Les épreuves orales d’HEC n’ont rien d’extrêmement difficiles pourvu qu’on sache s’y préparer correctement.

Dans les matières phares comme les maths, l’éco, l’HGG ou la CSH, vous passerez à 5 en moyenne sur le même sujet, de façon à ce que le jury (composé de deux évaluateurs souvent profs à HEC ou dans des universités partenaires) puisse évaluer les prestations sur un large éventail de notes. La politique est d’atteindre les extrêmes dans la notation pour que cette dernière joue un rôle très discriminant et faire des oraux un véritable filtre. Pour reprendre l’expression du rapport 2016 des Maths HEC, « l’oral élimine les raisonnements approximatifs ou les récitations de recettes non maîtrisées (plus fréquents aux écrits) n’ayant qu’un rapport lointain avec la question à résoudre. » Pour preuve, que ce soit en voie E ou S, l’écart-type est souvent autour de 4, ce qui est beaucoup plus important qu’aux écrits.

Notre objectif n’est donc pas d’être une super star des oraux, mais d’être meilleur que les autres qui passeront avec vous.

HEC-Admissibles

Si cette banderole s’adresse à toi, c’est que tu as fait 50% du chemin.

Format :

Préparation : 30 min.

Durée : 30 min (20 à 25 pour l’exercice principal, 5 à 10 min pour la question sans préparation).

Coefficient sur 36 : 9 en S, 7 en E, 8 en T, 7 en B/L, 7 en A/L (aptitude logique).

Parmi les matières à ne pas manquer, il y a les maths. L’épreuve est d’autant plus crainte qu’elle est auréolée d’une certaine réputation nourrie par des anecdotes circulants dans la plupart des prépas, comme ce jury qui vous demandera de tirer un trait jusqu’au bout du tableau, pour ensuite vous demander de prendre la porte juste à côté. Redoutable.

Heureusement, tous les jurys ne sont pas comme cela, et bien qu’extrêmement peu aimables au premier abord (ce n’est pas pour rien qu’HEC a fini 26ème lors du classement Major Prépa concernant la bienveillance du jury), ils sont avant tout là pour vous faire avancer dans votre réflexion. Donc ne vous fiez pas aux apparences.

S’y préparer

Que faire pendant votre long mois de révisions lorsque vous attendez votre admissiblité HEC (ces révisions mathématiques vous seront évidemment utiles pour l’ESCP aussi) ? La question de cours en tout début de chaque exercice fera office de premier écrémage parmi le groupe de candidats, et vous garantira indéniablement une note inférieure à 10 si vous séchez. Pour une matière qui compte environ pour 25% de la notation aux oraux, c’est pénalisant. Il est donc vivement déconseillé d’arriver à l’épreuve avec une connaissance partielle du cours. Prenez environ 30 minutes par jour pour reprendre votre cours –que vous pensiez peut-être pouvoir laisser après les écrits- et mettre l’accent sur les théorèmes et formules délaissés. Soyez sûr de vous sur ce coup là, et n’omettez rien.

Les annales des années précédentes seront votre meilleur allié concernant la préparation à l’exercice principal et la question sans préparation (QSP). Les exercices d’HEC sont d’une plus grande difficulté que ceux de l’ESCP mais, heureusement, pour vous, ce souvent les mêmes raisonnements qui tombent chaque année. Multiplier les annales vous donnera un très bon aperçu de ce qui est demandé, et les réaliser avec le timing de l’épreuve sera encore plus bénéfique. Chaque année, HEC publie certaines annales de la session précédente, et vous pourrez en trouver plusieurs, dont les corrigés, sur divers sites spécialisés comme celui de J. F. Cossutta. Vous êtes certains de tomber sur des probabilités dans au moins une des deux parties, donc mettez l’accent sur ce chapitre. Et il arrive aussi que l’informatique fasse partie des questions, à ne pas négliger donc ;).

Vous pouvez certes vous entrainer seul chez vous, mais cela ne vous permettra pas de vous améliorer à la partie orale de l’épreuve qui concerne la présentation claire et distincte de vos raisonnements, la prise d’initiative devant une question du jury quand on sèche,… L’idéal est de vous trouver un partenaire qui vise aussi HEC et vous accorder des séances quotidiennes durant lesquelles vous simulerez l’épreuve avec le même timing. Chacun votre tour après un temps de préparation, faites votre exposé/présentation devant votre partenaire qui sera le jury, armé du corrigé devant lui. N’hésitez pas à jouer à fond le rôle du jury en titillant (avec plaisir peut-être) celui qui passe : « Peux-tu expliquer plus clairement ce que tu as fait à cette question ? », « Et si on avait posé….? », « Est-ce que tu es sûr de ce que tu affirmes ? »,  « Ah bon, vraiment ? », « Il manque une condition… »,  « Euh, nan ». Vous réviserez de même le programme et permettrez à celui qui passe d’expliciter avec certitude, confiance et clarté ce qu’il affirme. Rappelez-vous, on ne dupe pas un jury de maths HEC.

Enfin, il vous sera extrêmement bénéfique d’aller assister à des oraux de mathématiques où que vous soyez dans votre cursus (première année, deuxième année, khûbe, ou avant votre passage). Sauf si vous avez peur d’être trop influencé au mauvais moment, n’en faites rien. Mais il n’y a pas meilleur moyen pour découvrir comment se déroule ce fameux oral et avoir une petite idée de l’attitude du jury. Mais la grande leçon que vous retiendrez de cet oral est que, finalement, le niveau n’est pas si élevé et que la réputation de cet oral est bien exagérée.

Nous avons interrogé Constantin Vodé, étudiant à HEC, qui a obtenu à cet oral la note de 20/20 et qui à la question « Comment t’étais-tu préparé » a répondu « j’ai fait beaucoup de préparation en solo en me forçant à faire des sujets d’annales en 20 min et faire les QSP en instantané et quelques oraux en classe ou avec des potes ».

Les 30 minutes de préparation

C’est le moment d’aller vite, très vite. Sur votre brouillon, posez seulement les mots clés des conditions de la QSP ainsi que ceux du théorème si et seulement si vous craignez d’oublier quelque chose, mais si vous êtes sûr de vous, passez aux questions. Si vous connaissez déjà parfaitement la formule (formules de Taylor,…), il est parfaitement inutile de la réécrire sur votre brouillon, même pour vous soulager.

Timing

Lorsque vous attaquez les questions, n’écrivez que les bases des pistes sur votre brouillon et une fois que vous avez la réponse, entourez la bonne piste que vous retrouverez au moment de votre passage puis passez à la question suivante. Mais avant de passer, assurez-vous que vous avez bien toutes les conditions et que vous maitrisez parfaitement toutes les étapes de la réponse. Vous seriez surpris de voir que beaucoup de candidats, trop confiants au moment de la préparation, sautent des étapes et se font avoir lorsque le jury demande des précisions. Cela pourrait passer comme une tentative d’esquiver la question, et vous ne voulez clairement pas ça. Si vous avez peur d’oublier une étape, prenez votre brouillon et disposez de la sorte : un trait, une condition, un second trait, une seconde condition, puis les étapes du raisonnement. Chronophage mais plus sûr.

Si vous séchez sur une question, surtout ne paniquez pas. Rappelez-vous ce que vous vous êtes certainement répétés aux écrits: si c’est dur pour moi, c’est dur pour vous, donc vous ne serez surement pas le seul et cela ne ruinera pas votre note. Prenez un temps de maximum trois minutes par question pour réfléchir au maximum de pistes possibles puis pour tester les plus pertinentes. Et si rien ne vous vient, aucun problème, passez à la suivante (sauf si le sujet n’est composé que d’une seule question, alors là…). Mais gardez vos meilleures pistes pour cependant les présenter au jury lorsque le moment viendra : « Je n’ai pas réussi cette question, en revanche, je pensais me lancer dans… ou essayer… ». Les évaluateurs apprécieront votre prise d’initiative et vous feront peut-être revenir dessus à la fin.

Lorsqu’arrive la fin des 30 min, les surveillants vous demanderont de poser votre stylo, de retourner votre brouillon et d’attendre patiemment que votre jury soit libre ou ait fini sa pause café. Profitez de ce temps pour respirer un grand coup et formulez dans votre tête ce que vous annoncerez à l’oral.

Quelque chose cloche… Ou comment réagir quand l’impensable se réalise

Si vous pensez que l’irréalisable s’est produit car vous croyez avoir détecté… une erreur de sujet, alors il va falloir jouer fin. Premièrement, ne commencez pas à pester contre les concepteurs et revérifiez plus que de raison le bien-fondé de votre supposition. Si le doute persiste ou que l’hésitation devient certitude, alors passez simplement à la question suivante si vous le pouvez et ne paniquez pas : à l’évidence, quelque chose cloche. Sur votre brouillon, esquissez quelques pistes sur comment vous auriez fait si ça avait été comme ça. Lorsque vous arriverez devant le jury, ne prononcez pas le mot « erreur » qui pourrait vous faire passer pour trop sûr de vous, et jouez la modestie même si vous êtes certain de votre coup en vous contentant d’un « J’ai bloqué à cette question. ». Montrez d’abord ce que vous savez faire et, une fois arrivé le moment d’aborder la question, reconnaissez que vous bloquez car quelque chose ne colle pas : « Excusez-moi mais je ne comprends pas pourquoi le sujet pose… ».

S’il n’y avait rien, votre crédibilité ne sera que peu égratignée car vous avez entamé un échange avec le jury et êtes resté modeste. S’il y avait bien une erreur, alors vous venez de frapper un grand coup et le temps de la chasse aux points est venu. Si vous pouvez répondre à la nouvelle bonne question grâce à vos pistes, c’est double bingo. Si vous arrivez à trouver une réponse à la question tordue que vous posera le jury soucieux de vous rappeler qui fait la loi ici, c’est triple bingo. Plus sérieusement, le jury sera clément avec vous en cas d’erreur, et plus encore si vous précisez avoir passé un temps non-négligeable de votre préparation sur cette question (même si c’est un gros mensonge, #apprendreàoser).

HEC-Salt Man

Le moment du passage: l’oral n’est pas un  « écrit bis »

Vous entrez enfin dans l’un des imposants amphithéâtres du Batzet (« bâtiment des études ») où vos attendent bien patiemment deux jurys à l’air patibulaire. Ne pensez pas au fait que les 20 prochaines minutes compteront pour environ 25% de la notation totale des oraux. Ne regardez pas non plus les 20 élèves qui s’entassent derrière vous et qui s’apprêtent à rentrer (quelle chance !) dans le même amphithéâtre que vous pour assister à votre prestation. De toute façon, vous n’aurez pas le temps de penser au public, qui sera cantonné dans un coin de la salle et sage comme une image. Concentrez-vous sur ce que vous avez réalisé pendant la préparation.

« Oui, mais si je n’ai quasiment rien fait pendant la préparation ?». Même si cela paraît facile à dire, ne vous découragez pas. Vous êtes par malchance tombés sur un sujet difficile qui ne déconcertera pas que vous, car oui, vous n’êtes pas seul à passer sur ce sujet. La grosse différence se fera sur ce qui va suivre.

« Pfff, easy, j ‘suis large. J’ai presque fini et j’vais m’en tirer les doigts dans le nez #HECmevoilà ». Absoooooolument pas. Et pour les mêmes raisons qui vont suivre.

Le critère majeur de réussite est de savoir établir un dialogue avec les examinateurs qui sont là pour vous faire avancer, malgré leur apparente froideur. Écoutez-bien ce qu’ils ont à dire, rebondissez sur leurs remarques, n’hésitez pas à leur soumettre vos interrogations plutôt que de laisser trainer dans la longueur un long et éprouvant silence qui soulignera encore plus votre incapacité à aller de l’avant. Rappelez-vous que vous avez un public qui vous observe ;). Et dans ce genre de situation, ne faites même pas semblant de réfléchir dans l’espoir que le jury vienne à votre secours, car vous auriez tout à y perdre. Il est absolument nécessaire d’établir ce dialogue avec les examinateurs : regardez-les droit dans les yeux quand vous parlez, évidemment tourné vers eux et pas vers le tableau, d’une voix claire et distincte.

Ensuite, il est impératif d’être clair et d’éviter tout flou dans vos propos. Le rapport de 2016 se plaint que bien trop de candidats séchant sur une question se contentent de la phrase « J’ai plusieurs pistes » sans réellement les évoquer pour rapidement passer à la suivante. Grossière erreur que de ne pas tirer parti de cette opportunité, car vous avez l’occasion de montrer que vous avez réfléchi sérieusement à la question et que vous savez faire un exposé clair et pertinent de vos divers raisonnements. Le second impératif de clarté est que vous ne pourrez jamais sauter ou survoler une étape de raisonnement car le jury à l’affût sera là pour vous demander clarification. Comme précisé auparavant, le filtre incertain des écrits ne fonctionne plus ici : soit vous avancez avec certitude, armé dans une main de votre connaissance du cours et dans l’autre de votre éloquente clarté, soit vous sautez la question ou proposez des pistes. En bref, n’essayez pas de rouler un jury HEC. Neutre au début, l’humeur du jury dépendra en réalité de façon d’évoluer à travers les questions.

Voilà pourquoi vous pouvez ne rien avoir fait et vous en tirer avec une note sauvant les meubles, ou pouvez penser avoir réussi avant d’être plus que déçu.

Pour continuer avec le témoignage de Constantin, il faut « être archi rigoureux, être capable de tout justifier et puis se poser toutes les questions qu’il faut (chercher dans toute sa culture mathématique pour répondre au sujet voire anticiper des questions supplémentaires) ». Clair et rigoureux.

Dans les grandes lignes, voilà une compilation des phrases les plus pertinentes des rapports de jurys :

– « La majorité des candidats manquent de maturité et de recul et se raccrochent à des exercices étudiés en cours. »

– « La réactivité aux informations fournies par le jury, la vivacité d’esprit et la maîtrise du cours entrent dans une large part dans l’appréciation de la prestation des candidats. »

– « Il serait préférable de connaître les définitions de base plutôt que de tenter d’appliquer des recettes apprises par cœur. »

– « Les illustrations (représentations) graphiques de certains résultats de cours sont quasiment toujours absentes. »

La gestion de l’espace, la communication et le langage corporel

Il est venu pour vous le temps de devenir chef d’orchestre et de prendre, avec l’assurance d’un général des armées, la direction des opérations. Le mot d’ordre encore une fois sera la clarté car vous devez donner l’impression de parfaitement maîtriser le sujet.

Lorsque vous commencez votre exposé, commencez à écrire sur la gauche du tableau puis, au fur et à mesure de votre progression, faites défiler les réponses comme un volet roulant. Vous donner ainsi un sentiment de clarté et de maîtrise et le fait d’avoir tout rapidement à disposition vous permettra de mieux expliciter vos futurs raisonnements : « Selon la question X… » suivi d’un petit déhanché de présentateur météo, bras tendu vers l’information, menton relevé et tête tournée vers le jury. N’hésitez pas à faire de jolis dessins si nécessaires, comme des vecteurs ou des fonctions. S’appuyer par exemple sur la représentation d’une fonction dans un repère sera un énorme atout lors de votre exposé et vous aidera à être plus explicite.

Pour rappel, le tableau n’est qu’un support et aucunement une nouvelle feuille de papier, donc n’écrivez que le nécessaire et exposez le reste à l’oral. Rappelez-vous que l’épreuve est avant tout un échange et pas un « écrit bis » donc lorsque vous communiquez tout en écrivant face au tableau, haussez la voix pour ne pas forcer le jury à vous demander de répéter.

Le dernier conseil de cette longue mais exhaustive liste est que vous devez montrer que vous en voulez. Le fait qu’HEC s’offre le luxe de ne pas avoir d’entretien de motivation ne vous exclut de pas de montrer votre détermination dans tous les autres oraux. Au contraire, ce critère de motivation sera largement valorisé et est facile à refléter à travers votre attitude : dynamique, intéressé, soucieux de bien faire et de comprendre, qui évite les blancs trop longs, assurance sans arrogance… Après tout, vous êtes admissible dans la meilleure école de commerce d’Europe, donc pourquoi ne pas se donner toutes les chances au moment des oraux.

Selon Constantin, la pire chose à faire est de »refuser de se battre, ne jamais refuser la difficulté, ne pas se décourager quand on butte sur une question et reprendre le raisonnement point par point à haute voix pour faire comprendre au jury où on en est (ils sont aussi là pour débloquer ce genre de situation), cela montre qu’on est déterminé et combatif. La meilleure chose est de montrer qu’on a de l’assurance, qu’on maîtrise le sujet. Quand il s’agit d’une question facile il ne faut pas hésiter à aller vite (sans omettre quoi que ce soit, et simplement faire comprendre qu’il ne sert à rien de s’attarder sur tel point), le jury peut être suspicieux et demander plus de détails, il faut évidemment suivre leurs injonctions ce qui instaure un climat plus agréable pour eux comme pour l’élève ». Tout est dit. FIN. DU. GAME.

Durant mes deux ans de prépa, j’ai eu la chance d’assister à quatre oraux de maths HEC dont celui de Constantin, exactement trois jours avant mon propre oral. Sa prestation a été un modèle de clarté et d’éloquence et tous les conseils ci-dessus étaient appliqués dans cet oral. Je pouvais même deviner les différentes questions sans avoir le sujet sous les yeux.

Après l’oral, ou quelques remarques sur les oraux d’HEC

Quelque soit votre ressenti à l’issue de l’épreuve, il vous faut aller de l’avant et éviter tout pensée négative même si cela paraît plus facile à dire qu’à faire. Vous avez d’autres oraux à passer et, étant donnés l’importance des gros coefficients des autres matières et le système de notation discriminant d’HEC, rien n’est joué. Pour vous donner une indication, le 380ème de l’année dernière (dernier admis donc) avait 14,25 aux écrits et 11,47 aux oraux, donc des moyennes honorables et largement atteignables.

Soucieuse de vous offrir le maximum d’informations possibles pour que vous puissiez briller comme jaja aux oraux, la rédaction a contacté quelques membres du jury pour qu’ils livrent leur ressenti en tant qu’examinateur. Malheureusement, nous nous sommes heurtés à un mur aussi grand que Le Mur de Game of Thrones et revenons bredouilles de notre quête: tous ont invoqué « la dure loi du silence » par souci de préserver la réputation des l’oral. Dommage, il faudra vous contenter des excellents rapports.