Paris-Saclay

L’ENS Paris-Saclay fait partie des Écoles normales supérieures (ENS) accessibles à l’issue d’une prépa littéraire A/L via la Banque d’épreuves littéraires (BEL). Nous te proposons de la découvrir et de savoir comment y candidater avec le témoignage de Nina, qui l’a intégrée en se classant sixième au concours.

 

Pour commencer, une petite présentation s’impose : quel a été ton parcours scolaire du lycée jusqu’à la prépa ? (Filière, options, etc.)

J’étais au lycée Victor Duruy à Paris de la seconde jusqu’à l’obtention de mon bac littéraire spécialité anglais. Le fait d’avoir suivi l’option latin et l’option grec dès le lycée m’a incitée à choisir une hypokhâgne à Sainte-Marie de Neuilly.

Au passage en khâgne, j’ai opté pour l’option anglais puisque c’était la matière que je souhaitais étudier depuis le début. Après ces deux années de prépa, j’ai été première sur la liste complémentaire de l’ENS Paris-Saclay. C’est ce qui a renforcé mon envie de khûber pour retenter ma chance.

Qu’est-ce qui t’a motivée à intégrer l’ENS Paris-Saclay ? Que comptes-tu faire à la sortie de l’ENS et quels sont les débouchés offerts par l’École ?

Depuis le lycée, les études d’anglais m’intéressaient afin de devenir professeur et travailler dans la recherche. Les Écoles normales supérieures étaient mon objectif principal en entrant en prépa. Intégrer l’une d’elles, c’est vraiment la voie royale pour pouvoir enseigner et faire une thèse.

L’ENS Paris-Saclay propose une très bonne préparation pour l’agrégation d’anglais que j’aimerais passer. Après ce concours, j’aimerais faire de la recherche en littérature américaine.

Quelles sont les modalités de recrutement de l’ENS Paris-Saclay sur concours ?

Les épreuves de recrutement qu’on peut retrouver sur le site de l’École sont les mêmes pour les étudiants en khâgne moderne et classique. Le plus important est de suivre des cours de spé anglais.

Pour les cinq écrits d’admissibilité, l’École fonctionne avec la Banque d’épreuves littéraires, ce qui est plutôt pratique. Les quatre épreuves communes aux ENS de Lyon et de Paris comptent. Il s’agit de l’histoire (coef. 2), de la philosophie (coef. 2), des lettres (coef. 2) et de l’épreuve d’anglais tronc commun (coef. 4). Il faut également passer l’épreuve de thème en langue anglaise de l’ENS Lyon (coef. 6). Les cours de spé anglais en khâgne classique préparent aussi à cet exercice.

Il y a ensuite trois épreuves orales d’admission. Un commentaire de texte anglophone hors programme (coef. 10), un article de presse en LV2 (coef. 4) et un oral de civilisation (coef. 12). Le programme de cette dernière épreuve change tous les deux ans. Il requiert d’avoir une connaissance très fine des enjeux d’actualité et historiques sur le sujet.

Passer l’ENS Paris-Saclay en parallèle de celles de Paris et de Lyon est loin d’être impossible. Les cours de tronc commun et de spécialité anglais permettent de préparer presque toutes les épreuves. La seule épreuve typiquement saclaysienne est l’oral de civilisation. Je l’ai trouvée assez intéressante à préparer puisque le thème est souvent en lien avec des actualités récentes.

Est-il possible d’intégrer l’École sur dossier ?

Bien sûr ! Il faut contacter le département avec un projet de recherche en études anglophones. Les candidats passent ensuite un entretien avec la direction du département.

Quelle différence y a-t-il entre les étudiants admis sur dossier et sur concours ?

En réalité, pas grand-chose. On est tous dans la même classe avec autant d’admis sur dossier que sur concours. La seule différence concerne le statut de « fonctionnaire stagiaire » qui permet d’être rémunéré pendant ses études ainsi qu’un engagement décennal à travailler dans la fonction publique. Ils ne concernent que les admis sur concours.

Les admis sur dossier ne sont pas en reste pour autant ! Ils sont prioritaires pour obtenir les postes rémunérés d’assistants de langue [postes de lecteur] pendant leur échange à l’étranger en M1.

Comment fonctionne l’École et comment se déroule le cursus ?

L’école se divise en départements qui vont des sciences « dures » (physique, chimie, mathématiques, informatique, sciences de l’ingénieur) aux sciences humaines (anglais, sciences sociales), ou encore artistiques avec le design. Les étudiants en sciences humaines ont certains cours dans les locaux de l’Université Paris-Saclay et d’autres à Paris avec des universités partenaires.

À l’ENS, le cursus dure quatre ans. Pendant ma première année, j’ai cours deux jours par semaine sur le plateau de Saclay pour ce qui est de l’ENS et deux jours à l’Université de Paris, où je valide une licence 3 de LLCER anglais. Durant l’année de M1, tous les étudiants partent à l’étranger dans une université anglophone. L’École a des partenariats avec de nombreux établissements, notamment aux États-Unis (Université de Columbia, de Cornell et bien d’autres) ou au Royaume-Uni (Université de Glasgow, par exemple). Les élèves passent ensuite l’agrégation à l’issue de leur master 2.

En quoi l’ENS Paris-Saclay est-elle différente de l’ENS Ulm ou de l’ENS Lyon ?

Les ENS Ulm et Lyon sont également accessibles aux étudiants qui veulent étudier l’anglais, mais leur fonctionnement ou les spécialités qu’elles proposent ne sont pas les mêmes.

Il n’y a pas de département d’anglais à proprement parler à Ulm. Les élèves intègrent le département « Littérature et langage » avec sa sous-division de l’ECLA (Espace des cultures et langues d’ailleurs), qui est une plus petite structure. La formation à Ulm se centre moins sur l’anglais qu’à Saclay puisqu’on invite les étudiants à prendre un certain nombre de cours dans d’autres matières. Ça peut aussi être très intéressant, mais ça n’est pas forcément ce que tout le monde recherche.

À l’ENS Lyon, la préparation se centre autant sur l’anglais qu’à Saclay (même si à Lyon, il est possible de prendre des cours dans d’autres départements). Les spécialités dans la préparation à l’agrégation ne sont cependant pas les mêmes. L’ENS Saclay prépare aux spécialités civilisation et linguistique tandis que Lyon propose aussi la spécialité littérature. Après il faut garder en tête que ces spécialités n’ont une importance que pour l’agrégation et n’influent pas sur quoi porteront les recherches des étudiants. Même si je veux étudier la littérature, je pense prendre la spécialité civilisation à l’agrégation.

Une autre spécificité historique de l’ENS Paris-Saclay est le cours d’« English for specific purposes » (anglais de spécialité). Il n’entre pas dans la préparation à l’agrégation, mais permet d’apprendre le lexique de domaines très spécifiques comme le droit ou la médecine. Cette particularité saclaysienne donne l’opportunité aux étudiants de devenir professeurs de langue dans le supérieur dans des facultés n’enseignant pas l’anglais, mais des matières allant de la physique au droit.

Comment se passe ton début d’année ? Quelle est l’ambiance au sein de l’École et tes études te plaisent-elles ?

Pour le moment, c’est vraiment super ! L’ambiance est excellente entre les élèves de la promo. Étant donné qu’on forme de petits effectifs (17 personnes cette année), on est plutôt soudés.

La vie associative est hyper développée avec des clubs sur tous les sujets très variés et la possibilité de faire presque tous les sports qu’on veut. Sur le plateau de Saclay, la vie de campus est dingue et permet de rencontrer beaucoup d’étudiants d’autres départements, ce qui est très sympa. On les retrouve pendant les soirées ou le week-end d’intégration organisés par le BDE, mais aussi quotidiennement dans les locaux qu’on partage ou au resto universitaire.

J’ai aussi été agréablement surprise par les cours qui sont tous très intéressants.

En parlant des cours, comment se répartissent-ils entre l’ENS Paris-Saclay et l’université partenaire ?

Les enseignements dispensés par l’ENS Paris-Saclay servent pour la plupart à préparer l’agrégation, tandis que les matières que j’ai choisies à l’Université de Paris sont celles qui me permettent de valider ma Licence 3 d’anglais.

Cette division des cours entre Saclay et l’université partenaire me semble plutôt efficace. Elle permet, d’une part, de valider le diplôme de l’ENS et de se préparer au mieux à l’agrégation, et d’autre part, de valider une Licence 3 avec des matières qui collent aux centres d’intérêt de chacun.

Quels sont les enseignements dispensés à l’ENS Paris-Saclay ?

On peut notamment citer la linguistique, la phonologie, la terminologie, la compréhension/restitution, la version et le thème littéraires. J’ai aussi cours avec une lectrice de l’Université de Glasgow qui organise des conversations et des débats.

On suit également le cours d’anglais de spécialité, dont j’ai déjà parlé, et, pour ceux qui le souhaitent, des cours de LV2 dans les locaux de CentraleSupélec. L’école donne la possibilité d’étudier la même LV2 que celle qu’on a présentée au concours, mais aussi de découvrir d’autres langues. Elles vont de l’allemand et l’espagnol à d’autres qui ne sont pas forcément enseignées au lycée comme le japonais, le suédois, l’arabe ou le russe.

Et quels sont les cours proposés à l’Université de Paris ?

Il s’agit d’options sur des thèmes plus précis et qui permettent aux élèves de cibler ce qui les intéresse. J’ai opté pour la littérature anglaise de la renaissance et l’histoire des conservatismes américains, mais il y avait d’autres choix possibles. L’université propose des cours sur pas mal de périodes historiques ou de mouvements littéraires différents. On pouvait aussi prendre des options sur le cinéma et les arts visuels.

Comment s’était déroulée ta prépa ?

Pas trop mal ! Comme je l’ai expliqué précédemment, j’étais première sur liste complémentaire à Saclay en carré. C’est ce qui m’a décidée à khûber. Finalement, j’ai vraiment super bien vécu cette troisième année : c’était agréable de sentir plus à l’aise et de bien maîtriser le fonctionnement de la khâgne.

Cette année de khûbe m’a aussi permis de préparer et de déposer un dossier de recherche à Ulm, où j’ai aussi été acceptée à la fin de l’année. Le préparer m’a donné l’opportunité de mieux voir sur quoi je voulais faire de la recherche.

Quels conseils donnerais-tu aux khâgneux qui veulent intégrer l’ENS Paris-Saclay et quelles sont selon toi les qualités nécessaires pour y entrer ?

Déjà, il faut avoir un vrai intérêt pour la langue anglaise dans sa technicité. Il y a des cours de littérature mais les enseignements de version, de thème et de linguistique restent aussi très présents. Mieux vaut être très ouvert au monde anglophone. On part un an en échange, donc c’est quand même un plus d’être curieux et d’avoir envie de découvrir d’autres cultures ! Je pense qu’il est aussi important d’avoir une appétence pour l’enseignement et la recherche qui restent les débouchés principaux de la formation.

Pour ce qui est de la préparation de l’épreuve proprement saclaysienne de l’oral de civilisation, je conseillerais de bien suivre l’actualité du monde anglophone et de lire la bibliographie conseillée par le jury.

Pour le reste des épreuves écrites et orales, les conseils ne changent pas de ceux pour la préparation des ENS Ulm et Lyon. Il faut travailler son vocabulaire et s’entraîner énormément au thème. N’hésitez pas à investir dans les manuels de Françoise Grellet qui vous serviront jusqu’à l’agreg.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un hypokhâgneux ou à un khâgneux sur la prépa en général ?

Sois lucide sur ta manière d’apprendre et déculpabilise-toi sur tes méthodes de travail. Chacun fonctionne différemment, donc il est foncièrement inutile de se comparer aux autres.

Par exemple, j’étais dans une prépa où on proposait un internat externé et les professeurs conseillaient vivement de rester travailler dans les locaux le soir. Ça convenait à la majorité des gens de ma classe, mais j’ai toujours préféré travailler de chez moi et ça ne m’a pas empêchée d’y arriver !

Quand on est en prépa, le plus important est d’être honnête avec soi-même pour discerner quelle méthode marche pour soi, pas pour les autres !