Rares sont les études de cas qui ne font pas intervenir la capacité d’autofinancement. En effet, cette dernière joue un rôle majeur dans l’étude de cas car elle représente la trésorerie potentielle générée en interne par une entreprise au cours d’un exercice comptable. Contrairement à l’EBE, elle ne se limite pas aux seuls flux générés par l’exploitation. Il est alors indispensable de savoir non seulement la calculer mais également de savoir l’analyser pour pouvoir apporter des réponses approfondies.

La définition 

Qu’il s’agisse d’une épreuve de cas BCE, Ecricome ou ESC, il n’est pas rare qu’il soit demandé de définir la CAF. En effet, parfois, les calculs seront déjà réalisés et vous devrez alors la définir pour pouvoir ensuite analyser les résultats.

La capacité d’autofinancement représente la différence entre les produits encaissables et les charges décaissables. Ne sont pas pris en compte les produits et les charges calculés afin de définir le surplus monétaire dégagé par l’activité de l’entreprise.

Il est important de savoir qu’elle représente un flux potentiel car elle prend en compte des opérations qui ne dégagent pas toujours des encaissements ou décaissements pendant l’exercice concerné.

Par exemple, une vente réalisée le dernier jour d’un exercice comptable (qui n’est pas payée au comptant) est comptabilisée en flux potentiel de trésorerie car l’encaissement n’aura lieu qu’au cours du prochain exercice (sans défaut de paiement).

La CAF n’est donc pas un indicateur parfait de trésorerie mais elle reste un indicateur particulièrement fiable car elle élimine :

  • des charges comme les amortissements ou provisions qui ne sont pas des charges décaissées sur l’exercice ;
  • des produits comme les reprises sur provisions qui ne sont pas des produits encaissés sur l’exercice.

La CAF est donc par définition un indicateur de trésorerie potentielle et de performance indispensable et est beaucoup plus explicite que le résultat net comptable dans la mesure où elle est beaucoup moins « manipulable »

Le rôle de la CAF

 La CAF sert à cinq opérations principales :

– rembourser les dettes existantes ;

-financer l’accroissement du BFR ;

-permettre le versement de dividendes ;

-autofinancer les nouveaux investissements ;

-constituer une réserve de précaution.

On précisera que l’on a ainsi : Autofinancement = CAF – Dividendes

Le calcul de la CAF 

Dans certains cas, il peut vous être demandé de calculer la CAF ou de retrouver un montant déjà calculé comme cela fut le cas en 2018 dans l’étude de cas HEC.

Il existe 2 méthodes afin de calculer la CAF. Prenons pour ce faire le compte de résultat de l’entreprise Gerlin (étude de cas HEC 2018)

Compte de résultat de Gerlin au 31/12/2017 (en milliers d’Euros)

Charges d’exploitation

.Achats de marchandises

.Variation de stock

.Achats de matières premières et autres approvisionnements

.Variation de stock

.Autres achats et charges externes

.Impôts, taxes et versements assimilés

.Salaires et traitements

.Charges sociales

.Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions

.Autres charges

 

1879

5574

47

2198

929

489

18

 

Produits d’exploitation

.Production vendues (biens)

.Productions vendues (services)

Sous total A- Montant net du CA

.Production stockée

.Production immobilisée

.Subventions d’exploitation

.reprises sur dépréciations et provisions, transferts de charges (1)

.Autres produits

   Sous total B

 

 

 

 

6529

278

6807

687

78

376

186

1327

 

Total I 11134 Total I (A+B) 8134
Charges financières

.Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions

.Intérêts et charges assimilées

.Différence négative de change

.Charges nettes sur cessions de VMP

 

71

2

63

 

Produits financiers

.De participation

.D’autres valeurs mobilières et créances de l’actif immobilisé

.Autres intérêts et produits assimilés

.Reprises sur dépréciations et provisions, transferts de charges

.Différences positives de change

.Produits nets sur cessions de valeurs mobilières de placement

359

7

227

 

Total II 136 Total II 593
Charges exceptionnelles

.Sur opérations de gestion

.Sur opérations en capital (2)

.Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions

 

 

76

75

Produits exceptionnels

.Sur opérations de gestion

.Sur opérations en capital (3)

.Reprises sur dépréciations et provisions, transferts de charges

 

 83

Total III 151 Total III 83
.participation des salariés au résultat (IV)

.Impôts sur les bénéfices (V)

-275

 

Total des charges (I+II+III+IV+V) 11 146 Total des produits (I+II+III+IV) 8 810
. Solde créditeur = Bénéfice  

. Solde débiteur = perte 2336
Total général 11 146    Total général

11 146

  • dont transfert de charges = 34 euros
  • 76 euros correspondent à la valeur nette comptable des éléments d’actifs cédés
  • 83 euros correspondant aux produits des cessions des éléments d’actifs

 .La méthode soustractive

Cette méthode consiste à utiliser l’EBE (qui est lui même égal à Valeur ajoutée + subventions d’exploitation + impôts/taxes + charges de personnel) et à y ajouter les produits encaissables et à y soustraire les charges décaissables.

On calcule premièrement l’EBE. On a alors EBE= VA (6807+ 687+ 78 – 1879 – 5574) + subventions d’exploitation (376) – Impôts/taxes (47) – charges de personnel (3127) = -2679

On peut désormais calculer la CAF. On a alors CAF=

EBE (-2679)

+ Transfert de charges (34)

+ Autres intérêts et produits assimilés (359)

+ Différences positives de change (227)

– Autres charges (18)

– Intérêts et charges assimilés (2)

– Différence négative de change (63)

+ Impôts sur les bénéfices (275) (car – (-) = +)

= -1867 (en milliers d’euros)

  .La méthode additive

Cette méthode consiste à partir du résultat net comptable de l’entreprise et à y ajouter les charges calculées et à y soustraire les produits calculés.

La méthode additive possède un avantage par rapport à la méthode soustractive : vous pouvez trouver le bon résultat même en vous étant préalablement trompé sur le calcul de l’EBE.

On a alors CAF =

Résultat net comptable (-2336)

-Produits exceptionnels sur opération en capital (83)

-Reprises sur dépréciations, provisions, transferts de charges (Financier) (7)

-Reprises sur dépréciations, provisions, transferts de charges (d’exploitation) (186-34)

+ Dotations aux amortissements exceptionnels (75)

+ Charges exceptionnelles sur opération en capital (76)

+ Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions (71)

+ Dotations aux amortissements, dépréciations et provisions d’exploitation (489)

= -1867 (en milliers d’euros)

On trouve évidemment le même résultat en utilisant les deux méthodes. Réaliser le calcul par les deux méthodes peut donc vous permettre de vérifier vos calculs. Toutefois, il est peu probable que vous ayez le temps. Il convient alors de choisir une méthode de prédilection et de s’y entrainer.

  1. Que faire une fois la CAF calculée ?

Il faut ensuite analyser vos résultats ou le résultat qui vous est fourni. Premièrement, il faut dire si la CAF est positive ou négative. Ensuite, il convient de montrer pourquoi. Une CAF peut, par exemple, être négative en grande partie à cause du remboursement d’un emprunt qui a généré des charges d’intérêts importantes. Si l’entreprise a contracté un emprunt et que la baisse de la CAF s’explique par la hausse des intérêts et des charges assimilées, alors la CAF devrait mécaniquement augmenter dès lors que l’emprunt aura été remboursé.

Il faut également, si vous le pouvez, observer l’évolution de la CAF au sein de l’entreprise afin de dégager la tendance principale. Ensuite, il faut encore en expliquer les causes : comment ont évolué les produits encaissables ? Comment ont évolué les charges décaissables ? Ces évolutions proviennent-elles essentiellement des éléments de l’exploitation, des éléments financiers ou des éléments exceptionnels ?

Il faut impérativement tenter de répondre à ces questions. Ensuite, si la CAF a par exemple baissé de 100.000 euros entre N et N-1 mais que les charges exceptionnelles décaissables ont augmenté de 200.000 euros, alors il faut montrer que la baisse de la CAF en N semble être uniquement conjoncturelle. Il n’y a donc pas de raison de se préoccuper de cette baisse.

Il est en effet essentiel d’analyser le compte de résultat pour comprendre d’où proviennent les évolutions observées.

Il faut alors toujours étudier quels éléments du compte de résultat expliquent les évolutions de la CAF et N et N-1 ou entre N/N-1 et N-2 …

Bon courage à tous!