27 Novembre 2016 : le compteur en ligne de la dette publique française affiche 2,170 milliards d’€. C’est dans ce contexte que Jean-Marc Daniel, l’auteur de Trois controverses de la pensée économique et professeur à l’ESCP Europe, s’exprime sur la dette publique.

Pour cet éminent économiste, il faut tout d’abord comprendre la distinction essentielle que fait Bruxelles entre le déficit conjoncturel, c’est-à-dire celui qui correspond à « la situation du moment » et le déficit de long terme ou structurel qui est celui à l’origine de la dette publique. C’est justement pour réduire la dette publique qu’il préconise d’agir sur le déficit structurel une baisse urgente des dépenses publiques de 30000€.

Si on peut dire qu’il y a un « bon déficit » – le déficit conjoncturel – et un « mauvais déficit » – le déficit structurel -, en revanche, il faut écarter l’idée qu’il y ait une « bonne dette ». La dette est l’accumulation des déficits structurels puisque, durant le cycle, le déficit conjoncturel est suivi d’un excédent conjoncturel et, au final, les deux se compensent. Seul le déficit structurel nourrit la dette. (…) Laisser filer le déficit structurel conduit à une accumulation de dette qui finit par étouffer l’action publique, menacer la signature de l’Etat et empêcher l’acceptation par les marchés du financement du déficit conjoncturel alors même que celui-ci est nécessaire à la stabilisation de l’économie.

Comment cela est-il envisageable dans un pays qui n’est pas sûr d’être complètement sorti de la récession suite à la crise de 2008 ?

Réduction du nombre de fonctionnaires

Cette première affirmation reste un peu générale et pas très réaliste. Cependant, le mécanisme que cet économiste explique mérite que l’on s’attarde un peu dessus. En effet, selon lui c’est en supprimant des postes que l’on va alléger la charge fiscale de la dette, absolument essentiel pour anticiper une amélioration des finances publiques. C’est alors que les agents privés vont commencer à épargner moins et donc à consommer davantage, ce qui in fine va booster la consommation et donc créer plus d’emploi.

Si nous avons compris le mécanisme derrière cet argument, il nous manque quand même un peu le côté pratique de la chose : JM Daniel ne donne comme exemple que les incitations aux départs volontaires des fonctionnaires. Mais on ne peut pas tout miser sur cela, sans compter que cette mesure risque d’être largement perçue comme subie par la population, ce qui rajouterait de nombreuses complications au niveau social et pourrait finalement se retourner sur la perception d’une telle mesure par les ménages …

 

Réduction de l’action publique

Ici plusieurs remarques de taille sont soulevées, notamment : pourquoi la santé ou l’éducation sont-elles publiques ?

Sous prétexte que dans beaucoup de pays la santé ou l’éducation n’est pas publique, M. Daniel prône fermement une privatisation de ces deux secteurs pour une plus grande efficacité. Selon lui, cela aurait trois conséquences importantes :

  • La réduction très nette de la dépense publique, car ces secteurs semblent être un gouffre d’argent public
  • Un système plus efficace par la mise en concurrence d’établissements privés
  • Un choix plus large pour les ménages

 D’après lui, la population réclame cette privatisation. Par exemple, en prenant l’éducation : les enseignants trouvent que leurs efforts ne sont pas dignement récompensés par un salaire qui paraît souvent dérisoire alors que les parents sont souvent mécontents à cause de l’inefficacité du système public. Il suffirait donc de privatiser ce secteur pour régler ces deux problèmes en même temps.
A noter que pour JM Daniel, l’égalité ne serait aucunement remise en question puisque :

  • Aujourd’hui la France n’affiche qu’une façade d’égalité, qui est l’égalité formelle des places (alors qu’en réalité, même si des concours prestigieux sont ouverts à tous par exemple, il n’y a que les élèves issus de milieux supérieurs qui finissent par se présenter)
  • La privatisation de l’éducation permettrait de mettre en place un système complémentaire de bourses qui inaugurerait enfin l’ère d’une vrai égalité, l’égalité des chances.

 

Révision de la carte administrative

Enfin, il s’agit pour cet économiste de réorganiser la structure de la hiérarchie administrative. Par exemple, cela passerait par la suppression de la sous-préfecture, qui n’est plus qu’un échelon sur le papier, sans véritable intérêt au niveau pratique.