Prépas ECG : le classement 2024 de la progression bac/concours

Quelles sont les prépas ECG qui permettent à leurs élèves de gagner le plus de puissance académique en faisant augmenter au maximum le niveau qu’ils avaient à l’entrée ? Les prépas où les candidats aux concours BCE et Ecricome réalisent les meilleures performances relativement à leurs ambitions “de départ”. Major Prépa a comparé les indicateurs Parcoursup aux résultats SIGEM pour identifier les CPGE économiques et commerciales qui parviennent à tirer leurs étudiants vers le haut. Voici le classement 2024 de la progression bac/concours des prépas ECG. Tableau et analyses…

L’idée fondamentale de notre classement de la progression bac / concours des prépas ECG (celui des ECT suivra) est de tenir compte de critères totalement invisibles dans les palmarès publiés jusqu’à présent : la capacité d’une prépa à tirer ses élèves vers le haut durant deux ans pour leur permettre d’intégrer la meilleure école possible.

Quelle ambition pour ce classement ?

Dans les classements traditionnels des “meilleures prépas”, seules les performances des candidats “à l’arrivée” sont d’habitude comptabilisées, ce qui permet aux mêmes prépas de truster le haut du classement année après année. Ces dernières recrutent en majorité des élèves déjà excellents académiquement au lycée, souvent issus des milieux sociaux les plus favorisés.

C’est ainsi qu’en 2022 (les chiffres sont équivalents en 2023), et malgré la mise en place des fameux “points bonus” à l’écrit puis à l’oral pour les boursiers qui ont fait couler beaucoup d’encre, six classes prépas font presque 50% du recrutement à HEC Paris (Sainte Geneviève : 10%, Stanislas : 9%, Henri IV : 7%, Grandchamp : 7%, Daniélou : 6%, Louis-le-Grand : 5%).

De même, il existe une corrélation nette entre la sélectivité d’une école et son taux de boursiers. Le graphique page 7 de notre enquête sur l’égalité des chances est tout à fait éloquent.

Le classement Major Prépa de la progression bac / concours des ECG a donc pour principe de mettre en miroir le niveau des terminales qui intègrent une prépa considérée avec ses résultats aux concours. Il met en évidence la capacité de prépas, partout sur le territoire, à élever des étudiants qui n’étaient de toute évidence pas destinés à intégrer les meilleures écoles de management françaises.

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Classement 2024 de la progression bac/concours des prépas ECG : le tableau des 80 premières CPGE

Le profil des prépas les plus visibles du classement

Les résultats de ce classement mettent en valeur un profil de prépa en particulier. Globalement, ces dernières intègrent des étudiants qui ont eu mention Assez Bien ou Bien, ont un taux de boursiers généralement supérieur à la moyenne et permettent à leurs étudiants d’intégrer les écoles de la fin du top 10 (Audencia, NEOMA BS, GEM, KEDGE BS, TBS Education). 

Prenons l’exemple de Chaptal qui occupe la première place du classement. Cette prépa a intégré, en 2021, 37 élèves. Parmi eux : 

• 1 Mention Félicitations
• 1 Mention Très Bien
• 19 Mention Bien
• 13 Mention Assez Bien
• 3 sans Mention

 

Avec un rang moyen d’intégration à 2 916, l’intégration moyenne de cette prépa correspond peu ou prou à Audencia. Enfin, son taux de boursiers (data du secondaire) est presque trois fois supérieur à la moyenne nationale.

Certes, d’un côté, ce classement avait pour but de valoriser ces progressions spectaculaires, et en ce sens il est tout à fait cohérent. Chaptal est l’archétype de la prépa qui recrute un public de niveau moyen et qui parvient à l’amener aux portes des toutes meilleures écoles.  En revanche, les prépas où le niveau de recrutement est plus faible se distinguent peu dans ce classement. Il y en a tout de même (par exemple : Notre Dame de Sion, à Marseille, est 10ème, Rodin, à Paris, est 12ème et Edgar Quinet, à Bourg-en-Bresse, est même 4ème).

La raison tient au fait que ces prépas ont des intégrations généralement comprises au-delà du top 10 (Rennes SB, MBS, IMT-BS, BSB). Ce qui constitue déjà une performance remarquable au regard de la fragilité sociale et scolaire de ces publics est malheureusement ici mal valorisé. 

En effet, le top 10 a tellement augmenté son nombre de places ces dernières années que le pourcentage d’intégration dans ce top est aujourd’hui astronomique (5 095 affectés en 2023 dans les 10 premières écoles, soit 76% des affectés totaux). Ramenée à une loi normale centrée réduite, cette réalité est encore plus visible. Partageons le tableau des “scores MP” que nous avons attribué après calcul (voici la méthode suivie) aux écoles suite au SIGEM 2023 :

Si l’on considère les performances d’intégration, il y a ainsi beaucoup plus d’écart entre SKEMA et KEDGE BS (1,01) qu’entre TBS Education et Brest BS (0,59).

Pour autant, on peut penser que la progression permise par ces prépas d’un point de vue social est égale voire supérieure. Sur le terrain, on observe des professeurs qui sont autant des pédagogues que des coachs de vie ; ils permettent en cela une véritable rupture de destin pour ces jeunes. Profitons-en pour saluer la performance du lycée Jacques Decour de Paris (15e de ce classement), sur lequel les menaces de fermeture sont désormais levées.

En somme, toutes ces considérations échappent à la réalité statistique. Aussi, il faut prendre ce classement pour ce qu’il est : un outil utile pour mieux comprendre le rôle des différents lycées français au-delà des top prépas systématiquement citées dans les classements traditionnels, mais qui n’est pas dénué de limites intrinsèques, difficilement surmontables.

Lire aussi. Le classement SIGEM 2023 des écoles post-prépa : mer calme, vraiment ?

Classement 2024 de la progression bac/concours des prépas ECG : la méthodologie détaillée

Le rang qui permet le classement, à savoir le rang de progression bac/concours, équivaut à la différence entre le rang d’entrée et le rang de sortie, auquel on applique un bonus ou un malus en fonction du taux de boursiers pour l’établissement considéré. Ensuite, on applique une fonction dite “logistique” à ce rang pour produire une note entre 0 et 100. En l’occurrence, nous avons choisi de fixer la valeur d’”écartement” à 500 (cette variable permet de moduler l’écart-type).

Le critère “rang d’entrée”

Le rang d’entrée est établi à partir des données Parcoursup 2021 (plus précisément les mentions obtenues au bac), puisque c’est cette année que les étudiants qui ont passé les concours en 2023 sont majoritairement entrés en classe préparatoire. 

Ainsi, les 6 008 étudiants entrés en 2021 sont répartis en cinq groupes selon leur mention au bac :

• Félicitations : 18 ou +
• TB : entre 16 et 18
• B : entre 14 et 16
• AB : entre 12 et 14
• Autre : moins de 12

 

L’effectif de chaque groupe est multiplié par un coefficient pour compenser l’écart entre nombre le total d’entrants 2021 et le nombre d’inscrits au concours 2023 (ici : 6 840/6 008). L’objectif est de garder les mêmes proportions pour les groupes d’entrée et de sortie. En effet, les étudiants étrangers qui arrivent en France pour faire leur prépa ou encore les étudiants en réorientation après une première année dans le supérieur ne sont pas comptabilisés dans le groupe d’entrée.

En faisant la moyenne sur l’ensemble de ces étudiants, on obtient un rang d’entrée pour chaque CPGE. Plus le niveau d’entrée des élèves est élevé, plus ce rang est petit.

Le rang d’entrée affiné

Une fois ce rang d’entrée obtenu, nous avons tenté de le rendre plus proche de la réalité en ajoutant des conditions supplémentaires. L’idée est ici de prendre en compte : 

• les entrants 2021 non inscrits au concours 2023 (démissions) ;
• les cubes internes à chaque prépa (entrants 2020 qui ont cubé en 2022) ;
• les cubes externes qui arrivent d’autres prépas.

 

Le nombre de cubes internes est estimé à partir du tableau SIGEM 2022. Nous avons choisi de reporter une partie des admis non affectés 2022 de chaque prépa comme cubes internes en 2023. Soulignons en toute transparence que ce report est l’étape la plus biaisée de notre classement car nous n’avons pas moyen de connaître le nombre d’étudiants cubant effectivement en interne. Nous sommes ouverts à toute suggestion pour améliorer ce point. 

Nous calculons ensuite l’écart suivant  : écart = (nombre d’inscrits concours 2023) – (nombre d’entrants 2021 + nombre de cubes internes). Si cet écart est négatif, nous le reportons en démissions. Si cet écart est positif, il est reporté en cubes externes. 

Pour les démissions en cours de prépa, nous considérons que ces étudiants sont ceux de rang initial le plus bas : on “vide” ainsi d’abord le groupe “autre”, puis le groupe “AB”, puis le groupe “B”… jusqu’à avoir comptabilisé toutes les démissions.

Enfin, pour les cubes externes, nous faisons l’hypothèse que les cubes externes sont de bons étudiants. Nous avons choisi de les compter pour moitié comme venant du groupe F et pour moitié du groupe TB. Ce choix arbitraire pourrait être amené à évoluer. 

NB : Cette méthode est imparfaite car elle essaye de donner un cas général tandis que les réalités au sein des différentes prépas sont très disparates. Il s’agit ici de tenter de corriger un biais majeur. En effet, les petits prépas voient souvent leurs meilleurs éléments cuber dans des prépas plus prestigieuses, ce qui les prive d’une intégration élevée et vient gonfler artificiellement les performances des top prépas.

Le rang de sortie

On considère ici les 6 840 inscrits aux concours 2023 d’après les données de la DAC (Direction des Admissions et des Concours). Les étudiants sont répartis en 27 groupes.

Le groupe 1 est constitué des étudiants qui ont intégré ou auraient pu intégrer HEC, le groupe 2 l’ESSEC, le groupe 3, ESCP, l’ENS et l’ENSAE, le groupe 4 l’EDHEC, le groupe 5, emlyon et Saint-Cyr.

Entre le groupe 6 et 24, on retrouve les autres écoles, puis :  

• Les admis non affectés (liste complémentaire ou démission → cube ou autre orientation) 
• Les admis nulle part mais ayant décroché au moins une admissibilité
• Les admissibles nulle part 

À noter que ce tableau diffère (légèrement) du classement SIGEM. Le classement SIGEM mesure l’attractivité des écoles, quand nous considérons en l’occurrence la difficulté d’intégration de chacune d’elles.

La prise en compte du taux de boursiers

Les rangs de progression obtenus sont modulés par l’ajout d’un bonus/malus qui dépend du taux de boursiers dans la classe. Le taux de boursiers choisi est celui renseigné par Parcoursup.

Le taux de boursier moyen est calculé sur l’ensemble des entrants 2021 (ici : 8,92%, attention ce sont les boursiers du lycée, et pas du supérieur). Chaque prépa qui dépasse/n’atteint pas ce taux reçoit un bonus/malus, qui s’additionne au rang de progression. 

Ce taux a pour valeur 100*(nombre de boursiers entrant en 2021 – nombre de boursiers moyen). Signalons que la valeur fixée (100) est arbitraire. Elle nous a semblé la plus équilibrée pour tenir à la fois compte de la difficulté d’amener ce public, plus fragile, au meilleur niveau, sans dénaturer la logique de performance qui prévaut dans ce classement. 

Limite de 9 inscrits aux concours

Loin de vouloir invisibiliser les plus petits établissements, cette limite nous a semblé pertinente pour que les résultats soient significatifs. Signalons que dans le classement sans limite d’effectifs, l’Internat d’Excellence de Sourdun (5 étudiants inscrits aux concours l’année dernière) est premier.