Marie

Parmi les multiples débouchés de la prépa littéraire, de nombreux khâgneux font le choix de formations centrées sur le droit ou les politiques publiques. Nous te proposons aujourd’hui de découvrir la licence de droit mention administration publique (LAP) proposée par l’Université Paris-Panthéon-Assas. Apprends-en plus sur ce cursus à travers le témoignage de Marie, qui l’a intégré après une prépa A/L !

Commençons par une petite présentation : quel a été ton parcours scolaire, du lycée jusqu’à la prépa ?

J’ai passé un bac ES au lycée Sainte-Marie de Neuilly en spécialité Mathématiques. Je suis restée dans le même établissement pour ma prépa A/L, où j’étais en option géographie et LV1 Espagnol.

Pourquoi avoir intégré la licence administration publique proposée par Assas ? Que comptes-tu faire à la fin de l’année et quels sont les débouchés proposés par la formation ?

Je ne voulais pas passer les écoles de commerce en même temps que l’ENS. Mon objectif était de présenter d’autres formations, comme le CELSA, Dauphine, des licences de géographie ou encore l’ISMaPP (NDLR : Institut supérieur du management public et politique).

Finalement, j’ai retenu la licence administration publique parce qu’elle offrait une vraie formation en droit public. Elle proposait les mêmes débouchés que l’ISMaPP, mais gratuitement. J’ai découvert ce débouché très tardivement et il correspondait à 100 % à ce que je voulais faire. Je pourrai travailler dans le public et bosser dans l’administration ou peut-être même m’engager en politique ! En plus, mon père avait lui-même fait la LAP qui existe à Nanterre. Il m’a dit que c’était une formation hyper intéressante.

Pour intégrer une licence de droit généraliste (public et privé) comme celle d’Assas après une prépa littéraire, il faut perdre un an et entrer en L2. Le vrai plus avec la LAP, c’est que tu peux intégrer directement en L3, puisque la formation se concentre exclusivement sur le droit public, administratif et constitutionnel.

Comment se déroule le cursus ?

Comme une licence normale à la fac ! Tu as deux semestres et à chaque fois des matières à valider. Ça se répartit entre des cours magistraux, des matières à TD (NDLR : travaux dirigés) et des options. Les grosses matières, c’est droit constitutionnel, droit administratif et économie générale. Il y a des options en sciences politiques, droit européen, droit international, etc.

Contrairement à ce qui peut exister dans d’autres formations, où on rattrape deux ans de droit en quelques semaines en début d’année, ici, la remise à niveau est beaucoup plus progressive. Elle se fait tout au long de l’année en fait.

L’évaluation des matières se fait en trois temps. Tu as d’abord un DST, ensuite un « galop d’essai », qui est une sorte de partiel blanc, et à la fin du semestre, le vrai partiel. Il y a aussi des évaluations orales ponctuelles comme des exposés pendant les TD. Pour ce qui est du cursus après la licence administration publique, il y a plusieurs possibilités. Comme il s’agit d’une licence 3 comme une autre, en ce sens qu’après l’avoir validée, tu peux candidater dans le master de ton choix, la plupart des personnes intègrent des M1 en droit public, en finances publiques ou en sciences politiques.

Mais ce qui est très intéressant, c’est que la licence administration publique est aussi la première année de la formation en trois ans proposée par l’Institut de préparation aux concours de l’administration générale de Paris (IPAG). Une fois ton année validée, tu es vraiment libre de partir dans un master plus classique ou de rester à l’IPAG en prépa pour les concours.

Tu parlais de débouchés dans l’administration publique et la politique, de quoi s’agit-il précisément ?

Après une LAP, on peut passer beaucoup de concours de l’administration. En fonction de la difficulté et des prérequis, certains sont présentés en niveau bac+3 et d’autres au niveau bac+4 ou bac+5.

La LAP d’Assas dépend de l’Institut de préparation aux concours de l’administration générale de Paris. En clair, c’est vraiment une formation pensée pour ceux qui veulent passer les épreuves ensuite ! Ma licence permet aux anciens khâgneux, A/L comme B/L, d’avoir les fondamentaux nécessaires en droit, en économie et en sciences politiques pour affronter les concours de l’administration.

L’IPAG permet seulement de passer les concours de la fonction publique de catégorie A, comme celui de commissaire de police ou de commissaire des armées. Beaucoup de personnes présentent aussi ceux des IRA, les instituts régionaux d’administration, qui forment les fonctionnaires qui assurent la mise en œuvre des politiques publiques.

Personnellement, je voudrais présenter les concours de catégorie A+, qui sélectionnent les hauts fonctionnaires aussi chargés de la conception des politiques publiques. Il faut avoir suivi une formation plus intensive et approfondie que celle de l’IPAG pour présenter les concours A+. Par exemple, comme celui de l’INSP (Institut national du service public, successeur de l’ENA).

Pour cette raison, je compte intégrer un master plus généraliste en droit public ou en sciences politiques à la fin de ma L3. Ça me permettra de présenter des concours au-delà de la catégorie A.

Quelles sont les modalités de recrutement d’Assas pour les khâgneux A/L ?

La campagne de recrutement pour la LAP avait lieu en juin. Il fallait envoyer un dossier avec CV, lettre de motivation, etc. Ils demandaient les bulletins de prépa jusqu’au deuxième semestre de khâgne. En revanche, il ne semble pas qu’on m’avait demandé mes notes au concours de la BEL.

Je n’ai pas passé d’entretien de recrutement et j’ai eu une réponse dans le courant de l’été.

Quelle est l’ambiance au sein de la promotion ?

Il y a de gros points positifs et de gros points négatifs. Le vrai plus, c’est qu’on est une promo de seulement 40 élèves. Quand tu sors de la prépa, tu ne te manges pas les défauts de fac avec des amphis gigantesques où tu ne connais personne et où tu n’as aucun contact avec les profs.

Là, vraiment, on a une équipe enseignante proche des élèves, à l’écoute… En droit, parfois, ça s’impose (rires). Quand t’es complètement largué parce que tu découvres, c’est génial de pouvoir poser plein de questions.

Le fait d’être peu nombreux, ça soude et ça favorise l’existence d’une vraie ambiance de promo. Tu connais assez vite tout le monde, tu peux déjeuner, sortir avec les uns et les autres, etc. En plus, on vient tous de prépa, on a tous un intérêt pour le public. Donc, il y a une curiosité, certaines valeurs qui sont partagées et c’est agréable de pouvoir échanger.

Le point négatif, c’est que les locaux ne sont pas à Assas même. Ils ne sont franchement pas incroyables. On n’y est que pour les cours et le Centre Assas (NDLR : le site principal de l’Université) n’est qu’à 15 minutes à pied ! On peut participer à la vie associative du campus, accéder à la bibliothèque qui est géniale, etc.

J’avoue que je ne me suis pas spécialement impliquée dans les assos d’Assas. Je me suis beaucoup engagée avec l’élection présidentielle pendant la campagne, donc ça m’a pris beaucoup de temps (rires). Mais, par exemple, j’ai une amie qui est à la fois dans l’asso environnement et dans celle de hip-hop.

Tes études te plaisent-elles ?

Oui, énormément ! J’ai adoré cette année parce qu’en sortant de prépa, tu découvres plein de nouvelles matières. Ça change des sujets, très cool au demeurant, sur lesquels tu es un peu en boucle pendant deux ans.

Je trouve qu’il y a une vrai émulation intellectuelle en licence administration publique. On m’avait dit : « Tu verras, la fac, c’est difficile parce que c’est moins dense que la khâgne, tu vas peut-être t’ennuyer, etc. » Eh bien, pas du tout ! Les matières étaient très bien, les profs sont excellents et tu sais qu’il faut bien travailler pour avoir des bonnes notes, donc c’est plutôt très motivant !

Évidemment, c’est quand même moins dense qu’une prépa (rires). On n’est plus sur du 8 h-22 h tous les jours et du travail non-stop le week-end ! Mais ça reste quand même un cursus prenant.

Comment s’était déroulée ta prépa ?

J’ai adoré la prépa ! Après, je n’étais clairement pas excellente… Toujours dans le dernier tiers de la classe et au concours, j’ai fini à 10,0/20 ; donc, vraiment la définition même de l’élève moyenne (rires). Ça ne m’a pas empêchée d’être prise pour autant ! Il y a des profils très différents qui vont de grandes prépas du type Henri IV et d’autres moins connues.

L’hypokhâgne et la khâgne ont été des années parfois très dures, mais j’en garde vraiment des bons souvenirs ! Je pense que ça m’a permis d’en apprendre plus sur moi-même et sur ma façon de travailler.

Quels conseils donnerais-tu aux khâgneux qui veulent intégrer ton cursus à Assas et quelles sont selon toi les qualités nécessaires pour y entrer ?

Pour ce qui est du recrutement, il faut bien justifier son projet dans la lettre de motivation ! Expliquez votre attachement au public, votre volonté de découvrir le droit, etc. Pas forcément pour bosser dans l’administration, ça peut aussi déboucher sur des boulots au Sénat, à l’Assemblée nationale comme assistant parlementaire par exemple. Il n’est pas nécessaire de savoir précisément quel métier vous visez, ils ne vont pas vous attendre au tournant pour vous demander de savoir en détail quel concours vous comptez passer !

Vraiment, il faut avoir cette envie de découvrir autre chose que les matières que vous avez faites en prépa. J’ai une camarade de promo qui est passionnée d’histoire, elle ne trouve pas forcément son compte dans la formation en LAP… Nos matières comme le droit sont très rigoureuses, donc il faut être une personne très carrée ! On s’éloigne clairement du cliché du khâgneux un peu rêveur qui disserte sur la littérature (rires).

En tant qu’ex-khâgneux, vous êtes déjà capables de beaucoup de choses… Les méthodes de travail et les compétences rédactionnelles sont là et les profs nous le répètent non-stop ! Maintenant, il faut que la motivation suive. Vous ne pouvez pas intégrer la licence administration publique en vous disant : « Trop bien, la fac, je vais pouvoir glander ! » En faisant le nécessaire, vous n’aurez absolument aucun mal à valider parce que les enseignants sont très bienveillants. En revanche, si vous ne vous impliquez pas suffisamment, vous pouvez facilement finir aux rattrapages.

Typiquement, je dois avouer qu’au deuxième semestre, mes engagements pour la campagne présidentielle m’ont vraiment pris beaucoup de temps… Du coup, je suis pas nécessairement hyper sereine pour les partiels (rires).

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à des hypokhâgneux ou khâgneux sur la prépa en général ?

La première chose qui me vient, c’est que si vous voulez l’ENS, il est très important d’y croire et de vous en donner les moyens dès les premières semaines d’hypokhâgne ! Soyez à fond du début à la fin et restez toujours mobilisés !

Après, je pense que la clé, c’est aussi de trouver un bon équilibre entre cette motivation qui est très importante et le fait de quand même prendre du recul. On fait une prépa aussi par envie de découvrir plein de choses sur des matières hyper intéressantes. Même s’il faut avoir le concours en tête pour garder le cap, le plaisir d’apprendre joue beaucoup et c’est ça qui permet de tenir les deux ans !

N’oubliez jamais que la prépa, c’est plus qu’un concours, c’est aussi un temps d’enrichissement personnel qu’on prend pour soi !

Un grand merci à Marie pour son témoignage sur son expérience en prépa et son cursus à Assas !