union européenne

Lors du prix Nobel de la paix à l’Union Européenne en 2012 à Oslo, François Hollande déclarait avec optimisme : « La crise de l’euro est derrière nous. ». Pourtant, les règles mises en place par le traité de Maastricht (1992) et le PSC ont toujours été évitées, ne permettant pas de bénéficier des effets attendus de l’union monétaire que représente la zone euro.

Plus encore, la zone euro connait un réel problème d’hétérogénéité, divisée entre les pays du Nord et pays du Sud, où les taux de croissance et de chômage témoignent d’un fort écart. Par exemple, après la crise de la zone euro, le chômage du Nord était deux points supérieur à celui de l’avant-crise, contrairement à 10 pour le Sud, tandis que la dette publique était également de 77% pour les pays du Nord, contre 120% pour ceux du Sud. Néanmoins, l’optimisme de l’ancien président français se justifie également. La zone euro a certes été marquée par la crise, mais elle a su trouver un rééquilibrage en imposant progressivement une solidarité financière instituée par le MES, et l’union bancaire pour éviter toute crise bancaire et ses répercussions sur les finances publiques.

L’ouvrage a pour but de montrer que l’Europe a certes fait fasse à des difficultés, mais que son rôle est nécessaire, notamment en comprenant l’exigence d’une monnaie unique et commune. L’auteur résume notamment sa logique à travers cette citation de Monnet : « L’Europe se fera dans les crises, et elle sera la somme des solutions apportées à la crise ». Vous trouverez également à la fin de cette article des citations qui pourront vous aider lors de vos dissertations sur l’Europe !

La divergence de la zone euro, ou le jour où « l’euro cessa d’ennuyer »

Comme résumé par Stiglitz, le principal problème auquel doit faire face l’euro est que : « L’euro n’a pas apporté la prospérité promise, mais la division et la divergence. ».

Après la crise de 2008, la stabilité financière de la zone euro est compromise, et la divergence qui autrefois était cachée, est désormais mise en lumière. C’est d’ailleurs cette même divergence qui va entrainer la crise des dettes souveraines. En 2009, le premier ministre grec Papandréou annonce que les chiffres de la dette grecque et de ses déficits ont été truqués. A la suite de son annonce, les faillites bancaires s’accumulent et s’étendent à l’Europe, renforçant alors l’idée selon laquelle l’euro doit être abandonnée.

Dans les années 1950, Mundell met notamment en avant sa théorie des zones monétaires optimales (ZMO), montrant s’il y a lieu ou non d’adopter une même entre des pays à proximité géographique dépendant de certains critères. Ces critères étant :

  • Degré de l’intégration économique: plus elle est forte, plus les gains seront importants à éliminer les coûts de conversion entre devises et les risques de volatilité liés aux taux de change. Autrement dit, la mise en place d’une monnaie unique permet dans ce cas de favoriser les échanges commerciaux.
  • Degré d’asymétrie entre les deux pays: plus les chocs sont différents, plus les pays ont intérêt à conserver leur monnaie. Exemple : la différence de spécialisation dans la production induit des chocs différents.
  • Puissance des mécanismes susceptibles de corriger les divergences entre les deux pays:  rendra plus facile la mise en place d’une monnaie commune. Exemple : Les Etats-Unis sont une ZMO. Les Etats sont souvent dans des situations asymétriques mais mécanismes d’aide sont forts. La présence d’un Etat fédéral permet d’absorber les chocs plus facilement.

Sa théorie est notamment reprise pour montrer que l’euro n’avait pas d’intérêt à naitre, en raison des défaillances entre les Etats membres qui ne sont pas compensées par des mécanismes d’aide forts, élément fortement manquant à l’établissement d’une union monétaire efficace, comme le soulignait Krugman dès 1991.

Néanmoins, malgré ces problèmes mis en avant, l’Europe a continué d’exister, raison pour l’auteur de démontrer que l’Europe était et est encore, malgré ce critère manquant et ces nombreux problèmes, nécessaire.

L’importance primordiale de l’Europe

L’euro est la seule monnaie transnationale gérée par une institution commune, initiée dès les années 80 avec le rapport Delors, qui en donne les prémices. Elle est surtout le signe de volonté de limiter les variations des taux de change réciproques au sein de la zone euro, comme connues avec le SME en 1979. L’euro était aussi une manière de mettre fin aux dévaluations compétitives des monnaies nationales pour gagner des parts de marché, comme avec la lyre italienne en 1992. Plus encore, si la théorie des ZMO de Mundell est reprise afin de montrer l’inefficacité de l’Europe, celle de son triangle des incompatibilités est quant à elle reprise pour montrer sa nécessité. Son triangle des incompatibilités montre qu’il est impossible de concilier stabilité des changes, mobilités des capitaux, et politique monétaire autonome. Avec la forte libéralisation des années 80/90, les européens sont obligés de renoncer à leur autonomie monétaire, en passant à un système de changes flottants, et de ce fait, l’euro apparait ici bien comme une nécessité. Par ailleurs, l’Europe s’est faite autour d’une union monétaire, mais aussi autour d’un projet d’Europe sociale, même si celle-ci est fortement contestée aujourd’hui.

Rappelons également que l’euro est contrôlé par la BCE.  Son rôle est primordial dans l’objectif de stabilité des prix, car son indépendance permet d’inscrire son objectif dans la durée, et de rendre sa lutte crédible. BARRO et GORDON, dans un article de 1983, montraient que les Etats ne doivent pas arbitrer entre chômage et inflation, mais laisser le contrôle de l’inflation à une institution dédiée à cette mission et capable de résister aux pressions. Logique dans laquelle la BCE s’inscrit parfaitement. Par ailleurs, si la stabilité des prix est un objectif primordial, celle de la stabilité financière l’est également, et celle-ci est d’autant plus renforcée après la crise financière que traverse l’Europe à partir de 2008. L’abandon des monnaies nationales a par ailleurs impliqué l’abandon des banques centrales nationales, qui assuraient la charge de chocs de grande ampleur. Aujourd’hui, c’est la BCE qui prend cette charge en responsabilité à travers son objectif de stabilisation financière, mais elle nécessite également pour bien fonctionner une solidarité des Etats pour venir en aide en cas de chocs, et ainsi rejoindre la théorie de Mundell selon laquelle une ZMO est une zone qui met en place des mécanismes forts afin d’absorber les chocs.

Notez alors, comme le fait l’auteur, que vous pouvez notamment rebondir sur la critique de la zone euro comme n’étant pas une zone monétaire optimale en reprenant l’article de Frankel et Rose, écrit en 1998, intitulé « The endogeneity of optimal currency area criteria ». Dans cet article, ils apportent une explication ex-post à la théorie des ZMO développée par Mundell, en expliquant qu’une zone monétaire peut devenir une ZMO progressivement et pas nécessairement dès le début. La création de la monnaie unique stimule le commerce intra-zone, puis un accroissement de l’homogénéité des préférences (Traité d’Amsterdam, création de la BCE), et dans le même temps le degré d’ouverture des économiques, ce qui limite à long terme les chocs asymétriques. Par exemple et paradoxalement, la crise a obligé la zone euro à adopter des mécanismes pour absorber les chocs asymétriques.

Des citations sur l’Europe à retenir

Emmanuel MACRON, lors de son interview en 2019 pour The Economist : “Europe is on the edge of a precipice.”

MONNET : « L’Europe se fera dans les crises, et elle sera la somme des solutions apportées à la crise. »

François HOLLANDE, en 2012 à Oslo , lors du Prix Nobel de Paix à l’Union Européenne : « La crise de l’euro est derrière nous. »

STIGLITZ, dans son ouvrage L’euro : comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe (2016) : « L’euro n’a pas apporté la prospérité promise, mais la division et la divergence. »

Robert SCHUMAN, déclaration du 9 mai 1950 : “L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait.”

Patrick ARTUS et Isabelle GRAVET, dans La crise de l’euro : « La zone euro, comme toutes les unions monétaires, est une machine à fabriquer de l’hétérogénéité »

François PERROUX dans L’Europe sans rivages (1954) : « L’Europe désigne moins un territoire qu’une tâche à accomplir. »