diagnostic

S’il y a bien une question récurrente à l’épreuve de management HEC, c’est celle du bilan comptable et/ou du compte de résultat. Si tu dois connaître leur construction (calcul d’agrégats et des SIG) sur le bout des doigts, sans explications, ceux-ci ne valent rien. De fait, un des facteurs de ta réussite à l’épreuve va être l’analyse pertinente de ces ratios. C’est pourquoi, à travers cet article, nous allons analyser ensemble ces indicateurs pour réussir à constituer un diagnostic financier qui va te permettre de te différencier des autres candidats aux concours.

 

Structure financière de l’entreprise

La structure financière correspond au bilan fonctionnel, aux agrégats et aux ratios.

À partir du bilan comptable, on construit le bilan financier, qui va te servir à calculer des ratios donnant des informations sur la situation financière de l’entreprise. Pour t’aider à construire un bilan fonctionnel, tu peux consulter cette page.

 

Le fonds de roulement net global (FRNG)

Fonds de roulement net global (FRNG) Ressources stables – emplois stables

 

La règle principale de gestion veut que les ressources stables soient supérieures aux emplois stables. C’est-à-dire que les dépenses sont couvertes par des ressources suffisantes. Si cet indicateur est négatif, cela indique que les investissements (l’actif immobilisé) ne sont pas financés par des ressources disponibles sur le long terme, ce qui est en majeure partie préjudiciable pour l’entreprise.

Il est donc possible d’agir de différentes manières pour avoir un FRNG positif :

  • réaliser une augmentation du capital ;
  • réaliser de nouveaux emprunts.

 

Le besoin en fonds de roulement (BFR)

Le besoin en fonds de roulement (BFR) actif circulant – passif circulant (distinguer si besoin l’exploitation et le hors-exploitation)

Le BFR démontre l’autonomie financière de l’entreprise. Il correspond aux sommes nécessaires à mobiliser avant de pouvoir commencer l’activité. Il s’agit des stocks + créances – dettes fournisseurs (à court terme).

Grosso modo, tu peux retrouver un BFR élevé, car :

  • les créances clients sont élevées (les clients payent relativement tard l’entreprise) ;
  • les dettes fournisseurs faibles (les fournisseurs exigent un payement quasi instantané du client) ;
  • les stocks sont importants.

 

Le BFR indique un besoin, donc un indicateur élevé est préjudiciable à l’entreprise, car les sommes mobilisables à son activité sont trop faibles. Cependant, certaines activités nécessitent un BFR élevé, ce constat est par conséquent à nuancer. C’est par exemple le cas pour les activités en contact avec la clientèle comme le cosmétique et le bricolage, où le stock est requis.

Inversement, un BFR négatif est favorable à l’entreprise et représente une ressource. Il s’agit d’une RFR (ressource en fonds de roulement).

 

Une indication sur le pouvoir de négociation

Le BFR donne finalement une indication sur le pouvoir de négociation des clients et fournisseurs (au sens de M. Porter).

Il est possible d’agir sur le BFR à travers :

  • une meilleure gestion du stock ;
  • une meilleure négociation des délais fournisseurs et clients ;
  • une recherche de liquidités (escomptes des effets de commerce, affacturage, etc.).

On peut également te demander dans la consigne de distinguer l’exploitation du hors exploitation. Dans ce cas, il faut savoir que :

  • le BFRE est proportionnel au chiffre d’affaires, étant donné qu’il est lié à l’exploitation, c’est-à-dire à la gestion de l’activité de l’entreprise ;
  • le BFRHE (la partie hors exploitation) concerne des activités d’investissement, de financement qui ne sont pas liées à son exploitation.

 

La trésorerie nette

Trésorerie nette Trésorerie active – passive

Une trésorerie nette positive indique des sommes disponibles. Cela signifie de plus que les ressources de long terme (FRNG) financent entièrement le besoin de court terme (BFR).

Une trésorerie nette négative signifie que l’entreprise a accumulé des découverts bancaires.

Cela implique pour l’entreprise des charges supplémentaires à payer et peut provenir d’un décalage entre les encaissements (argent rentrant) et les décaissements. Le rééquilibrage des entrées et sorties de liquidités dépend du pouvoir de négociation de l’entreprise vis-à-vis de ses partenaires commerciaux.

Pour agir sur la trésorerie, il suffit donc de jouer sur les indicateurs cités précédemment (diminuer le BFR ou augmenter le FRNG).

 

Activité financière de l’entreprise

L’activité financière comprend les soldes intermédiaires de gestion et, si c’est précisé, la capacité d’autofinancement et la répartition de la valeur ajoutée.

 

Soldes intermédiaires de gestion (SIG)

Les SIG se calculent à partir du compte de résultat et font la différence entre les produits et charges. Chaque SIG nous donne un renseignement sur l’activité financière de l’entreprise.

Marge commerciale (MC) Vente de marchandise – (achats + variation de stocks)

La marge commerciale indique la différence en valeur entre les ventes de marchandises et les achats de marchandises. L’entreprise peut aussi ne pas avoir d’activité commerciale (c’est-à-dire l’achat de marchandises pour les revendre telles quelles), le résultat sera donc nul.

Production de l’exercice Production vendue + stockée + immobilisée

Si le résultat est élevé, alors l’entreprise stocke une part importante de la production. Cela pose problème, car l’entreprise produit plus que ce qu’elle ne vend et cela implique de la potentielle perte de valeur. En revanche, cette observation dépend de l’activité de l’entreprise. Avoir des stocks pour une activité saisonnière est tout à fait normal.

La valeur ajoutée (VA) Marge commerciale + production de l’exercice
– consommations intermédiaires

La valeur ajoutée traduit l’avantage concurrentiel de l’entreprise, c’est-à-dire le prisme entre le prix – délai – qualité. Plus celle-ci est élevée, plus son avantage augmente, car la valeur ajoutée évalue l’apport de l’entreprise pour créer plus de VUPC (valeur d’utilité perçue par le client) que le concurrent.

L’excédent brut d’exploitation (EBE) Valeur ajoutée + subventions d’exploitation – (impôts, taxes + charges de personnel)

Une différence trop importante négativement entre la VA et l’EBE alerte sur le montant des charges, et notamment celles de personnel (les taxes et les impôts sont proportionnels à l’activité). Toutes les entreprises peuvent réduire en moyenne 30 % de leurs charges en réduisant les charges personnelles. Encore une fois, cela dépend du secteur. Par exemple, pour une entreprise avec une forte technostructure, les charges personnelles seront importantes, car les salaires sont élevés.

Le résultat d’exploitation EBE + reprises sur provisions d’exploitation + autres produits – (dotations + autres charges)

Le résultat d’exploitation fournit un résultat lié à l’activité de l’entreprise, c’est-à-dire à son domaine d’activité stratégique (DAS).

Pour qu’une entreprise se porte bien, tous les SIG doivent être positifs. Si ce résultat est négatif, il faut s’interroger sur la viabilité du DAS, s’il y a eu un cas de force majeur (Covid), ou si cela est dû à la période de latence liée au lancement de l’entreprise.

Résultat financier Produits financiers – charges financières

Le résultat financier correspond à une différence des opérations financières. C’est-à-dire au total de l’argent obtenu (intérêts) sur les placements – total de l’argent dépensé sur les emprunts. Il n’est pas directement lié au DAS de l’entreprise.

Résultat de l’exercice RCAI + résultat exceptionnel – impôts sur bénéfice
– participation des salariés

Un résultat positif indique que l’entreprise réalise un bénéfice, tandis qu’un résultat négatif montre que cette dernière est en perte.

 

Capacité d’autofinancement (CAF)

CAF Résultat de l’exercice + dotations – reprises + VCEAC (charges de cession d’éléments actifs) – PCEAC (produits exceptionnels sur opérations en capital)

La capacité d’autofinancement peut être utilisée pour l’autofinancement de l’entreprise (investissements) ou être redistribuée en dividendes. C’est la somme des produits encaissables soustraits par la somme des produits décaissables qui donne le montant des liquidités au moment du calcul.

Pour en savoir plus sur la CAF, consulte cet article.

 

Le diagnostic financier

Le diagnostic financier vise à faire la synthèse des points forts et des points faibles de l’entreprise du point de vue de son activité, de sa rentabilité, de son équilibre financier, de son niveau d’endettement et de sa trésorerie. Le diagnostic est un outil d’aide majeur à la prise de décision stratégique.

Mes conseils pour répondre à la question du diagnostic financier sont de procéder à l’analyse de chaque indicateur, à travers un plan de ce type :

1) Analyse de l’activité financière

Le résultat de l’exercice : toujours commencer en énonçant si l’entreprise est en bénéfice ou perte et ce que cela implique. Si cela est pertinent, il est possible de le comparer par rapport au chiffre d’affaires (= Bénéf/CA*100).

L’analyse des SIG d’exploitation : résultat d’exploitation (DAS porteur ou non), différence entre la VA et l’EBE, valeur ajoutée

2) Analyse de la structure financière

FRNG : est-ce que la norme de gestion est respectée ?

Autonomie financière et capacité d’endettement : si les dettes financières à long terme sur les capitaux propres sont inférieures à un, alors l’entreprise est peu dépendante aux banques.

Trésorerie : si elle est positive, alors les ressources de long terme recouvrent les besoins en court terme. Si elle est négative, cela résulte du fait que le BFR (enchaîne avec l’analyse du BFR).

N’oublie pas de conclure sur les points faibles et forts de la situation financière de l’entreprise en question et d’envisager des solutions concrètes pour améliorer sa santé financière.

 

Conclusion

N’oublie pas que chaque entreprise a une situation particulière et que tu dois adapter l’analyse proposée en fonction du cas. Tu as désormais tous les outils pour réussir ton diagnostic financier et te démarquer lors de la redoutable épreuve de management HEC. N’hésite donc pas à consulter le site de la BCE pour t’entraîner sur les annales !