Quelques mots sur le poème

  • Nous allons nous intéresser à un très célèbre poème « Le Lac », écrit par Lamartine  et qui fait partie du recueil des Méditations Poétiques publié en 1820. Cet ouvrage est considéré comme le premier manifeste du mouvement romantique français.
  • Ce poème est l’occasion pour Lamartine de se remémorer les moments passés avec sa bien-aimée. Il s’agit d’un poème assez classique mais au cœur duquel Lamartine partage non seulement ses souvenirs grâce à sa mémoire mais c’est aussi et surtout le moment pour lui de construire ce qui semble être une mémoire humaine.
  • A propos du titre, il semble important de noter qu’il a beaucoup évolué. Lors de la première édition (sur les trois que compte l’ouvrage), ce poème était intitulé « Ode au Lac du Bourget », puis Lamartine l’a changé et a décidé de le nommer « Le Lac de B. » avant de finalement choisir « Le Lac », ce qui témoigne de sa volonté de rendre ce lieu singulier.

Analyse

Le lac, un lieu de souvenirs

  • C’est autour de ce lac que Lamartine et la femme qu’il aimait se retrouvaient : les souvenirs ne peuvent alors que resurgir dans ce même lieu. Lamartine fait de ce lac le refuge de ses souvenirs. En plus d’être rattaché aux souvenirs et  à la mémoire, ce lieu renvoie également au bonheur (« flots chéris », v. 6 ; « flots harmonieux », v. 17). Le poème commence d’ailleurs par une apostrophe (« ô »), une invocation à la nature, au lac comme pour lui demander de témoigner, de faire remonter tous ces souvenirs. Ici, le paysage conserve le souvenir et c’est le poète qui en venant se recueillir dans ce lieu, fait remonter à la surface de sa mémoire, les souvenirs passés.
  • C’est un lieu important pour Lamartine car c’est le lieu de ses souvenirs. Pour le poète, la mémoire ne s’ouvre que grâce au paysage qui conserve en lieu chacun des souvenirs.

La mémoire personnelle et l’expérience unique 

  • Il s’agit en effet d’une histoire particulière puisqu’elle a été vécue par Lamartine. Ce poème, et surtout le lac en lui-même sont alors le moment pour lui de se remémorer le passé et de lutter contre la fuite du temps qui aurait tendance à effacer la mémoire et les souvenirs.
  • Cette obsession pour le temps qui passe est assez flagrante tout au long du poème notamment par les divisions temporelles qui parcourent le poème : « la nuit », v.2 ; « un seul jour », v.4 ; « l’année », v.5 ; « un soir », v. 12. Le temps est aussi associé à l’eau (« l’océan des âges », v. 3), métaphore filée qui renvoie au temps qui coule et qui, potentiellement, efface les souvenirs.
  • Lamartine rappelle à tous les hommes que le temps est capricieux, qu’on ne peut le maitriser mais que grâce à cet appel à la nature, le paysage peut nous aider à lutter contre le temps en nous rappelant nos souvenirs.
  • Le souvenir que raconte ici Lamartine est une histoire qu’il a vécue, une expérience qui lui est propre et grâce à laquelle il se remémore le passé.
  • Alors si ce lieu est propre à l’histoire de Lamartine, le poète cherche aussi à rendre ce lieu commun à tous, à la fois personnel et collectif, comme nous l’avons vu avec le titre. Le but recherché est que chaque lecteur puisse l’associer à n’importe quel lac.

La mémoire collective 

  • Il est vrai que l’histoire racontée ici semble être assez personnelle. Mais voilà, ce que recherche Lamartine est en fait plus profond : en partant de ses souvenirs personnels, il cherche finalement à créer une mémoire collective, multiple, une mémoire humaine.
  • Le poème s’ouvre en fait sur un « nous » qui représente l’ensemble des hommes, la destinée humaine. Ce « nous » acquiert une dimension universelle. Le « je » et le « elle » ne sont finalement presque pas individualisés, ce qui fait que ce qui est énoncé pourrait être énoncé par n’importe quel lecteur. L’absence de prénom rend le poème encore plus neutre et laisse entièrement place à l’imagination et à la mémoire de tous les lecteurs, qui peuvent voir dans ce poème leurs propres souvenirs. Le lecteur peut s’approprier ce moment, ces émotions parce qu’il n’y a pas de circonstances particulières, pas de description physique non plus.
  • Lamartine efface tout ce qui pourrait rendre la situation singulière en extrayant de l’expérience individuelle la quintessence de l’émotion.
  • Le lieu devient finalement neutre, l’expérience collective et la mémoire de chacun se retrouve dans la lecture d’un poème qui nous pousse à nous rappeler de ces instants si particuliers.
  • Lamartine cherche finalement à se souvenir de ses propres souvenirs mais aussi et surtout à les ouvrir à tous pour faire en sorte que chacun lutte contre la fuite du temps grâce à la mémoire.

En bref 

  • C’est un poème qui évoque des souvenirs dans le but de lutter contre la fuite du temps
  • Lamartine transforme ses souvenirs en mémoire collective
  • Chez le poète, le paysage est ce qui conserve les souvenirs

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