Alors, la rentrée ? On espère que cela s’est bien passé pour toi, que ce soit ton premier jour en tant que préparationnaire, ou que tu t’apprêtes à (re)tenter les concours en fin d’année. Quoiqu’il en soit, pas question de faire montre d’ignorance devant le prof d’espagnol ou celui de géopolitique dès cette semaine sous prétexte d’un suivi de l’actualité des plus lacunaires durant l’été. Fort heureusement, la synthèse d’actualité estivale est là pour pallier tes petites errances ! On commence dès aujourd’hui avec l’Amérique latine.

Merci Major-Prépa ! 🙂

Au Brésil, quinze jours de festivités et de tensions

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Comment commencer cette synthèse sans parler du Brésil ? Alors que les Jeux Olympiques sont connus pour être festifs, le climat a été très tendu dans le pays d’accueil. Entre crise économique, crise politique et climat social lourd, le Brésil traverse une période très difficile et l’accueil des Jeux n’aide en rien.

L’arrivée de la flamme olympique a été perturbée par des manifestations dénonçant le coût gargantuesque de l’évènement, obligeant les organisateurs à renforcer la sécurité du trajet. Ce n’est un secret pour personne : l’accueil de ces Jeux est perçu comme une source de gaspillage par les Brésiliens. Alors que les policiers et pompiers ne reçoivent plus leur salaire, et cela bien avant le début de cet événement, l’État a investi des milliards de reals (la monnaie brésilienne) pour la construction ou la rénovation de structures d’accueil et de stades. De plus, le coût exorbitant des places a attiré peu d’acheteurs: les places les moins chères ont été épuisées mais à la date du 17 août, seulement 14% des billets avaient été vendus. Ce qui a contribué à renforcer le sentiment des Brésiliens que ces jeux ne sont pas les leurs.

De la même manière, l’absence de la présidente Dilma Rousseff et de l’ancien président Lula à la cérémonie d’ouverture est une preuve du climat politique tendu du pays. Rares sont les chefs d’État qui ont fait le déplacement. De nombreuses manifestations à Rio, Belo Horizonte ou encore São Paulo ont réclamé la fin du gouvernement de Temer ou l’accélération de la procédure de destitution de Rousseff. Le Président “par intérim”, Michel Temer, a été hué et sifflé lors de la cérémonie officielle d’ouverture. Tous ces événement affichent clairement l’hostilité des Brésiliens face à ces jeux.

Le 9 août dernier, le Sénat brésilien s’est déclaré en faveur de la tenue d’un procès pour maquillage de comptes publics contre Dilma Rousseff, procès qui pourrait aboutir à sa destitution définitive. Lors du vote programmé pour le 30 ou le 31 août, elle aura besoin du soutien d’un tiers du Sénat pour reprendre ses fonctions de présidente. Si Dilma Rousseff se voit destituée, cela serait alors la fin de plus de treize ans de gouvernance du Parti des Travailleurs.

Pour aller plus loin, tu peux aller jeter un coup d’oeil à l’article écrit par Allan: /

Colombie: la fin de la paix impossible ?

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Après cinquante deux années de conflit, l’affrontement le plus long d’Amérique va prendre fin en laissant derrière lui plus de six millions de réfugiés (les dezplazados, des Colombiens qui ont été forcés de se déplacer), plus de 260 000 morts et 45 000 personnes disparues. En effet, Juan Manuel Santos, le président colombien, et Timochenko, le chef de la guérilla des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), ont signé le 22 juin, à La Havane, un accord historique qui pourrait bien mener à la paix.

Il faut savoir que cet accord a non seulement été très progressif et jalonné d’échecs (cf caso Caguán). JM Santos n’est pas le premier à avoir essayé de venir à bout de ce conflit: Alvaro Uribe, son prédécesseur, fit passer la Ley de Justicia y Paz en 2005. Cette loi détaillait les conditions de réinsertion sociale des guérilleros d’organisations paramilitaires illégales ayant négocié avec le gouvernement (elle fut de suite efficace avec d’autres branches de la guérilla).

Depuis 2010, JM Santos a réussi à imposer les conditions minimales pour débuter des négociations avec les FARC: libérer les personnes séquestrées, arrêter de forcer de nouvelles recrues, bannir l’utilisation de mines terrestres et arrêter de viser les civils.

Les négociations (d’abord informelles puis à Cuba avec la supervision de pays neutres) ont duré 6 ans, pendant lesquels il a fallu trouver un consensus sur 5 points essentiels:

– l’indemnisation aux familles des victimes
– la participation politique des anciens belligérants
– le cessez le feu
– l’arrêt du trafic de drogue qui alimentait financièrement les guerrillas
– le problème des terres

Le mois dernier a vu le premier grand consensus après le cessez le feu : l’accord sur les terres. Celui-ci a été présenté au Palais des Conventions à La Havane, Cuba, sous le nom de “Hacia un nuevo campo colombiano: Reforma rural integral” et supervisé par Cuba, le Venezuela et le Chili. Le plus grand changement sera la mise à disposition de terres pour la production agricole et remplacer les champs de cocaïne, ainsi que l’indemnisation aux petits paysans ayant souffert de déplacements forcés à cause du conflit. Désormais, la participation des membres des FARC à la vie politique est le point qui va concentrer l’attention des négociations.

Cependant, depuis le début des négociations, les critiques sont acerbes. L’ex-président Uribe s’est exprimé après le très récent accord sur les terres: “Es inacceptable que el modelo del campo colombiano lo negocie el gobierno de Santos con el narcoterrorismo”, “terroristas de las FARC asesinan a nuestros soldados y policías y el gobierno de Santos los premia con acuerdo sobre el agro”. ”

Le 24 août, le gouvernement colombien et les FARC sont arrivés à la conclusion des pourparlers. Cependant, pour entrer en vigueur, l’accord définitif doit être signée par JM Santos et Timochenko à Bogota. Enfin, ce texte doit être approuvé par les électeurs qui ont été appelés à se rendre aux urnes le 2 octobre. En attendant, les FARC devront voter leur transformation en parti politique.

Si tu es curieux et que tu veux en savoir plus, je te conseille d’aller faire un tour sur El País. Voici un article très sympa qui revient en détail sur le confilt, avec de nombreux chiffres et schémas : http://elpais.com/elpais/2016/04/13/media/1460564097_669410.html

Un climat de tension au Venezuela

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L’état d’urgence économique instauré depuis mi-janvier a été prolongé de deux mois le 13 juillet alors que le pays traverse une crise tout aussi économique que politique. Le président, Nicolas Maduro, justifie cette mesure en raison de la « guerre économique » livrée, d’après lui, par des entreprises et des opposants politiques. En effet, ce pays, producteur pétrolier (95% des exportations nationales), n’a pas su diversifier ses sources de revenu et souffre grandement de la chute des cours du brut. Cette procédure d’urgence autorise l’exécutif à disposer des biens du secteur privé pour garantir l’approvisionnement des produits de base.

Cependant, cet état d’exception n’a nullement amélioré les conditions de vie des Vénézuéliens. Plus de 80% des biens de première nécessité sont introuvables. Le 10 juillet, nombreux sont ceux qui ont passé la frontière colombienne, fermée depuis onze mois, pour aller faire le plein de provisions. Papier hygiénique, farine, riz, médicaments, voilà ce que l’on pouvait trouver dans leurs paniers. Depuis la mort d’Hugo Chavez, mentor de la révolution bolivarienne, la situation économique du pays n’a cessé de se dégrader. Et les prix se sont envolés. Aujourd’hui encore, les habitants doivent attendre, dans des queues interminables, pour acheter des produits de première nécessité. Le marché noir est une autre alternative, mais les prix y sont exorbitants. De là en découle une forte augmentation de la criminalité, si bien que les distributeurs sollicitent l’aide de la police pour protéger leur marchandise.

Face à ce chaos économique, nombreux ceux sont qui tentent de mettre fin au mandat de Maduro. Depuis les législatives de décembre, le chef de l’État fait face à un Parlement dont la majorité est de centre-droit, la coalition Mesa de la Unidad Democrática (MUD), composée d’une trentaine de partis aux diverses tendances politiques, qui est à l’origine de la procédure visant à convoquer un référendum révocatoire contre le Président. Le 24 juin dernier, l’opposition avait réuni assez de signatures (200 000) pour que le cas soit présenté au Conseil national électoral (CNE). Cependant, le 26 juillet, jour de l’échéance initiale, le CNE a repoussé sa décision. Le même jour, le gouvernement a demandé au Conseil que la coalition MUD soit considérée comme illégale, soupçonnant une fraude lors de la collecte des signatures.

Le 1er août, le Conseil national électoral a validé la demande de référendum révocatoire. Cependant, le chemin des antichavistes (les opposants au pouvoir actuel) est encore long. L’autorité électorale n’a pas fixé les dates de la prochaine phase, où quatre millions de signatures devront être recueillies et validées. Si le référendum a lieu, il faudra que le « oui » dépasse les 7,5 millions de voix pour que Maduro soit révoqué.

Si tu veux approfondir le sujet, je te propose d’aller jeter un oeil à l’article de Sarah qui explique plus en détail la crise: /

Pérou: un nouveau gouvernement a pris ses fonctions

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Alors que Keiko Fujimori avait remporté le premier tour haut la main, c’est Pedro Pablo Kuczynski qui, le 5 juin dernier, a remporté l’élection présidentielle péruvienne avec 50,82% des suffrages. Chef du parti de centre-droit Peruanos por el Kambio (PPK), il succède ainsi, le 28 juillet, à Ollanta Humala, le président du parti nationaliste péruvien.

Cependant, le parti de Fujimori, Force Populaire (extrême droite), dispose de la majorité absolue au Congrès (73 élus), tandis que le PKK compte 18 élus. Pour la première fois dans l’histoire politique péruvienne, l’exécutif et le législatif vont tenter de cohabiter, faute d’autres options.

Kuczynski va devoir faire faire à deux défis majeurs: lutter contre le climat d’insécurité et que les classes sociales les plus défavorables profitent de l’amélioration des conditions de vie. Pour cela, il est nécessaire de réformer le système éducatif péruvien et d’autres infrastructures de base. Le Pérou joue un rôle crucial dans le développement économique et politique de l’Amérique du Sud et le fait que la moitié du pays a décidé de faire confiance aux populistes montre que les Péruviens attendent de grands changements.

L’objectif du gouvernement est désormais de retrouver une croissance annuelle qui dépasserait les 5%, mais également de réduire la malnutrition qui affecte actuellement 43,5% des enfants de moins de 3 ans et 14,4% des enfants de moins de cinq ans. Fernando Zavala, le premier ministre, a déclaré le 19 août qu’après cent jours, le gouvernement proposera des mesures pour réduire la pauvreté urbaine. En effet, 4 péruviens sur 100 vivent sous le seuil de pauvreté extrême et 22 sur 100 vivent sous le seuil de pauvreté.

En Bolivie, un ministre a été tué par des grévistes

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Rodolfo Illanes, le vice-ministre de l’intérieur bolivien a été assassiné le 26 août. Il devait jouer le rôle de médiateur dans le conflit qui opposait le gouvernement et les ouvriers. Depuis quelques jours, ils bloquent un axe routier important en exigeant de nouvelles réformes: des règles environnementales moins strictes qui leur permettraient de travailler pour des organismes privés, le droit de se réunir en syndicats.

Alors qu’il se rendait sur les lieux d’une manifestation à Panduro pour entamer le dialogue avec des mineurs, le ministre a été enlevé puis séquestré par des mineurs. Il a ensuite été tué par ses ravisseurs, en réponse à la mort de deux manifestants. Cependant, Illanes n’est pas la première victime de ce conflit social, plusieurs mineurs ont perdu la vie et une vingtaine de policiers ont été blessés.

Evo Morales, le président de la Colombie, avait nationalisé le secteur des ressources naturelles en 2006, mesure qui, à l’époque, avait été saluée et qui a notamment permis de développer des programmes d’aide sociale. Cependant, la majorité des mineurs du pays travaillent pour des coopératives, où on leur impose des conditions de travail et un salaire précaires. Il convient de rappeler que la Bolivie fait partie des pays les plus pauvres d’Amérique Latine. D’après le ministre de l’intérieur, Carlos Romero, ils veulent pouvoir louer leurs concessions à des organismes étrangers, ce qui est actuellement interdit par la Constitution colombienne.

DECIRLO EN ESPAÑOL :

le gaspillage = el despilfarro

le maquillage de données = la falsificación de datos

les comptes publics = las cuentas públicas

un chemin jalonné de difficultés = un camino lleno de dificultades

un consensus = un consenso

l’État d’urgence = el estado de excepción / el estado de emergencia

l’effondrement des prix = el desplome de los precios

un référendum révocatoire = un referéndum revocatorio

un cessez-le-feu = la cesación / le cese del fuego

la malnutrition = la desnutrición

vivre sous le seuil de pauvreté = vivir por debajo del umbral de pobreza

un axe routier = una carretera / un eje viario

un médiateur = un mediador

séquestrer = secuestrar

un programme d’aide sociale = un programa de asistencia / bienestar social

Un grand merci à Violeta qui m’a aidé à écrire la partie sur la Colombie

Manon GOMES & Violeta CAMPOS