Les enjeux d’une telle élection en matière de géopolitique

Alors que les alliances dans le Pacifique semblaient figées, l’élection de Rodrigo Duterte au poste de président des Philippines le 30 juin 2016 a rebattu les cartes dans cette région. Les Philippines, allié historique des Etats-Unis dans le Pacifique, semblent en effet vouloir s’affranchir de la tutelle américaine depuis l’élection du populiste Duterte. Ce dernier avait notamment insulté de façon véhémente Barack Obama lors du sommet de l’Asean qui avait lieu au Laos en 2016. Si l’élection de Donald Trump, favorable à un rapprochement entre les deux pays, a apaisé certaines tensions, il n’en reste pas moins que les Philippines cherchent aujourd’hui à rééquilibrer leurs relations, notamment en se rapprochant de la Chine.

Ce rapprochement s’est notamment exprimé à travers une visite du chef de l’Etat philippin en Chine, en juin 2016, au cours de laquelle il a annoncé sa « séparation » des Etats-Unis. Si la Chine et les Philippines ont encore quelques différends, notamment en mer de Chine méridionale, les récentes discussions entre les deux pays ont montré qu’ils peuvent être dépassés.

Les Etats-Unis, qui possèdent la base navale de Subic Bay aux Philippines, voient ce rapprochement d’un mauvais œil, et le récent déplacement de Trump en novembre 2017 visait à réchauffer leur relation. Donald Trump a ainsi souligné la « formidable relation » entre les Etats-Unis et les Philippines, et n’a pas évoqué volontairement la question des droits de l’homme, ce que faisaient généralement ses prédécesseurs. Ce dernier point souligne bien l’évolution du rapport de force entre les deux états.

La guerre de la drogue

En matière de politique intérieure, Rodrigo Duterte a lancé depuis juillet 2016 une guerre totale contre les narcotrafiquants, faisant plus de 4000 morts sur l’archipel. La police des Philippines n’hésite pas à arrêter, torturer, voire à éliminer toute personne ayant un lien présumé ou supposé avec la drogue.

Cette politique de terreur a été condamnée par de nombreux pays étrangers. Si Rodrigo Duterte, suite à de grandes manifestations contre les violences policières et à une baisse dans les sondages d’opinion, a confié cette guerre non plus à la Police, mais à l’agence gouvernementale de lutte contre la drogue, il faut souligner que cette guerre se poursuit toujours sans avoir de réelle efficacité pour le démantèlement des différents réseaux de distribution de drogues.