Une nouvelle réforme des classes préparatoires économiques et commerciales est en cours de discussion au sein du gouvernement. Les ministères concernés* souhaitent avancer vite afin de pouvoir faire appliquer les nouvelles modalités de la voie ECG dès la rentrée de septembre 2024. L’APHEC, qui dénonçait la méthode et souhaitait discuter sur le fond, a durci sa position suite à une réunion du comité de pilotage de la réforme qui s’est tenue le jeudi 16 février.

Alors que les CPGE ECG ont vécu leur deuxième rentrée en septembre dernier (cette option a remplacé les ex-ECS et ECE en 2021), le gouvernement estime important de procéder à une réforme de la réforme. Objectif après la transformation imposée par la réforme du lycée : rendre la filière plus lisible et plus visible, et permettre à davantage de lycéens de faire ce choix d’orientation les conduisant à l’obtention d’un master en management (bac+5) au sein de l’une des 24 Grandes Écoles post-prépa de France. « Tous les acteurs tiennent à la pérennité des prépas, mais on ne sait pas ce que sera la prépa après-demain« , interpelle Alain Joyeux, président de l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales).

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Une réforme qui va trop vite

Si les professeurs de prépa sont alignés avec le ministère sur l’objectif de renforcer l’attractivité des CPGE ECG afin de stabiliser les effectifs en baisse significative depuis deux ans, la méthode déployée ne convainc pas. Principal problème pour l’APHEC : cette nouvelle réforme se prépare à marche forcée.

Les ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Éducation nationale souhaitent pouvoir en fixer les contours définitifs dès le mois de mars, soit à l’issue de la 4e réunion du comité de pilotage de cette réforme. « Pourquoi ne pas d’abord procéder à une évaluation des effets de la réforme ?« , questionne Alain Joyeux.

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Les maths au cœur du débat

Ce dernier partage également une autre inquiétude relative à l’enseignement des mathématiques : si les heures d’enseignement de cette discipline diminuent, ce qui pose par ailleurs une question importante relative à la nature de la formation dispensée, qu’adviendra-t-il des postes des enseignants concernés ?

Les professeurs de CPGE refusent en particulier « les sous-services qui auraient notamment pour conséquence une forte diminution de leurs revenus et une précarisation de leur statut » soulignait l’APHEC dans une communication diffusée début janvier qui rappelait également leur attachement au maintien d’un équilibre entre les quatre piliers de cette formation pluridisciplinaire : langues vivantes, culture générale, mathématiques et sciences humaines (économie, sociologie, géopolitique et histoire du monde contemporain).

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L’APHEC hausse le ton dans un communiqué d’appel à l’abandon du projet de réforme

Dans ce même communiqué datant de début janvier, l’APHEC, qui compte 1 500 professeurs adhérents, a publié les résultats d’un sondage montrant malgré tout une volonté de discussion d’une part significative de ses adhérents. 40% des 817 professeurs répondant ont en effet indiqué être ouverts à une réforme sous certaines conditions quand 60% d’être eux, soit environ 500 adhérents de l’association, se sont déclarés opposés à l’idée. Quelques semaines plus tard, plusieurs centaines de professeurs ont manifesté leur rejet de ce projet de réforme dans une lettre ouverte.

Les derniers échanges entre les représentants des différentes parties prenantes réunies au sein du comité de pilotage de « la réforme de la réforme » n’ont pas abouti à un consensus. Pour preuve : le communiqué de presse au ton tranché signé par l’APHEC et diffusé ce jeudi 16 février à l’issue d’une nouvelle réunion. L’association appelle Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, et Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, à retirer ce qu’elle qualifie de « projet de déconstruction des classes préparatoires économiques et commerciales initiée par le gouvernement« .

Le communiqué est à lire dans son intégralité ici :a

* Le fonctionnement des CPGE est à la fois supervisé par le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de l’Éducation nationale