Après t’avoir fourni le sujet en exclusivité dès les premières minutes suivant la fin de l’épreuve ce matin, Major-Prépa te propose son analyse du premier sujet pour te permettre d’en saisir l’esprit général et les attendues majeures ! Le sujet sera par ailleurs plus précisément analysé ce soir au cours de notre live de debrief des concours !

Tu peux consulter les coefficients détaillés de cette épreuve et voir pour quelles écoles elle compte !

Cette année, Major-Prépa t’accompagne tous les jours pendant les concours ! Retrouve le Live Inside Concours à 18h tout au long des concours Ecricome.

N’hésite pas à consulter notre rubrique Inside Concours Ecricome 2023 !

L’analyse

Un sujet classique, dont il fallait pourtant s’étonner

Tout d’abord, un mot sur le choix du sujet. Il est très classique, et finalement, assez attendu : travailler sur le monde implique nécessairement de travailler sur l’appartenance au monde ; or, c’est dire qu’il faut penser la possibilité de ne pas être dans le monde. 

Les candidats ont donc sans doute été nombreux à pouvoir utiliser leurs références : ce n’était pas un sujet discriminant. La différence se jouera donc par l’originalité des références, mais surtout par la qualité et la rigueur de l’argumentation, ainsi que par une analyse méticuleuse du sujet proposé.

  • A priori, ce sujet n’est pas déconcertant : c’est un des grands problèmes liées à la notion de monde que de réussir à y appartenir. On serait donc tenté de ne pas l’analyser, et de lister directement des exemples d’oeuvres artistiques où le personnage se trouve hors du monde, ou de doctrines philosophiques sur l’être-au-monde, la contemplation, ou encore la nécessité, au contraire, de ne faire qu’un avec le flux du cosmos.
  • Or, il était crucial de prendre un pas de recul et d’être étonné par le sujet. Oui, il est très probable que vous l’ayiez fait en cours ; non, il ne faut pas pour autant recracher la correction ! Il fallait donc se poser toutes les questions qu’exige l’analyse d’un sujet de CG : Quels sont les termes importants du sujet ? Une fois ceux-ci établis et définis dans toutes leurs acceptions, qu’est-ce qui pose problème ? Autrement dit, comment la définition des notions du sujet permet-elle de trouver une tension, c’est-à-dire une problématique  ?

Les termes du sujet

Il ne fallait pas tomber dans le piège : les termes importants du sujet sont au nombre de trois, et non de deux.

“Monde”

D’abord, bien sûr, la notion de monde : vue et revue cette année, vous avez, normalement, un arsenal de définitions à exploiter. Le monde est totalité, cosmos (donc ordre), univers, l’ensemble du réel, la projection de la raison sur la nature… La liste est longue, et on ne la refera pas ici : mais en tout cas, il fallait avoir en tête toutes ces acceptions, pour les confronter aux deux autres termes du sujet.

“Hors”

Il y a en effet deux termes importants dans ce sujet : « Hors » , bien sûr : au-delà, à l’extérieur. Il signale le dépassement d’une limite (volontaire ou non). Il implique donc de penser le monde comme pourvu de limites dépassables.

C’est donc une première piste à mettre de côté pour construire la problématique : peut-on être hors du monde ? Si oui, alors où est-on, puisque le monde est totalité ? S’il y au-delà de cette totalité, qu’est-ce à dire de la valeur du monde ? Est-il alors légitime de vouloir le quitter ? Comment faire ?

“Être”

Mais la portée du sujet Être hors du monde ne s’étend pas seulement à la possibilité d’une telle élévation par-delà le cosmos : sinon, il suffirait d’évoquer quelques exemples de sorties du monde, chez Baudelaire, les Romantiques ou encore le penseur grec contemplant les Formes. S’il s’agit donc d’interroger l’impact du monde sur le sujet, qui pourrait ainsi le pousser à quitter le monde, il s’agit aussi – et peut-être même surtout – d’interroger l’impact de ce départ du monde sur le sujet : sur son existence, sur son “être”.

Un troisième terme, le premier du sujet, devait en effet absolument être travaillé : ce « être » , si commun qu’on pourrait l’oublier. Les candidats qui se démarqueront seront celles et ceux qui ne se seront pas contentés pas d’analyser le « hors », mais s’attarderont également sur ce verbe, puisque c’est en se concentrant sur lui que la tension du sujet se dégage.

En effet, il est à l’infinitif, et a donc une portée universelle (chacun pourrait être hors du monde) ; mais surtout, il s’agit de questionner la portée ontologique, existentielle et peut-être même éthique d’une présence au delà du monde.

Autrement dit, la question posée par le sujet va au-delà de la possibilité d’être hors du monde : elle s’attaque à l’impact de cette position au-delà du monde sur le sujet qui la connaît. Il ne s’agit pas seulement de se demander si l’on peut être hors du monde (se trouver hors du monde), mais si l’on peut être alors que l’on est hors du monde (exister sans être dans le monde).

La problématisation

De cette analyse des termes du sujet ressort donc un paradoxe : le monde étant cette totalité formant un bel ordre, peut-on et doit-on outrepasser ses limites ? Ne perdons-nous pas ce qui forge, délimite et donc constitue notre existence, voire notre être, si l’on s’élève hors d’un monde qui parce qu’il totalise le réel, nous constitue également ?

On pourra alors, en suivant cette problématique, commencer par illustrer ce que c’est qu’être hors du monde, notamment d’un point de vue poétique (l’artiste comme créateur de monde singulièrement autre que le nôtre). Mais on se demandera alors si quitter le monde, ce n’est pas toujours en re-créer un, simplement différent et autre – comme si nous ne pouvions pas être hors du monde, ou plutôt, être sans être dans un monde, thèse à démontrer dans une dernière partie. Somme toute, on pouvait montrer qu’on est qu’à être dans le monde, en tant que celui est totalité constituante du réel, et donc de notre ipséité : le monde forge le sujet.

Voilà pour l’analyse du sujet : retrouve son corrigé rédigé ici.

Nous attirons cependant ton attention sur le fait que ta copie est rendue, c’est fait : s’il est toujours intéressant de consulter une correction juste après l’épreuve, il ne faut pas que celle-ci t’angoisse outre-mesure. Il s’agit d’une proposition d’analyse : mais ce n’est absolument pas la seule possible, et les angles d’attaque utilisables étaient tout à fait pluriels !

Pas de panique, donc, si tu n’as pas fait exactement cette analyse et cette problématique : le tout était de bien penser à couvrir les trois termes importants (et non deux), de les définir dans des acceptions plurielles, et de relier ces définitions pour trouver une tension qui permette de construire une problématique.

Pour tout savoir sur les concours ECRICOME (conseils, sujets et analyses) : Inside Concours Ecricome 2023.

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