Réélection de Vladimir Poutine

Vladimir Poutine a été réélu Président de la Russie le 18 mars 2018, dès le premier tour, avec 77% des voix. Il va ainsi entamer son quatrième mandat après avoir été élu Président de 2000 à 2004, puis de 2004 à 2008 et de nouveau en 2012 (Poutine, ne pouvant être élu Président trois fois de suite à cause de la Constitution russe, a été le Vice-président de Medvedev de 2008 à 2012). La réforme entamée par le Président Medvedev porte en effet la durée du mandat présidentiel à 6 ans et non plus à 4 ans.

 

Une élection contestable

Si ce scrutin aux allures de plébiscite est sans surprise, il suscite déjà quelques polémiques. La fiabilité du taux de participation de 67% est remis en question par les accusations des opposants de Poutine et des ONG. En outre, le principal opposant au Président russe, Alexeï Navalny, leader des manifestations contre Poutine, s’est vu refuser sa candidature par la Commission électorale en raison de condamnations qu’il conteste. Ce dernier avait ainsi appelé au boycott de l’élection. Finalement, Poutine a affronté 8 candidats dont beaucoup sont critiqués pour l’éventuelle proximité qu’ils pourraient avoir avec le Président. Ils ne se présenteraient ainsi que pour montrer un semblant d’opposition. Il est également à noter que le Président russe n’a même pas pris la peine de participer au débat télé avec les autres candidats à l’élection présidentielle.

 

Bilan de Poutine

Le bilan de Vladimir Poutine à la tête de la Russie est mitigé. Si le taux de chômage a baissé, passant de 10% à 5,5% entre 2010 et 2018, ces chiffres ne prennent pas en considération le passage au temps partiel. On peut tout de même se réjouir du retour d’une tendance démographique russe à la hausse et de la baisse du taux de suicide, deux indicateurs sociaux importants. Néanmoins, la Russie reste un des pays les plus corrompus du monde et les libertés individuelles ne sont pas toujours respectées. En 2013, une loi a été votée interdisant « la propagande de l’homosexualité auprès des mineurs » comprenant par exemple le fait d’affirmer que l’homosexualité est naturelle ou que ce n’est pas une perversion. Economiquement, le pays a été affaibli par les sanctions internationales décidées suite à l’annexion de la Crimée. Il sort à peine de la récession. Enfin, Vladimir Poutine a considérablement augmenté le budget militaire, bien plus rapidement que la tendance mondiale.

Les futurs dossiers

Vladimir Poutine entame un nouveau mandat placé sous le signe de tensions à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. A l’intérieur, Poutine devra composer avec les tensions liées à la baisse sensible du niveau de vie de la population. D’autres pointent également le risque d’un décrochage technologique pour la Russie. Les économistes s’accordent pour dire que l’économie nationale ne peut être réformée sans l’introduction d’une plus grande concurrence dans le domaine politique. La hausse inévitable de l’âge du départ à la retraite s’annonce être une des réformes les plus douloureuses de ce quatrième mandat. A l’extérieur, les relations avec l’Occident restent compliquées et l’économie russe pâtit d’un déficit croissant d’investissements ainsi que d’une dépendance aux exportations de matières premières.