On vous le rappelle, on a décidé à Major-Prépa de revenir chaque jour sur un des aspects des premiers mois de la président Trump, tout au long de la semaine. Après le bilan économique provisoire, le focus sur son action géopolitique puis le zoom sur ses deux mesures phares, on s’intéresse aujourd’hui aux grandes réussites du début de mandat du 45e président des Etats-Unis. Sur quels dossiers Donald Trump a-t-il répondu présent ? Quels engagements a-t-il tenus ? On décrypte ses premières victoires.

Retrait du Partenariat transpacifique et prémices d’un virage protectionniste

À peine une semaine de mandat et Trump signait déjà le retrait des Etats-Unis du processus de ratification du Partenariat transpacifique. Le retour du protectionnisme était alors pressenti. Mais cette victoire n’a pas été difficile pour Donald Trump puisque ce type de mesure ne demande en rien l’avis du parlement. Mais il l’avait promis, et il l’a fait.

Cependant, si cette première décision protectionniste semblait en annoncer bien d’autres, elle s’est finalement retrouvée bien seule dans son genre. De fait, le virage protectionniste porté durant toute la campagne par le candidat républicain se fait toujours attendre. Les renégociations d’accords commerciaux peinent à venir (même si les discussions avec l’ALENA ont débuté cet été) et l’idée d’une taxe sur les importations, la « border ajustment tax », a finalement été enterrée par le président. Son volte-face vis-à-vis de la Chine montre bien que Trump a bien du mal à mettre en pratique sa rhétorique protectionniste. Affaire à suivre.

Nomination d’un juge conservateur à la Cour Suprême

C’était un gros fruit bien mûr et facile à cueillir, mais la confirmation par le Sénat du juge Neil Gorsuch à la Cour Suprême est une réelle victoire pour la droite américaine. Fortement prévisible en raison de la majorité républicaine au Sénat, cette nomination fait pencher la balance du plus haut tribunal américain à droite. Les magistrats de la Cour Suprême (élus à vie) sont donc, depuis avril, au nombre de neuf : quatre progressistes et cinq conservateurs.

Évidemment, la victoire revient d’abord au leader républicain du Sénat, Mitch McConnell, qui avait défié ouvertement Barack Obama de nommer un juge en arguant que, dans la dernière année d’une administration présidentielle, il devrait revenir aux électeurs de choisir le président qui choisirait le prochain juge. Toutefois, la confirmation de Gorsuch était acquise à l’avance pour Trump étant donné que les sénateurs républicains étaient parvenus à abaisser la majorité requise pour ce scrutin, un changement historique des règles de la plus haute chambre du Congrès.

Le prochain remplacement devrait être celui du juge républicain modéré Anthony Kennedy (80 ans), une nomination qui pourrait ancrer définitivement la Cour Suprême à droite.

Réduction des passages illégaux à la frontière sud

La tendance des passages illégaux à la frontière sud des États-Unis est à la baisse. Donald Trump mène une guerre de front contre les migrants clandestins. Et bien que ses tentatives de réforme du système migratoire se soient avérées peu fructueuses pour l’instant, il semble clair que les consignes de resserrement des contrôles ont eu l’effet escompté sur l’immigration illégale. Il est de plus évident que la violence de la rhétorique du président soit aussi pour quelque chose dans la création d’un climat dissuasif. La toute récente décision de mettre fin au programme de protection des jeunes migrants clandestins en témoigne . Les sceptiques diront plutôt que la réduction des passages illégaux n’est que la continuation d’une tendance déjà bien amorcée par l’administration Obama et que la relative santé de l’économie de leur pays réduit d’autant l’incitation à tenter sa chance au nord pour les travailleurs mexicains. Ils ajouteront d’ailleurs volontiers que cette bonne nouvelle s’accompagne d’une réduction tangible du nombre de visiteurs aux États-Unis depuis janvier.

Plein gaz pour le développement des hydrocarbures

Depuis sa prise de pouvoir, Trump se donne à cœur joie d’annihiler l’œuvre de son prédécesseur. C’est notamment le cas en ce que concerne le développement des hydrocarbures et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Non seulement Trump a pu invalider par décret les réglementations de ses prédécesseurs, mais son contrôle de la majorité républicaine lui a permis aussi de faire annuler les réglementations que Barack Obama avait signées dans les derniers jours de sa présidence. L’avantage de procéder ainsi est non négligeable : quand un décret est annulé par voie législative, il devient impossible pour un président élu ultérieurement de faire adopter un décret semblable.

Trump et l’environnement, c’est aussi un vaste sujet …

La croissance de l’emploi et du PIB se sont maintenues 

Sur le site Web de la Maison-Blanche, le premier élément identifié comme un grand succès des premiers mois de l’administration Trump est la création de 500 000 emplois depuis janvier. En effet, la croissance de l’emploi déjà bien en marche dans le deuxième mandat de l’administration Obama s’est poursuivie pendant les premiers mois de celle de son successeur. Même si ses détracteurs disent que la croissance se poursuit d’abord parce que les mêmes politiques demeurent en place et que la conjoncture internationale est porteuse, il est de bonne guerre pour Trump de claironner que l’optimisme généré par son arrivée au pouvoir a contribué à ce climat économique favorable. Le week-end dernier, le président républicain se félicitait sur son compte Twitter des bons résultats de la Bourse « en hausse pendant cinq mois d’affilée ! ». On ne peut pas lui enlever, ses mesures de dérégulations portent leurs fruits du côté de Wall Street. Depuis son élection, l’indice Dow Jones a progressé de 20 % et le Nasdaq de près de 25 %. Hausse généralisée, y compris pour les entreprises de la Silicon Valley qui avaient fait grise mine au tout début, craignant que les décisions de Trump sur l’immigration ne réduisent leur capacité à attirer les talents.

Trump a su garder l’appui de ses partisans

Jamais un président n’avait été si impopulaire en début de mandat depuis… que les sondages existent. Avec un taux d’approbation qui stagne en 34% et 36% depuis l’été, Donald Trump semble compter davantage sur la consolidation de ses appuis parmi sa base électorale que sur l’expansion de celle-ci. Cette stratégie, qui fonctionne pour l’instant, lui vaut néanmoins la défiance de plus en plus de ses soutiens. C’est le cas des grands patrons qui avaient appuyé sa candidature et quittent les uns après les autres le navire, à l’image de celui de Merck, d’Intel, de Disney ou d’Uber, de certains républicains au Congrès qui ont fait défection, et enfin des Américains eux-mêmes, déçus ou outrés par les différentes polémiques. Et le plus dur reste à faire. L’automne s’annonce encore plus compliqué que l’été qu’est en train de traverser la présidence Trump . Il y aura d’abord la poursuite de l’enquête sur les liens de son entourage avec la Russie lors de la dernière campagne présidentielle. La Maison-Blanche devra aussi obtenir l’aval du Congrès pour toute une série de décisions politiques. Cela dit, Trump peut toujours compter sur son indéfectible base, insensible aux critiques et aux polémiques dont fait l’objet leur leader.

Sa gestion habile des critiques de la presse

Ce n’est un secret pour personne, Trump ne porte pas les media dans son cœur… et ne s’en cache pas. Au lendemain de son investiture, lors d’une visite au siège de la CIA, il déclarait qu’il avait « une guerre en cours avec les médias », avant de déclarer que les journalistes comptaient « parmi les êtres humains les plus malhonnêtes du monde ». Osé mais peu surprenant puisqu’il a fait de cette aversion pour les medias un outil de sa campagne et pare feux efficace contre ses détracteurs. Les transformant habilement en opposants politiques appartenant au « système » qu’il combat avec véhémence, il a consolidé son socle électoral et se défausse des critiques de la presse. Les journalistes ne sont finalement que des « menteurs » et des « imposteurs », des « racailles » et des « ennemis » devenus autant de cibles faciles pour ses supporteurs. Et ne parlons pas des journalistes étrangers, ignorés et méprisés par le Président Trump.

Quoi de mieux que Twitter pour un chef d’Etat victime de la fourberie et de l’incompétence des media ?  A raison de 5 tweets par jour en moyenne, Trump égraine ses vues sur le monde, sème ses déclarations chocs contre la presse et ses opposants politiques et récolte soutien, haine, indignation ou encouragement de la part de ses 35 millions de followers. Le Monde s’est attelé à analyser le contenu de ces déclarations de 140 caractères maximum. Près de 16% de ses tweets concernent les médias et plus de 17% de l’opposition. À titre de comparaison, l’économie fait l’objet de moins 11% de ces annonces sur le réseaux social à l’oiseau bleu, tandis que les sujets sociaux lui inspire 4,4% de ses tweets. Autre statistique intéressante : près de 40% sont de l’ordre de la critique, contre 16% pour l’éloge. Un usage peu conventionnel des medias, mais qui continue de séduire sa base.