Frais de scolarité écoles de commerce 2020

Depuis 2015, nous publions chaque année une enquête sur l’évolution des frais de scolarité des écoles de commerce. Nous avons multiplié les angles d’analyse : comparaison avec l’étranger l’an passé, critère de choix (où nous avions vu en 2018 qu’ils ne l’étaient pas), etc.

Cette année, nous avons décidé d’observer et de regarder quelle place les frais de scolarité des étudiants issus des classes préparatoires occupaient au sein du financement de l’ensemble des écoles. La crise liée au coronavirus a paralysé les mouvements internationaux des étudiants, qui font craindre une perte de 10 à 20% du budget des écoles de commerce françaises pour l’an prochain.

Ces étudiants, dont les frais de scolarité sont parfois majorés, représentent une manne importante pour les écoles, qui ont fortement diversifié à travers eux leurs sources de revenus. Mais leur retour, certes facilité par les mesures gouvernementales en faveur de la mobilité estudiantine,  semble aujourd’hui fragilisé.  À l’heure où les mesures de lutte contre le coronavirus s’intensifient, notre pays semble en effet connaître un regain inquiétant du nombre de contaminés au coronavirus.

Réouverture des frontières : le retour salvateur des étudiants internationaux

Le deuxième trimestre a braqué les projecteurs sur ces profils, qui matérialisent aujourd’hui la diversification des sources de frais de scolarité des Grandes Ecoles. Toutefois, la dernière décennie a vu les Grandes Écoles diversifier également le recrutement national des étudiants qui rejoignent les étudiants au sein du Programme Grande Ecole. Il s’agit des fameux AST (Admis sur Titre).

Aucune clé de lecture publique de la taille et de l’apport financier de ces étudiants n’avait été réalisé, ce qui participait à la diffusion de rumeurs, de considérations totalement arbitraires considérant la place des AST au sein de telle ou telle école sans aucun chiffre précis. Bref, le type de situation dont on ne saurait se contenter lorsque la rigueur statistique permet de clore des débats souvent stériles.

Focus sur les frais de scolarité des écoles de commerce en 2020, et plus particulièrement sur les AST ! Avant de poursuivre la lecture, sachez que nous venons de créer Bearny, le premier courtier gratuit 100% spécialisé en prêt étudiant afin d’épauler ces derniers dans le financement de leurs études en Grande Ecole, tout en évitant des erreurs qui peuvent coûter plusieurs centaines d’euros in fine.

Les frais de scolarité des Grandes Écoles de commerce en 2020

En 2020, les étudiants issus de prépa qui intègreront une Grande École devront en moyenne débourser la somme de 42 337€ pour les trois années de leur cursus et de la quasi sacro-sainte année de césure nécessaire afin de cumuler l’expérience professionnelle nécessaire au développement d’un profil susceptible d’attirer les recruteurs.

Point méthodologique majeur : nous prenons en compte aussi bien que faire se peut l’année de césure. Néanmoins, pour certaines écoles, la variation annuelle peut s’expliquer par l’apparition ou la disparition d’informations sur leurs supports de communication.

Ces 42 337€ représentent une hausse de 4,7% des frais de scolarité moyens payés par les étudiants intégrant une Grande École de commerce après une classe préparatoire par rapport à 2019. Il convient de rappeler que ces hausses ont été décidées bien avant la pandémie de coronavirus, le plus souvent au dernier trimestre de 2019. Cette moyenne est, comme toujours, pondérée par le nombre d’intégrations dans chacune des écoles. Il ne ferait guère de sens d’équipondérer le tout, sachant que certaines écoles recrutent plus de 700 étudiants tandis que d’autres ont un recrutement à deux chiffres.

Le seuil des 50 000€ franchi !

Depuis quelques années, les trois écoles Parisiennes flirtaient avec la barre des 50 000€. C’est désormais chose faite : les trois institutions de la Chambre de Commerce de Paris – Île-de-France franchissent la barre cette année et s’affichent toutes en hausse de 8%, confortant la trajectoire énoncée par Peter Tod dès 2016. HEC Paris et l’ESCP BS poussent même au-delà des 53 000€ avec 53 250€ pour l’école située à Paris intra-muros et 53 920€ pour l’école jovacienne.

Du côté de l’EDHEC et d’emlyon, le cap des 50 000 euros devrait être franchi d’ici 2021 ou 2022. Les deux écoles complétant le top 5 ne sont plus très loin de ce seuil fatidique.

Des hausses plus modérées par ailleurs

De manière générale, seules les écoles Parisiennes se permettent des hausses régulières et continues de leurs frais de scolarité. Peter Todd, Dean de HEC Paris annonçait dès 2016 un rythme de 6 à 8% par an. Parole tenue.

Pour le reste des écoles, les mouvements sont plus irréguliers cette année. Certaines jouent le jeu de la stabilité (ESC Clermont, KEDGE BS, SKEMA BS, La Rochelle BS, ICN, ISC Paris ISG, EM Strasbourg, etc.) avec des frais stables ou en ligne avec l’inflation.

Seule l’IMT-BS fait exception, avec une hausse de 9,4%. Partant d’une base bien plus basse, l’école a annoncé une refonte de la structure de ses frais de scolarité. Tout comme l’EM Strasbourg, elle a bénéficié cette année d’un regain d’attractivité. Effet crise ? Nul ne le saura avant 2021 et la publication des données SIGEM !

Un mouvement de rattrapage généralisé

Depuis de nombreuses années, nous remarquons que les Grandes Écoles se fient très clairement à leur attractivité au SIGEM, que nous avons mesurée cette année avec notre classement Bearny, afin de fixer le niveau de leurs frais de scolarité.

C’est ainsi que NEOMA et TBS ont augmenté leurs frais de scolarité au même rythme que les écoles Parisiennes (+8%) afin de suivre un mouvement initié par KEDGE, école moins attractive au SIGEM que ces deux dernières en 2019.

À quoi peut-on s’attendre en 2020 si l’on suivait cette logique ? Il y a fort à parier que l’EDHEC ainsi qu’emlyon devraient se rapprocher de la barre des 50 000€. Pour ces écoles, la willingness to pay des étudiants est encore plus élevée, tant les débouchés offerts sont prestigieux.

Du côté des écoles qui complètent le top 15, il apparaîtra comme logique de voir une progression de 2 à 4%. SKEMA devrait lorgner du côté des 45 000€ tandis que NEOMA BS dispose aussi d’une marge de progression de quelques milliers d’euros. Interrogée à ce sujet, la directrice générale Delphine Manceau affirme faire face à un dilemme : « Nous ne voulons absolument pas que le montant des frais de scolarité soit un frein pour les étudiants admis à NEOMA. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons triplé notre budget bourses en deux ans. Pour autant, notre groupe concurrentiel affiche des frais de scolarité plus onéreux que nous, or nous faisons tous face aux mêmes coûts et il serait cohérent que nous soyons dans le même ordre de grandeur que nos concurrents directs. »

Au-delà du top 15, les problématiques de remplissage empêchent encore les écoles de s’afficher aisément au-dessus des 35 000€. L’ISC Paris, seule école hors top 15 à plus de 35 000€ depuis 2019, a vu son nombre d’étudiants recrutés diminuer par rapport à 2018. Pour autant, l’école parisienne a annoncé l’ouverture d’un campus à Orléans, où les différences de coûts de la vie font bien plus que compenser les milliers d’euros d’écarts par rapport à ses consœurs.

Les recettes issues des frais de scolarité des Grandes Ecoles de commerce post-prépa

Nous avons compilé l’apport constitué par les frais de scolarité des étudiants issus du recrutement BCE et Ecricome des Grandes Ecoles de commerce post-prépa au cours des quatre prochains exercices. Encore une fois, la croissance en prix et en volume des écoles de tête est palpable. L’abandon de la marge de sécurité de cette année peut cependant expliquer une croissance moins élevée que celle des frais de scolarité pour les écoles qui n’ont pas ouvert de places supplémentaires aux concours 2020.

Traditionnellement, c’est NEOMA qui génère les plus grandes recettes à partir des préparationnaires. Cette année, pour la première fois, la barre des 30 millions d’euros est franchie. Derrière elle, emlyon et l’EDHEC franchissent le cap des 25 millions d’euros. Les trois Parisiennes dépassent enfin les 20 millions d’euros, même si elles ne comptent pas que sur cela.

La lecture des comptes de HEC Paris montre très clairement que l’école jovacienne dépend bien plus de ses prestations en Executive Education (47% de son chiffre d’affaires) que de ses activités undergraduate. Ces activités de formation continue comprennent aussi bien l’Executive MBA que les prestations de formation fournies aux entreprises, une activité fortement impactée par le coronavirus dans l’ensemble des Grandes Ecoles françaises.

Mais HEC fait exception. Rares sont les business schools dont la part du chiffre d’affaires générée par les programmes undergraduate représente une part aussi minoritaire de leur budget.

La diversification vers les AST comme voie de développement

Face au désengagement des CCI caractéristique de la dernière décennie, les Grandes Écoles se sont mises en ordre de marche afin d’assurer leur équilibre financier. Les programmes se sont de plus en plus diversifiés, comme en témoigne l’essor des MS (Mastères Spécialisés, reconnus par la CGE) et des MSc (Masters of Science), des formations qui durent entre 12 et 24 mois et qui permettent aux titulaires d’un bac+4 ou +5 de se spécialiser tout en arborant une marque prestigieuse sur leur CV.

Certaines écoles ont développé un impressionnant portefeuille de ces formations : 13 pour l’EDHEC, 15 pour emlyon, 17 pour NEOMA, 21 pour KEDGE, 25 pour l’ESCP et même 28 pour TBS !

Si cette tendance devrait accompagner les Grandes Écoles au cours des prochaines années, un autre type de formation a constitué le marqueur de cette diversification auprès du grand public : le Programme Grande École.

À l’origine, celui-ci est l’apanage de préparationnaires qui, pendant un ou deux ans, travaillent dans l’optique de réussir un concours très pointu et sélectif. Depuis de nombreuses années, ces derniers se retrouvent en Grande École avec la surprise de voir d’autres profils issus d’autres formations au même niveau. En effet, toutes les Grandes Écoles post-prépa à l’exception d’Audencia et des trois Parisiennes les recrutent post-bac +2 (AST1). Toutes les écoles post-prépa en revanche, y compris les quatre mentionnées ci-avant, intègrent des étudiants AST2 (déjà titulaires d’une licence) dans leur promotion.

Défendue par les Grandes Écoles comme une voie de promotion de la diversité, ces concours AST représentent un important vivier de financement et de développement pour les établissements français. Des acteurs ont très vite compris l’intérêt d’un marché naissant, où la préparation publique (les fameuses classes préparatoires ATS) demeure malheureusement méconnue. Réputés plus simples (à juste titre) et nécessitant moins de préparation dans la mesure où les candidats doivent également valider leur cursus initial, ces étudiants admis sur titre constituent un vivier colossal d’étudiants.

En 2019, leur contribution au budget de l’ensemble des Programmes Grande École excède celle des ex-préparationnaires de 33,3 millions d’euros ! Parmi les 26 Grandes Écoles membres de la BCE et d’Ecricome en 2019, seules 9 ont une contribution supérieure émanant des anciens préparationnaires. Les chiffres école par école sont compilés ci-dessous et comprennent aussi bien les étudiants français que ceux internationaux :

Il est aisé de distinguer différents groupes d’écoles :

  • Les mastodontes multi-campus : KEDGE, NEOMA, emlyon et EDHEC. Il s’agit d’écoles fusionnées ou de très grande envergure qui ont mené une politique active de développement de leurs effectifs PGE, facilitée par une activité déployée sur plusieurs campus. Elles dépasseront toutes aisément le seuil des 50 millions d’euros de revenus générés par leur recrutement en 2020.
  • Les grandes focalisées-prépa : SKEMA, GEM, Audencia et TBS. Ces écoles comportent un important effectif et ont conservé leur biais de recrutement par les classes préparatoires. Toutes pourraient encore augmenter encore considérablement leurs effectifs. Néanmoins, cela se ferait au détriment d’une sélectivité qu’elles se doivent de défendre, au risque de pénaliser l’émergence de leur marque. Elles se situent entre 30 et 40 millions d’euros de revenus générés.
  • Les Parisiennes : ESCP, ESSEC et HEC. Leur recrutement prépa fait montre d’une très forte sélectivité. Elles ne peuvent par conséquent pas s’engager dans un recrutement important d’étudiants AST français, au risque de mettre en péril l’intérêt des CPGE. Leur recrutement AST se fait donc avant tout à l’international, où leurs marques puissantes leur permettent de recruter d’excellents profils sur d’autres marchés. Leur portefeuille d’activité dépend aussi en grande partie d’autres programmes, comme vu pour HEC.
  • Les équilibrées : Rennes SB, Montpellier BS et BSB. Ces écoles sont des “piliers” du concours Passerelle 2019, dont elles tirent entre 55 et 60% de leurs revenus du PGE. En 2019, elles ont généré entre 18 et 25 millions d’euros de revenus via ce programme.
  • Les focalisées-prépas : EM Strasbourg, ICN BS, IMT-BS. Ces écoles jouissent d’une très bonne réputation auprès des prépas, ce qui leur permet de remplir de manière générale (en 2019, cela se jouait à peu, mais en 2020 elles ont toutes rempli aisément). Elles devraient profiter d’un meilleur cru en 2020 dans la mesure où les concours d’admission sur titre ont rouvert après l’annulation des concours, permettant à des candidats de n’envoyer qu’un dossier pour espérer les intégrer. L’EM Strasbourg, tout comme Rennes SB, profitent cette année d’un recrutement supplémentaire de préparationnaires littéraires mais aussi d’un concours Tremplin qui, semble-t-il, a été très fructueux.
  • Les focalisées-AST : INSEEC SBE, EM Normandie, La Rochelle BS, ISC Paris, ISG, ESC Clermont, ESC Pau, SCBS et Brest BS. Ces écoles pourraient être séparées en deux sous-groupes. D’un côté l’INSEEC SBE et l’EM Normandie, qui recrutent surtout des étudiants dans leurs programmes post-bac (le PGE de l’EM Normandie post-bac est l’un des plus cotés tandis qu’INSEEC fait partie du groupe INSEEC U, très diversifié). De l’autre côté, des écoles “à taille humaine” dont l’attractivité régionale auprès des étudiants d’autres filières éclipse quelque peu le recrutement post-prépa.

Ces 10 901 AST qui ont intégré les Grandes Écoles en 2019 représentent donc une manne plus importante que les 7 354 préparationnaires dans l’immense gâteau des 628,4 millions d’euros générés par ces 18 255 étudiants. En 2020, le recrutement AST éclipsera encore davantage celui des préparationnaires dans la mesure où de nombreuses écoles ont fait carton plein grâce à ces concours sans épreuves écrites ni orales.

Une menace aujourd’hui insoupçonnée pour les écoles ?

Les lecteurs les plus pointilleux remarqueront le décalage entre le chiffre des 297,6 millions d’euros du dernier tableau et celui des recettes 2019 de 301,1 millions d’euros. Dans les faits, 105 étudiants ayant accepté une affectation SIGEM se sont finalement rétractés, provoquant une perte sèche de 3,5 millions d’euros. Principales victimes : KEDGE (17), GEM (14), emlyon (11), TBS (10), SKEMA (9) et NEOMA (8).

Différents cas de figure expliquent cet écart. Certains étudiants ont choisi de se réorienter après les vœux SIGEM tandis que d’autres se sont tout simplement trompés dans la procédure (cela arrive, oui.)

En revanche, cette année, le nombre de ces désistements post-SIGEM sera encore plus important ! Nous avons eu écho de pratiques d’optimisation de classements de la part d’officines privées hors-contrat ayant recommandé à quelques étudiants d’accepter leur proposition au SIGEM, ce qui fait foi pour les classements de prépas. Dans le même temps, les étudiants sont obligés de renoncer aux 800€ qu’ils ont donné en acompte SIGEM. En retour, ces prépas s’engagent à les rembourser de cette somme, ce qui peut creuser un important manque à gagner pour les Grandes Écoles. L’impact de telles mesures sera mesuré à la rentrée.

Quel avenir pour ces frais de scolarité des écoles de commerce après 2020 ?

Peu à peu, les meilleures Grandes Ecoles approcheront du seuil des 60 000€. Payer 20 000€ une année de scolarité pour les Grandes Ecoles parisiennes demeure un investissement tout à fait rentable pour tous. Pour autant, les bourses doivent suivre.

Certaines écoles à l’instar de NEOMA ont triplé le montant des bourses étudiantes au cours de ces deux dernières années, comme nous l’a confié Delphine Manceau, sa Directrice Générale. D’autres écoles se sont aussi mobilisées au cours de la pandémie de coronavirus en attribuant des aides exceptionnelles.

Multiplication des bourses, augmentation continue des frais de scolarité… Et si l’on arrivait de plus en plus vers un modèle de frais de scolarité des écoles de commerce à la tête du client ? Quels éléments empêcheraient ces meilleures Grandes Ecoles d’afficher des tarifs à six chiffres pour les familles dont le patrimoine et conséquent, et un tel investissement, minime ? C’est d’ores et déjà une réalité aux Etats-Unis, pays où les étudiants de classe moyenne fréquentant l’élite des écoles et notamment l’Ivy League bénéficient de tarifs similaires à ceux français, voire de la gratuité (comme à Stanford). Dans le même temps, les familles fortunées contribuent aux endowments à hauteur de plusieurs millions de dollars.

Pour poursuivre la lecture :

Vers des frais de scolarité « à la tête du client » ?

Les frais de scolarité des écoles de commerce

École Frais de scolarité des écoles de commerce
HEC Paris 53 920 €
ESSEC 51 100 €
ESCP BS 53 250 €
EDHEC BS 49 200 €
emlyon bs 48 200 €
Audencia BS 45 850 €
SKEMA BS 43 000 €
Grenoble EM 43 470 €
NEOMA BS 40 500 €
TBS 39 700 €
KEDGE BS 39 200 €
Rennes SB 37 200 €
Montpellier BS 36 900 €
IMT-BS 24 350 €
BSB 34 500 €
EM Strasbourg 26 700 €
La Rochelle BS 33 250 €
ICN BS 32 700 €
EM Normandie 34 575 €
INSEEC SBE 34 400 €
ISC Paris BS 36 300 €
ISG IBS 34 040 €
ESC Clermont 28 850 €
SCBS 27 150 €
Brest BS 30 500 €
MOYENNE 42 337 €