Nombreux sont ceux qui jugent que la France se fait racheter à tout va. Et il est vrai que les exemples ne manquent pas : en 2014, Dongfeng prend 14% du capital de Peugeot, Fosun rachète le Club Med, l’aéroport de Toulouse… et même le FC Sochaux-Montbéliard passent sous le giron chinois. En 2015, même cas de figure, même si la nationalité des acheteurs change. Ils ne sont plus chinois, ralentissement économique oblige, mais suisses (LafargeHolcim), américains (Alstom Énergie racheté par General Electric et Norbert Dentressangle racheté par XPO Logistics), canadiens (Montupet racheté par Linamar), qataris (GFI Informatique racheté par Mannai Corporation) et même finlandais (Alcatel-Lucent racheté Nokia) !

Ce phénomène de rachat d’entreprises françaises ne représente qu’une partie des IDE entrants en France. Notre pays se place ainsi sur le podium européen et prend la première place en ce qui concerne les IDE entrants industriels… Est-ce à dire que la France, certes attractive, se fait néanmoins racheter par le monde, ou bien cette tendance n’est-elle que trompeuse, car contrebalancée par des rachats de même ampleur qui n’ont pas le même écho médiatique ?

A travers quelques exemples, nous allons donc montrer que cette tendance est trompeuse et que les entreprises françaises rachètent elles-aussi des pépites étrangères !

Air Liquide rachète Airgasacquisition-airgas-banner-2

Montant : 13 milliards de $ (12,1 Mds€)

Air Liquide a signé un accord en vue de l’acquisition de l’américain Airgas en 2016. Ce rapprochement majeur renforce le leadership mondial d’Air Liquide dans son domaine. A travers cette opération, Air Liquide met la main sur les plus d’un million de clients d’Airgas aux Etats-Unis ainsi que sur ses plateformes d’e-commerce et de ventes à distance.

Le chiffre d’affaires d’Air Liquide devrait croître ainsi de 30% dans les Gaz et Services. Le groupe devient n°1 en Amérique du Nord, n°1 en Europe, n°1 en Afrique/Moyen-Orient, n°1 en Asie-Pacifique. Bref, Air Liquide domine son secteur sans partage !

Capgemini rachète IGATEcapgemini-igate

Montant : 4 milliards de $ (3,6Mds€)

Capgemini, un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance a acquis IGATE en juillet 2015. L’entreprise américaine, basée dans le New Jersey oeuvre dans le secteur des technologies et des services informatiques, et a réalisé un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars en 2014.

Pour Paul Hermelin, Président-Directeur Général de Capgemini : « Cette acquisition constitue une étape très importante dans l’histoire de Capgemini. Avec IGATE, nos opérations en Amérique du Nord prennent une nouvelle dimension et cette région représente aujourd’hui notre plus grand marché en chiffre d’affaires. Par ailleurs, nos forces indiennes combinées nous permettent de concourir à armes égales contre les plus grands champions mondiaux de notre industrie. Pour nos clients, elle nous permet aussi d’accélérer en matière d’industrialisation et d’innovation. Je suis ravi, au nom de notre groupe, d’accueillir les 31 000 collaborateurs d’IGATE au sein de Capgemini. » 

Capgemini est le numéro 1 français des services informatiques et a intégré le top 10 mondial ces dernières années. Neuvième en 2014, Capgemini se rapproche encore du haut du classement à travers cette acquisition.

AccorHotels rachète FHRIAccor-Acquires-Fairmont-Raffles-Swissotel

Montant : 2,9 milliards de $ (2,6Mds€)

Annoncée en décembre 2015, le rachat du groupe canadien FRHI constitue la plus grosse acquisition jamais orchestrée par le groupe hôtelier français. D’un montant de près de 3 milliards de dollars, cette opération permet au français de mettre la main sur trois enseignes de l’hôtellerie haut de gamme : Fairmont, Raffles et Swissôtel,

Face à la concurrence-prix de nouveaux acteurs comme Airbnb, AccorHotels mise désormais sur le luxe. Il s’agit en effet du seul positionnement encore raisonnablement rentable. Par ce rachat, le groupe français devient de plus en plus américain : c’est là que se situe encore la croissance du secteur hôtelier, en panne en Europe.

Avec ses près de 110 000 chambres, le groupe français demeure cependant encore très loin du nouveau groupe issu de la fusion entre Starwood et Marriott, nouveau numéro 1, qui possède près de 10 fois plus de chambre.

Comme vous pouvez le voir, si la France vend quelques pépites, elle peut en acquérir d’autres également. Par conséquent, évitez de tomber dans le pessimisme excessif en évoquant la France et ses entreprises et gardez à l’esprit ces trois exemples, ils sont récents, pas forcément très connus mais surtout très utiles ! 🙂