Quelques mots sur l’auteur et son ouvrage

  • Rosenfield est un neurologue du XXème siècle, qui s’est notamment intéressé à la question de la mémoire.
  • Nous allons nous intéresser à un texte, publié en 1994 et qui se trouve dans son célèbre ouvrage, L’Invention de la mémoire, de la p. 170 à 173.
  • Nous étudierons l’extrait à partir de “La notion de temps elle-même découle…” jusqu’à “Les calendriers n’existent pas dans le cerveau.
  • Nous nous sommes appuyés sur l’extrait qui se trouve dans le GF Corpus d’Alexandre ABENSOUR. Malheureusement, je n’ai pas trouvé l’extrait sur Internet, mais vous pouvez toujours emprunter l’ouvrage dans une bibliothèque !

La question philosophique posée dans ce texte

  • Rosenfield, dans ce texte, pose la question suivante : la notion de temps est-elle une catégorie de la mémoire ? 

La thèse défendue par Rosenfield

  • A travers l’analyse d’une pathologie de la mémoire, Rosenfield défend la thèse que la mémoire n’est pas la faculté du temps, mais la faculté à organiser les événements dans ce temps. 
  • Autrement dit, lorsque nous oublions, nous ne perdons pas la forme du temps : nous savons qu’une durée s’est écoulée sur une période donnée ; par contre nous perdons le contenu de ce temps, c’est-à-dire que nous ne sommes plus capables d’organiser les événements qui se sont produits sur cette période.

Le développement

1) D’après la théorie classique, le temps est une catégorie de la mémoire

  • Dans la théorie classique, celle à laquelle s’oppose Rosenfield, la mémoire est une faculté intrinsèquement liée à la notion de temps. 
  • En effet, les théoriciens classiques défendent l’idée que lorsque nous sommes victime d’amnésie, nous avons une espèce de trou noir : nous oublions à la fois l’événement mais aussi le temps. 
  • Par exemple : vous avez 30 ans, et entre vos 20 et 30 ans vous ne vous souvenez plus du tout de ce qu’il s’est produit. Pour les théoriciens classiques, vous avez un trou noir entre 20 et 30 ans il y a oubli des événements produits entre vos 20 et 30 ans et oubli du temps même qui s’est écoulé sur cette période. Autrement dit, dans votre esprit, vous êtes passés de 20 à 30 ans d’un coup, sans même vous apercevoir qu’il y a dix ans qui se sont écoulés entre temps.
Théorie classique
  • Ainsi, nous perdons à la fois le souvenir particulier d’un événement mais également la catégorie générale du temps qui lui est lié. Il y a comme un trou noir : l’oubli d’un événement entraîne au même moment la perte de la notion du temps. 

2) La mémoire est la faculté d’organiser les événements dans le temps

  • Rosenfield s’oppose catégoriquement à cette conception de l’oubli. En analysant deux formes de pathologie de la mémoire, dont la plus connue est celle du cheminot de 1895, il prouve que nous perdons seulement le souvenir particulier et non la notion générale de temps. 

Ce n’est pas la notion de temps qui est perdue, mais la façon dont les événements et les objets sont reliés entre eux

  • En effet, il affirme qu’oublier, c’est ne plus être capable d’organiser les événements dans le temps. Nous ne perdons pas la notion du temps, car nous savons qu’une durée s’est écoulée, mais nous ne savons plus organiser les événements sur cette durée.
  • Ainsi, quand on perd la mémoire, on ne perd pas la forme du temps, mais le CONTENU du temps, car il n’est pas organisé. 
Théorie de Rosenfield
  • Reprenons notre exemple, à savoir que nous avons oublié les événements qui se sont produits durant nos 20 à 30 ans (événements représentés dans cet exemple par les petits carrés dans une boîte à côté du point d’interrogation).
  • Pour Rosenfield, nous savons que dix ans se sont écoulés sur cette période, nous conservons la forme du temps. Néanmoins, nous ne savons plus ce qu’il s’est produit durant cette période. Nous avons parfaitement conscience que dix ans se sont écoulés ; par contre, nous sommes incapables d’organiser les événements sur cette période de temps, car nous avons perdu le contenu du temps. 

Le temps n’est pas en soi une dimension de la mémoire ; c’est une mise en ordre d’individus, de lieux, de choses et d’événements. Les calendriers n’existent pas dans les cerveaux

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