droit

Si tu te demandes comment apprivoiser la si redoutée épreuve d’économie-droit ESSEC, tu es au bon endroit ! Avant toute chose, sache que cet article se focalisera exclusivement sur la partie droit de l’épreuve. Il vient compléter la première partie qui, elle, est centrée sur la partie économie et que tu peux retrouver en cliquant ici.

Je ne vais pas refaire le même pitch que dans la première partie, mais un petit rappel s’impose : ce qu’il faut retenir avant de lire cet article, c’est qu’il n’est pas là pour donner une méthode parfaite qui pourra être transposée à tout le monde. Il faut plutôt le voir comme un recueil des automatismes qui permettront de se rapprocher un maximum des attentes des correcteurs.

À retenir également que cette épreuve est particulièrement difficile, notamment au niveau du timing qu’elle impose et de la diversité des exercices qu’elle contient. Cette dernière spécificité nécessite de mobiliser des connaissances assez variées et pas toujours faciles à mobiliser de façon adéquate en un temps si limité. Il est donc d’autant plus important de cultiver de bons réflexes pour gagner en efficacité, et c’est ce que je vais t’aider à faire dans cet article. Mais assez parlé : concrètement, pour le droit, ça donne quoi ?

Tu peux consulter les coefficients détaillés de l’épreuve et voir pour quelles écoles elle compte !

Les difficultés de l’épreuve

Une fois n’est pas coutume, je préfère dans un premier temps énumérer les points d’accroche qui m’ont posé le plus de difficultés lorsque j’étais encore en prépa. Je pense fortement que de toute manière cette épreuve (et surtout la partie droit) pose à peu près les mêmes difficultés à tout le monde. La sentence des rapports de jury est irrévocable : c’est toujours les mêmes choses qui reviennent.

Ainsi, en raisonnant de cette façon, l’article pourra être structuré dans le but de te suggérer des moyens qui devraient t’aider à surmonter ces obstacles. Afin d’appuyer la pertinence de la structure de l’article, je pourrais même mobiliser le modèle IMC de Herbert Simon, pour qui un problème résolu est un problème qui aura au préalable été bien posé. Mauvaise matière, tu dis ?

  • Encore et toujours cette fichue gestion du temps qui nous gêne… En même temps, vu la longueur de l’épreuve, il ne faut pas s’étonner qu’elle oblige à une efficacité chirurgicale. Pas de surprise.
  • Savoir faire preuve d’un raisonnement éclairé et méticuleux est également très important puisque c’est très précisément ce que cherchent à évaluer les correcteurs, et surtout pas l’accumulation de connaissances sans lien avec les cas pratiques ou la veille juridique proposés par le sujet. Je pense que ça tombe sous le sens, à condition d’y réfléchir deux secondes : si on cherchait à évaluer ta mémoire, on t’aurait donné un Rubik’s Cube à la place des cas pratiques et de la veille juridique. Le problème, c’est qu’il faut d’abord savoir sur quoi on veut nous emmener avant de commencer à raisonner…
  • Ce qui implique tout simplement de savoir identifier rapidement la problématique posée par le sujet et de façon très efficace puisque se tromper équivaut à faire du hors sujet. Plus concrètement, avant de chercher à utiliser et articuler des règles de droit ou des éléments de veille juridique entre eux, il faut en fait être capable d’identifier les bonnes problématiques pour ne pas s’entêter avec des connaissances qui n’ont rien à voir avec celles qui sont attendues.

Au final, ces trois difficultés font écho à celles qui avaient été énumérées dans la partie économie. Être capable de les surmonter est une condition sine qua non à la réussite de la partie droit de l’épreuve. Je rappelle que les correcteurs des parties économie et droit ne seront pas les mêmes ; et donc, il faut obligatoirement se conformer aux attentes des deux correcteurs afin de bien réussir.

Bien que la partie économie ne soit en rien plus simple que celle de droit (c’est même le contraire à mon avis), il ne serait pas étonnant que les correcteurs de droit soient plus intransigeants sur certains points. Pour autant, s’en tenir à quelques automatismes permet de merveilleusement bien s’en sortir !

Les cas pratiques

Réussir l’épreuve d’économie-droit ESSEC, c’est avant tout être capable de se conformer et de répondre à des attentes. Et c’est sur cet exercice que tu devras y répondre de la façon la plus précise qu’il soit : les cas pratiques, c’est LA partie de l’épreuve sur laquelle les correcteurs, avant même de commencer à corriger, s’attendent à retrouver une forme très précise dans la réponse des candidats. Tu te doutes bien que dans un tel contexte, ne pas être dans les clous équivaut à manquer un virage dans une compétition de Formule 1 (ou sur une course de Mario Kart, accessoirement). Certes, ça peut être effrayant, mais cela peut aussi être tout autant rassurant : il suffit de rester dans le cadre exigé par les correcteurs et tout ira bien.

Ce qu’on veut, c’est être efficace pour ne pas se retrouver à court de temps avant d’avoir pu terminer l’épreuve, donc améliorer notre gestion du temps (i). Ensuite, et c’est certainement le point qui peut détruire une copie s’il n’est pas respecté et à l’inverse la sublimer s’il l’est, il faudra réaliser un véritable effort de raisonnement, tant dans l’application des règles de droit au cas posé que dans l’énumération des faits qualifiés et de la solution (ii). Seulement, en raison de l’étendue du programme de droit en prépa ECT, on ne pourra pas faire l’impasse sur l’identification pertinente de la problématique, autant pour les cas pratiques que pour la veille juridique, ce qui n’est franchement pas toujours aisé (iii). Ne pas pouvoir identifier le problème de droit, c’est partir dans tous les sens et donc ne pas répondre au cas posé de façon concise.

Pour la gestion du temps

Dans la première partie, je préconisais de passer au maximum 2 h 30 pour la totalité de la partie économie de l’épreuve. Si tu respectes ce conseil, il te reste 1 h 30 pour toute la partie droit. Idéalement, il faudrait allouer 1 h à la résolution de la totalité des cas pratiques, souvent au nombre de trois. Personnellement, j’avoue que je mettais un peu moins de temps sur les cas pratiques pour faire une veille juridique un peu plus longue, mais chacun ses préférences.

Pour la forme

Je pourrais résumer cette partie en un seul mot : SYLLOGISME ! Mais attention, il y a syllogisme intelligent et syllogisme premier prix. Le syllogisme intelligent, c’est celui qui est court, efficace, précis, et qui permet d’aller à l’essentiel. Il faut garder à l’esprit que le plus important est d’envoyer le plus possible de signaux positifs au correcteur. Ainsi, je conseille d’effectuer un syllogisme en quatre parties, dans l’ordre : a) Faits qualifiés en droit, b) Problèmes de droit, c) Règles de droit et d) Solution. Pour la longueur, ne dépasse pas une page par cas pratique, voire une page et demie si le sujet est composé de deux petits cas et d’un grand cas.

Pour le fond

Comme dit juste au-dessus, il faut que le syllogisme révèle une véritable capacité de raisonnement et de sélection des informations mobilisables. Pour ce faire, il y a plusieurs règles à respecter.

Dans les faits qualifiés en droit, il faut absolument reformuler en des termes juridiques ce qui est donné dans l’énoncé. Je parlais de traduction en des termes économiques pour la partie dédiée à l’économie, et bien c’est la même chose ici, sauf qu’on aura bien évidemment recours à des termes juridiques à la place. Là encore, pas d’apprentissage du cours et c’est game over. Pourquoi ? Parce que les faits, lorsqu’ils sont requalifiés en des termes juridiques, vont faire émerger le problème de droit de façon très fluide. Il n’était pas rare que je commençais à requalifier les faits dès ma première lecture du cas et qu’en relisant ce que j’avais écrit, je trouvais le problème de droit directement après. Il est commun qu’il soit explicitement donné par l’énoncé, mais même si ce n’est pas le cas, sache qu’une bonne reformulation juridique te mettra systématiquement sur la bonne voie pour identifier la problématique sur laquelle le cas pratique veut t’emmener.

Toujours pour les faits, et par rapport au dernier point, il faut savoir que le problème de droit qui émergera sera adapté au sujet seulement si les informations reformulées ont été bien choisies. Dit autrement, le problème de droit sera adéquat seulement à condition de bien sélectionner les informations à requalifier au regard de la question qui est posée. C’est pourquoi il faut prêter attention aux informations à reformuler et celles à laisser de côté. Par exemple, s’il est question d’un litige en matière contractuelle entre deux professionnels et que la question posée est centrée sur la réparation du dommage causé à un tiers, alors il faudra avant tout se focaliser sur la qualification juridique du tiers, sur celle du préjudice qu’il a subi, etc. Autre exemple : si la question est centrée sur la demande de nullité d’un contrat par un cocontractant et que l’énoncé fait clairement mention au fait que la contrepartie perçue par cette même partie est nulle, voire dérisoire, alors il faudra impérativement mentionner que le contrat formé est à titre onéreux. Pourquoi ? Parce que cette information servira à invoquer l’article 1169 du Code civil, qui justifie qu’une telle situation puisse entraîner la nullité d’un contrat à titre onéreux. En gros, il faut toujours avoir un tour d’avance sur le sujet : ce qui est mis dans les faits sera ce sur quoi s’appuiera ton choix dans les règles de droit à utiliser, et les règles de droit elles-mêmes serviront d’appui pour formuler une solution adaptée.

Concrètement, on s’en fiche des informations qui ne sont pas en rapport avec la question que le cas pratique énonce. Outre les qualifications juridiques basiques (personne physique, personne morale de droit privé…), les informations insérées dans les faits qualifiés en droit doivent impérativement être réutilisées dans les règles de droit et la solution. Si l’énoncé contient des informations inutiles d’un point de vue juridique au vu de la question posée, ignore-les ! Les faits ne sont pas un deuxième résumé de l’énoncé. Ils doivent servir à signaler au correcteur que tu vas utiliser telle ou telle information, à laquelle tu transposeras une ou plusieurs règles de droit pour raisonner. En faisant ça, tu montres que tu as tout compris.

Passons maintenant aux règles de droit. J’ai déjà assez nettement abordé ce principe, mais là encore, il est impératif de ne choisir que des éléments qui seront utiles par la suite. Donc ici, en l’occurrence, on ne se préoccupera pas des règles de droit qui ne serviront à rien dans la solution. L’idée du tour d’avance sur le sujet doit se retrouver durant tout le long de la résolution des cas pratiques : si on mentionne une information, c’est pour l’utiliser après. Respecter ce principe oblige également à une certaine parcimonie dans l’utilisation des règles de droit. Il ne faut surtout pas chercher à caler la superbe jurisprudence que tu as apprise par cœur si elle ne s’applique pas au cas posé et si elle ne découle ni de tes faits ni de ton problème de droit : les correcteurs ont tout bonnement horreur de ça.

Enfin, pour la solution, on garde encore et encore le même état d’esprit : on se réfère à l’étape d’avant pour savoir ce qu’on va y mettre. Ici, ce sont les règles de droit qui te permettront de formuler une solution brève et précise au problème de droit posé. Sache qu’il n’y a pas pire erreur que de formuler une solution incohérente au regard des règles que tu auras énoncées auparavant. Cela donne l’impression que tu n’as pas raisonné, que ta solution est venue se poser comme un cheveu sur la soupe et ne résulte absolument pas d’un raisonnement logique, bien plus d’une déduction faite au hasard. Garde à l’esprit qu’il n’est pas pénalisé d’avoir tort d’un point de vue juridique. Les correcteurs savent que les candidats ne sont pas juges. Parfois, les cas pratiques posés font référence à des cas réels qui ont fait l’objet de procès à rallonge, tant les jurisprudences applicables se contredisent les unes avec les autres, il leur est donc évident qu’ils ne doivent pas nécessairement s’attendre à avoir la bonne solution. Ce qui est mal vu en revanche, c’est de ne pas parvenir à démontrer le fil de son raisonnement, ou pire, de ne pas raisonner du tout et de compiler des règles et des faits les uns sur les autres : ça n’a aucun intérêt ! Pour résumer, la bonne solution, c’est celle qui démontre une bonne articulation des règles de droit.

En respectant ces quelques réflexes, le syllogisme est court, précis, centré sur le sujet, éclairé et surtout, il témoigne d’un raisonnement juridique logique. Il permet au correcteur de percevoir un certain fil rouge conducteur (c’est-à-dire que les éléments s’imbriquent les uns avec les autres et se suivent logiquement). Les faits font émerger le problème de droit, les règles de droit choisies sont en rapport avec les faits et la solution s’appuie sur les règles de droit sélectionnées pour répondre au problème de droit. Le raisonnement est logique, le correcteur adore et te met une bonne note. Félicitations.

La veille juridique

Cet exercice est la plupart du temps assez facile puisque bien souvent, le sujet est très large et permet donc de mobiliser des connaissances très facilement. Pour autant, il y a quelques principes à respecter afin de rédiger une bonne veille juridique.

Pour la gestion du temps

Je considère que cet exercice ne doit pas prendre plus de 30 minutes. Il ne comporte pas de difficulté notable qui puisse poser problème. C’est très probablement la seule partie de l’épreuve sur laquelle on peut se permettre de gagner un peu de temps sans trop risquer de détériorer la qualité de la copie : il ne faut pas s’en priver.

Pour la forme

Les rapports de jury sont formels : les correcteurs s’attendent à retrouver une introduction avec une accroche, une définition des termes du sujet, une problématique centrale et une annonce du plan. Ensuite, on aura deux grandes parties (avec éventuellement des sous-parties) qui contiendront chacune deux à trois éléments d’actualité à relier au sujet, et une conclusion. Au niveau de la longueur, trois à quatre pages seront largement suffisantes.

Pour le fond

Parlons premièrement de l’introduction. Je pense qu’il est plutôt logique qu’elle soit longue (environ une page), puisqu’elle doit permettre de bien introduire le sujet. Si j’avais un conseil à donner, ce serait d’apprendre un début d’introduction et de consacrer la fin à l’adaptation de l’introduction au sujet. Cela permet de donner l’impression au correcteur de ne pas avoir appris entièrement quelque chose qui aura été calqué directement au sujet, ce dont ils ont horreur.

Concrètement, ça donnerait une introduction en cinq temps : accroche, définition des termes du sujet, problématique, puis un quatrième temps dans lequel on pourra énumérer les différents angles du sujet qui auraient pu se retrouver dans nos grandes parties. Ce que je faisais, c’est que j’écrivais la phrase suivante, mot pour mot : « Le sujet peut être analysé sous différents angles, notamment (…) » Ensuite dans l’idéal, arrivé au quatrième temps, l’analyse du sujet aura permis de catégoriser, sous forme de tirets, l’ensemble des éléments de veille juridique/d’actualité transposables au sujet. On peut par exemple penser à une catégorisation des éléments d’actualité par branches de droit. Dans cette étape, il faut idéalement soulever tous les angles du sujet possibles en les reliant au cours et aux éléments de veille juridique appris. Tout ça pour au final choisir un plan en deux parties, dans lesquelles ne pourront pas être contenus plus de six éléments de veille juridique.

Oui, la quatrième étape de l’introduction n’apporte rien au traitement du sujet. Elle ne sert qu’à montrer (ou à faire croire) que tu n’as pas appris ta veille juridique par cœur au préalable, que tu as réfléchi au sujet sans savoir ce que tu allais mettre dans tes grandes parties. On ne va pas se mentir, le jour du concours tout le monde entre dans la salle en sachant à peu près ce qu’il va mettre, mais il faut savoir filouter pour faire croire qu’on n’est pas comme les autres.

Conclusion

Voilà qui conclut la série de deux articles consacrée à l’épreuve d’économie-droit ESSEC. J’espère que j’ai pu contribuer à ta compréhension des enjeux de cette épreuve ! Pour rappel, le premier article sur la partie économie est disponible ici.

Bon courage pour la suite !