Culture générale ESSEC EDHEC 2021

Découvrez l’analyse du sujet de la dissertation de culture générale EDHEC-ESSEC 2019

Que perd-on quand on perd la mémoire ? est un sujet plus complexe qu’il n’y paraît puisqu’il est formulé sous la forme d’une question. Or, il est souvent compliqué de trouver une problématique cohérente à partir d’une question. Il ne faut surtout en aucun cas la reformuler, il faut trouver la question sous jacente. Ici, on voit que le verbe “perdre” se répète deux fois. On a envie de répondre à ce genre question la réponse évidente: “quand on perd la mémoire, on perd la mémoire.” On peut beaucoup jouer avec ce genre de sujet (sans aller trop loin non plus). On pourrait se demander par exemple s’il y a des attributs de la mémoire que l’homme ne perdrait pas en perdant la mémoire. On pourrait également s’interroger sur les différents sens que peut prendre ici la mémoire: perdre la mémoire, c’est avant tout oublier. Mais perdre la mémoire n’est pas exactement la même chose qu’oublier : on oublie par exemple sa trousse à la maison ou son cours la veille de l’examen. L’oubli est moins grave que la perte de la mémoire. Lorsqu’une personne vieillit ou tombe malade, on dit bien plutôt qu’elle perd la mémoire plutôt qu’elle n’oublie. De même après un accident, on aura tendance à dire que la personne a perdu sa mémoire, plutôt qu’elle a oublié le passé. L’oubli suppose qu’il est possible de se rappeler ce qu’on a oublié. Tandis que perdre la mémoire est un processus révolu – on présuppose que cette mémoire, on ne pourra pas la retrouver.

On remarque qu’il s’agit de voir en fait, en posant cette question, quelles sont les caractéristiques essentielles de la mémoire que l’être humain perd en la perdant. Donc la question n’est pas tant de s’intéresser à la perte de la mémoire, qu’à ce que la mémoire apporte à l’homme, en quoi elle est nécessaire pour l’homme. Bien sûr tout au long du traitement du sujet, il ne faudrait pas oublier d’utiliser la formulation “perdre la mémoire” pour ne pas sortir du sujet, mais il faut bien comprendre d’ores et déjà, que ce sujet, finalement très académique permet avant tout de voir comment le candidat définit la mémoire.

On pourrait donc proposer d’ores et déjà la problématisation suivante: Quelles sont les caractéristiques fondamentales de la mémoire que l’homme peut perdre en perdant sa mémoire?

PS : Que faire quand il y a un “on” dans un sujet? Le “on”, renforcé par l’utilisation du présent de vérité général “perd” permet de donner une dimension universelle au sujet, en le rendant d’autant plus catégorique. Il s’agit vraiment ici de définir ce qu’est la mémoire fondamentalement – et surtout ce qu’elle apporte à tout homme.

Construction d’un plan

Il est très important de construire un plan cohérent, avec une vraie réflexion autour du sujet. Dans une première partie, on va commencer par la réponse la plus évidente: la mémoire est essentielle à l’homme et en perdant la mémoire, et toute perte de la mémoire conduit indéniablement à la perte de l’homme et de la société. Cependant, dans une deuxième partie, on va envisager la perte de la mémoire comme une potentielle libération pour l’homme. Et si, en perdant la mémoire, l’homme se libérait finalement du fardeau de son humanité? Dans une troisième partie on essaiera de redéfinir la question, en voyant essentiellement

I – Le système intellectuel et civilisationnel de l’homme risque d’être perdu lorsque l’on perd la mémoire

a) La mémoire comme condition de bonne santé mentale  (Schopenhauer)

Dans cette première sous-partie on verra que la mémoire est la condition de bonne santé mentale de l’homme. Par conséquent, la mémoire est une faculté essentielle de l’homme qui lui confère son humanité. On pourrait appuyer cette partie par exemple sur les écrits de Schopenhauer,  Le Monde comme volonté et représentation, III, §36, 1819. Le philosophe y démontre que la folie est avant une tout détérioration de la mémoire. Si l’homme perd sa mémoire, il perd sa capacité à organiser ses souvenirs et à les relier avec le présent. Les fous peuvent ainsi se souvenir d’un passé, mais par contre ils n’ont plus la capacité d’organiser ces souvenirs de telle sorte que le passé soit correctement relié au présent. “En conséquence, leur maladie me paraît atteindre surtout la mémoire ; elle ne la supprime pourtant pas tout à fait (car beaucoup de fous savent un grand nombre de choses par cœur et ils reconnaissent parfois des personnes qu’ils n’ont point vues depuis longtemps) ; elle rompt plutôt le fil de la mémoire.”. Une fois le fil de la mémoire rompu, l’homme confond le passé et le présent et sombre dans la folie. Par conséquent, perdre la mémoire revient à perdre sa faculté à percevoir la réalité. Un homme sans mémoire est un fou.

b) La mémoire comme condition d’identité personnelle (Locke)

Dans cette deuxième partie on pourrait aller encore plus loin, en posant que la mémoire n’est pas seulement la condition de bonne santé mentale de l’homme, mais de son identité personnelle. La mémoire construit l’homme et constitue son être. C’est ce que démontre Locke dans Essai sur l’entendement humain au Chapitre 27, publié en 1689. Le philosophe définit l’homme comme être pensant qui se reconnaît comme unique à travers la variation de temps et de lieux. Locke pose préalablement le principe selon lequel il n’y a pas de perceptions inconscientes : toute perception est consciente. La mémoire est ainsi la capacité à lier les perceptions passées aux perceptions présentes. Ce qui fait que je suis une seule et même personne c’est que je me souviens de mes actions et perceptions passées. Autrement dit, c’est la mémoire qui fonde l’identité personnelle. “L’identité d’une personne s’étend aussi loin que la conscience peut atteindre rétrospectivement toute action ou pensée passée.” Nous pouvons illustrer cette thèse en nous appuyant sur l’exemple littéraire très connu de Dr Jekyll et Mr Hyde. Les deux personnages partagent un même corps humain mais sont bien deux personnes distinctes : Dr Jekyll a une conscience et Mr Hyde a une autre conscience tout à fait différente. C’est la mémoire qui fonde et forme la conscience de chaque personnage. Lorsque Dr Jekyll se transforme en Mr Hyde et inversement, il ne se rappelle jamais des souvenirs de son double. Chaque personnage a sa conscience et sa mémoire propre.

c) La mémoire comme condition d’accès à la connaissance (Platon)

Dans cette troisième partie, on pourrait considérer pourquoi la mémoire conditionne l’humanité de l’homme en voyant comme Platon démontre que l’homme a besoin de la mémoire pour se remémorer les “Idées”. En perdant la mémoire, l’homme perd ainsi sa capacité à pouvoir accéder à la connaissance. Platon le démontre dans le Ménon. Selon lui, c’est la réminiscence qui explique le processus par lequel nous pouvons connaître ce dont nous n’avons pas la connaissance.  Toutes les âmes humaines, avant de se loger dans un corps, vivent dans le monde intelligible, qui est le monde des Idées. Ces « Idées » sont les vérités éternelles que nous, pauvres mortels, cherchons à connaître. Notre âme, elle, avant de s’installer dans notre corps, a eu le privilège de côtoyer ces Idées et donc, de connaître la Vérité (expliqué aussi dans le mythe de la caverne). La mémoire permet ainsi de  connaître en se remémorer : pour connaître le Bon, le Juste et le Vrai, il faut faire en sorte que l’âme se souvienne de son passage dans le monde intelligible. La maïeutique est la méthode employée par Socrate pour provoquer la réminiscence chez son interlocuteur. Il s’agit d’interroger son locuteur, pour que celui-ci, à force de questionnement, puisse se souvenir de ces Idées éternelles. La mémoire permet ainsi de définir des conceptions aussi importantes que le juste, le bien et le mal. En perdant sa  mémoire, l’homme perdrait non seulement son humanité dans le présent, mais également la capacité de son âme à se remémorer l’intelligible.

II- Pourtant, lorsque l’on perd la mémoire, on perd également un fardeau qui pèse sur l’élan vital de l’homme

a) Perdre la mémoire – un soulagement pour l’homme

On pourrait opérer ici le renversement dialectique propre à la deuxième partie. Après avoir défendu la réponse évidente dans la première partie, il s’agit ici de démontrer que la perte de la mémoire pourrait également permettre à l’homme de se libérer de son fardeau. On pourrait introduire cette deuxième partie par un exemple moins philosophique, par exemple un film comme Eternal Sunshine of Spotless Mind (ou un ouvrage, ou une oeuvre d’art, à vous de vous montrer original dans cette partie en citant un exemple culturel inattendu). Dans ce film réalisé par Michel Gondry en 2004, deux personnages, Joel et Clementine vivent tellement mal leur relation qu’ils finissent par en effacer tout souvenir. Effacer son souvenir revient ici à se libérer d’un fardeau, dont un être humain ne peut pas se débarrasser seul. C’est une thématique qui revient souvent dans les oeuvres de science fiction – le rêve de la possibilité de se débarrasser de souvenirs traumatisants et douloureux, pour guérir, se sentir mieux. Certains traitement comme l’hypnose sont également effectivement tournés vers ce genre de pratiques. La mémoire peut parfois conditionner l’homme à être ce qu’il ne voudrait pas être, et il est très dur, voir impossible d’oublier, lorsqu’il ne s’agit pas d’une affection extérieure. On pourrait citer à titre d’exemple dans cette partie, des films ou des romans célèbres qui mettent en scène des personnages ayant perdu la mémoire, qui en deviennent presque fous – par exemple Memento de Christopher Nolan, où le personnage n’arrive plus à reconstituer le fil des événements qui ont mené au meurtre de sa femme et cherche en vain à se venger de ses assassins.  

b) L’excès de mémoire met en péril l’élan vital humain (Nietzsche)

On pourrait ainsi étoffer cette idée esquissée dans la première sous partie en recourant à la philosophie de Nietzsche. Le philosphie démontre ainsi dans la publiée en 1887 que l’oubli serait la condition du bonheur pour l’homme. “L’oubli n’est pas seulement une vis inertiae, comme le croient les esprits superficiels ; c’est bien plutôt un pouvoir actif, une faculté d’enrayement dans le vrai sens du mot (…) Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience ; demeurer insensibles au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour s’entraider ou s’entre-détruire ; faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles, et en particulier pour les fonctions et les fonctionnaires plus nobles, pour gouverner, pour prévoir, pour pressentir (car notre organisme est une véritable oligarchie) voilà, je le répète, le rôle de la faculté active d’oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l’ordre psychique, la tranquillité, l’étiquette. On en conclura immédiatement que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourrait exister sans faculté d’oubli”. Nietzsche revalorise l’oubli contre la mémoire. Sa thèse est qu’il existe une forme d’oubli, un oubli que l’on pourrait qualifier de positif, qui est favorable à la vie humaine, voire qui est condition de l’action humaine. Ainsi, la mémoire que ce soit à l’échelle individuelle ou collective, constitue une menace pour la vie humaine et seul l’oubli peut sauver et préserver l’homme.

c) L’excès de mémoire condamne l’homme à vivre à l’état animal (Borgès)

On pourrait même aller plus loin, en reversant pratiquement ce que nous avons démontré dans la première partie. D’un côté la perte de la mémoire déshumanise l’homme, mais d’un autre, l’excès de mémoire peut lui aussi condamner l’homme à vivre à l’état animal. On pourrait développer ici la position de Borgès, dans Funes ou la mémoire, ouvrage publié en 1942. Le roman met ainsi en scène un personnage qui se rappelle de tout. Bien qu’il semblerait dans un premier temps que ce texte est une ode à l’hypermnésie, certains passages laissent à penser que cette hypertrophie de la mémoire comporte dans les faits de nombreux défauts. La mémoire du héros ploie ainsi sous le poids de sa perception infinie et parfaite. Le personnage perçoit le moindre détail de la réalité, qu’il soit agréable ou lugubre, sans qu’il ne puisse embrasser une vision globale des choses qu’il observe. “Ma mémoire, monsieur, est comme un tas d’ordures.”. Ce personnage n’est pas sans rappeler d’autres grands héros de fictions – par exemple le célèbre Sherlock Holmes, qui lui aussi, atteint d’hypertrophie de la mémoire est souvent incompris, presque exclu de la société.

III- Les limites de la perte de mémoire

a) La mémoire comme condition de l’unité de la société (Halbwachs)

Cela nous emmène vers cette troisième partie qui est la partie ouverte – il s’agit de continuer et de clore le raisonnement. C’est la partie la moins académique du devoir, où il est possible de briller par ses références personnelles et un raisonnement particulièrement original. Bien sûr, il ne faut pas oublier les problèmes de forme – la troisième partie doit être aussi longue que les deux précédentes, être bien préparée et pensée à l’avance pour ne pas donner l’impression d’un devoir bâclé faut de temps. On pourrait commencer, dans la continuité de la sous partie précédente par revenir à la partie de la mémoire, en posant que même si la mémoire est un fardeau, et que la perte de la mémoire pourrait être envisagée comme une libération nécessaire pour l’homme, la mémoire reste nécessaire à l’unité de la société. Si l’homme perd sa mémoire, il ne peut plus former de société. On pourrait se tourner vers les écrits de Maurice Halbwachs, la Mémoire collective publiée en 1950. Le philosophe y prend notamment pour exemple le 13 Novembre, pour “comprendre comment se construit et évolue la mémoire de l’événement traumatique que constituent les attentats du 13 novembre 2015”. “Si cette mémoire collective est en phase avec la mémoire de l’individu, elle aura un rôle de catalyseur dans la consolidation des souvenirs en leur permettant de devenir acceptables. Au-delà, elle favorisera la mise en place de mécanismes de résilience, le cadre social venant appuyer les mécanismes de reconstruction. Si, au contraire, ces deux formes de mémoire s’élaborent de façon désordonnée, voire antagoniste, elles seront toutes deux fragilisées avec des effets néfastes.”. Au lieu de chercher à perdre la mémoire, pour se débarrasser de souvenirs traumatisants, l’homme pourrait plutôt s’appuyer sur les mécanismes de reconstructions offerts par le cadre social. La formation de la société permet ainsi à l’homme de se libérer de ses fardeaux en les partageant collectivement. La mémoire est donc essentielle à la constitution de la société, et en perdant la mémoire, l’homme perd la capacité de vivre ensemble.

b) Comment éviter de perdre la mémoire ?

Au partant de là, on pourrait s’intéresser aux différents moyens dont dispose l’homme pour lutter contre la perte de la mémoire – ce qui montre à quel point c’est un fardeau pour l’homme que de perdre la mémoire, puisqu’il se retrouve au ban de la société. On pourrait citer ici de nombreux romans ou films, par exemple Amour de Haneke, mais il y en a énormément d’autres. On pourrait également rappeler les écrits de Ricoeur, qui démontre dans ses écrits sur la mémoire que les institutions culturelles comme les musées sont nécessaires pour conserver la mémoire des événements passés. Les exemples ne manquent pas dans cette partie.

On pourrait également citer Annie Ernaux, qui confère un statut particulier à l’écriture, en tant qu’elle permet de solidifier une mémoire collective.  Ce serait un des moyens à privilégier pour ne pas perdre la totalité de la mémoire : écrire pour écrire un passé collectif qui nous unie.

c) Peut-on perdre toute mémoire ?

On pourrait profiter de cette troisième sous partie pour distinguer la mémoire intellectuelle de la mémoire physique, en analysant la pensée de Bergson, dans Mémoire et Matière, publié en 1896.  Il distingue ainsi la mémoire habitude de la mémoire image. La mémoire habitude ne pourrait pas être oubliée aussi facilement que la mémoire image. Pour le philosophe, le souvenir d’une leçon, en tant qu’apprise par cœur, a tous les caractères d’une habitude.” à la ligne ” et je sais ce qui s’est imprimé en moi, et par quel sens de mon corps.” C’est ainsi une mémoire qui se comporte comme une habitude : elle fonctionne de manière automatique et mécanique, sans qu’il y ait de réflexion. A l’instar de l’habitude,  cette mémoire se conserve dans le corps. On pourrait par exemple se demander, si quand on perd la mémoire, on peut perdre “toute la mémoire”: une personne atteinte d’un trouble de mémoire, se rappelle toujours par exemple de comment marcher, faire des gestes simples du quotidien. Elle oublie en premier des souvenirs “images” – des noms, des informations sur son entourage … Ainsi, on voit qu’on ne perd pas toute la mémoire d’un coup, mais des parties de la mémoire, qu’il faudrait bien veiller à séparer en plusieurs catégories.

La fameuse loi de Ribot sur la mémoire est par ailleurs la preuve qu’on aurait pu faire toute une troisième partie sur les limites de la perte de la mémoire. Il démontre ainsi que la mémoire fonctionne à deux vitesses – on ne peut pas perdre toute la mémoire d’un coup. A l’état pathologique, ce sont les activités les plus instables qui disparaissent en premier de la mémoire jusqu’à atteindre les activités les plus stables, celles qui constituent notre identité personnelle (cette référence aurait bien sûr également pu être utilisée dans la première partie). Les références sont ainsi plutôt malléables, le plus important est d’avoir un raisonnement clair pour bien les agencer entre elles, et avoir un ensemble cohérent et bien construit.

Conclusion

Il ne faut jamais négliger la conclusion d’un devoir. Dès que vous commencez à rédiger votre devoir assurez vous d’avoir jeté par écrit quelques éléments de la conclusion, afin d’avoir un devoir terminé, le cas échéant, vous en serez fortement pénalisés. Le début de la conclusion doit récapituler le mouvement de la pensée opéré lors du devoir – il semblerait dans un premier temps qu’en perdant sa mémoire, l’être humain non seulement  sa raison, mais aussi son humanité. Cependant, l’homme cultive dans la fiction le rêve de pouvoir contrôler la perte de la mémoire. Cela l’effraie et le fascine à la fois – la perte de souvenirs douloureux pourrait ainsi lui sembler être le moyen parfait pour se débarrasser d’un passé douloureux qui fait de lui ce qu’il ne voudrait pas être. La capacité d’oublier, inhérente à l’homme est donc aussi ce qui le préserve de la folie. Cependant, il ne serait pas bon de se laisser emporter par l’envie d’oublier – la mémoire permet à l’homme de bien vivre en société. Partager sa mémoire avec les autres permet à la fois de se soulager de son propre fardeau et de former une communauté soudée, une véritable société civile. D’où l’importance de l’existence de lieux et d’institutions étatiques comme les musées, les bibliothèques et les centres de recherche – pour cultiver la mémoire. On pourrait enfin de compte également démontrer que la mémoire ne forme pas un bloc unique – en la subdivisant en mémoire image et mémoire habitude, on peut se rendre compte que ce sont d’abord les souvenirs images, souvent hélas les plus chers qui sont perdus en premiers, tandis que les souvenirs du corps, liés à la mémoire habitude sont conservés par l’homme plus longtemps.

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