Aujourd’hui encore, à l’heure de la transition écologique, le pétrole demeure une ressource incontournable. Il représente toujours 31% du mix énergétique mondial. Véritable carburant du monde, le pétrole suscite évidemment les convoitises des grandes puissances. C’est donc logiquement qu’il est devenu au fil du XXème siècle un enjeu géopolitique majeur.

Le pétrole est par conséquent une thématique à maîtriser pour le concours. Il peut éventuellement faire l’objet d’un sujet de dissertation, ou bien de sujets d’oraux. Mais la géopolitique du pétrole regorge également d’exemples pour bon nombre d’autres notions. Les correcteurs apprécieront certainement que tu sois capable de parler d’un sujet aussi pointu – et le valoriseront au moment de noter ta copie !

I/ Les grandes dates à connaître

Il est tout d’abord important de noter que le pétrole n’a pas toujours été une source d’énergie incontournable. En fait, il l’est devenu durant la première moitié du XXème siècle. Auparavant, c’était le charbon qui était majoritairement utilisé. Pour éviter de te submerger d’informations inutiles, je vais tenter de te résumer en quelques dates incontournables les grands tournants du marché pétrolier mondial du XXème siècle.

1928

C’est la date de signature des accords d’Achnacarry entre les sept Majors (les plus grandes compagnies pétrolières mondiales, des firmes américaines, anglaises et hollandaises). Par cet accord, ces dernières se partagent le marché pétrolier mondial et les réserves du Moyen-Orient, et s’engagent à maintenir des prix élevés. C’est surtout la marque de la domination des pays développés occidentaux sur le pétrole mondial.

1945

En 1945, Franklin Roosevelt, président américain, et ibn Saoud, roi d’Arabie Saoudite, signent le Pacte du Quincy. Les États-Unis s’engagent à garantir une protection militaire au Royaume d’Arabie Saoudite en échange de l’accès à ses gisements pétroliers. Cet accord marque un tournant dans la géopolitique des ressources pétrolières. En effet, il permet aux États-Unis de doubler les Britanniques dans leur quête de sécurisation des ressources énergétiques du Golfe Persique. Les États-Unis contrôlent désormais le marché pétrolier mondial.

1960

L’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, est créée par le chah d’Iran. Elle regroupe initialement cinq pays producteurs de pétrole (l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak, le Koweït et le Venezuela). La création de l’OPEP symbolise la volonté de ces pays de se réapproprier leurs ressources, alors exploitées par les Majors occidentales. L’organisation sera rapidement ralliée par d’autres États désireux de s’affirmer. Des vagues de nationalisations des gisements pétroliers suivront.

1973 et 1979

Les deux « chocs pétroliers » surviennent successivement en 1973 et 1979. En 1973, à cause de la guerre du Kippour, les pays de l’OPEP décident de multiplier le prix du baril de pétrole par 4. En 1979, après la révolution iranienne et en pleine guerre Iran-Irak, ce prix triple encore. Les chocs pétroliers sont une révolution dans la géopolitique du pétrole en tant qu’il marque la volonté des pays producteurs de prendre leur revanche. C’est donc la fin de la domination quasi unilatérale exercée jusqu’alors par les compagnies pétrolières occidentales.

2008

Après des soubresauts jusqu’au début des années 2000, les prix du baril de pétrole se stabilisent. La hausse est ensuite constante à partir de 2003, date de l’entrée dans ce que l’on nommera le « supercycle des matières premières ». En 2008, un baril de pétrole s’achète ainsi à pas moins de 150 dollars. Ce prix sera divisé par près de 2 du fait de la crise économique mondiale. Pour de nombreux pays qui avaient fait le choix de fonder leur croissance sur l’exploitation de cette ressource, c’est la question de la pérennité d’un tel modèle qui se pose.

II/ Le pétrole, une malédiction ?

On aurait tendance à penser que le fait de posséder des ressources pétrolières assure à un pays une manne financière conséquente. A l’image des « pétromonarchies » du Golfe, les États détenteurs de pétrole possèderaient un avantage conséquent pour assurer leur développement. Or ce n’est pas toujours vrai.

De par son importance stratégique, le pétrole est source de convoitises. En particulier, les pays développés ont tenté au cours du XXème siècle de mettre la main sur cette ressource, indispensable à leur croissance. Cela a pu freiner de développement de certains pays pétroliers, notamment en Afrique, puisque la manne financière que représentaient leurs ressources leur échappait au profit des compagnies pétrolières occidentales.

Le cas du Venezuela

Un autre exemple bien connu de la malédiction des pays pétroliers est celui du Venezuela.

Le Venezuela est le pays qui détient les réserves pétrolières les plus importantes, devant l’Arabie Saoudite par exemple. Considéré il y a une dizaine d’années comme un pays émergent (le Venezuela a par exemple connu une croissance annuelle de plus de 18% de son PIB en 2004, tirée par les exportations pétrolières), le pays traverse aujourd’hui une crise économique sans précédent. Pour en savoir plus, c’est ici.

Comment expliquer que le pays n’ait pas su profiter de ses réserves en pétrole ? Le Venezuela souffre d’un surinvestissement dans le secteur pétrolier, qui représente 96% de ses exportations. Il est également touché par ce que l’on appelle le syndrome hollandais. Les recettes des exportations de pétrole du Venezuela provoquent une appréciation de sa devise, si bien que les exportations deviennent moins favorables que les importations dans les autres secteurs de son économie.

III / Le pétrole, un enjeu de la mondialisation encore d’actualité

Contrairement à ce que l’on a pu penser au début du siècle, on est encore loin de la fin du pétrole. Certes, sa part dans le mix énergétique mondial diminue depuis la généralisation des énergies renouvelables et les impératifs de transition écologique. Cependant, le contrôle du marché pétrolier mondial reste à ce jour un enjeu majeur – et le restera tant que cette ressource sera utilisée par le monde entier.

Par conséquent, voyons ensemble rapidement les deux actualités de la question du pétrole aujourd’hui.

Le gaz de schiste

La production de pétrole de schiste est assez récente, elle a commencé en 2006 aux Etats-Unis. Le pétrole de schiste fait partie des pétroles dits « non conventionnels », par opposition aux pétroles conventionnels que l’on extrait des puits pétroliers. Il faut savoir que son extraction est très couteuse.

L’extraction du pétrole de schiste fait appel à un procédé que l’on nomme fracturation hydraulique. Or, de nombreux agents chimiques utilisés dans ce processus finissent par polluer les sols. La fracturation hydraulique pose donc un problème environnemental important. Par exemple, le Royaume-Uni a suspendu son utilisation en 2019.

Toujours est-il que grâce aux pétroles de schiste et autres pétroles non conventionnels, les États-Unis demeurent les premiers producteurs mondiaux. Ils ont même recommencé à exporter du pétrole en 2015, ce qui n’était plus arrivé depuis 1975. C’était d’ailleurs une des ambitions de Donald Trump : devenir une « superpuissance de l’énergie », en relançant les forages off-shore et la construction d’oléoducs. De quoi faire grincer des dents les défenseurs de l’environnement…

La guerre des « cheikhs contre le schiste »

Le pétrole de schiste américain inquiète évidemment les autres producteurs de pétrole, au premier rang desquels on trouve les pays de l’OPEP. Pour tenter de mettre en difficulté l’industrie du pétrole de schiste, très couteuse, ces derniers augmentent fortement leur production en 2014. Le but de la manœuvre est de faire baisser le prix du baril. Mais le pétrole de schiste a montré une forte résilience, et l’opération c’est finalement retourné contre eux. Il a fallu un accord entre les pays de l’OPEP et les autres pays producteurs pour inverser la tendance.

En mars 2020, c’est un peu la même chose qui s’est produite. Les prix de pétrole baissaient du fait du ralentissement de l’économie mondiale et d’une baisse de la demande chinoise. L’Arabie Saoudite a donc proposé à la Russie de baisser sa production, mais la Russie a refusé. Cela a donné lieu à une nouvelle guerre des prix, d’où le plongeon des cours à moins de 20$ le baril.

On le voit, le pétrole demeure un enjeu géopolitique crucial. Cela explique la grande instabilité du marché pétrolier mondial, d’autant que les États-Unis, pourtant premier producteur mondial, ne participent pas aux négociations pour sa stabilisation.

En conclusion : un sujet à maîtriser

Comme tu as pu le voir, la géopolitique du pétrole est une véritable mine d’or et regorge d’exemples pour tout type de sujet. Parler du pétrole te sera particulièrement utile lorsque tu traiteras de continents comme l’Afrique, l’Amérique latine ou même l’Europe !