Onaïa

Dans ce nouvel article, découvre le parcours d’Onaïa, ancien étudiant en CPGE PT qui a intégré l’ENS Paris-Saclay dans le cursus Sciences pour l’ingénieur. Comment a-t-il vécu sa prépa ? Quels sont ses conseils ? Toutes les réponses sont à retrouver ici.

 

Avant la prépa

Ton parcours avant d’entrer en prépa ?

Avant d’entrer en prépa, j’étais dans un lycée albigeois qui proposait la spécialité SI et SVT. Je suis arrivé dans ce lycée entre la seconde et la première parce que je voulais découvrir un peu ce qu’étaient les Sciences de l’ingénieur. J’ai eu des profs de SI très intéressants qui m’ont permis de comprendre un petit peu mieux ce qu’était le travail d’un ingénieur, ce qui m’a donné envie de creuser un petit peu plus. De plus, j’avais une bonne compréhension dans les matières scientifiques et les profs de mon lycée nous poussaient à être curieux.

D’une manière générale, je suis passionné par les sciences depuis tout petit, ainsi que par la façon dont la démarche scientifique apporte une compréhension claire du monde qui nous entoure. Après ces années au lycée, j’ai voulu aller plus loin en entrant en classe prépa. Je sentais que j’avais besoin d’être poussé à fond sans forcément me spécialiser dans un domaine scientifique en particulier.

 

Ton été avant ton entrée en 1/2 ?

Globalement, j’avais conscience que les deux années qui allaient commencer à la rentrée seraient éreintantes. J’ai fait le choix de me reposer à fond durant l’été avant mon entrée en prépa, pour profiter au maximum de mes proches (famille, amis, copine…).

Bien entendu, j’ai quand même lu et fait un résumé des trois livres que nous avions à lire en français-philosophie. J’ai toujours aimé lire, donc cela n’a pas été un problème pour moi, mais je pense que ce n’est pas insurmontable, même pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude de lire régulièrement.

Un conseil assez classique que je pourrais donner est de se fixer un nombre de pages minimum à lire par jour. Dans certains cas, les livres sont assez intéressants et c’est facile de dépasser sans se rendre compte le nombre de pages. Faire un résumé à côté est également important (avoir toujours une feuille et un stylo sous la main pour prendre des notes pendant la lecture). Clairement, avoir lu les livres avant d’arriver en septembre est un réel avantage dont on profite toute l’année.

 

Ton expérience prépa

Comment as-tu vécu ta première année ?

La différence avec le lycée est réelle et s’est très vite fait ressentir. La principale différence, outre le travail plus régulier, est le niveau des autres personnes de la classe. En effet, chacun des élèves avait l’habitude d’être parmi les meilleurs de la classe au lycée, et le système de classement en prépa désigne forcément un premier et un dernier. Mais ce n’est pas une fatalité, cela ne présage en rien du classement final après deux ans.

Toutefois, c’était particulièrement stressant au début de la première année de voir des gens réussir bien mieux que moi, sans forcément savoir pourquoi. J’ai fini par prendre du recul et essayer plusieurs méthodes de travail avant d’arriver à trouver la mienne. Bien entendu, j’essayais tout et n’importe quoi, sans forcément avoir des résultats en hausse, mais ça a fini par payer.

 

L’internat, pas trop difficile ?

Certes, j’étais un peu réticent au début à l’idée de changer mes habitudes, mais cela s’est finalement très bien fait. Prendre le temps de discuter avec les autres avant d’aller bosser m’a fait beaucoup de bien.

En effet, l’entraide était vraiment présente. Par exemple, on allait régulièrement d’une chambre à l’autre pour aller chercher untel ou untel qui avait mieux compris une partie du cours afin de lui demander une explication. D’une part, avoir une deuxième explication aide vraiment à comprendre, et d’autre part, expliquer permet d’approfondir notre réflexion. It’s a win-win proposition!

Finalement, on a fini par tous avoir le même rythme de vie à l’internat, sans que cela soit un problème pour personne. J’arrivais également à prendre du temps pour moi, ce qui est vraiment crucial.

 

Quel a été le programme de ton été pré-3/2 ?

Au final, mon été de pré-3/2 a ressemblé à mon été avant la prépa. J’ai commencé par me reposer un maximum pendant un bon mois, voir ma famille, aller en festival, etc.

Ensuite, j’ai attaqué la révision de mes cours de ½. Rien de très approfondi, mais j’ai surtout ciblé les cours sur lesquels j’avais eu du mal pendant l’année. Enfin, j’ai lu et fait le résumé des livres de français-philosophie.

 

Comment s’est déroulée ta deuxième année ?

J’ai loupé une bonne partie de la deuxième année à cause de soucis de santé qui m’ont contraint à me faire opérer aux alentours de décembre, puis à rester un mois en convalescence. Néanmoins, j’ai eu le choix entre continuer à travailler pendant ce temps-là ou laisser tomber, et j’ai choisi la première option. Clairement, j’ai été chanceux d’avoir des super amis qui m’envoyaient les cours et des profs qui me soutenaient, donc en continuant à bosser régulièrement, j’ai pu revenir en février sans avoir pris (trop) de retard.

Toutefois, dans la mesure où j’avais raté la moitié de l’année, j’ai décidé de faire une 5/2.

 

Et ta troisième ?

Pendant ma 5/2, j’avais pris un peu plus confiance en moi et en mes méthodes de travail. Par ailleurs, j’ai aussi eu la chance de tomber dans une super classe que je connaissais déjà, donc j’ai fini de tisser des liens avec mes camarades.

Malheureusement, la Covid est passée par là et on a dû se confiner pendant la préparation aux écrits. Toutefois, étant assez autonome, j’ai continué à travailler chez moi en m’imposant un emploi du temps de révision. Finalement, cette méthode m’a plutôt bien réussi.

 

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes préparationnaires en herbe ?

Premièrement, le rythme de vie est essentiel : travailler beaucoup, c’est nécessaire, mais travailler jusqu’à 3 heures du matin, c’est trop. Effectivement, mieux vaut arriver frais en cours le lendemain matin. C’est un vrai combat contre soi-même, parce que le premier réflexe est de se dire que la réussite sera proportionnelle au temps de travail. En réalité, en travaillant pendant deux heures après avoir fait du sport, j’étais beaucoup plus efficace que si je remplaçais le sport par des heures de travail.

De plus, voir ses amis et/ou sa copine/son copain, sortir de temps à autre, prendre du temps pour soi sont autant de choses qui permettent au moral de remonter et à l’esprit de se relâcher. Or, un esprit sain dans un corps sain est indispensable pour être d’attaque par la suite. L’essentiel est de compartimenter : savoir précisément quel créneau horaire on va allouer au travail et quel créneau horaire allouer aux loisirs.

 

Et dans les méthodes ou le rythme de travail ?

Pour moi, la clé réside dans la régularité du travail. Au lycée, je fonctionnais énormément sur la mémoire immédiate. Effectivement, avoir écouté de loin en cours me suffisait pour avoir des bonnes notes aux évaluations deux ou trois semaines après. En prépa, la réflexion scientifique est plus poussée et demande un temps de maturation et d’assimilation.

Certains de mes camarades avaient une excellente mémoire et arrivaient à réussir leurs DS sans forcément retravailler derrière. Toutefois, cela a fini par les rattraper à la fin de la première année lors du concours blanc, lorsqu’ils ont dû réviser un an de cours qu’ils avaient suivis de loin.

Ainsi, j’ai commencé à faire des fiches de révisions, chose que je ne faisais pas au lycée. J’ai également appris à réviser vraiment : relire son cours ne suffit pas. Selon moi, la meilleure des choses à faire est d’avoir une feuille et un stylo à côté de soi lors de la relecture pour marquer les choses importantes.

 

La vie à l’ENS Paris-Saclay

Les cours ?

Je suis rentré en 2021 en cursus Sciences pour l’ingénieur à l’ENS. Les enseignants nous laissent une grande liberté pour choisir nos cours, car l’objectif de l’école est vraiment de nous former à la compréhension du monde des sciences de manière très large. En plus du socle commun de première année (mécanique du solide, traitement du signal, électromagnétisme, mécanique des fluides…), j’ai suivi des cours d’option, avec notamment de la mécanique quantique. Le niveau de ces cours d’option est adapté et les profs sont vraiment cool.

À la fin du premier semestre de la première année, on doit choisir entre trois spécialités : génie électrique, génie mécanique et génie civil. Pour ma part, je suis allé en génie civil, car le génie électrique ne me tentait vraiment pas et j’hésitais entre le génie méca et le génie civil. Le premier semestre te fait un peu toucher à tout pour que tu découvres les trois spécialités, donc ton choix est éclairé. Dans tous les cas, si la spécialité choisie ne te plaît pas, tu peux demander à en changer après avoir fait ton choix, les profs sont vraiment compréhensifs.

 

Ce qui te plaît à Paris-Saclay ?

Une chose que j’aime beaucoup dans cette école est la place qui est donnée à la curiosité : le parcours de normalien est entièrement pensé pour que l’on puisse donner libre cours à ses envies, et la soif de connaissances est encouragée. Chaque normalien a un parcours qui lui est propre, et cette modularité au sein du diplôme est vraiment un atout.

Par ailleurs, une chose à savoir est qu’à l’ENS, dans les spécialités SI, on fait plutôt de la physique appliquée aux sciences de l’ingénieur que réellement des sciences de l’ingénieur. Autrement dit, le programme diffère des écoles d’ingés en ce sens. Si je devais résumer rapidement ce qui s’y fait, je dirais que l’on étudie les principes physiques pour concevoir les outils (mathématiques, physiques…) utilisés par les ingénieurs. On va plus loin dans la compréhension des principes, et c’est ce qui nous permet d’être polyvalents. On nous apprend à apprendre rapidement et à passer d’un domaine à l’autre, ce qui nous permet d’avoir une compréhension accrue du monde des sciences.

Ainsi, en troisième année, j’ai pu passer le concours de l’agrégation en Sciences de l’ingénieur, car la préparation de l’ENS est d’une très bonne qualité. Je trouvais cela intéressant, car on sort un peu de ce à quoi j’étais habitué jusqu’à présent.

 

La vie étudiante ?

Bien que l’école soit plus petite que CentraleSupélec (en face de nos bâtiments), notre vie étudiante est quand même bien développée. J’ai moi-même été vice-président du BDE et l’organisation des soirées prend un temps important. On a pas mal de clubs qui permettent à chacun de faire ce qui lui plaît et plein d’associations de sport qui s’entraînent dans des supers locaux.

Si tu es fêtard(e), on organise deux fois par semaine des soirées à l’ENS dans la Kfet : c’est un bar/boîte de nuit géré uniquement par le BDE et qui se trouve dans les locaux de l’école. Si tu veux juste passer boire un coup autour d’un baby-foot ou d’un billard, tu peux également y aller n’importe quel jour de la semaine.

 

Le mot de la fin ?

Je vais répéter ce que j’ai dit, mais le plus important en prépa est le moral. Fais tout pour le garder, ne cède pas à la pression des autres qui bossent en permanence autour de toi. Dans tous les cas, si tu es en prépa, c’est que tu y as ta place et que tu es intelligent(e). Pense à toi et prends soin de toi. Sors. Va prendre l’air. Vois tes amis. Une prépa un peu moins bien réussie que ce que l’on souhaitait, c’est moins grave qu’un moral ravagé.