L’éco HEC ESSEC 2023 est l’épreuve d’ouverture du concours BCE 2023 pour les candidats ayant choisi l’option ESH. Elle compte pour une part importante en termes de coefficients pour l’ESSEC et HEC. Si les candidats ont 4h pour traiter le sujet, l’épreuve n’est pas facile pour autant.

Retrouve dans cet article tous nos conseils de dernière minute pour cartonner mercredi 26 avril, ainsi que les sujets tombés et des extraits de rapports de jury !

Tu peux retrouver toutes les informations des concours BCE sur notre rubrique dédiée Inside Concours BCE 2023. Plus que jamais, Major-Prépa t’accompagne tout au long des concours. Retrouve le Live Inside Concours à 18h30 tout au long des concours BCE. Le lien de l’Inside Concours de ce jour :

Tu peux consulter les coefficients détaillés de cette épreuve et voir pour quelles écoles elle compte !

L’analyse du sujet ESH HEC ESSEC 2023

Présentation du sujet

Quelle surprise pour les pauvres préparationnaires de cette année ! Le sujet d’ESH HEC-ESSEC 2023 est un sujet chargé en idéologie, qui ne permet pas de copier-coller un cours : La décroissance est elle compatible avec l’état-providence ?. Un sujet qui peut être déstabilisant tant la décroissance (et l’écologie en général) est parfois délaissée, mais surtout car le lien entre décroissance et Etat-providence est très difficile à caractériser : l’Etat-Providence doit-il permettre à tout le monde de consommer, quittes à plus produire (au détriment de la décroissance), ou assurer une vie décente à tous sur le très long terme, un objectif plus compatible avec la décroissance ?

Définition des termes du sujet

On peut recourir à un certain nombre de références pour qualifier la décroissance. De manière purement théorique, elle correspond à un amoindrissement de la production afin de préserver les ressources naturelles et de limiter la pollution. André Gorz l’envisage dans Economie et Politique (tout en fustigeant l’hypocrisie des adeptes d’une croissance verte); bien que les premières mentions d’une halte de la croissance (tout de même sous forme de “croissance zéro” et pas de décroissance) datent du rapport Meadows. Pour ce qui est de l’Etat-Providence, sa définition ne posera pas de problèmes aux élèves bien préparés. Théoriquement, il correspond à tous les dispositifs mis en place par l’Etat pour lutter contre la pauvreté, protéger les agents des crises et réduire les inégalités.

Analyse du sujet

Il y a mille et une manières de traiter ce sujet. Cependant, en raison de l’importance qu’ont pris les idées décroissancistes (T. Parrique, macroéconomiste et auteur de Ralentir ou périr, était passé à HEC pour quelques conférences très orientées), il me semble nécessaire de le traiter en considérant la décroissance comme un impératif. Ceci étant dit, serait-ce réellement une bonne idée de se donner une image de bourgeois hors-sol et déconnecté, en défendant que l’Etat-Providence doit être sacrifié pour l’écologie ? Plutôt, un élève ayant une colonne vertébrale éthique et politique remarquerait que, la quasi-majorité du temps, l’idéologie décroissanciste s’accompagne d’une volonté réelle d’améliorer la vie de tous et de réduire les inégalités. C’est d’ailleurs une récurrence quasi permanente que les penseurs décroissancistes aient des idées profondément égalitaristes. Après tout, ce sont le plus souvent les plus pauvres qui souffrent des conséquences de la pollution et du consumérisme, alors l’idée de “Ralentir ou périr” serait en réalité l’idée de “ralentir ou laisser périr les pauvres”.

Le plus important étant dit, la dissertation devra naturellement tourner autour de la question suivante : comment réformer l’Etat-providence pour qu’il continue d’assurer son rôle fondamental tout en étant conforme aux objectifs décroissancistes ?

On peut en réalité voir que l’Etat-providence et la transition écologique ont des objectifs convergents, mais n’opèrent pas à la même échelle temporelle : l’Etat-providence lutte contre la pauvreté à court terme, et la transition écologique le fait à long terme. Comment alors permettre à l’outil de court-terme de ne pas entraver le fonctionnement de l’outil de long terme ? Autrement dit, comment assurer que la lutte contre la pauvreté et les inégalités ne résulte pas en un consumérisme excessif au détriment de l’environnement ?

Les auteurs qu’on peut mobiliser :

-Les écrits de T. Parrique (surtout Ralentir ou périr) pour affirmer l’importance fondamentale de la décroissance : puisqu’un réel découplage absolu n’a jamais été observé, il apparait impératif de mettre en place la décroissance.

-Les écrits sur les effets néfastes des inégalités sur les capacités de l’humanité : par exemple, la courbe de Gatsby démontre que plus d’inégalités empêche les pauvres de monter les échelons scolaires et professionnels (et donc on prive l’humanité de leurs talents qui pourrait potentiellement contribuer aux luttes contre l’environnement).

-Les écrits sur la répartition de la pollution en fonction des classes sociales : dans tous les pays développés, les classes aisées et riches polluent toujours plus que les autres classes. La consommation des plus démunis devrait-elle vraiment être celle qui nous inquiète ? On peut pour cela citer Duflo & Banerjee (Economie utile pour des temps difficiles).

-Les écrits fondamentaux sur les dommages occasionnés par la croissance (rapport Meadows, écrits de Tim Jackson sur le découplage). On peut aussi citer The Entropy Law and the economic process de Georgescu-Roegen.

-Certaines théories autour de la décroissance : par exemple, l’idée d’une “décroissance sélective” de J-M Arribai qui viserait à supprimer les secteurs polluants qui ne contribuent pas réellement au bonheur humain (l’humanité serait-elle vraiment plus malheureuse sans le Coca-Cola ?).

-La possibilité d’augmenter considérablement les recettes fiscales même dans le contexte d’une décroissance, en taxant les plus riches et en luttant contre l’évitement de l’impôt sur les sociétés : on peut citer cet article de Vincent Vicard ou simplement l’ouvrage Pour une révolution fiscale: un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle de Saez, Piketty et Landais. Ou aussi le projet de Biden d’imposer une taxe plancher d’IS de 15 % à travers la planète.

-La nécessité profonde d’une aide à la mobilité intersectorielle du travail (explorée dans l’ouvrage de Duflo & Banerjee susmentionné) au fur et à mesure que des métiers deviendront obsolètes ou trop polluants – dans un tel contexte, aider les gens à retrouver un travail peut être pensé comme un nouveau rôle de l’Etat-providence tant cet enjeu deviendra majeur.

-Les enjeux de la dette : est-ce que le projet de transition écologique peut-il réellement subir une nouvelle crise de la dette, qui rétrécirait de manière considérable la capacité des Etats à investir dans des industries vertes et à maintenir un Etat-providence suffisant ?

Plan possible

I- Si l’Etat-providence correspond aujourd’hui à permettre à une plus grande partie de la population de consommer, ce qui est a priori aux antipodes des objectifs de décroissance

II- La décroissance vise en réalité à garantir le bien-être de tous à long terme, donc l’Etat-providence doit se réinventer pour remplir son objectif – sur lequel il est impossible de faire des compromis – au sein du paradigme écologique.

Conclusion

Cette proposition de plan est bien entendu un peu orientée idéologiquement – et cela ne représente aucun problème au niveau de la notation. Fondamentalement, si votre copie mobilise des références centrales pour réfléchir de manière cohérente sur le lien entre décroissance et Etat-providence, et est capable de trancher (pas juste dire une chose et son contraire pour conclure sur le fait qu’il faut un peu des deux), vous pouvez vous attendre à une bonne surprise.

En attendant, on te propose une vidéo sur la décroissance que nous venons de publier sur Major-Prépa !

Retrouve le sujet d’ESH HEC ESSEC tombé en 2023.

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