Vaste tâche que de devoir décrire et analyser le système économique de la première économie mondiale en un seul article, là où on pourrait en écrire des centaines de pages. Mais il est quand même utile d’avoir en tête quelques idées sur ce sujet qui touche souvent (de près ou de loin) les énoncés d’essais de l’épreuve d’anglais aux concours. Facile à accuser et percutant pour montrer sa culture politique, sociale et économique sur les USA (toujours appréciée !), le capitalisme américain est donc un must have qu’il serait dommage de négliger.

N.B. : Cet article est volontairement parfois un peu percutant dans ses affirmations, mais il a pour but de donner au lecteur des idées de prises de position fortes, comme recommandé dans les essais. Bonne lecture !

Le capitalisme américain dans l’actualité

La crise sanitaire de la Covid-19 a montré une des grandes limites du capitalisme américain : fortement ancré dans le courant de pensée libéral, ce système politico-économique a empêché la construction d’un système de sécurité sociale véritablement performant. Principalement axé sur le Medicare et le Medicaid (l’Obamacare de 2010 ayant été peu à peu détricoté par le président Trump), l’American Health Insurance System s’est montré incapable de fournir un accès aux soins pour tous, tandis que la quasi-inexistence d’une assurance chômage (unemployment insurance) a eu pour conséquence d’accroître un peu plus les inégalités lors de la vague de licenciements qui a suivi le confinement aux USA (15 % de chômage en avril 2020, et qui reste à des niveaux historiques encore aujourd’hui). En bref, les pauvres sont devenus plus pauvres et vulnérables, et la façon dont le capitalisme américain fonctionne n’y est pas pour rien.

Comment définir le capitalisme américain ?

Avant d’analyser quoi que ce soit, essayons de définir de quoi nous parlons. Le capitalisme américain pourrait s’inscrire déjà dans un ensemble plus large, à savoir le système capitaliste anglo-saxon, connu pour son libéralisme prononcé, la place importante qu’y joue la finance, le faible rôle de l’État et sa grande flexibilité sur le marché du travail. Toutefois, le capitalisme américain diffère par son histoire du capitalisme britannique, si bien qu’une confusion complète des deux systèmes serait peu pertinente.

Le capitalisme américain a en effet d’abord été marqué par une industrialisation fulgurante au XIXe siècle, qui a vu éclore des entreprises comme Ford dont le système de travail à la chaîne fut la clé de cet essor. À la fin de ce siècle, on assiste à un phénomène de constitution de trusts, c’est-à-dire de la concentration via des fusions ou des alliances de géants dans différents secteurs (l’exemple le plus célèbre est celui de Rockefeller, qui contrôlait plus de 90 % du marché pétrolier). Jusqu’ici très protectionniste, le capitalisme américain s’ouvre aussi à l’international. Marqué ensuite par la crise de 1929, puis par la Grande Dépression qui voit le début de l’intervention de l’État avec le New Deal de Roosevelt en 1933, le capitalisme américain trouve un second souffle avec la WWII, où l’industrie de guerre relança le géant industriel endormi. Caractérisé ensuite par une société de consommation de masse, ce système permet aux USA de devenir la première puissance économique mondiale. À partir des années 70, ce capitalisme prend les virages de la technologie et de la finance. Le premier verra l’éclosion des Tech Giants ou Big Tech (GAFA n’étant qu’un acronyme franco-français), le second de Wall Street et de ses folies qui déclencheront la crise de 2008.

Enfin, le protectionnisme américain s’inscrit dans un capitalisme mondialisé dont il dicte parfois les règles mais dont il subit aussi les conséquences. Il doit donc être mis en perspective avec d’autres systèmes capitalistes, européens, voire asiatiques, dont il diffère assurément.

Comment le décrire aujourd’hui ?

Le capitalisme américain est tout d’abord influencé par la présidence Trump, qui suivant sa doctrine de l’America First a remis au goût du jour le protectionnisme et une politique commerciale agressive (vis-à-vis de la Chine notamment). Cette politique a contribué fortement à accélérer un processus de « slowbalisation » (moins d’échanges internationaux, balkanisation du commerce international…) qui vient changer la face du capitalisme mondial.

Par ailleurs, le capitalisme américain est avant tout un capitalisme financiarisé : le développement de grandes banques (JPMorgan, Goldman Sachs, Bank of America), de fonds d’investissement (BlackRock) et d’autres institutions dites de shadow banking aux USA a fait du pays le cœur de la finance mondiale, pour le meilleur comme pour le pire. Les avis sur ce monde financier divergent d’ailleurs beaucoup, de fierté nationale à développer pour D. Trump à honte et mépris pour des ONG, comme Occupy Wall Street qui lutte contre ses excès.

Une marque du capitalisme américain actuel est aussi son aspect uberisé, avec ce que l’on appelle la Gig economy. Née aux USA, elle propose certes un modèle innovant et attractif pour les clients mais qui participe aussi à une précarisation des travailleurs, qui doivent composer avec un manque absolu de protections et d’assurances face aux risques du travail.

Last but not least, il faut aussi souligner que le capitalisme américain actuel repose sur quelques entreprises du digital qui possèdent un pouvoir énorme (cf. Cambridge Analytica scandal pour Facebook), tant sur leur marché que dans la vie sociale et politique du pays.

À quelles menaces ce capitalisme doit-il faire face ?

On peut détailler les effets du capitalisme américain dans différentes sphères. Pour commencer, la sphère économique est évidemment la plus impliquée et donc la plus touchée : la concentration des géants numériques pourrait à terme nuire à l’innovation, tandis que la financiarisation fait toujours courir le risque de crises désastreuses pour l’économie mondiale.

D’un point de vue social, il y a aussi beaucoup de choses à dire : le système ne semble que marcher pour les plus riches, renforçant un populisme toujours plus puissant contre des élites qui maîtrisent tout de A à Z (succès économiques, relations avec le pouvoir de Washington…). Par ailleurs, la pauvreté aux USA est galopante.

Les chiffres américains sont parmi les pires des pays de l’OCDE alors que le pays est censé être le plus riche du monde. Et pour finir, d’autres inégalités sont marquantes, en particulier entre les hommes et les femmes, où le glass ceiling est rarement brisé, témoignant d’un système qui ne change pas ses pratiques rétrogrades.

On pourrait également accuser le capitalisme américain d’être à l’origine d’autres maux dans la société aux USA, comme de développer une éducation à des prix exorbitants et donc un endettement pénalisant pour les jeunes diplômés (23 % plus élevé qu’en 2003), ou bien de favoriser une culture du lobbying par les grandes industries sur le monde politique, qui peut être dans certains cas un véritable problème (B. Obama expliquait par exemple qu’il était particulièrement difficile de passer une loi sur le contrôle des armes à feu au vu du lobbying exercé par la NRA au Congrès). Mais le principal problème du capitalisme américain actuel, comme toutes les autres formes de capitalisme d’ailleurs, est de trop peu prendre en compte les problématiques écologiques : si le réchauffement climatique n’est pas en assez bonne voie de résolution, c’est bien parce qu’il se heurte, notamment aux USA, à un système économique qui ne trouve pas d’intérêt à s’en préoccuper. Le consumérisme américain de masse entraînant une surproduction polluante en témoigne.

Faut-il donc le changer et comment ?

Sur certains aspects, le capitalisme américain doit être modifié pour pouvoir espérer perdurer. Deux points sont particulièrement urgents, de par la menace de bouleversements sociaux qu’ils pourraient apporter : l’accroissement des inégalités et la problématique environnementale et énergétique.

Pour le premier, une piste de réflexion concernerait une réforme du système de taxation aux USA, qui ne permet pas de redistribution efficace, des « Robin Hood policies » comme la mise en place d’une taxe sur la fortune plus généralisée que la Buffet Rule de 2011, proposée par le milliardaire Warren Buffet.

Quant au second, l’économiste Joseph Stiglitz proposait de mettre plus en avant l’État qui, au lieu de subventionner à hauteur de dix milliards de dollars les industries dans l’énergie fossile, pourrait stimuler l’économie verte via des plans comme le Green New Deal, proposé par le clan démocrate.

Comment va-t-il évoluer ?

Bien malin est celui qui peut prédire à quoi ressemblera le capitalisme américain dans 10, 50, 100 ans. Ce qui est sûr, c’est que très vite, il se retrouvera confronter aux multiples enjeux de l’intelligence artificielle, qui viendra complètement bouleverser le monde du travail, dans ses processus, ses coutumes et même ses métiers (certains disparaîtront quand d’autres apparaîtront).

La gestion de la question de la sphère privée pour éviter de tomber dans un monde orwellien sera primordiale, tout comme la place qu’occuperont les machines intelligentes (selon Stephen Hawking, « They could take charge and spell the end of the human race ».

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