Salut à toi ! Aujourd’hui, nous abordons un chapitre d’économie sur la mobilité internationale des capitaux.

Faisons, tout d’abord, quelques rappels.

Les économistes Baldwin et Martin ont défini la mondialisation économique selon trois facteurs clés :

  • Le développement du commerce international
  • L’augmentation des flux de capitaux et des flux de migrations
  • L’industrialisation

Nous pouvons donc dire que ce processus de mondialisation des économies s’appuie sur une intégration financière mondiale, c’est-à-dire la création d’un marché unique de capitaux fonctionnant à l’échelle mondiale. Les flux financiers ou mouvements de capitaux sont à distinguer des échanges de biens et de services, car ce sont des déplacements de ressources financières entre les pays.

Ce processus de globalisation financière est, rappelons-le, fondé sur la règle des 4D.

I. L’évolution des flux internationaux de capitaux

A) Introduction

Les flux de capitaux correspondent aux mouvements de capitaux internationaux à moyen ou long terme. On distingue :

  • Les investissements de portefeuille : ce sont des placements financiers réalisés sans volonté de prise de contrôle d’une société (moins de 10% du capital). Ils ne cessent de s’accroître avec la globalisation financière.
  • Les IDE (investissements directs à l’étranger) : ce sont des capitaux engagés à l’étranger pour générer des profits sur le long terme (plus de 10% du capital). Ils connaissent une évolution fulgurante depuis une vingtaine d’années et ont notamment bénéficié aux pays émergents.

L’IDE comprend à la fois l’opération initiale (comme la création d’une entreprise) et toutes les opérations financières ultérieures entre elles et entre les entreprises du même groupe international.

Enfin, l’IDE peut prendre 3 formes : la création d’une société ou d’un établissement à l’étranger positif pour le pays d’accueil (transfert de technologies, croissance, emplois…), la fusion ou l’acquisition ou le réinvestissement dans les filières étrangères des bénéfices qu’elles réalisent.

B) L’évolution des flux financiers

1. Dans les années 70

Les flux nets de capitaux privés (qui correspond aux entrées moins les sorties de capitaux) se sont accrus suite aux chocs pétroliers. Les principaux bénéficiaires étant les pays d’Amérique latine.

2. Dans les années 80

Survient une brusque chute des prix des produits de base dans les pays émergents et au niveau mondial, nous remarquons une hausse considérable des taux d’intérêt internationaux => ralentissement de la croissance dans les pays développés.

En conséquence, la plupart des économies émergentes font face à de graves difficultés financières qui les mettent dans l’impossibilité de rembourser leur dette, d’où la crise de l’endettement. Les transferts de capitaux vers les pays en développement sont alors freinés.

Les flux internationaux se sont alors structurés en fonction des déséquilibres croissants entre les pays industrialisés.

On constate aussi un essor des IDE dans le secteur des services, en raison de la tertiarisation et de la désindustrialisation des pays développés.

3. Dans les années 90

Ces années furent marquées par la réactivation des marchés internationaux de capitaux. Les flux financiers et les flux nets de capitaux privés vers les pays émergents ont repris très nettement, mais ces flux ont changé de structure de répartition géographique pour se diriger essentiellement vers les économies émergentes asiatiques. Or, à partir de 1997, la crise financière asiatique entraîne une baisse considérable de ces flux financiers.

4. Dans les années 2000

Nous constatons une chute brutale des investissements de portefeuille en 2000, suite aux crises financières (russe en 1998 puis brésilienne en 1999). À partir de 2002, les flux nets de capitaux privés connaissent une nouvelle phase de croissance et les investissements de portefeuille apprécient une certaine reprise.

5. Évolutions récentes : la redécouverte du paradoxe de Lucas

L’économiste américain Robert Emerson Lucas Junior (prix Nobel en 1995 pour ses travaux sur les anticipations rationnelles), il y a une vingtaine d’années, avait attiré l’attention sur le fait que les mouvements de capitaux allant des pays riches vers les pays pauvres ne représentaient qu’une part relativement faible des transferts nets d’épargne. Or, ce phénomène s’est fortement accentué, surtout depuis 2000.

Pour l’essentiel, les mouvements de capitaux restent polarisés parmi les pays industrialisés ou les économies à revenu intermédiaires, et non pas entre les pays riches et les pays pauvres. En revanche, les pays émergents sont les principaux exportateurs d’épargne de la planète, particulièrement en direction des pays développés, et notamment vers l’économie américaine.

On est donc très loin des schémas théoriques prévoyant le financement net de l’investissement des pauvres par l’épargne disponible des pays industriels. C’est le paradoxe de Lucas (1990).

C) Les caractéristiques récentes des flux financiers

La destination des flux financiers a longtemps concerné en majorité les pays développés, car il s’agit de marchés solvables, garantis d’une bonne rentabilité des investissements effectués. Cela s’explique aussi par les forts mouvements de concentration et de restructuration des entreprises qui ont accompagné de nombreuses fusions et acquisitions au niveau européen et mondial.

Toutefois, depuis 2012, les entrées d’IDE concernent en majorité les pays en voie de développement (plus de 50% des entrées). L’origine des IDE est encore largement située dans les pays développés, principaux investisseurs de la planète (plus de 60% des sorties d’IDE), mais on constate une nette tendance à la hausse de la part des IDE en provenance des pays en voie de développement (30% des sorties).

Il faut ajouter que la nature de ces flux diffère entre ces deux groupes de pays :

  • Si les flux de capitaux privés ne représentaient que 50% des flux vers les pays en voie de développement dans les années 90, ils en représentent 85% aujourd’hui.
  • Les flux d’IDE entre pays développés sont, le plus souvent, des opérations de croissance externe alors que les flux en direction des pays en voie de développement sont plutôt des créations de nouvelles capacités de production.
  • Les flux de portefeuille sont ceux qui progressent le plus, y compris dans les pays en voie de développement où ceux-ci représentent environ 40% des flux financiers privés. Ainsi, à une logique industrielle de l’investissement internationale semble se substituer une logique financière de placements avec des conséquences négatives potentielles en termes de croissance et de stabilité financière.

Compléments : En 2019, la France est devenue le pays européen le plus attractif pour les investisseurs étrangers. En effet, la France a concentré 18,7% des investissements étrangers contre 17,3% pour le Royaume-Uni et 15,1% pour l’Allemagne. En 2020, la France conserve également la tête du classement.

Or, selon le Rapport sur l’Investissement mondial 2020, publié par la CNUCED, les flux d’IDE à destination de la France ont diminué de 11% en 2019 et se sont établis à 34 milliards de dollars. La France est le treizième récepteur d’IDE dans le monde.

II. Les stratégies d’internationalisation des entreprises

Les IDE sont le canal privilégié de l’approfondissement de l’internationalisation. Ils contribuent donc au processus de mondialisation. Les entreprises et leurs stratégies sont ainsi au cœur de la mondialisation.

Les flux de capitaux sont largement liés aux stratégies des sociétés transnationales ou multinationales. Une STN (société transnationale) ou FMN (firme transnationale) est une entreprise possédant au moins une unité de production (pas seulement de commercialisation) à l’étranger. Cette unité de production est alors sa filiale. Les STN et FMN ont été multipliés par 10 en seulement 30 ans.

A) Les causes des stratégies d’internationalisation

  • La croissance de certains coûts fixes : coûts d’investissements, de recherche par exemple, qui nécessitent d’élargir les débouchés.
  • Le plus grand éventail d’opportunités offertes par la mondialisation : une entreprise peut décider d’organiser sa chaîne de valeur au niveau régional ou mondial, en choisissant la localisation des différents maillons en fonction de l’efficacité productive, des coûts, de la disponibilités des ressources, de la proximité des consommateurs et clients…
  • La pénétration des concurrents étrangers sur leurs marchés. Ils se retrouvent obligés d’explorer de nouveaux horizons pour compenser leurs pertes de parts de marché.

B) Les différentes formes d’internationalisation

1. L’IDE

Actuellement, 39% des IDE se réalisent sous forme de fusions-acquisitions contre 61% pour les investissements en capacité de production.

S’agissant de la répartition entre pays développés et pays en voie de développement, les STN et FMN des pays développés dominent largement les flux d’IDE, mais plus encore ceux consistant en fusion-acquisitions qu’en investissement en capacité de production.

L’orientation des flux d’IDE vers les fusions-acquisition est facilitée par :

  • La libéralisation des marchés
  • La situation de certains marchés où certaines entreprises sont sous-évaluées
  • Recherche de domination du marché et de réalisation de synergies 
  • Reventes de parts du capital court ou moyen terme avec de grosses marges 

Lorsqu’une entreprise s’implante à l’étranger, elle a 2 options :

  • Soit elle fonde son propre établissement à l’étranger : investissement greenfield
  • Soit elle rachète une entreprise déjà existante dans le pays d’accueil : investissement brownfield (fusion-acquisition).

2. Autres formes d’internationalisation des entreprises

Outre l’IDE, il existe d’autres modalités comme la sous-traitance, l’externalisation de services, le franchisage, les licences ou encore les accords de coopération.

  • La sous-traitance : mets en relation un sous-traitant qui s’engage à réaliser une tâche en sous-œuvre, pour le compte d’un entrepreneur principal qui dirige toutes les opérations. Une entreprise dite « donneur d’ordres » confie la réalisation d’une tâche à une entreprise « sous-traitante », selon des spécifications techniques établies dans un cahier des charges. Ces missions sont généralement ponctuelles ou temporaires.
  • L’externalisation : basé sur le même principe que la sous-traitance, à la différence que l’externalisation revêt un caractère de pérennité ou, au moins, de longue durée. Ici, on confie l’intégralité d’un processus métier à un prestataire.
  • La franchise : c’est un contrat par lequel le franchiseur concède à une entreprise locale le droit d’utiliser son concept, sa marque et son système d’exploitation en contrepartie d’une redevance.
  • Les licences : c’est un accord par lequel un fabricant accorde à un partenaire étranger l’autorisation d’utiliser un processus de production (transfert de technologie), ou une marque, un brevet, en échange d’une redevance ou royalties.

Ces types de coopération ont permis aux firmes d’assurer une certaine présence à l’étranger en limitant les risques (partenariats locaux, limitation des investissements, bénéficier des connaissances du terrain du partenaire à l’étranger, éviter d’investir dans un réseau de distribution pour le cas des licences).

Or, il existe un côté négatif. En effet, cette forme d’internationalisation rend les pays dépendant des technologies des propriétaires et des chaînes de valeur des STN ou des FMN, maintient les pays dans des activités à faible valeur ajoutée et permet aussi aux STN et FMN d’échapper aux normes environnementales et sociales.

C) Les conséquences et enjeux liés au poids des firmes multinationales ou transnationales

La stratégie des STN et des FMN n’est pas neutre :

  • 1er effet : la modification de la création et du contrôle de la valeur issue des processus de production à l’échelle mondiale.
  • 2ème effet : la mise en concurrence des nations, effectivement les États sont obligés de développer des politiques d’attractivité, des subventions, des bonus sous forme d’aides ou des exonérations fiscales et de cotisations.
  • 3ème effet : la perte de création de valeur.
  • 4ème effet : la perte de lisibilité des échanges.

D) Les explications théoriques de la multinationalisation

La première théorie, celle de John Dunning (1981), propose le paradigme O.L.I (Ownership, Location, Internalization) qui semble aujourd’hui largement accepté pour analyser le processus de multinationalisation. Il montre que les investissements directs étrangers des firmes résultent de la combinaison de trois grandes catégories d’avantages :

  • La propriété et la gestion de ressources intangibles des entreprises (ownership advantages), telles que les technologies ou les économies d’échelle.
  • Les avantages à la localisation du pays hôte (localization advantages) ou avantage comparatif incluant les dotations, les coûts en facteur de production, le climat économique, social ou politique.
  • Les avantages des firmes à l’internalisation des marchés (internalization advantages) du fait de l’imperfection des marchés et de l’existence de coûts de transaction.

La seconde théorie, celle de Mucchielli (1985 et 1991), propose également une théorie du fait multinational s’expliquant par la combinaison des avantages comparatifs des nations aux avantages compétitifs des firmes.

Tu as désormais toutes les clés afin de comprendre ce chapitre sur la mobilité internationale des capitaux. N’hésite pas à poser des questions en cas de besoin !

Bon courage à toi et à très vite !