Quelques mots sur l’auteur et son ouvrage

  • Nous allons nous intéresser à un texte de S. Freud, publié en 1898 et qui se trouve dans son célèbre ouvrage, Psychopathologie de la vie quotidienne aux p. 35 à 42.
  • Nous étudierons l’extrait à partir de « Si l’on demandait à un psychologue d’expliquer… » jusqu’à « et l’élément qui vient d’être refoulé.« 
  • Nous nous sommes appuyés sur l’extrait qui se trouve à la fois dans le GF Corpus d’Alexandre ABENSOUR et sur ce site internet. 

Le thème de ce texte

  • Ce texte porte sur le thème de la mémoire, et sur celui de l’inconscient. 

La question philosophique posée dans ce texte

  • Freud pose la question suivante : quelles sont les causes de la défaillance du souvenir ? 

La thèse défendue par Freud

  • Dans ce texte, Freud explique très clairement que cette défaillance de la mémoire n’est pas anodine : elle trouve son origine dans l’inconscient. 
  • Il affirme ainsi qu’il y a une cause psychique à l’oubli et que c’est au psychanaliste d’expliquer pourquoi nous oublions des noms propres parfois.

Le plan du texte

1) Le processus d’oubli du nom 

2) L’exemple : Botticelli et Boltraffio à la place de Signorelli 

3) La cause de l’oubli du nom

Le développement

1) Le processus d’oubli des noms propres

1.1) Chaque phénomène psychique a une cause

  • Pourquoi oublions-nous un nom propre ? Et pourquoi mobilisons-nous des souvenirs erronés lorsque l’on cherche des souvenirs précis ? L’interprétation traditionnelle de ces phénomènes consiste à dire qu’ils sont arbitraires (il n’y a pas vraiment de raison).

Si l’on demandait à un psychologue d’expliquer comment il se fait qu’on se trouve si souvent dans l’impossibilité de se rappeler un nom qu’on croit cependant connaître, je pense qu’il se contenterait de répondre que les noms propres tombent plus facilement dans l’oubli que les autres contenus de la mémoire. il citerait des raisons plus ou moins plausibles qui, à son avis, expliqueraient cette propriété des noms propres, sans se douter que ce processus puisse être soumis à d’autres conditions, d’ordre plus général.

  • Freud va s’écarter de cette vision traditionnelle en partant du principe que tout phénomène, y compris psychique, a une cause. Il va donc chercher la cause de ces phénomènes prétendument arbitraires.

1.2) La fausse réminiscence, la volonté d’oublier

  • Il va montrer que l’oubli provient en réalité d’une volonté inconsciente d’oublier (un certain contenu psychique) mais que cet oubli peut échouer à moitié en ramenant à la conscience un souvenir qui n’est pas celui que l’on veut oublier mais qui lui est lié.

Ces derniers cas sont ceux où il s’agit, non seulement d’oubli, mais de faux souvenir. Celui qui cherche à se rappeler un nom qui lui a échappé retrouve dans sa conscience d’autres noms, des noms de substitution,qu’il reconnaît aussitôt comme incorrects, mais qui n’en continuent pas moins à s’imposer à lui obstinément.

  • C’est ce que Freud en l’occurrence appelle un nom de substitution : c’est le faux souvenir qui remplace le bon souvenir.

2) L’exemple : Botticelli et Boltraffio à la place de Signorelli 

  • Voici l’exemple de Freud :
    • Il a oublié le nom d’un peintre qui s’appelle Signorelli et il a convoqué comme faux souvenirs “Botticelli” et “Boltraffio”.
    • Pourquoi a-t-il oublié Signorelli ? Pourquoi a-t-il convoqué ces deux faux souvenirs ?
    • Signorelli renvoie à “Herr” qui signifie Seigneur : quand les Turcs meurent ils appellent le médecin “Monsieur” (=Herr). Par une association de sens, Signorelli est lié à l’anecdote sur la Mort et la Sexualité et c’est pour cela que l’on oublie le nom.
    • Boltraffio et Traffoi : les souvenirs de substitution sont liés à ces thèmes

3) Le refoulement comme cause de l’oubli du nom

  • L’idée fondamentale chez Freud, c’est qu’il y a des mobiles inconscients qui expliquent l’oubli. Freud met au coeur de sa recherche le phénomène de causalité : il va chercher la cause de cet oubli, alors que les autres attribuent cet oubli à l’arbitraire.
  • Deux choses s’expliquent par la volonté d’oubli :
    1. Le fait même de l’oubli : on oublie parce que l’on veut oublier ;
    2. Le souvenir de substitution puisque la répression du souvenir peut échouer partiellement et amener à la conscience un faux souvenir mais ce faux souvenir n’est pas choisi arbitrairement : il a un lien extérieur avec le souvenir à oublier. Par exemple, il porte sur un thème commun ou le nom ressemble au nom du souvenir précédent

En résumé, les conditions nécessaires pour que se produise l’oubli d’un nom avec fausse réminiscence sont les suivantes : 1° une certaine tendance à oublier ce nom ; 2° un processus de refoulement ayant eu lieu peu de temps auparavant ; 3° la possibilité d’établir une association extérieure entre le nom en question et l’élément qui vient d’être refoulé.

  • La cause de l’oubli ne s’explique pas par une propriété du nom, mais par un rapport affectif du sujet au nom. Le sujet a un certain sentiment par rapport à la chose oubliée.

Pour résumer 

1) L’oubli des noms propres n’est pas anodin : il a une cause que le psychanalyste doit rechercher. Ainsi, la défaillance de la mémoire peut s’expliquer par des motifs inconscients.

2) Lorsque l’on oublie un nom propre, des noms de substitution nous viennent à l’esprit : cette fausse réminiscence trahit la pensée que l’on souhaite refouler et qui est connectée à ce nom propre que l’on veut oublier.

3) Ainsi, si l’on oublie un nom propre, c’est parce que l’on a un rapport affectif à ce nom oublié et que l’on souhaite refouler des pensées reliées à ce nom.

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