Si je vous dis Afrique du Sud, vous pensez savanes, zones désertiques, plages aux eaux turquoises ; pour ceux qui ne se sont pas complètement abandonnés à leurs vacances, vous citerez l’apartheid et Nelson Mandela et pour les quelques studieux qui n’ont pas décroché vous parlerez des 14 milliards de dollars que la Chine a investi en Afrique du Sud dernièrement. Mais que savez-vous exactement au sujet de l’état du pays et de son économie ? Voici un article qui vous en apprendra un peu plus sur la petite dernière des BRICS.

La République d’Afrique du Sud en bref c’est…

  • Un Etat fédéral composé de 9 provinces  ;
  • un régime parlementaire dirigé par Cyril Matamela Ramaphosa du Congrès National africain, depuis le 15 février 2018, suite à la démission de Jacob Zuma (voir cet article) ;
  • une capitale administrative : Pretoria ;
  • une monnaie : le Rand sud-africain ;
  • des grandes entreprises comme Sappi et Steinhoff, respectivement spécialisées dans le secteur papetier et dans la production et la distribution de meubles.

En chiffres ça donne  :

  • une population de 56,5 millions d’habitants (2017) ;
  • un PIB de 295,753 milliards d’US dollars courants (2016) ; 
  • un taux d’inflation de 6,7% (2016) ;
  • une économie répartie de la façon suivante : agriculture 2,5 %, industrie et mines 29,5%, services 68,0% ;
  • 70% des réserves mondiales de platine ;
  • un chômage qui s’élève à 26,7% (2016) ;
  • un IDH de 0,666, ce qui le place à la 119ème position sur 188 ;
  • un taux d’alphabétisation de 86% ;
  • une espérance de vie d’environ 57 ans ;
  • 19% d’adultes séropositifs.

L’Afrique du Sud, une puissance régionale au rayonnement mondial encore limité

L’Afrique du Sud n’est pas encore une puissance à l’échelle mondiale. Néanmoins, elle est bien insérée dans les échanges internationaux. Elle bénéficie aujourd’hui d’une large ouverture pour les exportations et elle trouve des partenaires commerciaux solides parmi ses voisins et parmi les pays de l’OCDE. Ses principaux fournisseurs sont l’UE, la Chine, les États-Unis, l’Inde ainsi que l’Arabie Saoudite et ses principaux clients sont l’UE, la Chine, les États-Unis, le Botswana et la Namibie. Ces partenariats sont possibles car l’Afrique du Sud a réussi à lever certains obstacles structurels à la croissance pour finalement aboutir à une relative stabilité politique et fiabilité des institutions notamment judiciaires, qui lui permettent d’avoir un environnement législatif favorable aux investisseurs internationaux.

De plus, c’est un acteur grandissant du monde diplomatique, membre à la fois du groupe des BRICS et du G20 au sein duquel elle entend défendre les intérêts africains. Parmi ses objectifs, elle promeut une politique non alignée (n’agissant ni avec ni à l’encontre d’aucune grande puissance mondiale) et la coopération Sud-Sud. L’Afrique du Sud a également obtenu un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que représentante de l’Union africaine. Elle siégera au conseil à partir de janvier 2019 et ce pour une durée de deux ans. 

À l’échelle régionale, l’Afrique du Sud est l’économie la plus moderne et diversifiée d’Afrique. Elle est riche de ses ressources naturelles telles que l’or, le platine, le charbon ou le chrome et dispose d’une sophistication financière qui lui permet de se placer notamment devant la France au classement du World Economic Forum.

Un territoire confronté à des défis de taille

D’un point de vue politique, l’Afrique du Sud doit poursuivre sa lutte contre la  corruption, cette pratique fragilise la confiance que non seulement la population mais également les investisseurs accordent aux institutions et aux dirigeants sud-africains. Au niveau économique, elle doit faire face à un ralentissement de sa croissance, cette dernière ayant atteint les 3,3% en 2011 pour ensuite redescendre à seulement 1,3% en 2017. Elle est estimée à 1,1% pour l’année 2018. L’Afrique du Sud est également confrontée à une inflation grandissante et à un déficit en hausse. Elle reste aussi très dépendante du secteur minier qui assure la majorité de ses recettes d’exportations et ce malgré l’émergence rapide d’un puissant secteur des services, notamment financiers.

Ce territoire souffre d’un autre mal qui touche sa population : la médiocre qualité de l’enseignement fondamental, qui demeure un obstacle majeur à l’émergence d’une population active qualifiée. C’est ce manque de main d’oeuvre qualifiée qui vient bloquer son marché du travail et donc empêcher le chômage de se résorber. Cette population figure également parmi les principales victimes du VIH. Ainsi environ 12% des sud-africains(tout âge confondu) vivent avec le virus. À cela, il faut ajouter un problème criant d’inégalités, source d’instabilité. On aurait pu penser que vingt-sept ans après l’abolition de l’apartheid le conflit entre blancs et noirs appartiendrait au passé. Il en est tout autre. Les inégalités raciales persistent et vont de pair avec des tensions, situation que la motion demandée par le Président sud-africain n’a pas arrangée. Passée au Parlement en février, cette motion a pour but de changer la Constitution en y inscrivant le principe d’expropriation de fermiers sans compensations financières. Cette mesure a déchainé les violences entre, d’un côté, les Sud-Africains noirs demandant des terres et, de l’autre, les Sud-Africains blancs s’accrochant à leurs propriétés. 

Enfin, la manifeste volonté d’investir dans des énergies renouvelables, qui se traduit par des projets énergétiques financés par un prêt de 300 millions de dollars accordé en juillet par la Banque de Développement, permettra peut-être à L’Afrique du Sud d’affaiblir la menace qui pèse sur la population et son environnement, la pollution de l’air et de l’eau résultant des activités minières.

Pour résumer

Atouts 

  • Une puissance économique et politique de référence pour le continent africain  
  • Présente sur la scène politique mondiale ( G20, BRICS, ONU)
  • Insérée dans le commerce mondial
  • Riche de ses ressources minières 

Faiblesses 

  • Un des pays les plus inégalitaires du monde 
  • La corruption y reste un problème majeur 
  • Un taux de chômage élevé et un faible niveau de qualification des actifs 
  • Des prévisions pessimistes pour la croissance 
  • L’impératif d’un développement plus durable

Quelles perspectives ?

À l’avenir, l’Afrique du Sud sera appelée à mener de nouvelles réformes structurelles pour restaurer pleinement la crédibilité de sa gouvernance et raviver la confiance des investisseurs. Elle devra aussi apporter des solutions à des problèmes sociaux : continuer ses efforts dans la lutte contre le VIH, résorber son chômage et trouver un moyen d’apaiser les tensions sociales liées aux inégalités et en particulier à la question foncière.