, le rapport de force s’est inversé et ce sont ces mêmes médias qui s’en sont trouvés décrédibilisés. De la même manière, fustiger les “gros médias” adressés à une élite intellectuelle, c’est aussi pour Trump se placer du côté du citoyen moyen, du côté du peuple et contre une forme d’inteligentsia (élite culturelle). Par ce stratagème, Trump a sapé le pouvoir d’influence des principaux médias américains durant la campagne présidentielle. Si certains ne sont pas rentrés dans la guerre idéologique que leur proposait le candidat, d’autres comme CNN y ont largement succombé et ont, sans s’en rendre compte, contribué à son succès. C’est un nouveau style de propagande qu’a inventé, ou du moins qu’utilise, Donald Trump: plus directe, plus offensive et entièrement légale. L’atout que cultive Donald Trump est de pouvoir jouer sur la dimension “humaine” de réactions parfois démesurées mais qui donne, là aussi, l’impression d’un président “du peuple”.

Mise en perspective

Si ce sujet choque autant en France, chaque tweet de Trump est analysé, décortiqué, c’est aussi parce que la liberté de la presse est une dimension beaucoup plus importante qu’aux Etats-Unis. Garantie par l’article 11 de la DDHC, elle est abondamment défendue par exemple lorsque qu’Emmanuel Macron avait critiqué les questions d’une journaliste de “Quotidien” en Inde en mars 2018. Nourrie des dystopie d’Huxley (Le Meilleur des Mondes) ou Orwell (1984), l’opinion publique est, en Europe et en France, très sensible à la question de la liberté de penser et d’écrire. Aux Etats-Unis, la préférence donnée à la chaîne d’informations Fox News par le président n’est pas vu comme une atteinte à la démocratie alors que c’est quasiment impensable en France. Ainsi, la relation entre Trump et les médias doit aussi être analysée par le prisme culturel et les différences à ce sujet entre l’Europe et les Etats-Unis doivent être prises en compte pour comprendre l’attitude parfois déroutante de ce président atypique ainsi que ses stratégies électorales.

Que retenir?

  • La relation conflictuelle entre Trump et les médias n’a pas commencé. pendant la campagne présidentielle mais date en réalité de l’entrée en affaires de Donald Trump.
  • Cette relation est plus complexe qu’une simple diabolisation des médias par Trump.
  • Ce combat contre les “grands médias” permet à Trump d’entretenir sa popularité chez les classes moyennes.
  • Si certains agissement sont vus en France comme une atteinte à la liberté de la Presse, c’est notamment dû à une culture différente et vous ferez preuve de discernement et de prise de recul en mentionnant ce point dans vos dissertations 🙂