L’épargne est un chapitre assez simple à maitriser et à réutiliser, notamment pour la QRA (Question de Réflexion Argumentée), pourtant les candidats ne s’en servent pas toujours à bon escient. De mon point de vu, ce chapitre est articulé exactement de la même manière que celui sur la croissance. En effet, il vous suffit de différencier les éléments conjoncturels des éléments structurels et de dégager les grandes idées autour de ce thème. J’ai essayé de vous simplifier au maximum la tâche en créant des grandes catégories, j’espère que cet article vous sera utile !

Introduction

– L’épargne est la part du revenu des ménages qui n’est pas consommé immédiatement. On peut donc la calculer très facilement en réalisant la soustraction suivante : revenu disponible – consommation finale. Elle est mesurée principalement par le taux d’épargne : on peut noter que celui-ci s’élève à environ 15% en France. 

Que peut-on épargner ? Les ménages peuvent épargner de l’argent (épargne monétaire) et/ou des biens (épargne réelle). En France, l’épargne la plus importante est l’épargne réelle (plus particulièrement dans le cadre de l’immobilier où elle est supérieure à 60%). Emmanuel Macron souhaite donc inciter à l’épargne financière (notamment avec la mise en place de la “flat taxe” ou avec “l’IFI”).

Comment peut-on épargner ? Les ménages peuvent épargner en thésaurisant (épargne financière non placée) et/ou en réalisant des placements (épargne financière placée) et/ou en achetant des biens durables (épargne non financière). 

Pourquoi épargner ? Les motifs de l’épargne sont variés : les ménages peuvent épargner par motif de précaution (pour “faire face aux aléas”) et/ou par motif d’accumulation/de spéculation (pour augmenter son patrimoine, ses revenus, etc) et/ou par motif de confort/d’économie (pour pouvoir acquérir des biens durables par la suite) et/ou par motif d’altruisme inter-générationnel (pour aider ses descendants).

Théories

Analyse keynésienne : selon eux, l’épargne est un résidu fortement corrélé au revenu courant. Pour Keynes la consommation augmente moins que proportionnellement lors d’une hausse de revenu et l’épargne augmente plus que proportionnellement. Pourtant, cette théorie échoue à réellement expliquer l’épargne puisque lors de la crise des Subprimes, les agents continuent d’épargner alors que leurs revenus baissent. 

Analyse classique : selon eux, l’épargne est une consommation différée, c’est le résultat d’un arbitrage corrélé aux taux d’intérêt. Là aussi cette analyse échoue à expliquer l’épargne puisqu’en ce moment les taux d’intérêts sont très bas mais les agents continuent quand même d’épargner.

Les problématiques actuelles

– Problématique autour du surplus d’épargne mondial dans les pays avancés comme dans ceux en développement par rapport à la demande. Le risque identifié ? Que ce surplus pèse sur la croissance (en réalité c’est déjà le cas).

– Problématique autour du déséquilibre de l’épargne au niveau mondial, notamment dans les pays comme la Chine ou l’Allemagne (en excédent) qui prêtent leurs ressources aux pays comme les Etats-Unis ( en déficit). Le risque identifié ? Que ces prêts favorisent le surendettement (et donc les crises en conséquence)

Les déterminants conjoncturels (de court terme)

– Le revenu : le revenu est un déterminant de l’épargne puisque plus notre revenu est élevé plus nous avons d’argent à mettre de côté. Selon Keynes, l’épargne augmente plus que proportionnellement quand le revenu augmente (c’est-à-dire que la part du revenu épargné augmente à mesure que le revenu augmente). Selon Keynes, l’épargne dépend du revenu courant. Selon d’autres auteurs, l’épargne dépend d’autres revenus (par exemple pour Friedman l’épargne dépend du revenu permanent, c’est-à-dire du revenu passé, présent, futur). 

– Le niveau des prix : l’inflation donne lieu à différents effets, par exemple des effets d’anticipations (dépenses actuelles pour éviter de subir l’inflation future) ce qui a comme conséquence la diminution du taux d’épargne ou encore des effets Pigou (épargne pour compenser la diminution de la valeur réelle de l’épargne) ce qui a comme conséquence l’augmentation du taux d’épargne.

– Le taux d’intérêt : le taux d’intérêt joue sur le volume ou la structure de l’épargne selon les courants de pensées. Pour les classiques, le taux d’intérêt influence le volume de l’épargne, c’est-à-dire qu’un taux d’intérêt élevé stimule l’effort d’épargne. Pour les keynésiens, le taux d’intérêt influence la structure de l’épargne, c’est-à-dire que les agents choisissent la forme la plus rémunératrice pour leur épargne.

Les déterminants structurels (de long terme)

– La fiscalité (et les politiques publiques) : la fiscalité influence le volume d’épargne sur le long terme puisque lorsqu’une fiscalité est forte, le revenu disponible diminue donc les ménages ont moins d’argent à consacrer à leur épargne et inversement avec une fiscalité faible. 

– Les institutions financières et sociales : le système financier et les institutions sociales (la protection sociale, l’éducation nationale, etc) influencent directement l’épargne du fait des produits financiers variés ou non qu’elles proposent ainsi que du fait des subventions et aides qu’elles proposent qui favorise plus ou moins l’épargne. 

– La démographie : si on se réfère à la théorie du cycle de vie de Brumberg et Modigliani, une population âgée aura tendance à avoir un taux d’épargne qui diminue alors qu’une jeune population (ce qui n’est pas le cas dans la plupart des pays actuels) aura tendance à se constituer un patrimoine et donc à avoir un taux d’épargne plus élevé. 

– La culture : il s’agit d’une influence à long terme qui se perpétue au sein de chaque pays. En effet, certains pays ont une plus forte aversion aux risques ou font des anticipations pus négatives ce qui va influencer positivement ou négativement le niveau de leur épargne. 

Conclusion

Modigliani a fait une sorte de synthèse concernant l’épargne et son impact sur l’économie : 

À court terme, l’épargne exerce un effet perturbateur sur l’économie et peut la déséquilibrer, cela est due aux anticipations qui ne sont pas toujours liées à la réalité et qui créé donc un excédent ou un déficit d’épargne. 

À long terme, l’épargne ne freine pas la demande globale puisque chacun fini par dépenser ce qu’il a épargné antérieurement, ce qui rétablit l’équilibre au sein de l’économie.